La Pierre Brute

Cette première minute de symbolisme, sur mon plateau de second Surveillant sera dédiée à la « Pierre Brute ».

Je donne d’abord la parole aux penseurs et analystes des symboles et du rituel.

Ainsi, dégrossir la Pierre Brute est le travail essentiel de l’Apprenti, que nous restons toujours, en liaison avec – en France – le symbolisme du maillet et du ciseau.

Pour mieux se protéger des éclats, des rugosités, l’Apprenti relève la bavette de son tablier de cuir.

Tailler sa pierre, la façonner, la polir, c’est se remettre en cause, constamment, à tous moments de sa vie ou de son « expérience », c’est la regarder comme « à être », jamais finie.

C’est reconnaître la légitimité du devenir...

La Pierre Brute est présente symboliquement sur le tableau de loge ; elle est présente physiquement au pied de l’Orient, et c’est sur elle que nous avons effectué notre premier travail : tout un programme !!!

Déjà, dans les temps anciens de la Maçonnerie spéculative, on assimilait l’apprenti maçon à ce matériau qui, une fois façonné par ce travail sur lui-même, s’intègre naturellement dans l’édifice que représente l’institution maçonnique.

Ainsi, symboliquement, l’Apprenti dégrossit la Pierre Brute et la met à l’Equerre, comme il taille dans ses passions et les harmonise, afin de se mettre à l’unisson de son groupe.

C’est le fondement de notre action, de notre réflexion : travailler, apprendre pour tailler, former la pierre brute, c’est la première tâche de l’Apprenti maçon.

Ils sont bien gentils, généreux, mes frères.

Mais moi, face à moi-même, à ma conscience, devant mon miroir – je ne peux jouer – dissimuler, le suis-je vraiment ? Est-ce que je fais tous les efforts pour le rester ? Je dois avoir cette force, ce courage, tous les jours.

Il reste encore tant de préjugés qui empoisonnent les relations humaines, tant d’intolérance raciale, religieuse, politique, sociale...et dont le travail sur la Pierre Brute doit nous libérer : la tâche est immense. L’œuvre est loin d’être achevée : l’Ignorance, le Fanatisme, l’Ambition, resteront toujours nos grands ennemis, mais la routine, le petit confort intellectuel, la facilité des jugements tout prêts ou définitifs, le refus de se remettre en question, dans sa vie intérieure ou relationnelle, peuvent faire autant de ravages.

La Maçonnerie est un outil fabuleux pour se connaître, se réaliser, exalter le meilleur de soi-même, pour ensuite le faire partager.

« CONNAIS TOI TOI-MEME »

N’oublions pas cette devise du Temple de Delphes, inscrite dans le marbre, et qui devrait être la clé de l’édification de notre propre temple intérieur.

Se connaître, se découvrir, connaître l’autre, accepter, partager. Ce sont les mots clés de l’Idéal qui nous unit. C’est aussi la clé de la Tolérance.

Ainsi, mes FF, en ce début d’année qui nous réunit pour un travail commun, commençons par notre Microcosme. Enrichissons-nous fraternellement, culturellement, socialement, faisons vivre notre Loge pour qu’elle rayonne, s’épanouisse, donne par son action, l’envie aux profanes, de venir partager notre idéal et remplir nos colonnes.

Pierre Brute que nous sommes : essayons, sans relâche, de dégager notre personnalité de cette gangue grossière qui la recouvre et qui, comme la calcite des grottes, a toujours tendance à recouvrir les œuvres les plus belles.

Réfléchissons à cette Initiation permanente, à ce travail sur nous-mêmes, que nous nous sommes engagés à suivre.

Nous avons choisi de vivre en Maçon : concrètement, rituellement, à l’Intérieur de ce Temple qui nous est cher.

Alors, éloignons les attitudes de négligence, de laxisme, dans ce que les FF attendent de nous, sans parler des visiteurs !!…, qu’ils soient à leurs plateaux ou sur les colonnes, qu’ils soient maçonniquement ou civilement jeunes ou âgés.

Malgré la théorie, l’ancienneté ne fait pas le Maçon. Elle ne fait que lui imposer des responsabilités morales nouvelles.

Il faut vivre maçonniquement dans le Temple, et au dehors.

Notre petit atelier est fragile. Trop de FF s’en éloignent pour des raisons diverses et deviennent presque des marginaux, des zombies...

L’Apprenti que nous sommes, doit comprendre, et avoir constamment en soi, l’idée qu « ’il n’y a pas de Maçon sans Loge ».

Le Maçon n’existe que par le travail collectif, qu’il ne peut effectuer dans toute sa richesse qu’en Tenue.

« Tenues d’Obligation » : quels mots exécrables… Que de frères justement semblent venir quelquefois contraints ou forcés, assurant un « service minimum »...

Quel dommage, quelle incompréhension. Manque de travail initial.

Le Maçon, sur les colonnes, est attentif, sorti du monde profane, vigilant malgré les fatigues de sa vie professionnelle ou familiale, les mains posées sur son tablier, attentif au déroulement du REAA donLa Pierre Brutet il essaie de comprendre toute la profondeur.

Recevoir la Lumière le jour de son Initiation, ce n’est pas se considérer comme Initié. L’Initiation est un travail qui nous préoccupe toute notre vie. C’est une recherche permanente. Nous serons toujours sur le chemin de l’Initiation, sur le chemin de la Sagesse, en attendant la Grande Initiation

J’ai dit V.M.