Obédience : NC | Site : http://hermetisme.over-blog.com | 06/05/2008 |
Silence,
alchimie & Franc-Maçonnerie -1-
Cet article,
divisé en quatre parties,
portera ses fruits après trois lectures attentives (des
quatre
parties) espacées dans le temps. « Ceux
qui désirent découvrir en soi les
facultés spirituelles doivent commencer par
établir en eux-mêmes le
« SILENCE. Ceci revient
à dire que l’on doit arriver à
supprimer pendant un temps déterminé toutes les
pensées qui viennent surgir
dans la conscience sans y être appelées. »
Pierre de VONGA in La voie
mystique, p.101, N°1 ET 2. Édit.
Appelboom & Cie. 1942 Lyon. Toute fixation
de la pensée sur une image, sur un symbole, sur une
idée quelconque aboutit à
des phénomènes dont il n’y a pas lieu
de se réjouir, contrairement à ce que
font de nombreux chercheurs dont la sincérité
n’est pas mise en doute. L’étude
de la vie intérieure de certains sages nous montre les
luttes qu’ils ont enduré
contre les images cultivées antérieurement Robert
LINSSEN, Bouddhisme Taoïsme
et Zen. P 211. Éditions Le Courrier du Livre.
Paris 1992.
Le silence,
voilà un mot qu’il ne faut pas prononcer dans les
fêtes foraines ou les raves
parties dans lesquelles éclate cette musique tonitruante qui
fait frémir le
corps tout entier et pousse les tympans aux limbes de
l’explosion.
Actuellement, parler du silence ou même d’un
léger bruit agréable tel le
chuintement presque inaudible des caresses soyeuses sur un tissu de
velours
c’est se mettre en conflit avec les
générations de seize à vingt-cinq ans.
Évidemment, si cette étoffe
arachnéenne enveloppe le corps d’un possible
partenaire sexuel, c’est une autre histoire. Notre jeunesse
sautillante accepte
alors de « tirer » sur un
« joint » pour sortir de
l’agitation et ainsi glorifier son ardeur
vénérienne sur le fond ardent d’une
triviale musique de chambre. Donc, le
silence est jeté à la porte par les videurs du
groupe juvénile car il est mal
compris comme ces surdoués de nos écoles
élémentaires qui ne peuvent entrer
dans le moule imposé par les Académies. Mais enfin,
qu’est-ce que le silence ?
Généralement il est associé au manque
de bruits
ambiants. Compris de cette manière il pourrait
être intégré aux objectifs des
partis politiques écologiques qui traquent les
décibels ou au fameux cri d’un
maître d’école quand le chahut
prend des proportions inquiétantes :
« Silence dans la
classe ! » Pourtant le
silence ne concerne pas uniquement l’ambiance
extérieure dans laquelle nous
vivons. Il fait aussi partie intégrante de notre monde
intérieur, de celui de
nos corps et de nos pensées si mal connu par la plupart
d’entre-nous. La bonne
santé du corps, dit-on c’est le silence des
organes. Ce que l’on sait moins
c’est que la bonne santé psychologique est de
savoir faire le silence dans sa
tête. C’est donc pour parler du silence
d’une manière plus approfondie, plus
interne aussi qu’il nous a paru nécessaire
d’écrire ces quelques pages. Qui n’a
fait
l’éloge du silence ?
Assurément de nombreux auteurs parlent d’un amour
silencieux ou d’une souffrance tout aussi silencieuse. De
même la misère se
réfugie dans un silence douloureux. Quant au sein de la
masse électorale qui ne
se manifeste jamais, celle qui est dite silencieuse, et qui vote avec
un
bulletin blanc elle n’est évidemment pas entendue.
Ne croyez pas que le silence
blanc soit l’ensemble des bulletins sans voix,
c’est la neige, celle qui
recouvre tout d’un linceul, et ensevelit nos espoirs, nos
peines, nos amours,
nos désamours. Le silence s’inscrit aussi dans la
poésie : « Un soir,
t’en souvient-il, nous voguions en
silence… » disait Lamartine. Amour,
souffrance, misère, lyrisme sont espaces de silence dans
lequel s’inscrit le
cheminement non verbal de la sensibilité
humaine.
Plus personne
n’ignore que les enfants vivent dans une
société où
l’élément sonore est
magnifié. Le conditionnement est tel que certains ne peuvent
se concentrer pour
étudier qu’avec un fond musical. Le silence les
dérange, les rend nerveux et
les empêche de faire leurs études. Ils sont
nés dans un milieu où les médias les
gavent de musique trop souvent médiocre, car la
véritable musique est l’art de
combiner les sons sur un canevas de silence, c’est harmoniser
les bruits entre
eux afin de les rendre agréable à
l’oreille. Comment, dans une dure cacophonie
au rythme lancinant, est-il possible de connaître la valeur
du silence ?
