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La
pierre brute
Ce symbole revêt une
importance particulière, car
comme les outils, il dérive des anciennes connaissances
véhiculées depuis
l’aube des temps sur l’art de bâtir, de
construire et que depuis que la
Franc-Maçonnerie est devenue spéculative,
celui-ci est devenu symbole.La pierre contient les
mystères de la création. La
matière dont elle est faite est universelle, et les formes
qu’elle prend
peuvent être surprenantes. Ne vous est-il jamais
arrivé d’être stupéfait par
une pierre découverte au hasard d’un chemin et
vous rappelant le visage d’un
proche ou la forme d’un animal. La pierre brute a
été formée par la loi de la
nature, elle rappelle un état de virginité. Elle
a une masse non négligeable et
on ne la touche pas par amusement. On se souvient également
tous d’avoir reçu
une pierre étant gamin et l’on a pas tous du
respect pour ce caillou. On peut
mépriser cette pierre, tas de poussière
agglomérée car elle n’a aucune valeur,
aucune noblesse apparente, elle n’est pas
forcément une pierre précieuse. La taille nous fait
d’abord penser aux réalisations
colossales de nos ancêtres, les bâtisseurs des
pyramides d’Egypte ou des
cathédrales de nos villes. La taille de la pierre brute est
une action, un
mouvement. Elle possède un rythme et
génère des vibrations. Les premières
constructions ont d’abord été faites
de pierres brutes, tous les murs anciens étaient construits
par l’assemblage de
pierre brutes. Aujourd’hui encore, les pierres brutes sont
utilisées dans des
constructions dans les pays pauvres. Pierre brute et pierre
taillée se
distinguent par l’intervention de l’homme. Dans un
cas, on adapte cette pierre
aux autres. Dans l’autre, on dresse la pierre
taillée de telle sorte qu’elle
puisse s’assembler indifféremment avec
n’importe quelle autre.On construit
alors de murs en pierre « de
taille ». Pour les celtes tailler la pierre
brute était un
sacrilège. Selon Plantagenet, la race
sémitico-aryenne pensait
que comme le soleil dissipait les lourds nuages, la pierre
taillée devient pour
elle le symbole de l’obscurité et de la servitude.
La pierre brute symbolise
donc la liberté La pierre brute symbolise les
imperfections de
l’esprit et du coeur que le maçon doit
s’appliquer à corriger. La pierre brute est inerte et doit
être manipulée
par un ouvrier qui doit connaître au moins une partie de
l’oeuvre à construire.
Le plan d’ensemble est
conduit par un
architecte, mais le tailleur de pierre, lui, doit apprendre
à dresser, selon la
forme qu’on lui demande, l’extrait qui vient de la
carrière. Travailler sur le chantier
à dégrossir la pierre
brute n’est pas construire le temple, c’est tout
simplement discipliner son
corps et maîtriser ses émotions, c’est
découvrir les point d’impacts et de
provoquer la séparation des parties inutilisables et
grossières. La pierre fondamentale
composée de feu (lumière
spirituelle), d’eau (substance subtile) et d’air
(l’éther) se situe dans le
coeur car elle figure le centre de toute chose, la cristallisation
première de
l’univers. La pierre renferme en elle tous les secrets,
toutes les richesses,
toute la puissance des miracles, toutes les forces des trois
règnes. Elle
représente également le fruit de
l’union du ciel et de la terre, la vie sacrée,
la réalité absolue. La pierre est,
d’après la légende de
Prométhée, le
symbole de l’homme (la pierre jetée par-dessus
l’épaule et devient homme), on
doit admettre que la pierre figure comme fondement et comme
élément. Souvent dans la mythologie la
pierre divine descend
du ciel, et devient l’habitacle de la Divinité.
