Obédience : NC | Site : http://hermetisme.over-blog.com | 06/05/2008 |
Silence, alchimie & Franc-Maçonnerie -4-
Cet article,
divisé en quatre parties,
portera ses fruits après trois lectures attentives (des
quatre
parties) espacées dans le temps. En alchimie externe
au laboratoire la faux, que l’on trouve dans la
treizième carte du jeu de
tarot, symbolise l’opération à
effectuer en fin de putréfaction, quand il
s’agit de séparer le subtil,
c’est-à-dire la quintessence rouge
qui
surnage, de l’épais ou compost noir lequel
contient l’étoile, ce qui donna l’étoile
du compost ou Compostelle,
pèlerinage éminemment alchimique. En
séparant l’étoile de la quintessence,
les alchimistes disent qu’ils ôtent le sceau
d’Hermès. Quant à la
tête de mort, elle représente
le Caput mortuum des alchimistes
ou tête morte de couleur noire sur laquelle surnage
le sceau d’Hermès: « L’artiste,
à ses débuts – écrit
Eugène Canseliet – se tromperait
grossièrement, si l’idée
lui venait qu’il fallut rejeter comme inutile et sans valeur,
ce chao
surprenant et curieusement homogène, lequel est aussi
dénommé la tête morte
– caput mortuum. » [1] En alchimie
interne, la tête morte est la tête
vidée… de ses réflexions !
C’est
la tête silencieuse. Pour se
régénérer par le silence et donc aller
vers la lumière, il faut, évidemment,
que l’apprenti prenne contact avec lui. La question que
l’on se pose est :
Comment parvenir à accéder à ce
silence si précieux ? Le premier pas
est simple et très facile, Il vous est arrivé de
faire un jour une courte
sieste qui vous a surprise par son caractère puissamment
régénérateur, aussi
réparateur qu’un sommeil d’une nuit. Dans une sieste
le sommeil profond n’est pas nécessaire. Le plus
important est de faire le
silence du corps en l’immobilisant n’importe
où, sur une banquette, un lit ou
même en été le dos appuyé
contre un tronc d’arbre. En s’assoupissant le
silence
psychique rejoint celui du corps. Et c’est là
qu’est la clé du silence
régénérateur : Il ne faut pas
s’endormir profondément, conserver une
pointe de conscience. Évidemment il est difficile de
s’arrêter au bon moment
pour pouvoir profiter pleinement de l’influx
régénérateur du silence. Si
l’on s’endort profondément et longtemps
en perdant conscience du corps et de
l’esprit on perd la totalité du
bénéfice
régénérateur. Comment
éviter
cette perte ? C’est le génial Salvador
Dali qui en donne la clé [2] si je puis
dire. Il appelle cet exercice Le
sommeil avec une clé. La pratique est
simple. On s’installe confortablement sur un fauteuil ou sur
un lit. Une main
doit pendre au dehors. Elle tient une clé ou tout autre
objet assez lourd que
l’on serre entre le pouce et l’index. Il sera tenu
au-dessus d’une assiette ou
d’un plat métallique posé sur le sol.
Vous pouvez vous laisser envahir par le
sommeil. Quand la clé tombera de votre main, le bruit de la
chute vous
réveillera, à ce moment particulier où
vous avez perdu conscience sans avoir
réellement dormi. C’est entièrement
suffisant pour que votre être physique et
psychique soit revivifié. Pour cette pratique le bon moment
se situe entre midi
et trois heures. C’est une question de chronobiologie. Ce
moment de la journée
est en opposition aux heures nocturnes ou notre sommeil est le plus
profond.
Les spécialistes des rythmes biologiques ont
constaté que ce moment opposé
était des plus favorables pour plonger dans un bref sommeil
réparateur. *
* * Les jeunes
vivent dans un milieu où
l’élément sonore est
magnifié à un tel point que
certains mettent en danger leur ouie. Ils ignorent ce qu’est
le silence car on
ne le leur a pas appris, et de ce fait ils en ont peur à un
degré tel que leur
vie devient impensable sans un baladeur sur les oreilles.
