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Chaîne d'Union |
Cette planche est dédiée à notre Frère Bruno qui a rejoint l’Orient Eternel. C’est lui qui m’a inspiré, lorsqu’au terme d’une tenue, en faisant la chaîne d’union, notre frère s’est mis à nu, en nous demandant tout simplement, de penser à lui : ce jour , plus que tout autre, j’ai compris ce qu’était la Franc Maçonnerie et le véritable sens de « se dépouiller de ses métaux physiques et matériel ». Bruno, toi qui m’a tenu le bras le jour de mon passage sous le bandeau et qui m’a guidé lors de mon initiation, lors de cette chaîne d’union, tu m’a ouvert les yeux, tu m’a fait aller un peu plus vers la lumière, cette lumière que nous recherchons tous, lumière que je suis venu chercher. La
Chaîne d'Union
Peut-on parler de chaîne d’union sans parler de tradition. C’est une chaîne matérielle ou symbolique formé par des hommes et des femmes qui partagent un lien fraternel et cela depuis la nuit des temps. La chaîne d’union est un élément important de la symbolique du compagnonnage ou de la Franc Maçonnerie : certains dictionnaires définissent la chaîne d’union comme le symbole de l’union fraternelle des F\M\. Elle relie tous les éléments de ce microcosme qu’est une loge maçonnique ; elle rapproche les coeurs en même temps que les corps et symbolise l’universalité de l’ordre. De tous les rites, la chaîne d’union est peut-être le plus important. C’est une véritable invocation à la fois créatrice et réceptrice qui se fait ainsi à chaque tenue. Elle se forme à la fin des travaux, elle peut être courte ou longue. La chaîne d’union est évoqué à la fin des constitutions d’ANDERSON, dans le chant des apprentis, verset 6 : Tenons
nous
donc la main dans la main
Debout, fermement l’un près de l’autre Soyons généreux et montrons un visage réjoui Quel maçon pourrait se vanter d’un TOAST aussi NOBEE Qu’un maçon libre et accepté Cette chaîne est le symbole du lien entre le ciel et la terre et des lieux de communication, de coordination de toute collectivité, de toute action commune. Dans la tradition, elle est le souffle qui soutient et fait subsister entre eux tous les mondes. Le compagnonnage est à lui seul une chaîne d’union . le terme compagnonnage n’apparait dans la langue française que vers 1719, pour désigner le temps du stage professionnel qu’un compagnon devait faire chez un maître. Le mot compagnon issu du latin populaire « companio », qui partage le pain avec « copain », est quand à lui attesté dès 1080. Au plan général et humain, il évoque un compagnonnage de vie, une UNION d’être vivants dont le but est : entraide, protection, éducation, transmission des connaissances, entre tous ses membres, ce que nous retrouvons dans la FM. Mais les origines du compagnonnages, de ces CHAINES CORPORATIVES, sont noyés dans le temps, depuis les civilisations Sumérienne, Babyloniènne, Egyptienne, etc, mais selon des indices plus connus, il prendrait souche sur les « collégia » romains qui organisaient les métiers de la construction. Cette chaîne puissante de Fraternité et de symboles qui unissait les compagnons constructeurs du moyen âge, maçons, tailleurs de pierre et charpentiers, explique comment les monuments édifiés en Europe sont d’une grande ressemblance. Grâce à leur chaîne d’union fraternelle, les frères bâtisseurs disséminés dans toute l’Europe était toujours en contact les uns avec les autres et se transmettaient leur savoir, leur art, leurs améliorations techniques. Cela a permis la construction de nombreux édifices que nous admirons aujourd’hui comme la grande mosquée de Cordoue, aujourd’hui surmontée d’une cathédrale. Ces maçons opératifs se sont unis pour construire une œuvre commune. Aujourd’hui, notre pierre va s’insinuer dans la construction du temple idéal, mais avant tout en passant par notre construction intérieure en tant qu’individu. En façonnant la pierre brute que je suis ; dans le temple, cette pierre brute est posée sur la 1ère marche de l’orient, côté nord. Dans le rituel au 