Dimensions, formes et architecture du Temple
De l’obligation de soumission à la nature, de l’observance de celle-ci et de ses phénomènes, l’homme, depuis l’aube des temps est à la recherche d’une autorité surnaturelle, d’un être suprême et d’un sens à son existence sur terre, qui lui révèle une vision du monde reliée à l’idée du sacré, de l’inaccessible.
Au début tout a revêtu un caractère religieux, mais l’art de bâtir des Temples était plus particulièrement empreint d’un caractère divin.
En taillant des pierres et en les assemblant pour élever des édifices sacrés, les hommes croyaient rendre un culte à la divinité.
Les constructeurs avaient une religion à eux, entièrement basée sur l’art de bâtir, où chaque être est appelé par ses efforts à l’édification d’un monument unique.
Dans l’esprit, on se figurait un travail incessant, déjà commencé et ne devant jamais finir, mais s’exécutant de toutes parts selon les données d’un même plan.
De cette idéologie est née l’idée du « Grand Œuvre » visant à la construction d’un Temple idéal, se rapprochant de la perfection, et d’où vient l’usage traditionnel parmi les maçons de consacrer leurs travaux « à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers ».
Le terme de temple provient du latin templum, qui désigne l’espace séparé du reste du monde, découpé dans le ciel à l’aide des augures, prophétie pour le bien de l’humanité adressée par les Dieux, et retranscrit sur le sol, devenant ainsi un espace sacré et inviolable.
A ce sujet, je ne puis m’empêcher de citer un passage de la Prophétie de Jean de Vézelay (ou Jean de Jérusalem) : Mes yeux découvrent dans le Ciel ce qui sera et je franchis le temps d'un seul pas. Une main me guide vers ce que vous ne voyez ni ne savez.
Cette pratique des augures était désignée comme la contemplatio, d’où le mot français contemplation (méditation intériorisée) tire son origine.
Le Temple est un milieu magique qui transporte l’être humain au-delà de lui-même.
Il y apprend ce que normalement il est incapable de comprendre, y prend conscience par les symboles, de l’idée et d’un état d’être que la pensée rationnelle ne peut plus expliquer.
C’est pourquoi le Temple ne peut être qu’à l’image de l’immensité de l’Univers, c'est-à-dire du ciel et de toutes ses influences, mais il n’est pas seulement à son image, il en a les dimensions.
L’infini de l’Univers est renfermé dans l’espace limité du Temple, dont il brise les dimensions humaines, et cette explosion géométrique se retrouve dans la dimension spirituelle.
C’est uniquement parce que les dimensions ésotériques du Temple sont immatérielles, que l’esprit de ses occupants peut s’élever au-delà des limites humaines.
Le temple est l’embellissement du monde en ce qu’il représente l’essence même du beau sur terre.
Il rend possible la relation spirituelle entre les forces suprêmes et l’homme.
Du Temple de pierre au Temple de Chair
Autrefois, le Temple n’était que la demeure du Dieu.
Peu à peu, les hommes prirent conscience que la divinité réside en tous lieux, comme ce fut le cas de Paul qui révéla aux Corinthiens : « Le Temple de Dieu est sacré et vous êtes ce Temple ». Jésus lui-même dit en parlant de son corps : « Détruisez ce Temple et je le rebâtirai en trois jours ».
Quand l’homme philosophe découvre que Dieu habite le cœur de chaque homme, il n’a plus qu’un souhait : dévoiler cette présence afin de pouvoir la contempler.
Il comprend que tout n’est que cendre et poussière, tout sauf le Temple intérieur.
Le Temple par excellence est dans l’homme, l’esprit et le cœur constituent le Temple dans lequel habite la Divine Présence, qui le fait sortir du temps pour entrer dans l’éternité.
C’est l’amour qui lui assure son complet développement, d’où la nécessité d’une constante veille et d’une tendresse vigilante.
Le Temple de Salomon n’est que la réplique, mais aussi le mystère qui habitent le Temple intérieur de l’homme.
L’apprenti a été reçu dans son propre corps, son âme ainsi que son esprit, qui forment les Trois parties de son Temple : porche, temple intérieur et sanctuaire.
Dans sa progression vers son sanctuaire, Trois, Cinq et Sept, le nouveau maçon n’entre pas dans une demeure spirituelle, il est appelé à être cette demeure.
Le travail à cette entreprise, cette avancée sur le chemin de la Voie Royale, s’effectue au sein de notre communauté, dont l’objectif est de tenter de bâtir sans cesse une Fraternité initiatique, cimentée entre nous, Francs-Maçons, par la Chaîne d’Union.
Temple physique - Temple spirituel
La Franc-maçonnerie a élaboré toute une symbolique, où le Temple peut être considéré comme une image emblématique de l’Homme et du Monde, une accession à la connaissance du Temple Céleste par une réalisation de soi-même.