Cet axe sert d’intermédiaire
entre le ciel et la terre. Si Dieu se manifeste dans le monolithe,
l’homme naît
souvent de la pierre: Mithra naît d’une pierre et
cette roche qui l’a enfanté
est adorée sous la forme d’une stèle
conique. A Delphes, on adore Apollon sous
la forme d’une stèle, au Japon, le temple Himegoso
demeure de la princesse
Akasu est condtitué de 3 grosses pierres
entourées d’arbres. Suivant Ovide et
Pindare, Deucalion et Pyrrha jettent des cailloux derrière
eux : ainsi naissent
des hommes. La roche venue du ciel est brute, en remontant de la terre
au ciel
elle est transformée et taillée. Jean-Pierre Bayard dit de la pierre
: Pour que l’âme
gagne la béatitude immortelle, pour
pouvoir dépasser sa propre nature, il faut retourner aux
origines, il faut
descendre dans l’enfer. Cette descente permet de chercher et
de ramener la
pierre qui ne se trouve que dans les entrailles de la terre;
l’initiation ne
sera effective que lorsque le sel et la pierre auront
été fixés. Il faut
descendre lucidement dans le puis à degrés,
retrouver ses états successifs, car
pour atteindre le paradis, il faut obligatoirement passer par
l’enfer, un des
stades de l’initiation; avec cette mort initiatique la
réalisation s’effectue
dans le noyau de la pierre et la seconde mort initiatique
réside dans la
cristallisation sublime. Mais l’élu y puisera la
force ascensionnelle qui lui
permettra de gagner le ciel. Khalil Gibran a dit
:”vous saurez que la pierre
angulaire du Temple n’est pas supérieure
à la pierre la plus basse de ses
fondations”. Le dégrossissage de la
pierre brute
correspond à la fois au gros oeuvre de
l’alchimiste et à l’organisation du
monde par son créateur. Dégrossir la pierre brute
est donc le travail essentiel
de l’apprenti. L’apprenti
d’ailleurs par l’initiation maçonnique
(qui est une nouvelle naissance) retrouve l’état
de la nature, il se débarrasse
de tout ce que la société a pu lui apporter
d’artificiel et de mauvais et
retrouve aussi tout ce qu’elle lui a enlevé de
spontané et de bon. Il retrouve la liberté
de penser et avec les outils
qu’on lui donne, il taillera lui-même sa pierre et
parviendra à la rendre
parfaite à son gré. Il lui imprimera un
caractère de personnalité qui sera sien
et unique. Notons encore que certains
frères voient le système
nerveux du néophyte vivant l’initiation
lié au système nerveux de la terre,
être baigné par des courants telluriques, pensent
qu’il y a profonde
identification entre le postulant et le corps de la terre. Cette homme
serait
le fils de la putréfaction, il est enseveli dans le tombeau
de son existence
passée et il peut accéder à une
nouvelle naissance, car la pierre brute après
sa putréfaction, doit devenir la pierre des sages. L’homme qui taille la
pierre se fait lui-même, ce
n’est pas lui qui est taillé mais en taillant, il
se discipline, il se mobilise
physiquement et moralement en vue de la perfection à obtenir. La pierre taillée est un
produit de l’ordre humain
et non pas comme la pierre brute un élément de
l’ordre naturel. La pierre brute c’est
moi, je dois devenir la pierre
taillée pour m’inscrire dans
l’édifice qui est le temple, mais je fais partie
de l’ensemble, je ne suis pas une pierre isolée,
je dois avoir conscience
d’être avec toutes les autres pierres, je suis
à la fois créature et création
tout à la fois de moi-même et de mon
frère, je suis la pierre du temple et le
temple. Les
rituels, suivant en cela les
auteurs du XIXe siècle,
ont réduit le plus souvent à une allégorie
morale le sens de ce
symbole important pour ceux qui se
disent héritiers des tailleurs de pierre
opératifs l’interrogation des
apprentis dans le manuscrit Dumfries N° 4 (1710)
donnait en réponse à la
question .‘ Qu’est-ce qu’un
maçon? — Un ouvrier de la pierre. ‘ Ils
ont
assimilé dans le passage à la
maçonnerie spéculative
l’apprenti-maçon à ce
matériau qui, une fois façonné par un
travail sur lui-même, s’intègre
naturellement dans
l’édifice que
représente l’institution maçonnique.
