GLSA Loge : Fidélité et Prudence - Orient de Genéve - Suisse Date : NC


Le Labyrinthe

Le Labyrinthe de ma Vie

Quand mon parrain m’a proposé de travailler sur ce sujet, je fus à la fois séduit par la profondeur de ce mythe et un peu effrayé par les innombrables ramifications labyrinthiques de ce travail. C’est comme si j’avais peur d’y pénétrer, d’affronter les méandres, les impasses, les écueils et de ne pas y trouver la sortie.

Je pris vite le parti de me laisser porter par une autre évocation qui s’imposa à moi. Ce labyrinthe avait vraiment des parfums d’enfances. Je me revoyais le crayon en main, cherchant la bonne voie, buttant dans des impasses, pour finalement arriver vainqueur à la porte du trésor. Ces jeux de labyrinthe allaient être ma première approche, sans vraiment prendre conscience que ce labyrinthe était à l’image de la vie. Je pensais aussi à tous ces contes de fées, où je tremblais de peur en accompagnant le héros dans sa quête sur des chemins parsemés d’épreuves, et à ce jeu de l’oie, où, croyant être si près du but, j’étais ramené, par un mauvais coup du sort, à la case DEPART.

L’image de ce labyrinthe exerce une forte impression sur l’âme d’enfant qui demeure en chacun de nous. Pour l’enfant, il est synonyme d’aventures et offre ce qu’il faut d’angoisse et d’insécurité pour éprouver l’individu vers de nouveaux défis.

Mais il m’arrivait aussi, dès mon plus jeune âge de m’aventurer dans le labyrinthe de la connaissance. Je cherchais des réponses à des questions fondamentales sur le sens de la vie.

Je m’étourdissais dans ce labyrinthe méta physique ne trouvant pas de réponse à la question sur l’origine du premier œuf – où de la première poule. Dans ma quête de sens, je me heurtais à des impasses, me disant qu’il n’était pas possible que du néant ait pu naître quelque chose ou qu’un créateur ait pu toujours exister. Je pensais alors, que peut être, quand je serais grand, je trouverais la réponse ---

Après cette première évocation, une deuxième se présenta à mon esprit. Toute vie est un cheminement plus ou moins aisé. Si très vite j’ai trouvé ma voie dans la vie professionnelle, ou je suis rentré avec enthousiasme dans la carrière enseignante, j’ai par contre longtemps erré sur des chemins pleins d’impasses et d’écueils en risquant même de perdre la maîtrise de ma vie. En survolant aujourd’hui rapidement mon passé, je vois que trois portes importantes qui allaient changer le cours de ma vie se sont ouvertes.

     La première fut celle de la sobriété
     La deuxième fut celle de la paternité
     La troisième fut celle de la franc-maçonnerie

Je crois que nous recourons souvent à notre passé pour évoquer le labyrinthe (difficultés surmontées, situations complexes résolues, itinéraires empruntés, nature de nos choix.) la vie exige parfois beaucoup de courage, mais je crois qu’il faut éviter de voir le labyrinthe comme une forme emblématique d’un chemin tortueux d’où l’on ne ressort que rarement vainqueur mais plutôt le considérer comme une aide qui nous permet d’appréhender les épreuves du quotidien avec un certain recul. Ce qui est important c’est que la voie empruntée ait été choisie au plus près de sa conscience même si notre décision devait aboutir à une impasse.

Étymologie

Les labyrinthes, que ce soient ceux de l’Antiquité où ceux des cathédrales restent auréolés de mystères. Pour un grand nombre, l’image du labyrinthe est un parcours constitué de chemins embrouillés ou les multiples culs-de-sac, les voies repliées et les entrelas complexes découragent et égarent l’audacieux qui aurait eu la témérité de s’y aventurer.

Le grand dictionnaire Larousse nous dit que LABYRINTHE vient du latin « Labyrinthus » et le définit comme un vaste édifice comprenant d’innombrables salles agencées de telle manière que l’on n’en trouve que difficilement la sortie. Hérodote décrit celui du lac Moeris construit par Amenemhat III sous la 12e dynastie. Il comprenait 3000 chambres, Anubis, le chacal, l’un des multiple dieu égyptien, prenait en charge les âmes des défunts pour les conduire jusqu’à Osiris, afin que ce dernier prenne sa décision sur le devenir des morts.

Une des racines de labyrinthe est « Laborintrus » mot latin qui comporte la racine « Labor », travail, dans le sens d’effort. De ce terme découlent plusieurs mots dont « Labrum », sillon ouvert par le « Labrus », non donné pour une hache à double tranchant, qui sépare le haut du bas, le bien du mal, le profane du spirituel. Une autre origine du nom serait « Labra » qui désigne les cavernes, les galeries de mines et « Inthos » suffixe de racine pré-indo germanique qui se rapporte aux jeux d’enfants.

