Sous le
tablier la plage
Il m'avait été reproché
lors d'un travail précédent un ton trop acide et
voulant tenir compte des remarques fraternelles qui m'avaient alors
été dispensées, comprenant enfin,
qu'il n'est plus de mon âge de scandaliser le bourgeois et
d'effaroucher la paroissienne j'ai décidé
d'adopter désormais un ton plus caustique. Et comme je vais
tenir des propos salés puisque je vais vous parler de sexe,
j’espère, mes F. que cela va vous mettre l'eau
à la bouche. Nous pourrons ainsi vérifier
l'excellente équation de Berthelot acide plus base donne sel
plus eau.
Pourquoi ce titre sous le tablier la plage ?
Parmi les slogans qui couvraient les murs du beau mois
de mai 68, il en est un qui me séduisait
particulièrement « sous
les pavés la plage » car il me
paraissait rassembler dans une formule poétique l'esprit
même de 68.
Le pavé de la révolte, de l'action parfois
violente et la plage du rêve, des vacances qui n'allaient pas
manquer de venir.
Quelques années après je pense
aussi que ce slogan pourrait parfaitement exprimer la quintessence de
la Méthode Maçonnique que je crois être
une valse à quatre temps.
D'abord constater les faits, faire preuve d'objectivité :
les pavés sont bien posés sur un lit de sable.
Ensuite ne pas se contente de la surface des choses, soulever le
pavé pour trouver le sable.
La recherche de la vérité n'est pas la
nôtre principale raison d'être ?
J'aime à espérer que les M. soient
des chiens maigres aux yeux de Céline, juges d
‘instruction Rennais avides de vérité
au point d renverser les poubelles pour trouver leur pitance
plutôt que des mâtins pansus entravés
par la chaîne des convenances.
Mais il peut y avoir une maçonnerie molle celle qui consiste
à se donner bonne conscience en ajoutant à un
Humanisme baveux quelques exercices d'onanismes intellectuel.
Après cela mesurer la fragilité de
l'édifice Humain, comme le plus souvent les
cathédrales les pavés reposent sur un
matériau fragile et meule- C'est la une invitation
à la prudence dans l'affirmation, à
l'humilité dans la démonstration, un
avertissement aussi à ne pas se prendre trop au
sérieux.
Se prendre au sérieux, croire que l'on fait
partie d'une élite et que l'on dispose d'un pouvoir temporel
sont des risques permanents pour le maçon.
J'y ajouterai aussi le risque de devenir des bigots, d'être
des coincés, chevaliers de la fesse triste, confondant
rituel maçonnique et avalage de parapluie.
Nietsche avait écrit au dessus de sa porte : je me ris des
maîtres qui ne rient pas d'eux-mêmes.
Peut-être devrions nous broder cette inscription sur nos
cordons ?
J'aime à penser qu'à la façon d'un
Rabelais, un raisonnement philosophique puisse être
ponctué d'un pet sonore ou d'un rôt et
qu'à la façon d'un Shakespeare on puisse alterner
le tragique et le rire.
Je n'aime pas les gens qui ne rient jamais, disait
Alain, ils ne sont pas assez sérieux.
Le rire décapant c'est la aussi un excellent moyen de polir
la pierre en répandant à sa surface de l'acide
ironique I4NH3, moyen élégant et plus
économe en énergie que de taper comme un sourd
avec ciseau et maillet.
Enfin la plage c'est une invitation à la rêverie
poétique, à la créativité,
à la sensualité, Sea, Sun and Sex, nous y
voilà déjà.
Puisque voilà une bonne méthode,
partons à la recherche d'un bon sujet ! Comme ces
personnages de Pirandello qui recherchaient leur auteur.
Et d'ailleurs qu'est qu'un sujet maçonnique ?
Ceci pour rappeler ce classique du Baccalauréat, qu'est ce
qu'un sujet philosophique ?
Ma démarche avait été d'aborder une
réflexion sous cet angle, en procédant
à une compilation des bulletins Edilrépi et en
procédant à une analyse Thématique et
Statistique des sujets abordés en tenue.
Mais c'est là un travail considérable que je me
réserve de faire quand j'aurai plus de loisirs, à
moins que cela n'inspire un des frères ici
présents.
