Obédience : NC Loge : NC 02/04/2009


Le Pavé Mosaïque

Le pavé mosaïque est présent dans nos loges depuis l’origine de la maçonnerie. Pavé, qui vient du latin « Pavare » signifie « battre la terre pour l’aplanir, niveler le sol » mais aussi on peut définir le mot Pavé par « bloc de pierre cubique destiné au revêtement de certains sols ». C’est donc un sol « construit ». Ce pavé mosaïque est posé sur la terre. Lors d’une construction, il faut prêter une attention particulière aux fondations car c’est sur elles que va reposer le reste de l’édifice. Cette fondation, la terre, d’où l’apprenti vient (cabinet de réflexion) peut aussi faire référence à nous même. Nous venons de la terre et devrons évoluer vers ce pavement.

Le pavé mosaïque est composé de carrés noirs et blancs formant un damier en forme de carré long. Ce carré long ou double carré est important dans la maçonnerie opérative car il est une clef du nombre d’or. Grace à lui on pourra obtenir la section dorée utilisée par les maitres mâcons « constructeurs » pour tracer les plans.

Le pavé mosaïque occupe, selon les rites et/ou les temples, une partie ou toute la surface du temple, excepté l’Orient. Il s’agit là du pavé mosaïque physique, construit. C’est autour de lui ou sur lui, que se déplaceront les frères en fonction des cérémonies. D’un autre côté nous avons le pavé mosaïque symbolique représenté sur le tableau de loge et bien délimité par les 3 piliers. Il représente un espace sacré, il est le centre primordial qu’aucun initié ne peut fouler. Serait-ce le champ principal du chemin de l’initiation ? Tous nos travaux en loge se déroulent sur et autour du pavé mosaïque. C’est sur lui que l’on crée l’espace sacré lors du tracé du tableau de loge. Je reviendrais plus tard sur ce point.

La couleur de ses carrés, noirs et blancs, m’évoquent la dualité, les opposés. Ces couleurs représentent le bien et le mal, le jour et la nuit, l’ombre et la lumière, ciel et terre, masculin et féminin, etc. On ne peut regarder ces couleurs sans y penser et imaginer que cette alternance de carrés évoque la vie en elle-même faite de contraires. Aucun des ces contraires ne peut exister l’un sans l’autre. En effet, il n’y aurait pas de lumière sans obscurité, pas de jour sans nuit, pas de bien sans mal… Comment pourrions savoir qu’il fait jour si nous ne connaissions pas la nuit ? Comment savoir que je fais le bien si je ne connais pas le mal ? « La dualité est en fait inhérente à toute vie, ce qui ne veut pas dire que la vie se résume à la dualité ».

Peut être aussi ces 2 couleurs veulent elles nous montrer avec le noir, nos defaults et avec le blanc, nos qualités. Que finalement il faudra apprendre à se connaitre soi même, à se corriger, s’améliorer car on ne peut pas être en harmonie avec les autres si l’on ne se connait pas soi même. Il faudra s’accepter et dépasser cette dualité.

Je suis tenté à ce stade ci de faire une introspection dans notre rituel et de constater qu’il est, lui aussi, rempli d’opposés. Le bandeau n’est il pas là pour priver le profane de sa vue de manière à ce qu’il trouve dans son intérieur la « sincérité » pour ses réponses, montrer qui il est vraiment. Je le mets dans l’obscurité pour que sa lumière intérieure guide ses réponses ? Le cabinet de réflexion me plonge dans l’obscurité pour me permettre une introspection intérieure. La cérémonie d’initiation me donne la lumière. Le tracé du tableau de loge me montre comment depuis les ténèbres la lumière est révélée. Nos travaux commencent à midi et finissent à minuit. Etc. Pour un profane, toute cette dualité peut sembler normale et c’est elle qui nous amènera aux excès dans la vie. Mais pour un maçon s’agit-il là de vivre cette dualité ou bien alors d’essayer de concilier ces contraires de manière à trouver l’équilibre. C’est aussi dépasser la dualité pour aller vers la complémentarité par l’ouverture et trouver l’unité. Prendre un axe vertical, alors qu’il était horizontal.

Le pavé mosaïque représente un chemin de vie pour l’initié qui lui permettra tout le long de sa vie, de proportionner ses sentiments, actes, pensées, etc.

Comme je l’ai dis plus haut, le pavé mosaïque peut aussi être associé à l’un des éléments de la construction symbolique de notre loge. Il en représente la base, le sol. Il nous indique le mouvement et assure la stabilité à partir de laquelle nous pourrons construire notre œuvre. Ceci est une nouvelle règle de vie pour nous.

Il uni les frères de toutes origines et c’est autour de lui que nous créons la chaine d’union. Ensemble pour ne faire qu’un sans annuler notre propre individualité. Car il est composé de carrés uniques, mais qui sont liés par les joints.

