Le Pavé
Mosïque
Comme tous les
ouvrages de pierre et d’autres matières
naturelles, l’art
de la mosaïque est connu depuis la plus haute
antiquité. Ces assemblages de
pièces de dimensions et de couleurs variées
permettent d’illustrer des scènes
de la nature ou de la vie des hommes. Le pavé ou pavement
mosaïque tel que nous
le connaissons dans nos temples est dit provenir des temps bibliques.
L’espace
composé de dalles alternativement noires et blanches est
l’un des principaux
éléments immobiles de la loge, recouvrant une
partie de son sol ou
l’intégralité de celui-ci à
l’exemple, selon une légende, du Temple de
Salomon.
D’autres affirment que le motif en damier, appelé
aussi «pavage», n’est
proéminent dans les édifices sacrés
qu’à partir de l’époque
romaine.
Quel qu’en soit l’origine, la
taille, la forme et son emplacement en
fonction des différents rites maçonniques, ses
significations demeurent ce
qu’elles sont et il est étonnant qu’une
conception aussi simple que celle-là
puisse donner lieu à un champ de réflexions quasi
illimité. La première idée
est le système binaire qu’il
représente, tout d’abord l’opposition
lumière-ténèbre. Yasar Berker, de
«Pensée et Action» à Martigny
écrit: Avec mes
jours avec mes nuits/Avec mes joies et mes ennuis/Dans ma
mémoire et mes
oublis/Je vis le pavé mosaïque. Toutes les
dualités sont ici concevables, même
s’il faut prévoir des nuances car peu de choses
sont complètement noires ou
blanches. Il s’agit pour le maçon non pas de nier
ce qui le rattache aux
réalités terrestres mais d’en faire un
tout harmonieux afin d’aller plus loin.
Et d’élaborer par lui-même la suite, le
reste du pavé mosaïque.
Il n’y a donc rien de statique dans le dallage
bicolore. Nous parlerons
davantage de complémentarités que de contraires
irréductibles. Avec ma tête
avec mon coeur/Dans le bien-être et dans
l’ardeur/Avec mes frères avec mes
soeurs/Je vis le pavé mosaïque. Ce travail de
conciliation est le plus ardu que
nous ayons à faire, il nous mobilise en permanence, requiert
une détermination
sans faille et dans le même temps suscite de multiples
interrogations. N’y
a-t-il pas dans le pavé une ouverture sur quatre
côtés, et chacun des carrés
qui le forme n’est-il pas un monde en soi en attente
d’être exploré? Lié
à la
science des nombres, le thème de ce mois est un concept
universel, qui révèle
bien plus qu’il ne dissimule. Souhaitons que les textes
ci-après aident chacun
à mieux l’appréhender.
Jacques
Tornay |