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Le Silence, les Mots, la Parole

Il y a tant de mots à dire et tant d’idées à exprimer sur le Silence…

Le silence est un mot à la sonorité superbe, la première lettre de ce mot dessine deux courbes douces et opposées, symbole de la dualité qui nous dirige encore apprentie.

Enfant du silence, du rêve et de la contemplation je le suis depuis toujours. ( je fais référence mes sœurs, souvenez-vous mon travail « Ma solitude Choisie ».
J’insiste à nouveau sur le mot CHOISIE.

Les paroles n’ont été en rien jusqu’à ce jour témoin de certitude, en rien susceptible de me rassurer sur l’existence de toutes choses !
Le silence est toujours pour moi, un compagnon plus vrai que les paroles, je continue à savourer le calme, je plonge dans la musique, dans mes lectures... (points de suspension)

J’ai besoin de ce silence pour protéger mon équilibre, j’écoute mon silence il me renseigne, il me parle sur l’état des lieux et des êtres, sur la qualité des situations rencontrées.

Il est mon compagnon intime, l’arrière fond permanent sur lequel tout se détache.

Le silence n’existe pas, il est une question d’amplitude, de relativité il fait parti du rythme de la vie.
Car toute circulation d’énergie fait du bruit,
Nos pensées font du bruit,
Les battements de nos cœurs font du bruit,
Le silence relatif n’est pas le vide il diffère de la méditation véritable, état bien particulier que je n’ai pas encore réussie à atteindre ;
Pourtant… (point de suspension)

Nombreuses jusqu’à l’infini les formes de silence dénotent les états multiples de l’être :
Désespoir, Mépris, Peur, Respect, Secret, Attente,Réflexion, Rêve ou Communion.

Selon les cas, le silence sera Fermeture Ouverture ou Point de suspension.
  • D’abord le silence en musique, sans lequel l’harmonie n’existerait pas, tout ne serait qu’une succession de bruit une cacophonie !
CE silence me rappelle ma sœur Anne ma jumelle, quel Harmonie elle et sa musique ses silences ses souffles…
  • Le silence règle fondamentale de toute communication,
Qu’elle soit verbale, visuelle, corporelles ou spirituelles la communication implique une phase d’Ecoute, de Lecture ou d’Observation ;
Ce même silence pour la communication avec soi,
L’introspection, Faire silence intérieur afin de s’écouter
S’observer  réfléchir  ou méditer.
  • Le silence Contemplatif  qui devant la magnificence d’une œuvre nous laisse sans voix
  • Le silence du tact ou de charité
Qui s’applique dans le but de ne pas nuire à l’autre de ne pas l’offenser ou de ne pas mettre trop en évidence le mal.

  • Le silence du pardon
Que l’on produit afin d’éviter de souligner continuellement les reproches répétés aux autres, leur rappelant leurs erreurs ou leurs fautes.

  • Le silence de compassion
Qui devant les souffrances ou des drames injustes, comme la maladie grave ou terminale, devant la mort permet d’exprimer l’impuissance affectueuse mais aussi le respect dans le partage de la douleur.

  • Le silence réciproque ou sensitif.
Qui se produit lorsqu’il y a une connaissance et une communion très profonde entre deux personnes, aucune parole ne peut  le remplacer, il est de même type que le silence résultant de la communion avec le sacré.

  • Le silence respectueux ou de mémoire.
Une minute de silence est demandée à toute communautés
Religieuses, associatives, sportives, républicaines, etc.  afin de témoigner respect et souvenir à l’être passés à l’orient éternel.

  • Le silence protecteur pour soi.
« Vous avez le droit de garder le silence » et « tout ce que vous pourrez dire pourra être utilisé contre vous » ! phrase qui propose en tout premier lieu une protection due à son propre silence.

  • Le silence d’offense ou d’irritation.
Qui est pratiqué par ceux qui ne sont pas en paix avec eux-mêmes, lèvres serrées, mâchoires crispées, ceux qui ne connaissent pas ou n’arrivent pas à faire le silence intérieur si propice à plus de justesse dans la réflexion et dans l’action qui suit.  Ceux-là ne connaissent ni le repos ni la sérénité.

  • Le silence de l’isolement ou mutisme.
Celui qui se tait, n’est pas confronté aux autres, il reste avec ses idées et sa façon d’être, ne s’ouvre pas mais il ne doit pas être je pense, interprété comme une fin en soi.
Celui qui se tait ne donne pas de soi-même et donc s’appauvrit en donnant une valeur négative à sa vie.
Ce silence la est reflet de la Fermeture du cœur,des manques, c’est un silence refuge.

Combien de personnes refusent le silence, miroir de leur conscience, elles refusent tout dialogue avec elle-même  et s’éparpillent en une débauche de paroles  souvent inutiles.

