Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Bleu, Bleu, le ciel de Provence... Bleu : union du ciel, et par
réverbération, de la mer. Le bleu est la couleur du ciel et de l'eau. Il symbolise l'infini, le divin, le spirituel. Il invite au rêve et à l'évasion spirituelle. Par extension, il évoque la paix, le calme, la volupté. Associé au froid, le bleu est symbole de fraîcheur et de pureté. On ne le dit jamais assez. Le bleu est la couleur préférée de tout un chacun. Loin devant le vert et le rouge. Du pastel à l'indigo, du marine à l'outremer. On connaît le bleu de Vermeer ; il y a aussi celui de Philippe de Champaigne, celui des portraits-charge sous le Second Empire, des reproductions des poilus dans les tranchées de 14-18, celui des Gauloises... Quels que soient le sexe, les origines sociales, la profession ou le bagage culturel, le bleu écrase tout. Et le vêtement en est la principale manifestation, des uniformes au jean. Mais il n'en pas toujours été ainsi. Au contraire. Dans l'Antiquité, la couleur bleue est délaissée, voire méprisée. A Rome, c'est la couleur des barbares, de l'étranger (les peuples du Nord comme les Germains aiment le bleu). De nombreux témoignages l'affirment : avoir les yeux bleus pour une femme, c'est un signe de mauvaise vie. Pour les hommes, une marque de ridicule. On retrouve cet état d'esprit dans le vocabulaire : en latin classique, le lexique des bleus est instable, imprécis. Lorsque les langues romanes ont forgé leur vocabulaire des couleurs, elles ont dû aller chercher ailleurs, dans les mots germaniques (blau) et arabe (azraq). Chez les Grecs aussi on relève des confusions de vocabulaire entre le bleu, le gris et le vert. Les textes bibliques anciens en hébreu, en araméen et en grec utilisent peu de mots pour les couleurs et ce seront les traductions en latin puis en langue moderne qui les ajouteront... Mais, à l'exception du saphir, pierre préférée des peuples de la Bible. Il y a peu de place pour le bleu. Il n'y a pas à ce moment-là de progrès particulier dans la fabrication des colorants ou des pigments. Ce qui se produit, c'est un changement profond des idées religieuses. Le Dieu des chrétiens devient en effet un dieu de lumière. Et la lumière est...bleue ! Pour la première fois en Occident, on peint les ciels en bleu-auparavant, ils étaient noirs, rouges, blancs ou dorés. Les hommes d'Eglise sont de grands coloristes, avant les peintres et les teinturiers. Certains d'entre eux sont aussi des hommes de science, qui dissertent sur la couleur, dont des expériences d'optique, s'interrogent sur le phénomène de l'arc-en-ciel... Lumière ou matière ? La première hypothèse l'a largement emporté et, du coup le bleu, s'est répandu non seulement dans les vitraux et les oeuvres d'art, mais aussi dans toute la société. En trois générations, le bleu devient à la mode aristocratique. La technique suit : stimulés, sollicités, les teinturiers rivalisent en matière de nouveaux procédés et parviennent à fabriquer des bleus magnifiques. C'est ainsi que le bleu devient en quelque sorte le contraire de rouge. On utilisera pour les vitraux un produit fort cher, le cafre (que l'on appellera bien plus tard le bleu cobalt). Il deviendra le célèbre bleu de Chartres. Les conséquences économiques sont énormes : la demande de guède, cette plante mi-herbe, mi-arbuste que l'on utilisait dans les villages comme colorant artisanal, explose. Sa culture devient soudain industrielle, et fait la fortune de régions comme la Thuringe, la Toscane, la Picardie ou encore la région de Toulouse. On la cultive intensément pour produire ces boules appelées « coques », d'où le nom de pays de cocagne. C'est un véritable or bleu ! On a calculé que 80% de la cathédrale d'Amiens, bâtie au XIIIème siècle, avait été payée par les marchands de guède. A Strasbourg, les marchands de garance, la plante qui donne le colorant rouge, étaient furieux. Ils ont même soudoyé le maître verrier chargé de représenter le diable sur les vitraux pour qu'il le colorie en bleu, afin de dévaloriser leur rival. Cela durera jusqu'au XIIIème siècle. A la fin du Moyen Age, la vague moraliste, qui va provoquer la Réforme, se porte aussi sur les couleurs, en désignant des couleurs dignes et d'autres qui ne le sont pas. La palette protestante s'articule autour du blanc, du noir, du gris, du brun...et du bleu. Comparez Rembrandt, peintre calviniste qui a une palette très retenue, faite de camaïeux, et Rubens, peintre catholique à la palette très colorée... Regardez les toiles de Philippe de Champaigne, qui sont colorées tant qu'il est catholique et se font plus austères, plus bleutées, quand il se rapproche des jansénistes...
