La
Pierre
La septième et dernière lettre du
V.I.T.R.I.O.L. hermétique est, suivant la
tradition, l’initiale du mot latin Lapidem qui se traduit
ordinairement par
pierre.
La pierre est l’un des symboles des plus couramment
utilisés pour signifier
l’objet même du travail maçonnique. Elle
représente à elle seule toute la
matière
de l’œuvre.
Qu’elles soient, brutes, cubiques, noires,
dressées, d’angle, ou pierres
plates, de pluie, de foudre, ou encore pierre philosophale, les pierres
sont
présentes dans de multiples traditions où elles
occupent différentes fonctions…
Toutes sacrées.
Les anciens ont largement témoigné de ce travail
de maçon pour découvrir,
nourrir - rectifier si l’on veut – et multiplier la
pierre.
Les mythologies, les contes, les rites illustrent à foison
le chemin à
parcourir pour retrouver là où vivent les dieux.
Malgré toutes ces révélations, la
pierre reste occulte, invisible aux yeux du
mortel.
Cette pierre suivant l’alchimie, il faut aller la chercher
très profondément au
fond d’une mine dans une noirceur de plomb.
Il est conseillé pour l’opération de se
munir d’un casque et d’une lampe
frontale. Le casque évite en effet
d’être assommé dans notre progression et
d’oublier ce qui nous emmène là. Quant
à la lampe, elle nous permet de prendre
conscience que, dans la complète obscurité, les
seules choses qui nous révèlent
la lumière ce sont…. les obstacles.
Ainsi la pierre est donc cachée mais… pas
inaccessible et les anciens ont
laissé des indices sur sa nature.
Dans la langue Hébraïque, par exemple, la pierre,
le rocher se dit AVEN. il est
composé de AV ou ABA, le père et de BEN, le fils.
Père et fils pour former le
mot Pierre.
En hermétisme, la relation père-fils indique une
notion d’engendrement, où le
fils est le symbole de celui dont la conscience est
éveillée. Ou pour le dire
autrement, est « pierre vivante », celui dont la
conscience est toujours
naissante .
La pierre est vivante.
Cette notion de naissance est confirmée par exemple, par le
mythe grec de
DEUCALION et PYRRHA qui jetèrent par-dessus leurs
épaules des pierres pour
repeupler la terre après le déluge : Mort
aquatique d’une humanité première.
La pierre serait liée à
l’éveil de la conscience, à la
naissance d’une autre
attention, à l’engendrement de la vie
véritablement humaine.
Un passage de l’Exode dans la bible fourni une autre
précision sur la nature de
la pierre. Le chapitre se nomme « l’eau jaillie du
rocher ».
Je simplifie :
Voilà Moïse qui fuit l’Egypte et campe
avec son peuple à REPHIDIM où l’eau
manque. Un désert comme horizon sous une chaleur de plomb.
Sécheresse : Mort
brûlante pour une humanité en marche.
Le peuple a soif et perd la foi. Il menace de lapider Moïse
pour lui avoir fait
fuir l’Egypte.
La belle affaire de se libérer d’un tyran pour
aller mourir de soif !
Mais l’Eternel est dans un bon jour et il prescrit
à Moïse une opération
magique. Il lui dit frapper un rocher avec son bâton, celui
de la mer Rouge.
Moïse frappe le rocher et alors, dans cette en
aridité impitoyable, jaillit une
source d’eau fraîche synonyme de vie mais aussi de
paix et de joie.
Une telle histoire n’est peut-être pas
éloignée de notre pierre. Il nous est
arrivé à tous d’être
prisonnier d’une perception de la
réalité qui assèche
notre rapport au monde.
Il nous est arrivé à tous de ne plus ressentir
d’intensité vitale ou d’être
accablé dans la nuit saturnienne de notre esprit.
Il arrive alors, par un seul mot parfois, que notre conception
s’ouvre et que
la vie revienne à flot instantanément. Ce
n’est pas alors uniquement notre
mental qui se déploie mais notre perception qui
s’enrichit, notre corps qui se
fortifie et l’énergie qui circule à
nouveau.
La pierre est médecine .
Un tel processus n’a rien d’imaginaire, il se
produit lorsque l’Etre se
reconnecte enfin à l’absolu, autrement dit lorsque
nous nous libérons d’une
tyrannie, ou encore lorsque nous retrouvons un éventail de
possibles en
redevenant maître et acteur de notre vie. En termes
psychologisant, on dirait
que le sujet traverse le fantasme, l’angoisse ou la
culpabilité, pour devenir
sujet de son désir essentiel. Désir comme essence
même de l’humain.
On est loin du pouvoir, du narcissisme, ou du laisser aller mais proche
du
naturel, de l’ouvert et du libre.
A partir de cet éternel franchissement, nous avons
suffisamment dégagé notre
pierre de ses scories pour éprouver sa
compatibilité avec celle des autres.
Les pierres sont-elles compatibles entre elles?
C’est ce que veut démontrer la
Franc-Maçonnerie. Les pierres peuvent être
agencées et tenir ensemble lorsqu’elles sont
extraites de ce qui les rend
incompatibles, c’est-à-dire la
déraison, les passions tristes et l’ignorance.
Quelle chance incroyable, d’être dans un lieu,
où l’on expérimente la
compatibilité des pierres.
B\
L\
1-
A de Souzenelle le symbolisme du corps humain
p158
2 - Dans la mythologie grecque, Deucalion fils
du Titan Prométhée et de Pronoia, est
l'époux de Pyrrha, Ils survécurent au
Déluge, réfugiés sur le mont Parnasse
; ils ramassèrent des pierres et les
jetèrent derrière eux : celles que jetait
Deucalion se changèrent en hommes et
celles que jetait Pyrrha, en femmes.
3 - Bible
de Jerusalem Exode 17
4 - Notre
vitriol devient alors VITRIOLUM Avec
un U et un M ajoutés à la fin pour signifier,
comme les textes le disent, vraie
médecine ( VERAM MEDICINAM en latin).
|