1erdegré, on retrouve la chaîne d’union ou union un peu partout. Ce qui la symbolise le plus pour moi, c’est lors de l’initiation, lorsque toutes les épées sont tournées vers le néophyte, et que l’union de ces épées, l’union de ces frères est prête à voler à son secours ou bien le punir en cas de trahison. Au terme de cette épreuve, on recouvre les yeux du néophyte, la chaîne d’union est formée, et pour la 1ère fois, le néophyte se retrouve dans la chaîne d’union : il n’y a plus d’épées, il n’y a que des frères formant une chaîne, qui symbolise l’union de tous les Francs Maçons répandus sur la surface de la terre. La chaîne d’union occupe une place prépondérante dans la tenue, même si elle se tient à la fin de la cérémonie : c’est le vénérable Maître qui propose de former la chaîne d’union à la fermeture des travaux. La chaîne d’union justifie toutes les paroles et gestes d’une tenue et forme à la fois une conclusion et une ouverture, une ouverture vers le bien et un chemin vers la lumière. La chaîne d’union est un cercle d’alliance riche en symbolisme avec ses repères et ses références obligatoirement liés à la tradition, comme la corde à nœuds, la houppe dentelée et les lacs d’amour. LA CORDE A NOEUDS Dans le décor, c’est une corde qui entoure la loge avec des nœuds ou lacs, dit d’amour : le nombre de nœuds parait ne jamais avoir été fixé. On dit aussi houppe dentelée, du nom de ses extrémités. On confond souvent la houppe dentelée avec la corde à nœuds : en fait la corde qui ceinture le temple commence et s’achève par une houppe composée d’une bobine et d’un nombre indéterminé de bruns. Il n’existe pas de symbolique purement maçonnique de la houppe : les auteurs pensent qu’elle peut se rattacher à la héraldique : effectivement, on la trouve dans les armoiries des évêques et des monastères, mais aussi dans celle des veuves. Ce qui permet d’évoquer les « enfants de la veuve » que sont les maçons. On dit que l’usage de ces cordelières, dans les armoiries des veuves, proviendrait d’Anne de Bretagne : celle-ci , à la suite du décès de Charles VIII, a entouré ses armes du cordon noué de St François, et elle le portait sur elle comme une tertiaire franciscaine ou un fils de St François. La légende dit qu’elle aurait accompagné cette invention d’une devise, « j’ai le corps délié ». Mais cette expression est attribué par ailleurs à Louise de la Tour d’Auvergne, lors de son veuvage ; qu’importe, pour nous qui sommes les enfants de la veuve et sommes liés par la corde, ou corde liée. Mais revenons à notre loge entourée de cette corde ; on voit que les deux bouts, en houppe dentelée, sont placés sur les deux colonnes qui marquent notre portique d’occident : c’est là une indication de l’union nécessaire des deux pôles. LES LACS D’AMOUR La corde est interrompue par des nœuds ou entrelacs : elle figure sur le tableau d’apprenti et de compagnon et est représentée autour du temple En fonction des auteurs BOUCHER, RAGON, puis WIRTH, le nom de ce décor a beaucoup varié, mais tous sont d’accord sur sa description, à l’exception du nombre de nœuds ou lacs, qu’il doit y avoir à la chaîne. Sur le tableau d’apprenti, VUILLAME, RAGON, PLANTAGENET, BOUCHER admettent qu’il doit y avoir 7 nœuds au degré d’apprenti Au contraire WIRTH admet deux possibilités : trois nœuds pour les deux tableaux, mais 12 pour la représentation dans le temple « pour correspondre aux signes du zodiaque ». La corde employée par le maçon symbolique correspond exactement à celle d’un maçon opératif. Le maçon opératif utilisait cette corde dès qu’il était question de tracer les plans d’un édifice et son implantation : les lacs d’amour seraient donc un symbole opératif : Au point de vue traditionnel, il faut se rappeler que comme tout édifice sacré, le temple maçonnique, construit suivant un modèle cosmique, est une représentation de l’univers. Le cordeau utilisé par les maçons opératifs pour délimiter et tracer un édifice, devient alors le cadre même du cosmos. Par sa position élevée sur les