Obédience : NC | Loge : NC | 23/04/2008 |
Chaîne d’union (CU) Pour ce travail j’ai choisi de vous parler de la CU dans notre Rite Ecossais Ancien et Accepté et en suivant l’articulation classique basée sur les réponses aux questions suivantes : Comment ?Quand ? Où ? Avec qui ? et enfin, sur sa signification Comment
fait-on
la CU ? En fin de tenue le V\M\ fait l’annonce suivante : «
Mes Fr.., il
ne nous reste plus, suivant l’usage ancien, que
d’enfermer nos secrets dans un
lieu sûr et sacré et de nous unir en
Fraternité. Mes Fr. enlevons nos gants et
formons la CU » Les officiers posent maillets, épées, canne et laissent leur plateau ; tous les FF\ présents dans le temple, apprentis, compagnons et Maîtres, qu’ils soient de l’atelier ou visiteurs, quittent leur colonne de l’Orient, de l’Occident, du Midi ou du Septentrion ; tous vont se joindre par les mains dont les premières sont celles tendues à l’Orient par le V\M\ en chaire . Tous se rejoignent dans la chaîne, sans protocole particulier de déplacement, chacun pouvant se placer où il le veut et entre qui il veut, debouts, en formant un cercle, de manière à entourer l’autel des serments et les 3 grandes lumières, le pavé mosaïque avec le tableau de loge et les 3 colonnettes ; cet espace délimité représente le lieu sûr et sacré pour enfermer nos travaux. Une fois la prise de mains nues réalisée, les FF\ rectifient leur position de pieds de sorte qu’ils soient à l’équerre, avec le pied droit devant. La CU peut se faire de 2 façons : - Soit en chaîne courte et c’est ainsi qu’elle est le plus souvent faite. Le V\M\ se déplace devant son plateau, au pied de l’Orient et la prise de mains se fait en croisant les bras devant la poitrine, de sorte que le bras droit (celui de la force et de la raison) passe au-dessus du gauche (celui de l’esprit et du cœur), la main droite de chaque Fr. étant au-dessus de la main gauche du Fr.. voisin. Dans cette position la raison domine la passion. Ces bras ainsi croisés et reliés forment des maillons ou « lacs d’amour », chaque F\ représentant un lac. La CU courte impose naturellement un contact physique plus étroit entre les Fr.. le contact se faisant au niveau des épaules et au niveau des pieds. - La deuxième façon de faire la chaîne est celle de la chaîne longue : le V\M\ reste à l’Orient à son plateau et invite tous les Fr. à le rejoindre. Chacun donne d’un côté sa main droite qui va se joindre, paume par dessus, à la main gauche de son voisin de droite, et de l’autre côté, sa main gauche paume en dessous, qui rejoint celle de la main droite de son voisin de gauche. On pratique la Chaîne longue dans les cas suivants : lorsque l’assistance s’avère particulièrement nombreuse ; lors de la première CU de la cérémonie d’initiation ; et lors des banquets d’ordre où l’on insère en plus les serviettes de table. Si les conditions ne permettent pas de se mettre en cercle, la CU se fera par une chaîne longue où ceux placés derrière se rattachent aux autres en saisissant le poignet d’un autre F\, sinon en se rattachant à son épaule, de sorte que toutes les mains des participants soient reliées. La CU se termine par une ouverture et non une rupture ; c’est le V\M\ qui en donnera l’ordre par une annonce orale suivie d’une triple pression des mains accompagnée d’un triple mouvement de bras où, à la troisième fois, la chaîne s’ouvre. Chacun, dans un mouvement centrifuge, rejoint sa place sur sa colonne, sa fonction, se regante et se met à l’ordre. Il faut souligner l’importance du silence du début à la fin de cette CU, lequel invite au recueillement, à la communion, au travail intérieur et à l’harmonie générale. Néanmoins, après la phase de travail intérieur qui suit les propos d’orientation de regard proposés par le V\M\, la CU devient le canal de diffusion le plus protégé chaque fois qu’il y aura à communiquer les mots de semestre, toujours sous le contrôle du V\M\ (c’est le lieu sûr et sacré où l’on enferme nos travaux) Quand ? Dans nos loges de St Jean la CU ne se fait qu’au premier degré et à des moments bien précis. Elle est réalisée lors de chaque tenue, avant le « Minuit plein » juste avant la fermeture des travaux, sur l’invitation du V\M\ à enfermer nos travaux dans un lieu sûr et sacré et de nous unir en Fraternité. A