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Le Miroir Vénérable
maître et vous tous mes frères en vos rangs,
degrés et qualités. J'ai
effectué mon travail d'augmentation de salaire sur le
thème du miroir. Après
une brève introduction, je traiterai, dans un premier temps,
du miroir face à
la connaissance, dans un deuxième temps du miroir face
à l’être et dans un
troisième temps du miroir face à moi. On
connaît la fortune du miroir dans la littérature
occidentale : des contes traditionnels
aux contes modernes, du fantastique au surréalisme, le
miroir excite les
imaginations, car c'est un objet étrange : d'une part, le
reflet de soi dans le
miroir dédouble le sujet et d'autre part, l'espace du reflet
peut être perçu
comme le prolongement de l'espace réel au-delà du
miroir. Mais
cet objet n'est pas
l'apanage du monde occidental. Le miroir est présent depuis
fort longtemps dans biens
des parties
du monde, en Chine, au Japon comme en Égypte. Egalement, la
surface
réfléchissante de l'eau ou d'une quelconque
matière pouvant refléter l’image a
tout de même permis aux hommes qui ne possédaient
pas de miroir de pouvoir
admirer leur reflet. Le
miroir et la connaissance L'étymologie
du mot miroir vient du latin
« mirari » qui signifie admirer
mais aussi regarder avec étonnement,
avec surprise. Il
existe également
plusieurs synonymes du mot miroir, dont un
« spéculum » a
donné le
nom de spéculation bien en rapport avec la Franc
Maçonnerie actuelle ; A
l’origine, spéculer était le
phénomène d'observation du ciel et des mouvements
relatifs aux étoiles grâce à
l’utilisation d'un miroir. Ces études, grandement
intellectuelles, ont supposé que le miroir, en tant que
surface réfléchissante
et d’un éclat absolu, est le support d'un
symbolisme extrêmement riche dans
l'ordre de la connaissance. En
effet, le miroir limpide est un symbole de la
sagesse et de la connaissance alors que le miroir couvert de
poussière est
celui de l'esprit obscurci par l'ignorance. Saint
Paul, dans l'épître aux corinthiens,
mentionne le miroir qui peut faire progresser la connaissance de
soi-même ; je vous en livre le passage : «
La charité ne périt jamais. Les
prophéties prendront fin, les langues
cesseront, la connaissance disparaîtra. Car nous connaissons
en partie, et nous
prophétisons en partie, mais qu'en ce qui est parfait sera
venu, ce qui est
partiel disparaîtra.
Lorsque j'étais
enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je
résonnais
comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j'ai fait
disparaître ce qui
était de l'enfant. Aujourd'hui
nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure,
mais alors nous
verrons face-à-face ; aujourd'hui je connais en partie, mais
alors je
connaîtrai comme j'ai connu. » Fin
de citation. La
connaissance de Dieu est pareille à une image
obscure réfléchie par un miroir. Il s'agit bien
là d'une incitation à
s'examiner soi-même, à grandir et tendre ainsi
vers la perfection car Dieu
n’est il pas le miroir parfait, celui qui renvoie
l’image la plus pure de l’homme
à l’homme. Lorsque
l’homme est un tout jeune enfant, il ne
sait pas comment se comporter face aux différentes
représentations que
lui renvoie un miroir. Il va, tout
d’abord, commencer par vouloir agir avec le miroir comme si
une autre personne
se tient devant lui, avec un mélange
d’étonnement et de fascination. Il va
percevoir l’espace du reflet comme un prolongement de
l’espace réel avec ce que
l’on appelle la stratégie du contournement du
miroir. Puis, viendra la
reconnaissance de soi, avec la faculté
d’identifier le geste et la parole.
Enfin, ce n’est que vers l’âge de trois
ans, âge qui est le mien actuellement,
que l’enfant lèvera le voile sur tous ces
paradoxes face à une apparence
devenue familière. Mais bien sur, il ne s’agit
là que des premiers
balbutiements de ce qui sera une existence. Le
miroir et l’Être La
symbolique du miroir s'appuie ainsi sur la
réalité bien étrange d'une forme de
perception qui donne à voir un double de
soi et de ce qui nous entoure. Dans la pratique initiatique, le miroir
joue un
rôle de premier plan car son pouvoir
réfléchissant permet une mise en
profondeur de l'être et rend possible un travail complexe sur
celui-ci : C’est
la mise en relation énigmatique de soi et
de l'autre, avec nos incertitudes et nos doutes. Dans le cabinet de
réflexion,
le face-à-face de l’Être avec son propre
reflet manifeste que l'initiation est
un retour sur soi. Le miroir ne sert alors pas d’objet de
réflexion mais de
réflexion sur l’objet qui se reflète.