Ces labyrinthes à trois dimensions, avec leurs voies sans issues, ont peu à peu laissé place au labyrinthe à deux dimensions et à une seule voie venant du centre après des croisements et des retours en arrière.

Les Labyrinthes des Églises

Il en existe des circulaires (Saint Vital de Ravenne, Bayeux. Saint Michel de Pavie) des carrés (Basilique San Repartus d’Orleansville, San Bertas à St Orner) et octogonaux (St Quentin, Arras, Reims. Amiens).

C’est à l’époque où furent mises en chantier les cathédrales gothiques que se développèrent les labyrinthes. L’idée du labyrinthe est probablement venue de la caverne et de la grotte. Ces lieux avaient été choisis par l’homme pour célébrer des cérémonies religieuses. Les labyrinthes d’églises sont en deux dimensions, reproduits sur le sol de la nef. Ils préfigurent le long cheminement, une sorte de pèlerinage initiatique avant de rejoindre le royaume de Dieu. Le plus souvent ils sont désignés sous le nom de chemin de Jérusalem. Ils nous montrent qu’il n’y a qu’une seule voie, celle du salut et ils sont parfaitement balisés et ne mettent pas en danger celui qui avance.

Le plus ancien labyrinthe que nous rencontrons dans une église est celui de Chartres. Du temps des croisades, nombreux étaient ceux qui ne pouvaient aller en Terre Sainte. Ils parcouraient ainsi le labyrinthe par substitut faute de pouvoir partir. Tout homme qui part en pèlerinage, avec un but géographique sur la planète, cherche à retrouver son créateur et il arrive au terme de ses pérégrinations en état de symbiose avec l’environnement créé par Dieu. Il fait alors partie du TOUT, a rejoint le UN.

L’homme qui parcourt le labyrinthe part dans un voyage initiatique virtuel. La dernière station se faisant à genoux, le dernier pas au centre du labyrinthe. Ce pas qui oblige le pèlerin à se relever était appelé « Saut de la Joie ».

Le Labyrinthe Crétois

Les labyrinthes des églises, qui ne sont pas destinés à égarer mais à conduire, sont à l'image de la quête spirituelle ; mais qu’en est-il de l’incontournable labyrinthe mythique de Cnossos ? On sait que la hache à double tranchant était utilisée comme représentation de la dynastie minoenne symbolisant la double lune, croissante et décroissante, déesse tutélaire de l’île de Crête où se trouve le labyrinthe de Cnossos. Dans ce labyrinthe le Minotaure, un monstre mi-homme, mi-taureau était prisonnier. Tous ceux qui s’aventuraient à l’intérieur périssaient.

Pour apaiser le Minotaure, Minos exigea de la ville d’Athènes vaincue un tribut de sept filles et sept garçons, tous adolescents. Thésée, fils de Egée roi d’Athènes, décida de mettre fin à la terrible malédiction qui frappait sa cité. Se dissimulant parmi les jeunes sacrifiants convoqués par Minos, il rejoint la Crète avec l’ambition d’anéantir le Minotaure Si son entreprise doit réussir, il était convenu que, sur la route du retour, son navire hisserait des voiles blanches. Autrement il conserverait en signe du deuil pour les jeunes victimes immolées les voiles noires arborées au départ.

Ariane, la propre fille de Minos, s’éprend de Thésée et lui propose son aide en lui offrant une pelote de laine que lui a procuré Dédale. Thésée en attache une extrémité à l'entrée et la déroule au fur et à mesure de son avancement. Arrivé au cœur du labyrinthe, il lutte en combat singulier avec le Minotaure et le tue. C’est grâce à la pelote qu’il revient sur ses pas et retrouve la sortie. Sur les ondes du retour, enivrés de leurs amours et du succès de leur entreprise ils oublièrent d’affaler les voiles du deuil. Égée, impatient de la réapparition de son fils, déshonoré de la faillite supposée de sa mission, désespéré, se jeta des hauts murs de la citée athénienne, et dans une fin funeste se noya dans les flots de la mer, qui prit alors le nom de Mer Egée.

On pourrait dire que Thésée a provoqué le suicide de son père qui s’est laissé dominer par ses émotions. Il est clair que ceci nous interpelle en tant que francs-maçons. Tout n’est pas acquis avec l’initiation ou un passage de grade. La vie continue, et l’initié à le devoir de travailler a son perfectionnement jusqu’à la fin de sa vie. S’il ne la fait pas il retourne inévitablement dans le profane.