J'ai donc pensé traiter le sujet à
l'envers, qu'est ce qui n'est pas sujet maçonnique, de quoi
ne parle pas les maçons et pourquoi n'en parlent ils pas ?
Une rapide investigation me permets d'aboutir à trois sujets
: l'argent, le sexe, et Dieu.
Bien sûr j'aurai pu les traiter dans une seule planche
intitulée : sous le tablier; la bourse le sabre et le
goupillon.
Mais craignant d'être trop long, j'ai
préféré me concentrer sur un sujet qui
retiendrait d'emblée votre attention : le sexe.
En effet si selon le bon Docteur Freud tout notre
être peut s'expliquer par la pulsion Libidinale et ses
différents refoulements, force est de constater que l'on ne
parle pas de sexe en maçonnerie, du moins pendant les
tenues, car j'ai pu constaté que le sujet pouvait
être évoqué en salle humide,
particulièrement vers la fin des agapes.
Il faut reconnaître qu'il y a une
difficulté générale et non
maçonnique à parler de sexualité, soit
que le sujet soit abordé sous l'angle de la gaudriole afin
de l'évacuer, soit qu'il le soit sous l'angle de la froide
terminologie médicale. Mais parler de sexualité
tranquillement, poétiquement, ou philosophiquement est une
œuvre difficile.
Les maçons n'y arrivent pas non plus.
Pourquoi ce silence ? Que cache-t-il ? Que nous apprends il sur
nous-mêmes en tant que Francs-maçons et en tant
qu'hommes ?
Voilà les réflexions que je
souhaite partager avec vous mes FF\ au travers de cette planche.
J'aborderai successivement les points suivants
- La Sexualité dans la tradition des bâtisseurs de
cathédrales.
- Sexualité et féminité dans la
symbolique Maçonnique.
- Travail et Sexualité.
- Sexualité et Masculinité.
- La peur des femmes dans les obédiences masculines et la
place de la féminité dans les
obédiences mixtes et féminines.
Enfin je terminerais cette planche en parlant de la
plage, c'est à dire de la place de la sexualité
dans l'utopie Maçonnique.
Bien sur ce chapitre sera traité sous l'angle du fantasme,
afin de permettre à tous de vivre pleinement cette
soirée.
1°.La sexualité et
l’œuvre des constructeurs de
cathédrales.
S'ils étaient des esprits fervents,nos maîtres
vénérés qui construisaient des
cathédrales aimaient aussi à se divertir aux
dépens des donneurs d'ouvrages ecclésiastiques,
en parsemant ici et la les cathédrales de figures qui
n'incitaient pas directement à la réflexion
chrétienne.
Sur le fronton de la cathédrale de Salamanque on peut ainsi
voir (avec des jumelles) un pèlerin évoquant Onan
plutôt que Saint Sébastien.
Dans la Basilique de Saint-Pol de Léon,
derrière un pilier un pieux paysan breton s'agenouille en
même temps qu'il baisse culotte.
Le Canard Enchaîné avait
organisé il y a plusieurs années un concours de
photos intitulé : traquons le porno sacré, ce qui
avait amené une multitude d'exemples des facéties
dont se divertissaient nos bien aimés
prédécesseurs.
Certains maîtres imagiers poussaient d'ailleurs le souci de
l'ésotérisme jusqu'à recouvrir leurs
lubriques créations d'une feuille d'acanthe ou d'une
dentelle de pierre, de manière à
réserver le secret de leur plaisanterie à
quelques initiés voire à eux seuls.
Peut-on imaginer mes FF\ en quelle haute
considération nos maîtres tenaient l'art du
canular pour pouvoir ainsi consacrer plusieurs semaines d'efforts dans
l'unique but de se moquer discrètement d'un
évêque.
Hélas à la paillardise du moyen-âge
devaient succéder des siècles de puritanisme et
l'héritage des maçons opératifs a
oublié de transmettre le goût de la plaisanterie
libertine qui aurait pu égaye nos rituels et
décorer nos temples.
2° Pour autant et ce sera la le 2éme
point, n'y a t il aucune place pour la Sexualité dans le
symbolisme maçonnique actuel ?
En d'autres mots puisque tout est symbole en maçonnerie, y
a-t-il des sexes symboles ?
S'il n y a pas de symboles à proprement parler sexuels, il y
a néanmoins quelques symboles sexués.