Dans son Cours philosophique et
interprétatif des initiations anciennes (1841), repris par
Jules Boucher, Ragon
affirme ainsi :« La pierre brute symbolise
les imperfections de
l’esprit et du coeur que le maçon doit
s’appliquer à corriger. ‘ Une pierre
brute figure donc sur le ‘ tableau* de la loge en haut
à gauche, et une autre
est posée sur les
marches de l’autel
de l’orient où l’apprenti,
maillet et
ciseau en main, effectuera son premier travail. Elle est la
matière première de
l’opération aIchimique, combinant la logique
d’une sacralisation
du travail et celle d’une perte de la pureté
divine
“solidifiée” dans la
création. Tel est le sens des prescriptions concernant les
pierres qui servirent à la construction du Temple de Salomon
(1Rois 6, 7),
oeuvre divine rendue possible par les victoires de
David ». Si les pierres
devaient être taillées pour la construction de
l’édifice, on ne devait
cependant entendre ni pic, ni marteau, ni aucun instrument de fer sur le chantier,
souvenir du temps où,
pour les nomades, la pierre dressée était une
maison de Dieu ‘, comme celle qui avait
supporté la tète de Jacob
pendant son sommeil inspiré (Genèse 28, 22).
Moïse s’était vu intimer par le
Seigneur l’interdiction de travailler au burin les
pierres de l’autel, car tu
les profanerais” (Exode 20, 25). Les Constitutions
d’Anderson
rappellent l’interdit qui accompagna
l’édification de
l’incomparable temple du Dieu éternel à
Jérusalem , référence centrale de la
construction mythique maçonnique.
L’ambiguïté est
héritée de la symbolique
religieuse qui joue sur les mots hébreu et grec
képhas (pierre) et képhalè
(tête) à propos de saint Pierre, chef de
l’Eglise. Chaque époque peut ainsi
réintégrer dans son propre contexte
culturel le sens de la pierre brute, image
de l’homme libre selon Plantagenét
(Causerie en loge d’apprenti, 1929). Elle
est identifiée au «
moi » et
la pierre
taillée au
« soi », selon la
définition de
Jung. Dans la symbolique alchimique, la pierre brute est la
« matéria
prima », la matière première,
sur laquelle l’achimiste va travailler
pour réaliser le grand
œuvre,
c’est-à-dire la pierre philosophale qui, comme
FULCANELLI l’avait dit à Jacques
BERGIER dans « le matin des
magiciens », permet la transformation
de l’alchimiste, au
delà de la
transmutation des métaux vils en or. La pierre
brute est la
matière passive, ambivalente: si
la seule activité humaine s’exerce sur elle, nous
l’avons vu, elle s’avilit;
si au contraire, c’est l’activité
céleste et spirituelle qui s’exerce sur elle,
en vue d’en faire une pierre taillée
achevée, elle s’ennoblit. Le passage de
la pierre brute à la pierre taillée par Dieu, et
non par l’homme est celui de
l’âme obscure à
l’âme illuminée par la connaissance
divine. Maître Eckhart
n’enseigne-t-il pas par ailleurs que pierre est synonyme de
connaissance? Le
symbolisme était différent chez les
Hébreux: le passage de la pierre brute
requise pour les autels à la pierre taillée, dans
la construction du Temple de
Salomon, est le signe de la sédentarisation du Peuple
élu, et d’une
stabilisation et d’une cristallisation cycliques,
d’une involution au lieu d’un
progrès. Dans le symbolisme maçonnique, la pierre
brute exprime
également la notion d’instabilité,
de déséquilibre. C’est par le travail
sur soi-même, un travail spirituel et non
humain, que la
perfection viendra peu à
peu. V\M\ et vous tous mes TT\CC\FF\, j’ai dit. C\
T\
(Par) |
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