Les
Symboles du Cabinet de Réflexion
Lors d'une
réunion d'apprentis, le second surveillant m’a
demandé de travailler sur les
symboles du cabinet de réflexion. Après
discussion, ma planche traitera sur les
symboles suivants :
· Le
crâne et les ossements,
· La
faux,
· Le
sablier,
· Le
coq.
J'ai ajouté la bannière qui me
parait indissociable de la symbolique générale.
Bien sûr cette étude pourrait
s'élargir sur l'ensemble des symboles
représentés dans le cabinet de
réflexion,
mais le travail de
recherche déjà
conséquent, m'a conduit à me limiter à
ceux-ci.
Pour commencer cette planche je
vais m'attacher à expliquer chaque
élément séparément puis au
travers de mon
expérience vous donner mes impressions et mon ressenti de ce
premier voyage.
Dans le
cabinet de réflexion ou le profane est
laissé seul, figure tout à la fois :
· La TERRE,
considérée comme un des quatre
éléments par lesquels les Anciens croyaient
autrefois pouvoir pénétrer les
secrets du monde.
Et
· La MORT,
c'est-à-dire l'achèvement d'une
existence passée, prélude à la
naissance d'une vie nouvelle. Nombreux sont les
rites initiatiques qui contiennent cette idée for ancienne
(d'origine même très
primitive) et diversement exprimée en maintes circonstances.
Le cabinet de réflexion : (Première
étape du rituel)
C'est
un endroit clos et sombre où figurent des symboles
favorisant la méditation. Le
postulant y
rédige son testament
philosophique avant son initiation.
Il est associé
à la première épreuve (la terre). Le
récipiendaire
doit connaitre les ténèbres avant de connaitre la
lumière,
c'est un passage de l’obscurité
vers la lumière. Il offre un
potentiel au profane, celui-ci sera développé par
les trois prochaines épreuves
(l'air, l'eau, le feu) ainsi son voyage initiatique sera clos, ce que
je
découvrirai plus tard.
Par son travail personnel, le
franc-maçon est appelé "fils de la
lumière".
Les ossements, le crâne, la
faux et le sablier :
Sont associés à Saturne, au plomb
et à l'avarie.
Le crâne :
Dans
le cabinet de réflexion, le crâne symbolise la mort,
qui après la
putréfaction des chairs, se conserve encore longtemps.
Il se trouve au sommet du
squelette. C'est la partie impérissable du corps. Il est le
siège de l'âme,
associé également à la voute
céleste. Le crâne est donc un
réceptacle de vie,
il contient et protège le cerveau, siège de la
pensée. Il symbolise cependant la mort du
profane qui renaît à la vraie vie par
l’Initiation. Laquelle est
nécessaire pour atteindre un niveau spirituel
supérieur. Il rappelle que
le temps passé sur terre est court et
que chaque homme doit vivre le jour présent comme si
c'était le dernier.
Le crâne humain représente
également la vanité et l'avarie,
l'idée de l'autorité et du pouvoir de
direction.
Le crâne associé à deux tibias
croisés (croix de Saint-André). Signe distinctif
de la piraterie, est l'icône
qui sert d'avertissement d'un danger, c'est aussi le symbole de
l'écartèlement
de la nature sous l'influence de l'esprit et en conséquence,
le symbole de la perfection
spirituelle.
La faux : est l'outil de la
mort l'égalisatrice. Elle tranche les
illusions de ce monde, mais pas la vie. C'est le commencement d'un
cycle. La
faux donne ici accès aux réalités
invisibles et prend un sens positif. Elle
peut être vue comme un miroir (avant et après).
"Il faut tuer le vieil
homme" c'est-à-dire enlever en nous tous les
défauts et maladresses.
Dans la symbolique des chiffres,
elle est associée au 7.
Le 7 est le chiffre du rythme du
sang, la mémoire nutritive de l'âme humaine. Il
exprime les étapes de maturité,
de génération. Il est associé
également à la lettre G. Il exprime
l'idée de
transition et aussi de la semence de la
génération suivante.