On observera notamment la symbolique du soleil et de la
lune qui recouvre les notions de masculin et de féminin. Il
faut noter qu'à ces deux symboles sont associés
les archétypes des vertus propres à chaque sexe :
énergie pour le soleil, douceur pour la lune.
Les colonnes Jet B sont également des symboles
sexués.
La colonne J, Jachim, correspond selon Oswald Wirth au masculin car
elle est symbole de masculinité.
A l'inverse la colonne B, Boaz, correspondant
à la deuxième lettre de l'alphabet
hébraïque Beth, apparaît comme
essentiellement féminine car son nom signifie maison,
habitation, d'ou l’idée de caverne,
d'utérus.
La colonne J est donc masculine active, la colonne B
féminine Passive.
Le symbolisme des couleurs exige en conséquence que la
première soit rouge et la seconde blanche ou noire.
Il est frappant de constater que dans le symbolisme
maçonnique, le féminin s'opposent et se
différencient, alors que dans la symbolique Chinoise du Yin
et Yang, une partie de féminin est inclue dans le masculin
et vice versa. Ce qu'exprime d'ailleurs Lao Tseu lorsqu'il dit: Celui
qui connaît la virilité mais contient la
féminité deviendra un bassin où
s'accumule toute la force du monde.
Si l'on parcourt encore le temple on découvrira dans les
entrelacs de la Corde à Nœuds les lacs d'amours
hérités du vocabulaire galant du 18°
siècle.
En dehors des symboles affichés, il faut prendre en compte
la symbolique de la Veuve présente à
différents grades.
La Veuve est sur le plan profane, un symbole ambigu,
à la fois femme meurtrie et donc à
protéger, mais aussi femme libre de l'esclavage marital, et
donc à prendre pour qui saura briser l'interdit, source
même du plaisir.
Etymologiquement, la veuve, en latin viuda c'est le vide, un vide dont
bien sûr la nature humaine raffole.
La littérature érotique abonde
d'histoires de veuves lubriques et initiatrices.
V\M\ mes FF\ je voudrai rendre hommage à une femme
admirable, longtemps méprisée à
l'instar de Bécassine.
C'est en effet avec une profonde émotion, et en pensant
à tous mes camarades péris en mer, que je voudrai
évoquer la Veuve Poignet.
Combien de marins, combien de capitaines, qui partirent Joyeux pour des
mers lointaines trouvèrent auprès de cette bonne
mère le secours qui leur ferait attendre Cythére.
Seul Socrate lui rendit hommage en convainquant ses disciples que
l'onanisme est la forme de sexualité la plus compatible avec
le travail philosophique.
Quel dommage d'ailleurs que beaucoup de nos nouveaux
philosophes aient pu en déduire que l'on pouvait confondre
masturbation intellectuelle et raisonnement !
Il faut aussi parler de la veuve tronc ; une brave femme aussi celle
la, car malgré son handicap qui nécessite la
présence permanente à ses
côtés d'un agent hospitalier, elle arrive encore
à soulager de nombreux frères, deux fois par
mois.
Masculin, Féminin, Amours chastes, Veuves,
nos symboles sont bien prudes ; les murs du temple auraient ils suffit
à repousser les vagues libidinales qui selon les
psychanalystes agitent l'humanité ?
Il faut, si j'ose dire, descendre au niveau du Tablier pour
découvrir une dimension clairement sexuelle dans nos
symboles.
En effet le tablier s'il permet de protéger
le corps des dérapages possibles des outils ou de
l'éclat de la pierre, est souvent défini par la
plupart des auteurs maçonniques comme ayant une fonction
à contrario de protection du maçon contre les
excès de la passion dont l'origine bien sur se trouve dans
la zone génitale recouverte par le tablier.
Ce sera mon troisième point.
Car c'est précisément dans cette opposition
travail pulsion sexuelle que l'on peut retrouver la dimension la plus
signifiante de la place de la sexualité dans l'univers
maçonnique.
Cette opposition rejoint un certain nombre de réflexions
philosophiques et psychanalytiques.
Montesquieu dans la théorie des climats distinguait
déjà la sensualité épanouie
des peuples du Sud de celle beaucoup plus limitée des
peuples laborieux du Nord.
Jouir ou manger n'est-ce pas toujours un des dilemmes
géopolitiques actuels ?