ce moment précis de la tenue nous venons de travailler intensément sur les planches tracées et sur les autres chantiers éventuels de la soirée, l’égrégore est à son maximum. Nos métaux sont loin car il y a longtemps que nous les avons laissés à la porte du temple. L’invitation du V.M. à former la CU appelle à la communion. La CU prend une force considérable en plusieurs temps. D’abord lors de l’action physique de la mise en place : le déplacement convergent, centripète, décidé librement par chaque F\, puis avec la prise de mains et l’installation des pieds, enfin par le recueillement qui s’impose dans le calme. A ce moment là les instruments sont accordés, les cœurs et les esprits se fondent pour jouer la partition qui débute sous la baguette de notre chef d’orchestre. Le V\M\ rappelle à tous le but commun, ce vers quoi chacun doit diriger sa pensée. C’est ensuite le travail mental de chaque F\ qui reprend le ou les mots en les répétant intérieurement. Cette puissance de la CU se trouve parfois amplifiée lorsque nous y joignons mentalement nos FF\ dans la souffrance ou la détresse ou encore passés à l’Or\ Eternel. La seule fois où le rituel permet lors d’une même tenue, la réalisation de deux CU est lors de la cérémonie d’initiation, avant la fameuse scène du miroir. Le V\M\ nous demande de nous apprêter à recevoir le néophyte dans une CU qu’il fait faire longue, puis il donne l’entrée du temple au néophyte qui est de suite placé dans la CU. Au 3ème coup de maillet du V\M\ le bandeau lui est enlevé, il reçoit la lumière, il est soutenu par l’ensemble des Fr.. A la fin des travaux de cette cérémonie d’initiation il y aura une seconde CU, réalisée selon le rituel habituel. Notons enfin le cas particulier des banquets d’ordre où les travaux de table se font selon un rituel différent : ils se finissent néanmoins de la même façon que toute autre tenue, par une CU. Où ? La CU se faisant à la clôture des travaux, on la fait donc en tout lieu où se tient une tenue. Ce peut être un temple, mais aussi une maison particulière, un jardin, un coin de plage, une cave, un garage, dans une salle louée etc. Certaines tenues comme celles des Saint Jean se font généralement en dehors de nos temples habituels et c’est dans le lieu choisi qu’elle se fera à la fin des travaux de table. Elle peut également se faire en des lieux très particuliers comme autour d’une sépulture ou du cercueil d’un F\ passé à l’Or\ Eternel. Avec
Qui ? Lors de nos tenues la CU rassemble tous les FF\ présents, quels que soit leur qualité, leur grade et leur fonction, qu’ils soient de l’atelier ou visiteurs. Dans nos Loges de St Jean, il n’y a que lors de la cérémonie d’initiation, et au cours de la première CU de cette cérémonie, que les Fr. y acceptent un maillon qui ne soit pas encore un Fr. Dans les obédiences mixtes tous les FF\ et SS\ présents participent. La CU peut également être réalisée à l’initiative du V.M. lors de tenues blanches ouvertes, auxquelles participent des Fr.., des sœurs et des profanes. Une cérémonie funéraire étant faite avec la famille du défunt, la CU sera elle aussi faite avec des profanes hommes et femmes et avec les Fr. et les S. présents. Parmi les membres de la CU le seul qui se distingue est le V.M. en chaire qui reste le guide ; c’est lui qui la dirige et qui fait les annonces ; c’est également lui qui peut éventuellement donner la parole à d’autres Fr. présents dans la chaîne. Que
signifie
t-elle ? Le mot Chaîne vient du latin catena et désigne une succession d’anneaux métalliques passés les uns dans les autres pouvant faire office de lien. Chaque Fr. formant la chaîne étant un maillon de transmission et de réception, la CU symbolise l’union de tous les maçons, le fil existant de tout temps qui relie les Maîtres à ceux qui aspirent à l’initiation. Combien faut-il de maillons pour qu’il y ait chaîne ? L’histoire ne le dit pas et chacun aura sa réponse qui finalement présente peu d’intérêt sinon que le nombre de maillons de notre chaîne maçonnique comprend tous les Fr. qui un jour sont venus dans la ronde et qui un jour viendront l’agrandir. La CU est définie comme le symbole de l’union Fraternelle des F\M\, et se distingue des autres symboles par le fait d’être un symbole humain. C’est avant tout une chaîne d’Amour fondée sur l’initiation rituelle et sur la Fraternité. La signification et la finalité de ce symbole sont clairement énoncées dans les paroles fortes de l’annonce du V\M\ : «
