Obédience : NC Loge : NC 18/12/2002


La chaîne d’union

« Mes frères formons la chaîne d’union » (musique)

Par ces mots le vénérable maître nous invite à venir le rejoindre, dégantés, pas à l’ordre, mais en ordre (le vénérable et les dignitaires à l’orient, les surveillants à l’occident) autour de l’espace sacré représenté par le tableau de loge et délimité par les quatre piliers (sagesse, force, beauté, et le quatrième, l’intelligence sans lequel l’édifice serait bancal ).

La chaîne d’union, symbole de l’amour fraternel et de l’universalité de la franc - maçonnerie, peut être ouverte (bras le long du corps) ou fermée (bras droit croisé sur le gauche)
La main gauche (celle du cœur ) paume ouverte vers le ciel, la main droite paume tournée vers la terre. Elle symbolise alors l’ancrage entre le zénith et le nadir, la transmission, une main donne, une autre reçoit. A chaque fois que nous prenons la main de nos frères, pensons à accueillir ce qu’ils nous donnent et à leur offrir le meilleur de nous-mêmes. Représentée dans le temple et sur le tableau de loge d’apprenti par la houppe dentelée et ses lacs d’amour, elle nous rappelle en permanence que l’union fait la force, que sans le secours des autres, nous ne sommes rien. En effet, cette «chaîne » prend sa force à la colonne Boaz pour entourer le temple et rejoindre la colonne J. Lors de son initiation, le néophyte se verra donner la Lumière dans la chaîne d’union. On éprouvera alors sa solidité après l’ajout d’un nouveau maillon, par trois fois. De nouveau, à la clôture des travaux, le nouveau frère sera incorporé naturellement à cette chaîne, à la place qui lui est désormais dévolue, en tête de la colonne du Nord.

J’aimerais exprimer un sentiment ressenti depuis longtemps : la chaîne d’union me semble toujours trop rapide. Elle constitue un moment de recueillement important ou les énergies se concentrent avant la clôture des travaux pour pouvoir ensuite s’exprimer au dehors. La considérer seulement comme un passage obligé du rituel, après une tenue qui s’est prolongée plus que prévu, conduit à bâcler ce moment d’harmonie, de force, de partage.
Elle montre particulièrement bien la nécessité d’adaptation à la vie collective sans laquelle notre quête de perfectionnement resterait vaine, car égoïste et solitaire. Elle force un peu notre capacité d’intégration au groupe, afin de transformer l’indispensable lien social d’une chaîne imposée de l’extérieur en une adhésion spontanée.

« Toute chaîne n’a pour résistance que celle de son maillon le plus faible ». Mais qui est il ? Moi ? Vous Respectable Frère ? Vous Vénérable Maître ? Chacun de nous un jour sûrement. Il est de notre devoir de maçon d’entourer ce maillon provisoirement faible avec force et vigueur pour assurer la cohésion du groupe et non penser à le court-circuiter pour rendre le reste de la chaîne plus solide. Car il y aura toujours un maillon le plus faible, toujours un maillon un peu plus bronzé qu’un autre, toujours un maillon un peu trop différent. Je serai sûrement un jour ce maillon-là et j’espère alors trouver auprès de mes frères et auprès des hommes en général, ce lien indissoluble de la chaîne d’union qui me permettra de me sentir un dans le groupe, tout aussi indispensable que tous les autres.

L’organisation de l’Ordre ne porte-t-elle pas en elle des éléments de fragilité de cette chaîne : égalitarisme et humilité forcée / cordonite et hauts grades ? Ceci n’est pas de ma compétence d’apprenti, et de plus cela risquerait de malmener l’égrégore.

Pour conclure, je livre à votre réflexion quelques questions : La chaîne d’union ne pourrait-elle pas être plus universelle, inclure non seulement les frères passés, présents et à venir, mais aussi ceux et celles des autres obédiences, plus encore tous les hommes et toutes les femmes ? Ne peut - on étendre le symbole jusqu’aux êtres inanimés et à l’univers tout entier en s’en sentant être une part qui n’a pas plus de droits mais du fait même de sa conscience plus de devoirs, qu’une autre part ? Ne serait - elle pas un appel à l’amour inconditionnel, à la tolérance, l’acceptation de l’autre dans sa diversité ? Je t’aime parce que tu es Homme, je t’aime parce que tu es mon frère. Je t’aime comme tu es, pour ce que tu es et non pour ce que tu as…
Dans peu de temps, nous formerons de nos mains qui s’enlacent une chaîne d’amour. Puissions - nous alors exprimer silencieusement cet amour pour nos frères maçons mais aussi nos frères humains : « Que la paix règne sur la terre, que l’amour règne parmi les hommes, que la joie soit dans les cœurs. »
 
J’ai dit, vénérable maître.
B\ G\ 

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