Le
crâne et la faux évoquent la mort physique.
Pour le profane, le faucheur ou
la « faucheuse » ruine tout sur
son passage, mais un pré fauché au
bon moment donnera une herbe plus verte pour qu’une
génération nouvelle, puisse
naitre et s’épanouir.
Le sablier : il est
associé à la symbolique du temps qui passe et
à
la mort. Les grains du sable qui s'écoulent
suggèrent l'aspect irréversible et
fatal du temps. Cependant, il suffit de le
retourner pour que de nouveau le temps
s'écoule "forme
d'immortalité". Les deux compartiments du sablier
représentent le haut et
le bas, l'un céleste l'autre terrestre, mais indissociable.
Ils représentent
aussi le passé et l'avenir, le goulot symbolise le temps
présent.
Dans le sablier quant un
compartiment se vide, l'autre se remplit. C'est l'image même
du choix
spirituel.
Le Coq : il est
associé
au côté féminin, au mercure et
à l'envie (dans le sens de recherche).
Le coq est l'oiseau attribué à
Hermès. Il figure la hardiesse (volonté du
profane à aller jusqu'au bout).
Hermès : est le fils de Zeus et
de Maïa, il avait les attributions les plus variées
et portaient divers surnoms
ou épithète correspondant à
différentes fonctions (Dieu des troupeaux) (Dieux
des routes et des carrefours). Il est donc le dieu protecteur des
voyageurs,
car il passait pour avoir débarrassé les chemins
de toutes pierres gênantes.
Chez les Romains, Hermès avait
pour nom Mercure, il est le dieu qui reçu le plus d'hommages
chez les
Galli (Gaulois). En
latin, Gallus
signifie à la fois coq et Gaule, d’où
le coq Gaulois image du dieu protecteur.
Paradoxalement c'est aussi un
symbole solaire, puisqu’il annonce la levée du
jour, la victoire renouvelée de
la lumière sur les ténèbres de la
nuit.
Le comportement du coq est
souvent proche d’un
« machisme » naïf,
ridicule, orgueilleux et
vaniteux. Il représente comme expliqué plus haut
la hardiesse mais également la
vigilance, car à l'émergence des premiers rayons
du soleil, signes de la
lumière, il avertit les hommes de la fin de
l’obscurité profane.
Le Coq, qui présidait à la construction des
édifices par
les maçons opératifs, signale au profane dans le
Cabinet de Réflexion, qu'il va
tenter lui aussi d'apporter sa pierre à la construction de
cet édifice qu'est
le "Temple de l'humanité".
Le chant du Coq, c'est en même temps l'appel au travail.
Cette lumière issue de la
naissance initiatique, est perçue d’un autre
œil, tel qu’il figure dans le
delta lumineux, elle guidera l’initié et
l’éclairera.
Il a la qualité du "vif
argent", de "feu sacré" en alchimie.
Le Mercure et l'Or sont les deux
métaux purs de l'alchimie.
Si l'Or est associé au soleil,
le
Mercure est associé à la lune.
Dans l'ouvrage dénommé
"l'œuvre secrète de la philosophie
d'Hermès d'Espagnet" voici un
passage que je souhaite vous soumettre et qui devrait
éveiller quelque chose en
vous.
« Celui qui
désignera la lune des philosophes ou le Mercure des
philosophes comme étant le mercure vulgaire, ou bien trompe
sciemment autrui,
ou bien se trompe lui-même. Le Mercure des philosophes est
bien le "vif
argent", non cependant le vulgaire, mais celui qui en est extrait par
le
savoir philosophique. Il est l'essence la plus centrale et la plus pure
qui
puisse en tirer son origine et être
créée à partir de lui.
Appelé également le
"vif argent" il est en partie naturel et en partie artificiel. Il ne
peut être créé que par une purification
préalable et une sublimation faite aux
sciences.
Sépare donc le pur de
l'impure, la substance des accidents et rends
manifeste ce qui était caché par les voix de la
nature, ou bien désiste-toi
entièrement. Car tel est le premier fondement de l'art et de
tout
ouvrage ».