Plus tard Paul Lafargue, gendre de Karl Marx et auteur du merveilleux
« Droit à la paresse »
cite dans son avant-propos Monsieur Thiers qui déclarait
devant la commission de l'instruction primaire en 1849 :
« Je veux rendre toute puissante
l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour
propager cette bonne philosophie qui apprend à l'homme qu'il
est ici bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au
contraire à l'homme : Jouis ».
Plus prés de nous c'est Herbert Marcus,
psychanalyste à la mode dans les années 68 qui
théorisa dans Eros et Civilisation sur la construction de la
société industrielle décrite comme
reposant sur le refoulement de la pulsion libidinale.
Selon sa théorie Thanatos, l'instinct de mort se confond
avec les valeurs du travail pour s'opposer à Eros.
Herbert Marcus explique comment la
société capitaliste
récupère la pulsion érotique,
notamment dans la communication publicitaire pour enfermer l'homme dans
le besoin de consommer, donc de travailler.
Le culte du travail, valeur maçonnique par
excellence, correspond à une période
historiquement courte de la société : celle de
l'erre industrielle; alors qu'à d'autres époques
c'était la glorification du non-travail qui était
considéré comme une valeur par les classes
supérieures.
En dehors de la symbolique du tablier y a-t-il d'autres domaines de
l'univers maçonnique qui pourraient relever d'une lecture
sexuelle ?
Cela nous renvoie à réfléchir
à la masculinité dans la vie
maçonnique.
Dans notre obédience, l'identité
maçonnique se superpose à l'identité
masculine.
Mais qu'est ce que l'identité masculine ?
Pour Elisabeth Badinter c'est un phénomène
culturel, alors qu'elle décrit la
féminité comme un phénomène
naturel. La féminité s'acquiert alors que la
masculinité se construit. Elle démontre ainsi que
l'identité masculine se construit par le refus de la part de
féminin qui est innée dans la
personnalité masculine.
La peur de faire fille, fait partie des angoisses
fondamentales de l'enfant et de l'adolescent.
Pour la plupart des sociétés traditionnelles
c'est au travers d'une initiation cruelle que l'on devient Homme.
L'initiation maçonnique reprend une partie de ces rituels et
comporte d'ailleurs des mécanismes d'identification
masculine. Le fait de découvrir la poitrine de
l'impétrant par exemple est souvent décrit comme
un moyen de s'assure de son sexe.
Bien sur ce n'est pas l'objectif premier de nôtre Ordre que
d'être un club d'hommes; mais je crois qu'il faut toujours
distinguer dans la sociologie des associations le mobile fondateur et
les bénéfices secondaires.
Pour beaucoup de Maçons le plaisir de se
retrouver entre hommes fait partie de l'attachement à la
pratique maçonnique et il n'y a en cela rien de ridicule et
rien de scandaleux.
On rencontre ainsi souvent des FF\ qui ne participent pas aux banquets
familiaux car ils considèrent que la Maçonnerie
c'est leur jardin secret, leur Men'Club et qu'ils ne souhaitent pas le
partager avec leur épouse.
Cette espace de liberté, c'est aussi un espace de pouvoir,
d'autant plus important lorsque l'intéressé en
est frustré sur le plan professionnel, politique, ou
familial.
Combien de vénérables
maîtres, de très illustres frères, et
autres grands puissants commandeurs, après s'être
fait appeler de la sorte toute une soirée, doivent ils
prendre les patins pour traverser la salle à manger ?
L’identité masculine en
maçonnerie c'est aussi une certaine méfiance vis
à vis de l'homosexualité. Bien sur il n'y a pas
d'ostracisme déclaré et nous connaissons tous des
FF\ qui tiennent leur épée de la main gauche et
occupent des postes de responsabilité sans que cela semble
poser problème. Il y a même un Atelier
où leur proportion semble supérieure au taux de
10 pour cent établis par les sexologues
américains. Mais on trouve ici et la des
coinçages surprenant sur le sujet.
Un frère me rapportait qu'aux
obsèques de son vénérable
décédé du Sida, plusieurs
frères de l'atelier avaient assisté à
la cérémonie religieuse par respect pour le
défunt, mais avaient refusé d'assister
à la cérémonie Maçonnique
car ils considéraient que son mode de vie n'était
pas conforme à leurs valeurs personnelles et
maçonniques.