Un proverbe turc dit :
« La bouche du sage est dans son cœur, le cœur  du fou est dans sa bouche »

  • Le silence peut parfois devenir une Arme.
C’est le silence de l’indifférence, voire de mépris ;
En refusant de parler, au cours d’une dispute le combat cessera faute de combattant. Le silence à ce moment bouclier sera infranchissable, par lâcheté ?  par force ?  par sagesse ?  difficile à dire ;
« Qui ne dit mot consent »

  • Enfin le silence ouverture.
Bien utilisé   le silence saura ouvrir les portes,c’est la voie royale de l’intériorité, garant de la vigilance,c’est une donnée essentielle de toutes disciplines et des règles spirituelles,par sa densité le silence est un passeur, un catalyseur, il provoque les communions.
Il  est élixir de vie.

Quoi de plus fort qu’une complicité magique, qu’un partage mutuel offert par des silences entendus, écoutés, bien compris, par des regards éloquents.

Un des symboles du silence est la Flamme d’une bougie dans la pénombre :  sa flamme s’élève, brille, danse, pourtant elle va s’éteindre, elle est toujours dans nos cœurs,présente,A nous de raviver sans cesse notre flamme intérieure.

  • Venons en maintenant au silence maçonnique,
Dés son introduction dans le cabinet de réflexion, la profane est seule face à son silence,
Puis les yeux bandés elle est conduite dans le temple, le silence règne sur les colonnes, la cérémonie peut commencer.
Après le tumulte des deux premiers voyages,le silence devient lourd de signification au troisième voyage.
Reçue apprentie maçonne, ce même silence lui sera imposé en loge durant tout son apprentissage.

C’est que le silence anime un nouveau type de connaissance, celle de soi-même, des autres, de l’univers.
On apprend à modérer ses passions et à approcher la sérénité nécessaire pour parcourir  le chemin chaotique et plein d’embûches, qui doit nous conduire à la lumière, le silence est porteur de semences.
Le silence de l’initiation  se cache sous le sceau du secret.

Pourquoi garder, si voilé, si caché, un acte qui est censé nous faire avancer ?
Je pense parce qu’il est nécessaire au dévoilement progressif de l’âme ; ce n’est qu’en grandissant que l’on est mûr, pour approfondir l’enseignement de notre ordre, le secret n’est pas lié à un non vouloir dire, mais plutôt à un non pouvoir dire pour éviter tant aux nouvelles initiées qu’à nous-mêmes, une mauvaise appréhension des principes maçonniques,qui doivent se vivre et non se dire.

Au fil des ans, la parole nous sera rendue, mais le silence devra être respecté,intégré,équilibrant notre parole,de cette communion résultera l’égrégore du temple.

Donc le silence est un outil indispensable pour nous permettre de polir la pierre brute.

En loge dans le silence et l’écoute, nous nous libérons de nos préoccupations profanes, nous pouvons ainsi vraiment nous sentir nous-mêmes et sommes plus à même d’utiliser les mots justes, d’arriver à nous guider vers la prise de parole Maitrisée.

« Il y a beaucoup de gens dont la facilité de parler ne vient que de l’impuissance de se taire » disait Cyrano de Bergerac… Que de vérités dans ces paroles !

Evitons donc l’empressement,les passions  et laissons mûrir  nos idées  afin de ne pas regretter nos paroles..
Ces paroles là seront d’autant plus appréciées qu’elles auront été attendues,pensées,réfléchies.
Elles doivent être dites au bon moment.

L’ART DE PARLER C’EST AUSSI L’ART DE LA PRUDENCE !
 
La parole est-elle donc un des métaux  que la profane laissera dans le cabinet de réflexion ?
Oui  car la parole doit-être juste et approprié ;  en loge l’apprentie ne sait pas encore ce qui doit ou ne doit être dit et à quel moment.
Le silence qui lui est donc imposé lui permettra d’appréhender, avec le temps de plus en plus finement la justesse et l’à propos de ces paroles.
Ces paroles qui ne sont que des mots.
Des mots couchés sur du papier, des mots jaillissants d’une bouche, déplacements d’air ou d’encre, capables du pire et du meilleur, armes terrifiantes, complicités magiques, merveilleux véhicules,mensonges destructeurs, outils fondamentaux de communications,ornements stériles d’une conversation, moments privilégiés,horribles mésententes,lumière, obscurité .