Le Labyrinthe et la Franc-Maçonnerie

Il m’importe maintenant après cet exposé succinct sur les deux grandes catégories de labyrinthes, ceux qui guident et ceux qui égarent, de vous faire part de mes réflexions personnelles sur les liens du labyrinthe avec la franc-maçonnerie. Il est clair que le labyrinthe n’est jamais représenté dans le Temple comme un symbole maçonnique, mais je trouve qu'il y a beaucoup de correspondances avec ma vie maçonnique.

Quand j’ai frappé à la porte de la Loge, tout en ayant quelques informations sur l'ordre maçonnique, je me suis présenté un peu comme devant un dédale dont on connaît si peu de chose. Une fois franchi le porche, j’ai eu les yeux bandés afin d’accéder au cabinet de réflexion. Je crois qu’il y a deux sortes de labyrinthes, ceux dans lesquels nous sommes engagés et ceux que nous avons choisis d’emprunter. J’ai librement choisi de rentrer dans le « labyrinthe maçonnique et depuis mon initiation, j’ai commencé mon cheminement. J'avance à petits pas sachant que le chemin est long et que je dois toujours avancer vers un perfectionnement constant.

Le labyrinthe représente aussi les différentes étapes de la carrière maçonnique. Je sais qu’il y aura des portes à franchir dans les passages de grade et je peux prévoir qu’il y aura certainement de nouveaux obstacles. Mais ces difficultés de parcours me conduiront à chaque fois à une meilleure connaissance de soi.

Le labyrinthe est aussi un lieu initiatique, exercice du V.I.T.R.I.O.L., une régression ad uterum, retour à la matrice, à l’origine, car l’âme y est encore en contact avec l’UN. Ce sens initiatique, il l’aura toutefois en partant de l’idée que l’homme possède en lui le VRAI, le BIEN et le BEAU et qu’il les a oubliés et qu’il peut les retrouver. Le symbolisme du labyrinthe est intimement lié à la notion de voyage initiatique, montrant à travers ses méandres auxquelles nous sommes soumis lors de l’initiation.L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net

Quant au fil d’Ariane, ce fil conducteur, il est plus un fil qui permet d’avancer. Il représente pour moi les outils maçonniques dont je dispose, les conseils éclairés de mes FF\, les enseignements de mes MM\ et de mes lectures qui me permettent de progresser vers une meilleure connaissance de soi et de la Lumière.

Le Centre

De toutes les images liées au labyrinthe, c’est celle du centre qui suscite en moi le plus d’interrogations. L’arrivée au centre du labyrinthe, comme au terme d’un long voyage initiatique, vous introduit dans une loge que les artistes concepteurs du labyrinthe ont souvent laissé dans le mystère. C’est comme si chacun dans sa quête devait le remplir selon ses intuitions et son propre développement, bien sur, en fonction d’un but qu’il s’est librement choisi d’atteindre. À l’image du labyrinthe crétois, on peut y voire le Minotaure, notre propre Minotaure que nous devons dominer et, à l’image du labyrinthe médiéval, la rencontre avec le divin. L’Apprenti que je suis, aspire à atteindre la connaissance mais dans l’état actuel de mon cheminement et de mon développement, j’y vois l’aboutissement d’une longue et lente quête spirituelle qui pourrait me rapprocher du divin.

Dans un labyrinthe, les premiers pas se dirigent vers le centre, ce qui permet de visualiser le but à atteindre. Mais très tôt, il faut se rendre compte, de toute évidence, que le chemin ne sera pas direct. Ce chemin est trompeur, il paraît court alors qu’il nécessite en fait un long parcours.

Quant au retour, si la tradition antique met l’accent sur la capacité à renaître vivant, la tradition chrétienne dans le labyrinthe médiévale, insiste que c’est au centre que l’homme effectue son retournement à la fois psychique et spirituel.

Les Enseignements

Ce sujet dont je n’ai pas la prétention d’avoir traité toutes les facettes et d’avoir exploré tous les chemins a eu le mérite de me faire réfléchir sur les difficultés du parcours que je rencontrerais dans ma quête personnelle. Je n’attends pas que vous me donniez les clés qui me donneraient l’accès à la chambre aux trésors. Je suis convaincu qu’avec l’aide des outils maçonniques, les enseignements reçus, ceux que je continuerais à recevoir, et, votre amour fraternel, je serais mieux armé pour progresser sereinement vers le centre.