C’est une des façons d’aborder ce
symbole
que l’on peut percevoir de prime abord comme une
épreuve à surmonter. Fixer
intensément sa propre image, et notamment
se regarder soi-même dans les yeux, permet ainsi d'instaurer
une relation avec
soi. Car loin de n’être qu’une simple
confrontation, le retour sur soi est
toujours un travail de transformation, de métamorphose, du
à phénomène de
concentration sur sa propre image. L'initiation repose donc ainsi sur
notre
propre usage du miroir qui permet un échange avec l'autre,
avec toutes les
difficultés que cela amène. Car
que renvoi t-il sinon la vérité, la
sincérité et notre propre conscience. Je
voudrais citer Carl Gustav Jung, psychiatre suisse qui a
été le pionnier de la
psychologie des profondeurs : « Le
miroir ne flatte pas, il montre fidèlement ce qui regarde en
lui, à savoir le
visage que nous ne montrons jamais au monde, parce que nous le
dissimulons à
l'aide du masque du comédien. Le miroir, lui, se trouve
derrière le masque et
dévoile le vrai visage. C'est la première
épreuve de courage sur le chemin
intérieur, épreuve qui suffit à
effaroucher la plupart, car la rencontre avec
soi-même est de ses choses désagréables
auxquels on se soustrait tant que l'on
a la possibilité de projeter sur l'entourage tout ce qui est
négatif. » Pour
ma part, j’ajouterai qu’il y a également
un
miroir qui nous permet de tomber ce masque, c’est le regard
des autres, ce
regard par lequel nous sommes. Ce qui soulève le
caractère important de nos
actes et combien nos agissements peuvent donner un sens, positif ou
négatif, à
notre vie et de quelles façons ils peuvent changer ce que
nous sommes. Cela me
laisse penser que, symboliquement, l’homme est un miroir pour
l’homme et qu’il
faut d’abord arriver à bien se percevoir pour
pouvoir percevoir les autres de
la façon la plus juste. Le
miroir et Moi A
mon sens, le miroir est le symbole important
de mon parcours maçonnique, celui qui m'a permis de
commencer mes premiers pas
sur mon chemin initiatique. Car il y
a bien une première question que je me suis posé
face à lui : qu’est ce
que je fais ici ? Mais pas dans le sens de savoir si
j’avais effectué le
bon choix en étant là mais celui de me demander
si j’allais être à la hauteur
de ce qui m’attendais ou de mes espérances. Je
sais maintenant que
si je suis entré en Maçonnerie c’est
pour effectuer un travail de réflexion, qui est personnel,
sur ma propre
spiritualité. C'est
dans le cabinet de réflexion que le
miroir, au-delà de ma propre image physique, m'a fait
imperceptiblement prendre
conscience de mon image spirituelle et de son évolution par
la connaissance du
moi. De façon imagée, chaque reflet de
moi-même que j'y ai perçu était unique
car, de même que s'écoule le temps, ce reflet
change inexorablement et me
renvoie à ma propre évolution.
Évidemment, l'image physique que l'on voit dans
le miroir du cabinet de réflexion est claire, sans aucune
opacité alors que
l'image spirituelle, constituée par l'essence même
de chaque être, est
invisible voire nébuleuse. C'est
aussi pendant la cérémonie d'initiation
que, pour la seconde fois, le miroir a joué un
rôle important. Ce face-à-face a
été plus brutal lorsque, après avoir
balayé mon environnement immédiat du
regard et constater qu'aucun ennemi ne composé cette
honorable assemblée, le
Vénérable Maître me suggéra
que les ennemis que je pouvais le plus craindre se
trouver peut être derrière moi et que je
m'aperçus de nouveau dans ce symbole.
Oui, ce fut un moment fort, fort mais juste, car j'ai toujours
estimé que l'on
est vite prompte à combattre celui que l'on
considère comme son ennemi et qu'il
est souvent inconcevable de penser que l'on puisse être celui
ci. Dès lors, on
préfère chasser cette idée d'un revers
de la main plutôt que d'avoir à
affronter ses propres démons. Est-ce que cela signifie alors
que l'on ne
souhaite pas se retrouver face à ses propres
défauts ? Oui et non sont
possibles. D'un côté, personne n'aime regarder son
reflet dans un miroir car,
la plupart du temps on y voit de petites, voire de grandes
imperfections. D'un
autre côté, voir ses imperfections n'est-ce pas
prendre conscience de leurs
existences et qu'elles sont sûrement modifiables voire
effaçables. Tout
ce que je sais à l’heure actuelle est que
ce symbole qu’est le miroir ne me parlera que si je veux bien
l’écouter.
Comment pourrai-je être Franc Maçon si je ne suis
pas capable de chercher qui
je suis afin d’effacer ce que je crois être.
Simplement, il n’est pas de
meilleur juge que celui qui ose affronter la
Vérité et si soumettre. J’ai dit M\ P\ |
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