REAA | Loge : NC | 03/22 |
La
Pierre
Les
2/3 de la composante du verre
sont d’origine purement minérale : de sable, de cristaux de silice
et de
quartz, lesquels nous introduisent au monde de la pierre. On a
coutume d’appeler notre globe « terrestre »
et cela fait bien rire les marins qui savent que plus des 2/3 de la
surface de
ce globe est constitué d’océans et de
mers. Donc, on pourrait appeler notre planète « la mer » et
non
« la terre » … sauf que, visibles ou invisibles en hauteur ou décelables en profondeur,
constitués de montagnes, de terre ferme, et surtout du noyau de la
planète, la
très grande partie de notre globe est
constituée de rocher, de caillou, de magma et de lave. C’est
donc de la PIERRE. Nous ne
sommes pas des terriens, mais des « pierriens » car,
résolument
influencés, façonnés, dépendants ou bénéficiaires de la pierre sous
tous ses
aspects. C’est
ainsi que la pierre concassée
entre dans la composition des matériaux qui nous sont indispensables,
du béton
au plâtre et jusqu’au macadam de nos autoroutes. Depuis des milliers d’années, dans toutes les
civilisations réparties à la surface du globe, des pyramides d’Egypte,
d’Amérique
Latine, de Chine ou d’Atlantide… des pierres dressées (reliance avec le
divin
ainsi que vecteurs de rites de fécondité) de Stonehenge, de Carnac, de
Malte, de
Catalogne …du Temple de Salomon … des édifices gréco-romains … des
sublimes cathédrales
du XIIIe siècle en Europe, comme des monastères cisterciens,
commanderies
templières et autres …. Jusqu’à nos composantes à cristaux liquides, la
PIERRE,
est considérée comme un esprit animé, accompagnant l’homme depuis des
millénaires, de la première étincelle jaillie d’un silex au fond d’une
grotte
apportant chaleur et lumière, jusqu’à la pierre tombale commémorative… On
peut évoquer ici cette coutume
dravidienne (en Inde) qui consiste à jeter une pierre derrière soi, sur
le
chemin du retour d’une cérémonie funèbre afin d’arrêter l’esprit du
mort, s’il
voulait revenir … Reconnue
pour sa pérennité, la
pierre symbolise dans toutes les civilisations la relation entre
l’homme et le
divin, quel que soit le nom qu’on lui donne. Les pierres dressées
précèdent les
clochers, antennes réceptrices et émettrices vers les puissances
célestes. Ointe avec de l’huile ou du sang sacrificiel,
la pierre devient autel constitué de pierres brutes. On célèbre encore
la messe
sur des autels en pierres dressées fixatrices d’esprits en forme de
dolmen aux dimensions et localisations
bien précises,
pierres percées initiatrices et thérapeutiques. Ces autels devraient
être en
pierre brute, ce qui est rarement le cas, amoindrissant alors les ondes
bénéfiques. Le
symbolisme de la pierre brute est
attaché à l’autel situé au nadir céleste, endroit réputé « informe
et
vide » de constellations. Informe et vide est également l’apprenti
symbolisé par cette pierre brute : il est un exemple de matière
première ; informe par ce qu’il n’est pas encore créé, façonné,
modelé et
vide parce qu’il ne sait pas encore. Le
profane, lui aussi une pierre
brute, n’en a pas conscience et ne peut donc pas entamer la taille. La
PIERRE BRUTE de l’apprenti
possède un double symbolisme, elle est irrégulière, n’a aucune forme
nettement
définie. Elle représente les défauts de l’apprenti, ses travers, ses
imperfections. Elle signifie surtout sa potentialité, ce qui n’est pas
encore
exploité, ce qui est à découvrir et à enrichir. La pierre brute porte
en elle
son futur, elle représente la beauté enfouie au plus profond de
l’être ; qu’il
convient de trouver et de dégager … grâce à ses sœurs et frères, ainsi
qu’il
est exprimé dans le manuscrit Régius de 1390 : « Un maçon
expert en
son métier voyant un compagnon tailler une pierre et sur le point de la
gâter,
l’aidera autant qu’il peut en lui montrant comment mieux faire ». Selon
le rituel : « il
existe un rapport étroit entre l’homme et la pierre :
La
pierre est riche de propriétés transposables à l’homme […] qui pour
être utile
à l’œuvre de construction, doit d’abord être arrachée à son gisement.
L’homme,
s’il veut participer à l’évolution du monde, doit s’arracher aux
habitudes de
l’esprit […] La Franc-Maçonnerie se propose de construire un
Temple
universel fait de pierres vivantes. Aussi, demande-t-elle à ses adeptes
d’œuvrer sur eux-mêmes pour se transformer et devenir les pierres
dignes de cet
édifice idéal […] la maîtrise de soi ne peut s’atteindre que par un
incessant
travail sur sa propre pierre ».
A
l’instar de l’apprenti, le monde minéral qui est
sous nos pieds est de la pierre brute riche de toutes les potentialités
car
elle renferme les 4 éléments : la Terre, l’Air (qui se trouve dans
les
grottes, gouffres et cavernes), puis l’Eau et le Feu des volcans. On retrouve ces 4 éléments dans l’élaboration
de la Pierre Philosophale « Pierre Cachée » du V.I.T.R.I.O.L.