Mes FF\, il
ne nous reste plus, suivant l’usage ancien, que
d’enfermer nos secrets dans un
lieu sûr et sacré et de nous unir en
Fraternité. » Les références historiques sur la CU sont nombreuses. Compte tenu du temps imparti pour ces planches symboliques je n’en évoquerai qu’une, particulièrement précise à laquelle les Maçons accordent une grande importance : c’est celle d’un texte Christique contenu dans les Actes Apocryphes de Jean où est écrit : Avant
son arrestation
le Seigneur réunit ses disciples, leur fit former un cercle
en leur demandant
de se tenir par les mains les uns les autres et le Christ
parle :
« Nous te rendons grâce, oh
Lumière qui n’habite pas les
ténèbres, le Très
Haut participe à la ronde. Qui ne participe pas à
la ronde ne connaît pas ce
qui va venir. Regarde toi, en moi qui parle, et voyant ce que je fais,
garde le
silence sur mes mystères ». Notre CU est donc bien le lien avec l’usage ancien qui permet d’enfermer nos secrets dans un lieu sûr et sacré et de nous unir en Fraternité. Toute la force et toute la valeur de ce symbole réside dans l’énergie qu’il induit, issue du passage du multiple à l’unique lorsque cette ronde se forme et se boucle au centre même du lieu sacré que nous avons volontairement et librement délimité pour tenir nos travaux ; c’est la communion de consciences individuelles qui se transforment en une seule conscience collective. C’est la communion d’efforts individuels de réflexion et de pensée. Cette chaîne sépare deux espaces, l’un externe, celui du monde profane ; l’autre intérieur, délimité par le cercle ainsi formé, vers lequel tous nos regards convergent et que nul ne peut pénétrer sans briser la chaîne qui unit nos mains, nos cœurs et nos esprits. La CU exprime son caractère universel par la réunion de tous les Fr. et par leur origine : orient, occident, midi, septentrion. Elle exprime aussi son caractère intemporel : le présent (la force de nos FF\ ), le passé (la sagesse de notre V\M\) et le futur (la beauté du nouvel initié). Lors de son initiation le néophyte, homme libre et de bonnes mœurs, est invité dans la CU pour y recevoir la lumière, transmise par le V\M\ le gardien de la tradition. Elle est son premier contact physique avec ses FF\ ; elle est l’une des premières révélations d’un message de Fraternité universelle qui contient les notions de partage, de loyauté, de fidélité et d’amour. Ce n’est pas par hasard que cette première expérience de CU soit citée fréquemment comme l’un des moments forts dans les impressions d’initiation des nouveaux FF\. A l’attention de nos
jeunes Fr. je leur signale que ce symbole doit être de ceux
sur lequel a été
fait le plus grand nombre de planches et qu’ils trouveront de
nombreux ouvrages
pouvant les aider à assouvir leur curiosité sur
la partie historique ou sur les
autres symboles qui lui sont liés. Pour cela, je leur
conseille vivement
d’aller découvrir la très riche
bibliothèque de la GLDF où ils trouveront
toujours un accueil Fraternel de son responsable quelle que soit leur
requête : alors n’hésitez pas
à le solliciter il adore ça ! Pour conclure et prolonger au-dehors le travail commencé ici, je reviendrais brièvement sur ce que j’évoquais au début de cet exposé c’est à dire sur les différentes CU réalisées en d’autres lieux que nos temples, par des hommes, des femmes et même avec des enfants, qu’ils soient ou pas initiés à quelconque ordre philosophique ou religieux. Même si ces CU n’ont pas de caractère maçonnique elles sont, néanmoins, riches et fortes parce qu’elles véhiculent des valeurs très proches des nôtres et les mêmes symboles d’Amour et de Fraternité. Une CU profane n’est jamais réalisée par hasard : bien souvent elle précède ou suit un événement important et ne laisse jamais indifférent ceux qui y participent. Même sans initiation, dans des cultures différentes, sous toute latitude, la CU se ressent spontanément et ne nécessite pas de commentaire pour en comprendre et en vivre le message d’Amour et de Paix qu’elle répand. V\M\, j’ai dit. |
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