Mais c’est surtout dans la peur des femmes que se
développe le plus clairement l'identité masculine
maçonnique.
Il faut reconnaître que la peur de la femme,
de Téhéran à Jérusalem en
passant par Rome est le dénominateur commun de tous les
intégrismes avec bien sur la barbe, symbole de
virilité, comme insigne du Club.
On peut s'interroger sur les racines psychanalytiques de la peur de la
femme perçue comme un risque de trouble de la
réflexion et de l'élévation
spirituelle.
Je crois que fondamentalement la femme renvoie
à la vie dans ce qu'elle a de biologique, et qu'en cela elle
gêne tous ceux qui se réclament d'une conception
spiritualiste du monde.
« Homo naquit inter feces et urinas »
l'homme n’ait au milieu des excréments disait
Saint-Augustin quand il s'opposait à une conception trop
platonicienne de la doctrine catholique, et qu'il chercher à
étaler son immense culture Gréco-Latrine. Cette
peur de la femme, c'est aussi le sentiment œdipien vis
à vis de la mère, chaos fondamental qui traverse
notre personnalité.
La peur de la femme c'est enfin la peur de l'impuissance dans tous les
sens du terme : peur de ne pas séduire, peur de ne pas faire
jouir, et quelque part peur de soi-même.
Je trouve amusant et agréable de faire partie d'une
Obédience masculine. J'y trouve un bonheur simple un peu
rétro. J'y vois surtout une manière un peu anar
de résister au sexually correct venu d'Amérique
et qui plus fort que la Loi Toubon oblige les journalistes à
parler de Camera Person plutôt que de Camera Man.
Il y a un vrai bonheur à être un
peu Macho. Des soirées Poker Tequila aux plaisanterie de
garçon de bains échangées sous la
douche après un bon jogging pourquoi se refuser ces plaisirs
?
Mais grands Dieux n'allons pas chercher de justifications à
nos petits plaisirs ! Il n'y a dans le souci d'identité
Maçonnique masculine rien de fondamentalement philosophique
et je suis persuadé que dans quelques siècles les
jeunes maçons et maçonnes qui
fréquenteront ce Temple penseront que nous étions
les derniers des Brontosaures.
J'avoue mal comprendre l'opinion de nombreux FF\ qui pensent que la
présence de SS.\ pourrait gêner nos travaux.
Souvent cette opinion est exprimée par des
FF\ très honorables et j'avoue que je ne ressens pas sur moi
les effets annoncés. Peut être est ce du au
Bromure absorbée pendant mes années de Marine
Nationale et il faudra sûrement que j'aille consulter un
sexologue !
En tout cas on ne dira jamais assez les sacrifices des FF\ qui
après avoir supporté les affres de
nôtre tenue mixte annuelle, doivent dés le
lendemain matin sans avoir eu le temps de reprendre Haleine dicter un
courrier à leur secrétaire !
Ayant fréquenté en Bretagne un
Atelier qui recevaient régulièrement des SS\,
j'ai pu observer qu'il n'y avait pas de
phénomènes sexuels particuliers mais que la
présence de nombreuses SS\ épouses
rétablissait le Matriarcat qui caractérise la
famille Bretonne avec pour conséquence de rendre les agapes
plus sages qu'il ne le fallait. Certains FF\ compensaient d'ailleurs
cette pratique en visitant régulièrement la G.L
afin d'avoir en quelque sorte une soirée à eux.
Dans un domaine différent, je n'ai pas observé
dans un Atelier du DH que j'ai visité
régulièrement les
phénomènes torrides que pouvaient faire craindre
la cohabitation de personnes de sexes différents, tout au
plus ai je pu assister à un débat, hors tenu il
est vrai, sur la longueur des jupes d'une S\ que d'aucuns trouvaient
peu compatible avec la solennité des Tenues. Il est vrai
qu'il s'agissait de la S\ Hospitalière ; voilà au
moins un risque que vous ne courraient pas avec moi; mes FF\.
La fréquentation moins
régulière des Ateliers de la GLFF, m'inspire
moins de commentaires. Le port de l'aube noire me parait toutefois
autant une démonstration de refus de la
féminité qu'une volonté
d'égalité, et évoque
irrésistiblement une sorte de Tchador Maçonnique.
On peut également constater dans les Ateliers
féminins la présence de Mères
Maçonnes qui établissent une relation
mère-fille un peu condescendante avec des SS\ plus jeunes.