S’ils savent, sans
qu’on leur fasse un dessin, ce qu’est le bruit, ils
ignorent totalement ce qu’est
le silence. Ce comportement bien connu qui est d’avoir peur
de ce que l’on ne
connaît pas s’applique au silence car on
n’enseigne pas aux enfants qu’être
silencieux n’est pas rien dire mais dire autrement,
c’est une expression
différente mais plus puissant que la parole qui
caractérise les génies et les
mystiques. On peut donc imputer au manque de silence de notre
société sa
carence en penseur géniaux et l’indigence de sa
spiritualité. Dommage qu’il n’y
ait point d’inscrit au groupe de ceux qui désirent
s’affirmer à contre-courant
en votant pour le silence, car il suffirait d’un petit nombre
pour changer le
monde.
Depuis la nuit
des temps et notamment depuis l’antique Égypte, ce
maillon important qui nous
relie aux connaissances essentielles des plus anciennes civilisations,
les
hommes savent qu’ils ont en eux deux sortes
d’intelligence qui se complètent.
L’intelligence du cerveau droit fut
particulièrement cultivée et donna
naissance, dans son expression pédagogique, à
divers rituels initiatiques comme
ceux de certains Francs-maçons, des Roses Croix, et de
l’ancienne Église
chrétienne. Ces courants spirituels très
puissants à l’origine étaient
basés
sur l’hermétisme dispensateur de silence
inséparable d’une pratique de
laboratoire que l’on appelle Art Sacerdotal, Grand art ou Art
Royal ou encore
Art d’Amour et Art de Musique. Le cœur de cette
antique pratique qui ne peut
réussir qu’accompagnée du silence
mental et donc d’un vécu ici et maintenant,
est le Grand Œuvre des alchimistes. Dans beaucoup
de traditions on retrouve sa trace, ainsi, par exemple à
Montpellier l’eau du
puit de la maison natale de saint Roch devient miraculeuse le 16,
août de
chaque années. Ce tour de cadrant de 24 heures correspond
à la durée du Grand
Œuvre, sur le roc philosophique, en suivant la voie
sacerdotale réservée à un
petit nombre qui ont un rôle important à jouer sur
le plan humanitaire ou
social comme ce fut le cas pour ces alchimistes qui pratiquaient des
transmutations publiques durant les 17e et 18e
siècle.
Leur rôle fut de tenter d’infléchir
l’étude de la matière dans un autre
sens
que celui qui allait aboutir aux armes nucléaires. Ce tour du
cadrant de l’effet miraculeux de l’eau de saint
Roch montre qu’il savait
utiliser l’eau Pontique ou l’eau benoîte
pour pratiquer la voie sacerdotale. La
mission du grand montpelliérain avait pour but de soulager
l’humanité
souffrante de ce mal qu’est la peste qui ravageait alors la
population comme
actuellement le sida. Ce grand
œuvre
de 24 heures donna naissance dans la Franc Maçonnerie
à la règle des 24 pouces (divisée
par trois) appliquée sur les trois corps : le
sel, le soufre et le mercure. Voici l’instruction que
reçoit le néophyte du
rite Émulation comme celui qui caractérise le
rite Nova Scotia: « La
règle de 24 pouces est un instrument
utilisé par les Maçons
opératifs pour mesurer et disposer leur travail, mais nous
Maçons Francs et
Acceptés, avons appris à l’utiliser
dans le but plus noble et plus glorieux de
mesurer le temps. Cette règle étant
divisée en 24 parties égales, symbolise les
24 heures du jour, que l’on nous a enseigné
à diviser en trois parties égales,
donnant ainsi huit heures pour le service de Dieu et d’un
frère méritant dans
la détresse, huit heures pour notre travail habituel, et
huit heures pour le repos. »[3] Cette union
entre différente tradition est le sel (ou scel)
d’un œcuménisme véritable
entre
les principaux courants de la connaissance orientés vers la
sagesse. L’étude
non spéculative des symboles est inséparable de
faits concrets qui émaillent
ces divers rites et traditions permet de découvrir
qu’ils sont les véhicules
d’un savoir très ancien, à
l’instar de certains contes. Il est dommage qu’ils
soient bien souvent incompris ou mal compris en restant dans la
spéculation qui
ne peut être qu’incertaine. Non, les symboles ne
sont pas seulement des
expressions relevant uniquement du domaine psychique ou chacun peut les
interpréter au grés de sa fantaisie et de ses
capacités offrant ainsi des
motifs d’invocation indéfinis… Ce genre
d’approche est éminemment regrettable
car non fructueuse. Bien compris et
ancrés dans le concret, le symbolisme nous permet
d’atteindre, après une
formation solide en hermétisme, notre véritable
dimension. Elle paraîtra à ceux
qui restent sur le bord de la route, surhumaine, ineffable et
miraculeuse.