Le premier Livre des Rois, au chapitre 6, nous rapporte que le temple de Salomon était un carré long, c'est-à-dire un Plan Rectangulaire de proportion un sur trois : soixante coudées de long, vingt de large et trente de hauteur.
Son espace était divisé en deux parties : le Hékal ou Saint, 1 sur 2 et le Debir ou Saint des Saints, 1 sur1.
Le Ulam ou vestibule précédait le temple proprement dit, le Saint était la partie de temple affectée au culte et le Débir le lieu le plus Saint, celui abritant l’Arche de l’Alliance qui contient les Tables de la Loi.
Il n'était accessible qu'au Grand Prêtre, une fois par an, le jour du grand pardon afin d'y prononcer le Nom ineffable.
En poursuivant ma recherche se rapportant au Temple, j’ai parcouru l’Apocalypse de Jean.
Les chapitre 22 et 23, nous donnent, me semble-t-il, une correspondance symbolique du Temple spirituel : « je ne vis point de temple dans la ville; car le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple, ainsi que l'agneau » « La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer; car la gloire de Dieu l'éclaire, et l'agneau est son flambeau »
Le Temple de la Divinité ne peut donc pas avoir de limites, il a les dimensions incommensurables de l’univers, de l’immensité.
La Franc-maçonnerie, ne se fixant aucune limite dans sa quête vers le meilleur, a dimensionné son Temple dans les mêmes proportions : sa longueur de l'Orient à l'Occident, sa largeur du Septentrion au Midi et sa hauteur du Nadir au Zénith.
La loge couvre donc symboliquement la totalité du monde quant au labeur qu'on peut y faire, au champ de conscience et d'expérience que l'on doit y rencontrer.
En soulignant que la hauteur s’étend du Nadir au Zénith, la Maçonnerie donne à l’Apprenti la direction du travail à accomplir sur soi, qui doit s’orienter du bas vers le haut, de l’inférieur vers le supérieur, de la terre vers le ciel ; une échelle sans fin que le Cherchant doit dresser jusqu’au milieu du ciel, pour aboutir au cœur de la Divinité.
Le passage de la Perpendiculaire au Niveau, Outil complémentaire du Compagnon, matérialise après l’introspection, la remontée jusqu’au niveau horizontal de la terre ; lieu ou centre d’un axe formant une croix, à partir duquel ont entreprendra d’approfondir tous les aspects de la dimension terrestre, à la croisée des chemins au centre où tout est un, là où s’effectue en conscience la rencontre de l’axe vertical et du plan horizontal.
Temple Maçonnique - Filiation
Le Temple maçonnique correspond à la représentation symbolique d’un des mythes fondateurs de l’humanité : le Temple de Salomon, édifié par l’architecte Hiram, dont la maîtrise des sciences, des arts et des relations humaines fut un exemple pour tous.
Rappelons que le temple de Salomon était orienté en sens inverse du temple maçonnique. On y entrait par l’Orient, alors que dans un Temple maçonnique on y entre par l’Occident.
Dans le temple de Salomon, c'est le Hékal ou Saint qui représentait un carré long, c'est-à-dire un rectangle de proportion un sur deux.
En loge, le carré long désigne également, l’espace sacré qui s’inscrit entre les trois piliers qui l’encadrent : Le Pavé Mosaïque.
Considérons deux carrés superposés pour obtenir le carré long, puis traçons le cercle central ayant pour diamètre le côté commun aux deux carrés : Dieu, le un, est la totalité du cercle central.
Dieu en son temple est donc figuré par le cercle centré dans le double carré.
Si nous pointons ensuite la pointe sèche du compas au bas de la diagonale de ce double carré, dont la longueur est
(hypoténuse
du théorème de Pythagore), et
traçons le plus grand des deux arcs de cercle,
tangents au cercle central, nous pouvons constater
que cet arc coupe les
côtés latéraux du double
carré, respectivement en 
(1,618) et 
(1,272), (Phi)
étant la lettre grecque qui désigne le nombre
d'or en hommage au sculpteur grec
Phidias qui décora le Parthénon
d'Athènes.
= 1,618
033 988… = Phi
est le nombre d’or mais également le nombre de
l’harmonie
La rencontre du un et du cinq a donc fait naître l'harmonie dans le Temple.
Construire son temple intérieur
Architecte vient du Grec « Archi » (Chef de..) et « Tekton » (Charpentier, Bâtisseur, Sculpteur), ce n’est donc pas par hasard que nous évoquons « Le Grand Architecte de l’Univers » à l’ouverture de nos travaux.
La symbolique maçonnique repose essentiellement sur les outils et l'histoire de la construction du Temple du Roi Salomon
La Franc-maçonnerie a repris dans sa symbolique cette recherche de la perfection qu’est la construction du Temple appliquée à l’homme.