Ce discours moral, partiellement repris par la Contre-Réforme, promeut également le noir, le gris et le bleu dans le vêtement masculin. Il s'applique encore de nos jours. Au XVIIIème siècle, il devient la couleur préférée des Européens. La technique en rajoute une couche : dans les années 20, des alchimistes de Berlin inventent le fameux bleu de Prusse, qui va permettre aux peintres et aux teinturiers de diversifier la gamme des nuances foncées. De plus, on importe massivement l'indigo des Antilles et d'Amérique centrale, dont le pouvoir colorant est plus fort que l'ancien pastel et le prix de revient, plus faible que celui d'Asie, car il est fabriqué par des esclaves. Toutes les lois protectionnistes s'écroulent. L'indigo d'Amérique provoque la crise dans les anciennes régions de cocagne, Toulouse et Amiens sont ruinées, Nantes et Bordeaux s'enrichissent. Le bleu devient à la mode dans tous les domaines. Les jeunes Européens s'habillent en bleu, et la poésie romantique allemande célèbre le culte de cette couleur si mélancolique - on en a peut-être gardé́ l'écho dans le vocabulaire, avec le blues... En 1850, un vêtement lui donne encore un coup de pouce : c'est le jean, inventé à San Francisco par un tailleur juif Lévi-Strauss (Bleu de Gênes), le pantalon idéal, avec sa grosse toile à l'indigo, le premier bleu de travail. Il faut attendre les années 1930 pour que, aux Etats-Unis, le jean devienne un vêtement de loisir, puis un signe de rébellion, dans les années1960-1970, mais pour un court moment seulement, car un vêtement bleu ne peut pas être vraiment rebelle. En France, il fut la couleur des républicains, s'opposant au blanc des monarchistes et au noir du parti clérical. Mais, petit à petit, il a glissé vers le centre, se laissant déborder sur sa gauche par le rouge socialiste puis communiste. Il a été chassé vers la droite en quelque sorte. Après la Première Guerre mondiale, il est devenu conservateur (c'est la Chambre bleu horizon). Il l'est encore aujourd'hui. C'est une couleur consensuelle, pour les personnes physiques comme pour les personnes morales : les organismes internationaux, l'ONU, l'UNESCO, le Conseil de l'Europe, l'Union européenne ainsi que les Francs Maçons, tous ont choisi un emblème bleu. On le sélectionne par soustraction, après avoir éliminé les autres. C'est une couleur qui ne fait pas de vague, ne choque pas et emporte l'adhésion de tous. Si le bleu est la couleur de l'esprit et de la pensée, c'est aussi celle du rêve et c'est pour cela qu'elle a été utilisée par de nombreux peintres. Elle calme, crée la détente, est propice au développement de la vie spirituelle. L'époque contemporaine a conduit de nombreux artistes à utiliser cette couleur : Citons-en quelques uns qui ont donné, soit à un moment de leur parcours, soit tout au long de leur carrière, la primeur à cette couleur : Matisse : Nu bleu Miro: Bleu I, II, III Kandinsky
: Bleu de ciel Klein :
Monochrome Aujourd'hui, quand les gens affirment aimer le bleu, cela signifie au fond qu'ils veulent être rangés parmi les gens sages, conservateurs, ceux qui ne veulent rien révéler d'eux-mêmes. En Franc Maçonnerie, les 4 grades de l'Ecossisme comprennent en premier lieu la Maçonnerie Bleue (concernant les loges symboliques). Les loges des 3 premiers grades, Apprenti, Compagnon, Maître sont appelée loges bleues, alors que seule la loge du grade d'apprenti est en réalité tendue de Bleu. La couleur Bleue est celle du Ciel et de la Tolérance qui doit caractériser le désir d'excelsion et conditionner l'attitude des Maçons des 3 premiers grades. La Loge Bleue représente symboliquement le Cosmos. En fait, elle est à ciel ouvert sur la voûte étoilée, indiquant les possibilités d'élévation spirituelle auxquelles chaque maçon peut tendre. A,l'image de l'apprenti ; qui en étant initié, chemine, hésitant sur la voie de la connaissance, de nombreuses expressions traduisent cette idée de débutant : Se faire avoir comme un bleu : comme un débutant. À l'Armée, et dans certains milieux professionnels, un bleu est un débutant, une jeune recrue sans expérience (bleusaille). D'autres expressions utilisant le mot Bleu Un bas-bleu :
femme intellectuelle, écrivaine pontifiante
(péjoratif) Un Cordon Bleu était, sous l'ancien Régime le surnom donné à un chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit. Il désigne aujourd'hui un grand chef cuisinier. Le sang bleu est le signe de la noblesse.Un col bleu (de travail) est un ouvrier alors qu'un col blanc est un employé (de bureau) ; Le bleu de chauffe, le bleu de travail, est un vêtement de couleur bleue utilisé pour les travaux salissants. Être fleur bleue : être naïf, rêveur ou romantique ; Avoir une peur bleue : avoir énormément peur Le grand bleu désigne l'océan, la grande bleue la mer ; Si on a des Bleus à l'âme, le bleu réfère aussi, dans les pays anglo-saxons notamment, à la tristesse. L'expression « blue devils » signifie « idées noires ». Le « blues » est un état de mélancolie (spleen) qui a donné le blues, un genre musical. Le Baby Blues est le nom donné à l'état dépressif de la jeune mère pouvant survenir après l'accouchement... Le bleu est généralement une couleur masculine, par opposition au rose pour les filles. Vue depuis l'espace, la terre, recouverte à 70 % d'eau, doit sa tonalité bleue à la réflexion du ciel dans l'eau des mers et des océans. C'est la Planète Bleue. J'ai dit. S\ H\ |
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