qui a
suscité bien des convoitises et a été l’objet de très nombreuses
recherches
depuis des millénaires. Très peu affirment l’avoir découverte. Beaucoup
ont
témoigné de leurs expériences menées avec plus ou moins de succès. Toutefois,
les
chimistes reconnaissent que ces
recherches ont permis de découvrir des substances inconnues jusque-là,
qui ont
fait progresser la science. Albert
Poisson, décrit ainsi la Pierre Philosophale : « Le
Grand Œuvre, mélange de sels d’or et d’argent ; avec le Soufre et
le
Mercure, on obtenait la véritable pierre philosophale, rouge,
transmutant les
métaux en or.[…]. L’heureux alchimiste qui la
possédait prenait le nom d’adepte, et
pouvait user de ses propriétés merveilleuses à savoir : -
Transmuter les métaux en or et en argent
- Produire des pierres
précieuses - Conserver la santé » Pierre
de Valois, alchimiste au XVIe siècle écrit : «
Notre Pierre est de vertu incomparable, elle guérit les maux, et
réconforte
Nature en modifiant le sang, humidifie les artères et restaure
jeunesse. Et si
un peu d’elle était mis dedans l’entour d’une vigne, elle porterait
raisins dès
le mois de mai. Elle fait d’autres merveilles, car ELLE RECTIFIE LES
PIERRES
PRECIEUSES, ET DU CRISTAL FAIT ESCARBOUCLE. Van
Hermont, alchimiste au XVIIe siècle témoigne ainsi : «
J’ai vu et j’ai touché plus d’une fois la Pierre philosophale : la
couleur
en était comme du safran en poudre, mais PESANTE ET LUISANTE COMME DU
VERRE
PULVERISE. On m’en donna une fois la quatrième partie d’un grain.
L’ayant fait
fondre à fort feu, je trouvai 8 onces d’or très pur » François
Brousse distingue la pierre
philosophique (première matière) de la pierre philosophale
(pierre au rouge) : « Pour la
construction de la pierre philosophale, il faut plusieurs ingrédients
dont le
plus important est l’aura d’un Maître », et cite Petrus « Cette
Pierre
Philosophale provient en partie des matières trouvées sur la terre.
Mais au
commencement, les matières issues du corps humain se concrétisent après
une
longue pratique du yoga auquel s’ajoutent certains exercices » Pour
le bienheureux moine franciscain et alchimiste, le catalan
Ramon Lulle (v1232-1315), « la
Pierre est l’élixir de vie, régénère la plante et est symbole de la
régénération de l’âme par la grâce divine ». De
manière concrète, opérative, la pierre accompagne toute
l’histoire de l’humanité. Elle héberge l’homme des cavernes, du
Paléolithique,
du Néolithique, lui apporte le feu par le silex, lui donne des surfaces
murales
pour l’art rupestre, lui permet de fabriquer des outils et des armes,
lui sert
de support pour écrire (les tables de la Loi, les Oghams irlandais, les
hiéroglyphes, la Table d’émeraude d’Hermès Trismégiste, les runes
scandinaves,
la liste est non exhaustive…). Peu à
peu, la pierre devient fondation, accompagnant le passage du nomadisme
à la
sédentarisation ; il suffit d’évoquer le peuple d’Israël qui
décide de se
sédentariser il y a plus de 3 000 ans en construisant en pierres le Temple de Salomon pour accueillir l’Arche
d’Alliance auparavant abritée sous une tente de nomades. La pierre est également associée au pouvoir, à
la puissance civile comme religieuse « tu es Pierre et sur cette
pierre,
je bâtirai mon Eglise » et à la
JUSTICE, mais aussi à la REVENDICATION. On évoque ici les cathédrales,
les châteaux-forts,
les bornes de pierre qui marquent les frontières mais aussi la pierre
d’exécution, la pierre attachée au cou de ceux qui sont cause de
scandale pour
les petits enfants, voir l’Evangile, c’est d’actualité… la
pierre de David qui tue Goliath, les
catapultes romaines, les pierres de la Fronde ou les pavés de la
Commune et de
Mai 68, la guerre des pierres en Palestine… L’usage
que font les hommes de la pierre est révélateur du
degré de civilisation : l’éventail est large : des
hiéroglyphes
égyptiens à la fine dentelle des sculptures des cathédrales du XIIIe
siècle … à la terrible pratique de la
lapidation, « conforme
à la loi de Moïse » (sic) mais dénoncée par le Christ, et toujours
en
vigueur dans de nombreux pays du Moyen-Orient ; c’est également
d’actualité, hélas… Le
monde minéral n’est pas statique comme on pourrait
le croire, les pierres précieuses, cristaux et minéraux témoignent que
la
pierre croit, vit et respire. Les améthystes, saphirs, rubis,
turquoises,
émeraudes, grenats catalans … sont en fait des bourgeonnements de la
pierre,
des sublimations de la matière résultant d’une véritable alchimie qui
illustre
à merveille notre VITRIOL. On prête aussi
au diamant la propriété de laisser
entrevoir la divinité. Les
pierres précieuses, transmutation de l’opaque au
translucide et dans un sens métaphysique, des ténèbres à la lumière, de
l’imperfection à la perfection, depuis les temps immémoriaux ont
fasciné
l’humanité. La grande mystique Hildegarde de Bingen leur attribue des
propriétés médicales, et plus de mille
ans plus tard, le New-Age redécouvre les vertus de la litho thérapie.
Les couleurs
étant associées aux chakras … on rejoint ici la chromothérapie des
verres alchimiques
des vitraux : le sable, la cendre et le plomb, matériaux inertes,
abondants et
de peu de valeur, issus des entrailles de la terre deviennent cristal,
télescopes, lunettes, loupes, microscopes, boules divinatrices, fibres
de verre
… permettant la progression de la connaissance et l’amélioration de la
condition humaine … Ayant- j’espère- marqué ce jour d’une pierre blanche ; que ces considérations lapidaires apporteront une pierre à l’édifice et que ce soir d’hiver, il ne gèlera pas à pierre fendre lorsque nous rejoindrons nos foyers, je cite Molière : « Mon sein n’enferme PAS un cœur qui soit de pierre » … J’ai
dit. |
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