Il est une partie invisible sur le pavé mosaïque, que seul l’initié peut voir, ce sont les joints qui unissent les carrés noirs et blancs. Il existe une expression qui dit « faire le joint entre... ». C’est donc apprendre à concilier les contraires. Un lieu ou l’on œuvre à maitriser (vaincre dans le rituel) ses passions, ou l’on soumet notre volonté à nos devoirs et ou l’on fait des progrès, comme nous le dit notre rituel. Ces joints sont le chemin de l’initié.

Pourquoi ce tableau de loge est il posé sur le pavé mosaïque, en son centre et au dessous du fil à plomb ? Le pavé mosaïque représente le monde avec toutes ses dualités, il nous montre le chemin en perpétuel mouvement, comme l’est tout l’univers : alternance des cycles, saisons. Le tableau de loge sera la représentation de notre propre chemin intérieur avec tous ses symboles et parmi eux figure notre propre pavé mosaïque. Ce pavé mosaïque devra être notre propre règle de vie que nous aurons à bâtir en ayant concilié et dépassé tous ces contraires. En somme, réunir ce qui est épars, abandonner cette notion de dualité pour pouvoir s’élever spirituellement, libre de toute attache. Avec ceci je veux dire que nos dualités son crées par notre propre moi car elles se référent à notre expérience de la vie et que si nous arrivons à nous en libérer, alors pourrons-nous commencer l’ascension. Mais aucune libération ne sera possible si nous ne sommes pas conscients de ces dualités. Nous devrons enlever nos œillères et les accepter.

Dans la vie profane, depuis notre naissance nous sommes en mouvement. Il nous faut apprendre et expérimenter pour grandir. Enfant, nous sommes totalement dépendants de notre environnement proche.

Nos parents nous enseignent et nous montrent ce qu’ils croient être bons et utile pour nous. Nous absorbons leurs savoirs et expérimentons leurs enseignements pour pouvoir nous les approprier. Cette expérience nous donnera les outils pour avancer ou bien, pour reculer. Chacun y trouvera ses propres ingrédients, les digérera à sa manière et forcement l’être que je suis apportera son lien à cette recette. Un peut plus de ceci, trop de cela, etc.

Tout le long du chemin, il va falloir, observer, apprendre et expérimenter. Nous allons d’abord apprendre à marcher puis à parler et bien sur nourrir et développer notre cerveau. Pendant toute notre jeunesse, il va falloir comprendre et assimiler toutes sortes de concepts qui ne nous paraissent pas forcement naturel. Pourquoi ce que je fais est bien ou est mal, pourquoi je dois faire ceci ou cela, pourquoi parfois je ressens du plaisir et à d’autres moments de la frustration. Quelle est donc le lien entre ces contraires ? Pour ma part je dirais aujourd’hui, que ce lien c’est moi, ma personne, mon esprit, mon discernement. C’est l’homme que je suis devenu et celui que je deviendrais. C’est ce JE inconnu que je devrais découvrir.

Ce processus nous amènera à accepter que l’un ne puisse exister sans l’autre, et bien souvent, à expérimenter les excès de l’un pour se rendre compte que l’autre est aussi important. Ce processus de recherche intérieur ne peut s’entreprendre sans un brulant désir de mouvement et parfois le besoin de trouver des outils pour nous y aider. En tant qu’apprenti, il nous est donné certains outils et symboles pour y parvenir ; mais aussi cette fraternité, si importante et si riche par la complémentarité que l’on peut y trouver et par la transmission d’où l’on s’abreuvera.

Pour conclure, se connaitre n’est pas tant de savoir si ce que je fais est bien ou mal, mais pourquoi je le fait. Tout ceci n’a qu’une seule finalité : la connaissance de soi. Mais si elle est gardée pour soi, elle est inutile. Il est vrai que se connaitre est primordial, qu’élever son esprit aussi, mais si nous devions garder cela pour nous même, alors à quoi bon ?

Dans ces cas là, autant s’enfermer et vivre retiré du monde. Au contraire, partager, aller vers l’autre et transmettre… Quel bonheur pour l’homme et quel bonheur pour celui qui reçoit ! Kafka disait : « La croissance de l’homme ne s’effectue pas du bas vers le haut, mais de l’intérieur vers l’extérieur ».

Mais, en fait, n’est ce pas là, le travail de tout initié que d’être en mouvement perpétuel ? Les choses bougent et ne se ressemblent pas au cours du temps. Je pourrais relire cette planche demain ou plus tard et continuer à la modifier car chaque minute, chaque jour, le mouvement me nourris et m’ouvre d’autres visions, d’autres interprétations.

Je finirais en vous disant V\ M\ Mes chers FF\, que je sais, que je ne sais toujours pas.

J’ai dit.

C\ A\


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