Comme les langues étrangères, le silence pur est
à découvrir dès la plus petite
enfance. Pourquoi ne pas apprendre, entre deux rondes ou comptines,
à jouer
au silence ? Les parents des
petites têtes blondes risquent de ne pas comprendre. Pourquoi
enseigner à ne
rien dire à nos bambins ? N’y a-t-il pas
là un risque de ne plus savoir se
servir de sa pensée, et donc de mettre en position de
faiblesse nos enfants,
dans une société où
l’intellect domine ? L’incompréhension
et la peur proviennent du sens donné au silence. Pour la
majorité c’est négatif
alors que parler est nécessairement du positif. On croit que
le silence c’est
rien dire. En réalité, c’est dire autre
chose autrement. Cela va même un peu
plus loin sur le plan de la santé mentale puisque
à l’occasion du silence il y
a libération de la pensée muette
en contact avec une immensité
insoupçonnée. C’est pourquoi de ce
mutisme est née la mystique. Être
mystique
ce n’est pas se balader les cheveux longs en
délirant dans des vapeurs d’encens
avec un « pétard »
entre les dents ! Cette attitude
« La bouche fermée »
caractérise dont toutes les mystiques, et la mystique
expérimentale en particulier qu’est
l’alchimie ou hermétisme
puisque l’alchimie aurait été
inventée par Hermès
Trismégistes. D’ailleurs
le mot fermé, dans le sens de secret, est directement issu
de la pratique
alchimique. Il est en effet nécessaire de bien fermer le
ballon à un moment
donné, ce qui a donné son nom à la fermeture
hermétique. En hermétisme
rien n’est secret, mais le deviens pour ceux qui sont
« bouchés » et
ne saisissent pas que la clé de la réussite est
dans le silence. Un
problème
doit être soulevé, à propos du secret
et du silence associé à l’initiation.
Pourquoi garder secrète une cérémonie
qui fait avancer ? La réponse réside
dans le secret de l’école [2]. Chacun de nous n’est
mûr pour une expérience qu’à
un moment
donné seulement. Le secret de l’initiation
n’est donc pas un miroir aux
alouettes. Il est capital pour la cohésion du groupe,
cohésion primordiale pour
parvenir à un effet de masse. C’est pourquoi
Hermann Hesse disait : «
Le monde sera sauvé par
quelques-uns. » Être
hermétiste c’est non
seulement pratiquer la solidarité, mais c’est
aussi vivre en totale harmonie
avec ses frères en la connaissance. Certains
pourraient dire que l’initiation n’est pas
nécessaire pour la cohésion d’un
groupe. Il suffit de faire un bon règlement
intérieur. C’est évidemment une vue
de l’esprit, une conception de notre encéphale
gauche… Non, ce n’est pas en
bardant de règlement la vie sociale que le groupe sera pour
cela harmonieux. Il
est nécessaire pour y parvenir que chaque membre parvienne
à un tel degré de
conscience que le système policier devienne inutile. Et les
transmissions les
plus valides, comme celle de l’alchimie, se
perpétuent depuis des millénaires
sans aucun changement car personne n’a
jugé utile d’un faire selon sa
volonté, et donc de transmettre une connaissance
de plus en plus biaisée
comme c’est la cas dans de nombreux centres initiatiques [3]. Peut-on
convenablement écrire ou parler du silence, alors
qu’il est en permanence
déchiqueté par le bruit ?
L’exprimer de quelque manière que ce soit
c’est
l’éclater, et les bavards
théâtreux qui répandent
inconsidérément leur énergie
à tout vent en sont les fossoyeurs. Seuls, peuvent
parler du silence ceux qui s’expriment à travers
leur propre paix intérieure et
qui ne se mentent pas à eux-mêmes. Le frère
du silence [4]
ne présente pas, à ses proches et à la
société, le masque d’un personnage
artificiel. Ces quelques remarques permettent de comprendre pourquoi
certains
groupements d’individus vivent ensemble dans une ambiance
harmonieuse et
d’autre pas... Le silence du
dehors, celui dans lequel notre corps est plongé et dans
lequel nous vivons est
du temps perforé par des bruits aussi petits soit-il. Ne soyons pas
extrémistes ! L’antagonisme du silence et
du bruit s’il implique des
réserves quand un dormeur ronfle à
côté de vous comme un soufflet de forge,
cela n’implique nullement la recherche du silence total,
l’anéantissement des
battements de notre cœur. Nous sommes accompagnés
de sons naturels comme celui
des vagues de la mer, du chant d’un ruisseau ou celui du
crissement des
insectes un soir d’été qui sont la
manifestation de la vie et ne sauraient lui
être néfastes puisque c’est la musique
de la nature. Seule est fatale la
pollution par des fracas issus des activités humaines et du
bavardage
inconsidéré qui ne sont autres que des pollutions
liées insidieusement à celle
des cerveaux. Le silence reste donc une notion relative puisque notre corps émet des bruits en permanence tant par ses organes tels les poumons, le cœur les intestins et les divers muscles, mais aussi – dans l’infiniment petit – les gènes, supports de notre patrimoine héréditaire qui font du bruit quand ils transmettent de l’information à partir de l’ADN du noyau cellulaire. De même, aux confins des étoiles, là où brille l’origine de notre système solaire, se perçoit grâce aux grandes oreilles des radiotélescopes, le bruit de l’explosion initiale ou big bang. Il rayonne en permanence en bruit de fond au-delà de l’audible, et enveloppe notre univers. par Hermophyle publié dans : Initiation [1]
Léon
Gineste Holoscopie de la
spiritualité occidentale p.159.
Éditions Memor. Bruxelles 1997.
[2]
Léon
Gineste L’alchimie expliquée par
son langage p. 293. Éditions Dervy. Paris 2001.
[3]
En
alchimie quand un enseignement est
perverti, ce qui arrive quand s’infiltrent des gens qui
cherchent des recettes
pour faire de l’or, la branche pourrie se détache
du tronc et tombe, car ceux
qui la pratiquent sérieusement mettent tout en
œuvre pour cela. La méthode la
plus courante consiste à lâcher dans la nature un
sois disant haut initié en
lui décernant un titre ronflant. La meute accourt et
s’engouffre à ses trousses
pour tenter de grappiller des secrets, laissant ainsi les adeptes
sérieux
œuvrer tranquillement.
[4]
En
hermétisme « Le silence est une
condition sine qua non pour pouvoir travailler au
laboratoire et à
l’oratoire ». In p. 300 de L’alchimie
expliquée par son langage.
Op. cité. |
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