La recherche du Franc-maçon est spéculative. C'est-à-dire que son travail n'est pas l'édification d'un véritable édifice architectural de pierre ou d'autres matériaux, mais la perpétuelle reconstruction de soi, de son intellect et de son psychisme. Ce que l'on appelle le travail sur soi, le temple intérieur.
Il va s’en dire que la tâche du Franc-maçon est grande, noble et d'autant plus méritante qu'il est sûrement plus difficile à un homme de se surpasser, de lutter contre ses préjugés et ses imperfections profondes que de bâtir un véritable ouvrage.
La Franc-maçonnerie est une société Initiatique authentique, car elle transmet une Initiation véritable et véhicule par ses Rituels et ses Symboles, les enseignements des antiques Ecoles de Mystères, dont elle est dépositaire et l'héritière.
L'Initiation est une transmission d'énergie spirituelle par l'utilisation de Rites appropriés qui ont une efficacité propre, indépendante de l'interprétation qu'on leur donne.
Toute démarche initiatique authentique vise à l'Éveil, ou au Réveil.
La meilleure instruction ne peut donner ni influencer la Connaissance, mais il est possible de provoquer chez une personne bien disposée, les réactions favorables à son éveil.
C'est là précisément la fonction d'un Ordre Initiatique.
Le réveil ne peut être provoqué que par une introspection méthodique, lucide et sans complaisance, laquelle introspection pour ne pas s'égarer et devenir morbide doit s'appuyer sur une connaissance des mécanismes psychiques intimes.
L'objet de l'Initiation est de conduire l'individu à la Connaissance par une illumination intérieure.
La méthode Initiatique est une voie qui développe essentiellement l'aspect intuitif.
C'est pourquoi la Franc-Maçonnerie utilise des Symboles pour provoquer cette Illumination par rapprochement analogique, car les Symboles parlent le langage de l'inconscient.
L'Initiation par elle-même ne confère pas la Lumière, mais aide à harmoniser les corps subtils, à ouvrir les centres de perception intérieurs, place sur le chemin de l'évolution spirituelle, ouvre la possibilité d'accéder à la Connaissance, au Divin selon le sens métaphysique du mot.
La démarche Initiatique, et l'Initiation, implique trois conditions :
1. La qualification, constituée par certaines possibilités inhérentes à la nature propre de l'individu et qui sont la « materia prima » sur laquelle le travail initiatique devra s'effectuer, pour parvenir à se changer et changer.
2. Le travail intérieur par lequel ce développement sera réalisé graduellement, faisant passer l'être d'échelon en échelon à travers les différents degrés de la hiérarchie initiatique, pour le conduire au but final de la Délivrance ou de l'Identité Suprême.
3. La transmission, par le moyen du rattachement à une organisation traditionnelle, d'une influence spirituelle donnant à l'être l'illumination, qui lui permettra d'ordonner et de développer les possibilités qu'il porte en lui.
L'Initiation dispensée par la Franc-maçonnerie est une Alchimie spirituelle ayant pour but une véritable transformation de l'individu, son épanouissement et sa réalisation
En Conclusion
Aujourd’hui, je vous présente un morceau d’architecture, et avant que vous puissiez le jauger, je voudrais si vous le permettez, vous livrer ma propre intuition.
Je sais qu’avant d’être Maître du Temple, il faut préalablement avoir acquis la connaissance et la maîtrise des puissances invisibles de l’Univers, à travers celle de mon propre Temple Intérieur.
Aussi, je suis toujours à la recherche de la Lumière, j’ai l’impression de l’apercevoir, qu’elle me parle, mais je n’ai pas encore suffisamment de rhétorique pour en exprimer tous les contours, toute la sensibilité.
Mon Temple se dessine et se construit doucement, ma curiosité me pousse au travers de moi-même comme une remise à niveau, une nouvelle conception, un nouveau départ.
Je sais que j’ai encore besoin de polir ma pierre, mais ma lenteur, si je puis m’exprimer ainsi, n’est que la crainte d’engloutir une démarche spirituelle qui s’éveille.
Je n’ai pas l’habitude de forcer l’allure, y préférant la patience et l’application : bien comprendre pour apprendre.
J’ai ce désir d’aller plus loin, je ressens déjà une nette amélioration dans ma vie profane, mon approche est plus structurée, à l’image du Temple qui, je le sais comporte plusieurs étages.
En conclusion mes frères, j’ai l’impression d’avoir cheminé grâce à vous. Je prends conscience que l’essentiel m’attend, que la route vers la connaissance est longue et sinueuse, mais je fais confiance à mon guide : Le Rituel, car si le Temple de Pierre a été abattu, seul le Temple de l’Esprit lui survivra.
Vénérable Maître, j’ai dit…
D\ M\