  • Les mots sont tout cela Guerre et Paix.
Il suffirait d’apprendre à les comprendre, à les respecter pour n’être que lumière ;   La parole est donc source de paix ou de conflits, les paroles peuvent aider les autres, transmettre le savoir, les sciences, mais elles peuvent aussi causer des dommages parfois très graves,voilà pourquoi il est nécessaire de réfléchir avant de parler ;  ne pas devenir victime de ses lèvres.
La parole vient du dedans de l’âme, mais elle s’exprime aussi hors de l’homme pour énoncer les choses, les sentiments que les êtres ressentent, elle exprime une réalité vivante, elle est médiatrice,elle circule et fait communiquer chacun avec soi-même et les autres.

Ø      La place de l’apprentie est sur la colonne du nord, au septentrion dans une position de retrait qui lui a été imposé, elle observe et écoute dans la lumière lunaire, elle opère silencieusement ses réflexions intérieures, elle apprend d’abord dans une 1ere phase primordiale à mon sens, à entrer en communication avec elle-même. C’est la descente le long du fil à plomb afin de pouvoir utiliser, le moment venu la parole juste avec les autres.

Ø      Grâce à son silence, à son écoute, elle analyse tout ce qu’elle entend et engrange ce qu’elle ne comprend pas forcement,pour mieux le méditer par la suite.

Ø      Le silence est donc un temps d’arrêt, ou le travail intérieur prépare l’action.

« LA PAROLE EST D’ARGENT EST LE SILENCE EST D’OR »

J’en déduis de ce proverbe « que la parole a de la valeur, mais que la silence a plus de valeur encore ».
Autrement dit qu’il vaut mieux savoir se taire que de parler pour ne rien dire !

Le travail en loge passe systématiquement par des prises de paroles réglementées, cette réglementation est à considérer comme une préparation et un garde fou en loge.

Une sœur ou un frère s’annonce à la surveillante de sa colonne comme désirant prendre la parole,celle-ci transmet sa demande à notre vénérable maîtresse qui lui donne à ce moment la parole.    
Notre rituel évite ainsi, à la fois le caractère impulsif de la prise de parole, de plus notre mise à l’ordre de par son symbolise, empêche une repartie trop épidermique à une intervention ;
Elle pourrait s’illustrer du conseil que tout le monde connaît :

« Il faut tourner 7 fois la langue dans la bouche avant de parler »

La communication entre les êtres est souvent délicate !!

L’échange fraternelle de nos propos doit donc se faire par étapes :
Accepter, dompter, et utiliser notre meilleur outil « le silence » par le fil à plomb afin d’aller palier après palier vers la parole mesurée et maîtrisée ; alors seulement nous devenons prêtes à  confronter nos propos avec les autres et donc à progresser, évoluer  donc s’élever.

La connaissance de soi passe je pense, par d’abord et obligatoirement « LE SILENCE »

Le silence imposé à l’apprentie est en réalité un cadeau inestimable, il donne la tranquillité nécessaire à la compréhension de se qui se déroule lors des tenues.

L’esprit ainsi libéré du besoin d’intervenir,on analyse, on comprend mieux les symboles et les paroles et à force de méditer il devient possible de découvrir son soi authentique, une des plus grandes découverte de la vie.

Ce voyage dans la recherche de la vérité s’avère très long et passionnant jusqu’à l’infini… jusqu’au dernier souffle.

Néanmoins le devoir d’une maîtresse est de tenter d’apporter par une parole de vie, une parole claire, un nouvel éclairage sur le débat en loge, facile à dire… mais…

En travaillant ce sujet j’ai rencontré des blocages,le silence ne me parlait plus, je n’y voyais que des points de suspensions…. Je ne pouvais ni avancer,ni reculer, cette
attente me paraissait stérile et pourtant cette pause arrêtait le mouvement et venait m’éclairer,il me fallait retrouver mon centre de gravité et avec force et vigueur continuer une marche vers la lumière… Ces points de suspensions devenaient de la paix en suspens, cette ponctuation devait me faire prendre conscience de la mesure du temps, de l’espace, de mon espace  et de ma liberté de pensée.

C’est ainsi que de silence en points de suspension et de points de suspension en silence je peux peut-être toucher au subtil de l’âme, cœur animé et éclairé de la pierre brute que j’étais, que j’ai dégrossie  mais que j’essaie de polir sans cesse, car  les aspérités même avec des années de maçonnerie réapparaisse sur la pierre polie.

Voilà maintenant je vais me taire,je vais reprendre ma place aujourd’hui d’apprentie sur la colonne du nord, au septentrion, dans mon silence ;
Je vais vous rejoindre vous toutes mes sœurs apprenties que je ne connais pas ( j’ai brillé par mon absence cette année !) ;
Je vais poursuivre mon chemin de maîtresse, certes, mais à l’abri de trop de lumière, maîtresse certes, mais qui a besoin de repasser par le silence et qui a besoin de vous écouter vous toutes !

J’ai dit

C
\ M\

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