Le labyrinthe me donne aussi le droit à l’erreur, à faire fausse route, à revenir sur mes pas et aussi à faire des pauses. Je n’attends pas, aussi, que vous me montriez le chemin. Chacun à son propre chemin. Le labyrinthe, loin de l’enseignement dogmatique laisse à chacun la possibilité d’exercer sa liberté et nul ne peut dire aujourd’hui quel chemin il aura à emprunter dans les années à venir.

Ne disposant à ce jour que de peu d’outils, je reste confiant cependant et heureux d'avoir entrepris avec vous ce voyage. Parcourir le labyrinthe reste pour moi un voyage pour découvrir un centre. J’y ai déjà pénétré, j’ai accepté de me perdre pour me découvrir sans fard. C’est une découverte de ma propre nature, un voyage symbolique en soi et pour soi. Mais cette expérience unique et si riche est d’autant plus merveilleuse qu’elle est partagée dans l’amour fraternel. Je suis heureux de continuer le chemin et je sais que c’est par la présence assidue en loge, l’écoute, la méditation et le travail sur ma pierre brute, que je progresserais vers cette lumière vers laquelle nous tendons tous. Je me garderais surtout, avec l’humilité de l’Apprenti de faire comme ICARE qui s’est brûlé les ailes en voulant s’approcher trop près du soleil.

Pascal B. Frère de la loge Fidélité et Prudence à l’Orient de Genève


Commentaires  sur le labyrinthe

DEDALE ET ICARE

Dédale était cet architecte qui construisit, en Crète, le Labyrinthe pour le Minotaure et qui montra à Ariane comment Thésée pourrait en sortir. En apprenant que les Athéniens avaient trouvé le moyen de s'en échapper, le roi Minos fut aussitôt convaincu qu'ils n'auraient pu y réussir sans l'aide de Dédale. En conséquence, il emprisonna l'architecte et son fils dans ce même labyrinthe, ce qui tendrait à prouver l'excellence du plan de cet enclos, puisque sans indication, même son auteur ne pouvait en découvrir l'issue. Mais le grand inventeur n'était pas en peine pour si peu. Il dit à son fils :

« La fuite peut être entravée par la terre et par l'eau
mais l'air et le ciel sont libres, c'est par là que nous irons: 
que Minos posséde tout, il ne posséde pas le ciel."

et il fabriqua deux paires d'ailes, qu'il fixa avec de la cire à ses épaules et à celles de son fils Icare. Avant de prendre leur envol, Dédale recommanda à Icare de ne pas s'élever trop haut sur la mer, car, dit-il, en approchant de trop près le soleil, la cire pourrait fondre et les ailes se détacheraient. Mais comme tant d'histoires nous le montrent, la jeunesse ne tient guère compte de ce que disent les aînés. Tous deux s'élevèrent donc, légèrement et sans effort, et quittèrent la Crète ; le ravissement de ce nouveau et merveilleux pouvoir grisa l'adolescent. Il monta de plus en plus haut, refusant d'entendre les appels angoissés de son père. Et ses ailes se détachèrent. Il tomba dans la mer et les eaux se refermèrent sur lui. 


Le père affligé poursuivit sa route sans accident et atterrit en Sicile où il fut fort bien accueilli par le roi Cocalos. 


Rendu furieux par cette fuite, Minos décida de retrouver Dédale. Pour y parvenir, il employa la ruse. Il fit proclamer partout qu'il accorderait une grande récompense à quiconque réussirait à passer un fil dans les volutes d'une coquille aux spirales particulièrement enchevêtrées. Dédale déclara au Roi de Sicile qu'il se faisait fort d'y parvenir. Il perça d'un petit trou l'extrémité de la coquille, fixa un fil à la patte d'une fourmi, introduisit la fourmi dans l'orifice, qu'il boucha. Quand la fourmi sortit enfin par l'autre extrémité dela coquille, le fil, bien entendu, l'avait suivie dans tous ses tours et détours. 


«Seul Dédale pouvait imaginer pareil stratagème», 


dit Minos, qui se mit en route pour la Sicile afin de se saisir de l'architecte. Mais le roi Cocalos refusa de le livrer et dans la lutte qui suivit, Minos trouva la mort.

DEDALE

Le débat manifeste qui oppose les Architectes, faisant s’affronter les tenants de la fonction à ceux trop rapidement catalogués de formalistes, perdure depuis l’antiquité. Dédale, (dont le nom est quasiment synonyme de chaos, un concept cher à Rem Koolhaas et aux Déconstructivistes) dans la mythologie hellénistique déjà, essuya les déboires des paradoxes de sa discipline . Un mythe fondateur, une damnation superbe, aux racines de l’Architecture ...