Enfin l'identité Maçonnique Féminine
étant aussi une réalité, il m'a
était rapporté que dans certains Ateliers des SS\
avaient animé de vifs débats afin de remplacer
nôtre acclamation habituelle par celle de Liberté,
Egalité, Sororité.
Mes FF\ voici l'heure venue de nous rendre à
la plage pour goûter les plaisirs du sable que recouvre
nôtre tablier.
Comment en effet parler de sexe en étant totalement
sérieux ?
La sexualité c'est aussi le rêve, le fantasme, la
créativité.
Quelle part peut elle prendre dans la construction de nôtre
projet Maçonnique ?
En cette fin de siècle de désespérance
idéologique, il convient de faire soigneusement le Marketing
de ses Utopies afin d'être sûr d'être
dans un créneau porteur. Celui de l'achèvement
Nitchéen d'un homme nouveau me parait
particulièrement indiqué.
Elisabeth Badinter définit l'homme Abouti
comme étant l'homme enceint celui qui accepte sa part de
féminité en étant capable de se
concevoir intellectuellement comme porteur d'un enfant. Quel beau
projet !
Dans cet esprit nos Temples deviendraient des cours d'Amours
à l'image de celles des Comtes de Toulouse. On y parlerait
d'amour courtois, d'une sensibilité nouvelle au respect de
soi même et des autres. On y agirait bien sûr pour
l'abrogation de la loi Phallique.
L'heure de la vraie libération aurait enfin sonné
!
Bien entendu comme l'a parfaitement compris Willem
Reich, nous ferions profiter les Obédiences
étrangères de nôtre savoir faire au
travers du CLIPSAS, je veux parler du Comité
Interobédientielle pour la Satisfaction des Aspirations
Sexuelles.
Le clou de cette action serait un congrès mondial avec un
grand spectacle organisé par les Folies Bergères
dont chacun appréciera qu'elles se trouvent près
de la rue Cadet. On y verrait les BlueBell Girls porter les
décors maçonniques de la manière la
plus ravissante et la plus naturelle qui soit. Le bouquet final serait
un envol de tablier propre à permettre à tous de
refaire le plein de fantasmes pour mieux passer l'hiver.
Voilà enfin qui reléguerait dans
le panthéon Maçonnique La Flûte
Enchantée au rang qu'elle n'aurait jamais du quitter : celui
d'un spectacle de patronage. On ne dira jamais assez que c'est parce
qu'il payait toujours ses Capitations en retard que nôtre F\
Mozart fut contraint par son Vénérable
d'écrire un spectacle divertissant pour les frangins
gâteux de l'hospice des vieux de Salzbourg, il s'en acquitta
de fort mauvaise humeur en essayant de copier un spectacle de Chantal
Goya, comme l'ont parfaitement compris ces metteurs en scène
modernes; et particulièrement ceux du dernier Festival d'Aix
en Provence.
Bien sûr cette action libératoire
mobiliserait les T.I.F du Conseil de l'Ordre qui pourraient ainsi
réaliser un vieux fantasme, non sexuel,
d'autorité temporelle et d'extériorisation. Ces
derniers affublés de casquettes de Rapeurs iraient taguer
les murs des banlieues de l'inscription : Maçonnique ta
mère ! afin de montrer leur connaissance du langage des
jeunes, d'annoncer la fin de la fracture œdipienne, et leur
compréhension de tous ceux qui ont des fins de Sur-Moi
difficiles.
Enfin last but not least notre revue Humanisme cesserait
d'avoir l'attrayante maquette du bulletin paroissial de
Charleville-Mézières le jour de la Toussaint pour
s'inspirer de la revue Play Boy.
Car ce qui est le centre de l'union n'est ce pas cette pulsion vitale
qui rapproche hommes et femmes et assure la perpétuation de
l'espèce ?
Mes FF\ il se fait tard, la marée monte et
recouvre la plage. La demie de 7 heures vient de sonner au clocher de
Porspoder. Les Korrigans se préparent à envahir
la lande. Noz mad bruderian, bonne nuit mes FF\.
Ce soir toutes les fées de l'armorique vous
conduiront au pays du plaisir éternel. Votre nuit sera si
blanche que toutes les promesses de l'aube seront tenues.
J'ai dit.
G\ N\
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