Quelle étrange similitude avec
les phrases suivantes :
Ø Si
la
curiosité seule t'a conduit ici, va-t'en !
Ø Si
tu tiens
aux distinctions humaines, sors-on n'en
connaît point ici!
Ø Si
tu es
capable de dissimulation, tremble, on te
pénètrera!
Ø Si
tu crains
d'être éclairé sur tes
défauts, tu seras
mal parmi nous!
Ø Si
ton
âme a senti l'effroi, ne va pas plus loin!
La bannière :
Utilisée fréquemment au XIXe siècle,
elle revient
aujourd'hui en usage. Y figurent le plus souvent le nom de la loge, son
obédience, la date de sa création et son orient.
Les deux mots "vigilance et
persévérance" peuvent se traduire
également par "veiller
sévèrement". Ils rappellent au futur
franc-maçon, qu'il doit être attentif
et scruter les différents sens que peuvent offrir les
symboles. Il en
comprendra cependant le sens, que par une patiente
persévérance.
Lors de mon initiation, j'ai
comme tous les francs-maçons avant moi, commencé
mes épreuves par mon passage
dans le cabinet de réflexion.
J'ai accepté comme le crâne le
suggère, de me mettre à nu. Les questions que je
me suis posées sont :
· Dois-je
continuer ou bien m'arrêter?
· Cette
voie
est elle vraiment la mienne ?
· Suis-je
prêt ?
· Va-t-on
me
juger digne ?
C’était un véritable dilemme,
personne n'étant là pour me conseiller, quelle
décision prendre ? A
plusieurs, comme un mouton, j’aurais
peut-être suivi les autres afin de ne pas passer pour un
faible. Mais là, seul,
dans ce cabinet de réflexion, j’étais
face à moi même avec mes doutes et mes
incertitudes. Quelles étaient mes véritables
intentions ? Après cette
introspection, ayant levé mes doutes, mon intention a
été de continuer.
Que voulaient dire tous ces
symboles à l’intérieur du cabinet de
réflexion ? J'étais loin d'imaginer
et de comprendre toutes ces portées symboliques. Je n'ai pas
la prétention de
les connaitre mieux aujourd'hui, mais seulement d'avoir
soulevé un coin du
voilage et de les découvrir sur le chemin de mon
apprentissage. Ayant lu quels
ouvrages au préalable, avant mon Initiation, je pensais
avoir tout compris,
mais finalement seul le vécu aide à la
compréhension. Une phrase du poète
Machado (1875 – 1939) pourrait convenir assez bien
à mon erreur :
"voyageur, il n'y à pas de chemin, le chemin se fait en
marchant".
L'initiation n'est pas une
finalité, mais un commencement. Le sablier du temps est,
pour moi je l'espère,
loin de s'arrêter de couler. Chaque jour dans le temple
où en dehors, je
continue de travailler et d'apprendre en respectant cette
bannière qui
m'indique la marche à suivre "vigilance et
persévérance".
Cependant une situation
difficile, une fatigue importante, une pression professionnelle, des
contraintes
familiales peuvent me conduire à
m’écarter du bon chemin. Comme le signifient
les ossements croisés, je pourrais succomber aux chants des
sirènes, car il est
plus facile parfois de satisfaire nos désirs d'une
manière égoïstes et de
prendre des chemins de traverse que de continuer sur le chemin ardu de
la
connaissance et de la tolérance.
Ainsi dès son entrée dans le
cabinet de réflexion tout est expliqué au
profane. Le chemin symbolique qu'il
doit parcourir pour ce voyage initiatique qu'Hermès (le
coq), dieu
bienveillant, guidera et protègera. Il devra mourir pour
renaitre (le crâne).
Il sera tiraillé par son
esprit, par
ces avaries (ossements de tibias croisés).
Cependant, son passé est aussi son avenir
et son présent (le sablier).
Il y aura un avant et un après (la faux). Seul son travail
et sa persévérance
(la bannière) pourront être
récompensés par la lumière et l'aube
d'un être
nouveau.
J'ai dit
R\ B\
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