murs du temple, il perd sa signification matérielle, pour devenir essentiellement un symbole spirituel. D’après BOUCHER, on peut penser que les premiers maçons spéculatifs ayant remplacé le cordeau opératif par un cordeau ornemental, ont naturellement donné à ce cordon des nœuds en forme de lacs d’amour. Le sens actuel des lacs d’amour est celui de la chaîne d’union, d’où la confusion qui est souvent faite entre le décor et le rite, les lacs d’amour passant pour l’expression graphique de la FRATERNITE qui doit unir tous les maçons. Son entrelacement signifie aussi le secret qui doit entourer nos mystères ( RAGON ). La forme du nœud correspond aussi au signe traditionnel de l’infini mathématique, qui inventé par WALLIS en 1655, était d’usage courant au VIII ème siècle. Dans le monastère de CIMIEZ, on trouve un socle en pierre blanche de forme carrée. Sur ses faces sont sculptés ces lacs en huit, si coulés qu’ils sont couchés. Sur trois d’entre elles, ils se superposent à quatre grandes capitales, ou romaines, qui forment le mot FERT… CONCLUSION Le Franc Maçon se doit d’être « l’artisan de son propre destin » ; mais comment se réaliser si ce n’est en coopérant à la réalisation de tous les autres, en s’unissant aux autres. Le Franc Maçon s’affirme à la fois comme libre, puisque franc et comme uni, puisque maçonné . La maçonnerie est bien l’art d’assembler, d’unir, des éléments ou moellons, des forces ou des énergies, de façon à rendre l’ouvrage physique ou morale indissoluble dans le temps. La chaîne d’union est une force en tant que telle : la maçonnerie n’existerait pas dans cette union des cœurs et des âmes, sans cette union dans le soucis de concevoir un ouvrage parfait. Lorsqu’on se tient au milieu de cette chaîne d’union, que nous formons à la clôture d’une tenue, on note indubitablement une homogénéité, une absence de division, nous ne formons plus qu’un : à ce moment nous avons une aspiration commune, nous ne formons qu’un seul corps, une force unique dans laquelle convergent les énergies de la terre et du ciel. Cette force, cette chaleur, cette énergie et je pourrais dire à ce moment, « ce partage » reçu par la main gauche et donné par la main droite me transmet un désir de plus en plus fort de fraternité : nous sommes liés physiquement par la chaleur des mains et nos cœurs sont liés par la chaleur de nos âmes et cela dans un endroit ou la voûte céleste est représentée, espace démesuré, peuplé d’astres différents. Chacun est le MIROIR de l’autre et tous ensemble, allons un peu plus vers la LUMIERE, vers la FORCE, vers l’HUMANITE, vers la FRATERNITE, vers la VIE. Tout cela se transforme en amour et en une fusion rituelle qui m’entraîne vers la lumière. Cette lumière que je recherche tant, qui m’a été un peu révélé lors de mon initiation, qui éclaire aujourd’hui chacun de mes pas et qui m’aide à me construire et me donne la force nécessaire à tailler ma pierre brute. Cette chaîne d’union, nous devons la faire dans le temple, mais une continuité doit avoir lieu à l’extérieur ; elle doit être étendue à tous les gens que nous fréquentons, transmettre notre fraternité, notre foi en l’homme et dans le monde, et peut-être ainsi, arriverons nous à ce qu’il devienne meilleur . La route sera longue pour moi, mais je n’y arriverai que par la force et l’amour qui nous unie. C’EST TOUT CELA QUE J’ATTENDS DE MON ENGAGEMENT MACONNIQUE Pour finir, je dirais un poème de Frère Marcel de BACKER ; Espérez, Mes frères, Main dans la main, Vous introduisez Dans le temple La sagesse qui demeure Dans nos cœurs, Espérez, Mes frères, Main dans la main, Vous semez dans le temple La beauté qui brille dans nos yeux. Espérez, Mes frères, Main dans la main, Vous réalisez la force Dans notre temple, Moellon De la fraternité Espérez, Mes frères, Main dans la main. Car dans le temple Nos mains forment la chaîne Dont les maillons de force De sagesse Et de beauté Filent la lumière Eternelle J’ai dit Vénérable Maître F\ B\ |
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