Le Maçon sans tablier...
Il
m’a été demandé de vous faire part de mes réflexions autour une
expression qu’il nous arrive d’entendre assez souvent dans notre
respectable fraternité, à savoir celle de « M\ sans
tablier ».
Quel type d’homme désignent par là ceux qui l’utilisent ? Généralement
et bien entendu dans la limite de ce que j’ai pu personnellement
observer, ceux qui sont ainsi qualifiés sont des hommes de bien
auxquels sont reconnues des ca-ractéristiques qu’on attend le plus
souvent d’un F\ M\, à savoir principalement l’altruisme et la
générosité, un certain charisme, et secondairement (autant
qu’éventuellement…) une propension à s’interroger sur le sens de la vie
; je reviendrai sur l’ordre dans lequel sont présentées ces critères.
Cette expression, donc, témoigne clairement d’une double confusion liée
à un manque de réflexion et/ou de connaissance de celui qui l’emploie.
La première confusion tient au fait qu’on oublie que la qualité de
F\ M\ ne peut s’acquérir que d’une seule façon, par
l’initiation dans une L\ juste parfaite ; donc, soit un homme
est
initié et, par voie de conséquence, M\ (avec tablier), soit il
ne
l’est pas.
”Une confusion entre les états d'initiable et d'initié...”
C’est un fait qui ne souffre pas la moindre discussion, et on ne
saurait qualifier de M\, même sans tablier, un homme qui n’a pas été
initié !
A y regarder de plus près, il semble qu’il y ait en l’espèce amalgame
entre l’état d’initié et le caractère d’initiable, celui qui emploie
l’expression « M\ sans tablier »
mettant en outre plus souvent l’accent sur l’une des conséquences de la
démarche ma-çonnique (l’intérêt pour l’autre) que sur son sens profond
(quête spirituelle, processus d’individuation). Il y a donc là et en
outre interversion entre le principal et l’accessoire, ce qui constitue
une deuxième confusion. Plutôt que de « M\ sans
tablier », il serait donc plus pertinent de parler
d’un homme qui serait « digne en tous points d’être notre F\»,
d’un homme initiable. C’est peut-être aussi ce qui reste à définir pour
éviter d’autres confusions ; le rituel nous dit ce qu’est un
M\ :
c’est d’abord un homme en quête de sagesse et de vérité (« que,
rentrés dans le monde profane, on reconnaisse toujours à leur sagesse
les vrais enfants de la Lumière ») ; cet objectif
ne se peut atteindre que par un incessant travail sur soi (Cf. le
rituel : « Nous travaillons sans relâche à notre amélioration »,
nous cherchons à « apprendre à calmer l’ardeur de nos passions »,
chacun de nous doit s’attacher à « combattre les passions
qui déshonorent l’homme et souvent le rendent malheureux, pratiquer les
vertus et secourir son F\ »).
Est donc initiable celui qui est en recherche de sagesse et de vérité,
de compréhension profonde de l’univers qui l’entoure, et qui a
notamment conscience à la fois :
- du grand mystère que cache le Principe de tout ce qui est,
- du travail qu’impose le succès de sa quête,
- de sa propre imperfection.
Celui-là
pourra peut-être passer de l’état de profane à celui d’initié, mais
n’aura quand même jamais été un M\ sans tablier !
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