Malheureusement il n’est pas facile de réduire
à néant notre bruit qui n’est
autre que celui de notre ego qui nous coupe de l’essence
même des symboles qui
sont par excellence le langage du silence. Soyons-en
persuadés, l’étude
uniquement théorique du symbolisme ne nous permet pas de
progresser puisque les
correspondances essentielles avec l’univers nous
échappent. N’oubliez jamais et n’en doutez pas un seul instant, cet effort vers l’acquisition du silence dans lequel plongent et se nourrissent les racines des symboles en valent la peine si vous souhaitez un jour entendre comme Pythagore la céleste musique des sphères.
par Hermophyle publié dans : Initiation
[1]
Eugène Canseliet, L’alchimie
expliquée sur ses textes classiques, p 205.
Éditions J.
J. Pauvert, Paris 1972 [3] Extrait du rituel de
réception du rite de
Nova Scotia, d’après Les planches de
l’Apprenti de Christian Guigue,
p. 124. Éditions Guigue. Tournais (Belgique) 2004.
Cité également dans Les
planches du compagnon, p. 104, même auteur,
même éditeur, 2003. AUSTIN J. L. Le langage de la perception. Éditions Armand Colin (Collection U2) Paris 1971. BENOIST L. L’ésotérisme. P.U.F. (Que sais-je ? N° 1031) Paris 1970. (Troisième édition.) BLONDEL M. Le problème de la mystique. In Cahier de la nouvelle journée, N° 3 Éditions Bloud & Gay. Paris 1929. BOUCHER J. La symbolique Maçonnique. Éditions Dervy. Paris 1948 (Troisième édition). CANSELIET E. L’alchimie expliquée sur ses textes classiques. Éditions J. J. Pauvert Paris 1972. DEMAILLY A. & coll. Approches holoscopiques et hologrammorphiques de la pensée. Éditions du Centre d’études interdisciplinaire de la pensée. Montpellier 1981. ELIADE M. Naissances mystiques. Éditions Gallimard. Paris 1959. FULCANELLI Le mystère des cathédrales. Éditions J. J. Pauvert. Paris 1964. (Troisième édition augmentée.) Les demeures philosophales. Éditions J. J. Pauvert. Paris 1964. (Troisième édition augmentée.) GARDET L. La mystique. P.U.F. (Que sais-je ? N° 694) Paris 1970. GINESTE L. Holoscopie de la spiritualité occidentale. Éditions Memor. Bruxelles 1997. L’alchimie expliquée par son langage. Éditions Dervy, Paris 2001. Renne le château, les cartes des trésors. Montpellier 2006. (En vente chez l’auteur : leon.gineste@wanadoo.fr) Hermestine, le trésor de Rennes le Château. Montpellier 2007. (En vente chez l’auteur : leon.gineste@wanadoo.fr) GUIGUE C. Les Planches de l’Apprenti. Éditions Guigue, Tournais (Belgique) 2004. Les Planches du Compagnon, Éditions Guigue, Tournais (Belgique) 2003. Les Planches du Maître, Éditions Guigue, Tournais (Belgique) 2003. HUTIN S. Histoire de l’alchimie. Éditions Marabout, Verviers (Belgique) 1971. GÖRRES. La mystique. (Tomes 3 et 5) Éditions Poussielgue-Busand. Paris 1854. GRAEF H. Histoire de la mystique. Éditions du Seuil. Paris 1972. JAEGHER DE P. Anthologie mystique. Éditions Desclée de Brouwer & Cie. Paris 1933. KAMALA-JNANA Dictionnaire de philosophie alchimique. Éditions G. Charlet, Argentière (Haute-Savoie) 1961. LARGEAULT J. l’intuitionisme. Éditions P.U.F (Collection Que sais-je ? N° 2684) Paris 1992. SERAPHIN. Principes de Théologie Mystique. Éditions Casterman. Tournais 1873. SMEDT M. Éloge du silence. Coll. Espaces libres (poche) Éditions Albin Michel. Paris 1986. VEZZANI V. Le mysticisme dans le monde. Éditions Payot. Paris 1955. VONGA P. La voie mystique. Éditions Appelboom & Cie. Lyon 1942. WIRTH O. Le symbolisme hermétique. Éditions Dervy. Paris 1969. |
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