Pour séduire la jeune et belle Europa qui jouait sur la plage de Sidon, Zeus se transforma en un Taureau magnifique. Il enleva sa conquête facile vers Crète. De leurs étreintes naquirent trois fils, l’aînée Minos devint roi de l’Ile .

Respectueux des dieux de l’Olympe Minos promis de vénérer ses ancêtres. Afin de glorifier Poséidon il jura de lui offrir en sacrifice le Taureau que le Dieu marin avait nouvellement fait surgir des vagues . Mais l’animal soudainement apparu sur le rivage était si beau que Minos, esthète, se parjurera. Poséidon furieux conféra à l’animal une puissance maléfique et lui ordonna de dévaster tout le pays. Dès lors les humains le craignirent et jusque à la fin des temps décidèrent de le combattre à mort. Ainsi naquit la tauromachie. Depuis cette époque, aujourd’hui encore dans les Arénes antiques ont peut toujours assister à des combats taurins.

Pasiphaée, l’épouse de Minos, farouchement jalouse, subodorant l’hérédité douteuses de son mari nourrit une violente passion coupable pour le Taureau majestueux. Elle demanda à Dédale un Architecte habile de concevoir une effigie parfaite de Zeus afin de secrètement tromper son époux avec son illustre beau père. De cette relation illégitime naquit un humain gigantesque surmonté d’une tête de taureau : Minotaure, qui terrorisa la Crète entière.

Minos convoqua alors Dédale et lui enjoignit de construire pour son fils adultérin un palais forteresse : le Labyrinthe, inextricable geôle pour le perdre à jamais. Telle en serait la fonction, sa forme serait libre , elle serait la signature de l'Architecte.

Pour nourrir le monstre, Minos exigeât de la ville d’ Athènes vaincue un tribut de sept filles et sept garçons, tous adolescents . Thésée, fils de Egée roi d’ Athènes, décida de mettre fin à la terrible malédiction qui frappait sa cité . Se dissimulant parmi les jeunes sacrifiables convoqués par Minos, il rejoint la Crète avec l’ambition d’anéantir le Minotaure Si son ’entreprise devait réussir, il était convenu que sur la route du retour son navire hisserait des voiles blanches. Autrement il conserverait en signe du deuil pour les jeunes victimes immolées les voiles noires arborées au départ.

Une fois la Crète rejointe , Thésée obtient l’aide amoureuse de la belle Ariane , fille de Minos et Pasiphaé, la propre soeur de Minotaure. Elle introduisit le jeune athénien dans le labyrinthe et pour qu’il retrouva son chemin lui remit une pelote de laine qu’il dévidât sans la perdre. Ce lien la ramènerait vers elle. Le secret de l’Architecte ne tenait qu’a un fil. La forme de son édifice avait trahit sa fonction. Ainsi guidé après un combat acharné Thésée exécuta Le Minotaure. Ensemble il rentrèrent à Athènes .

Sur les ondes du retour, enivrés de leurs amours et du succès de leur entreprise ils oublièrent d’affaler les voiles du deuil. Egée, impatient de la réapparition de son fils, déshonoré de la faillite supposée de sa mission, désespéré, se jeta des hauts murs de la citée athénienne, et dans une fin funeste se noyât dans les flots de la mer, qui pris alors le nom de Mer Egée .

Plus tard, bien plus tard afin qu’il soit punit pour les défaillances de son projet Minos fit enfermer Dédale dans son oeuvre. La légende dit qu’il parvint à s’en évader par l’entremise de son fils Icare, dont on connaît la fin tragique . On peut encore voir sur le pavement de la cathédrale de Chartres un tracé supposé de son labyrinthe avec en son centre un portrait apocryphe de l’Architecte légendaire . 


Introduction au labyrinthe médiéval

Le motif graphique du labyrinthe classique

À première vue, le dessin du labyrinthe est un système de lignes plus ou moins décoratif, un motif géométrique plus ou moins symétrique, plus ou moins complexe. Et pourtant, l'essence du labyrinthe est dans son chemin, non pas dans son dessin. Un labyrinthe est fait pour être parcouru.

Un modèle réduit suffit au parcours : soit simple parcours visuel, soit à l'aide du doigt ou d'un instrument fin. Déjà le parcours visuel du chemin éveille des sensations kinesthésiques et permet de sentir le rythme du labyrinthe. L'utilisation du doigt est encore plus facile et plus efficace.

Le labyrinthe classique est à chemin unique, sans boucles ni impasses. Le plus connu est celui du sol de la cathédrale de Chartres en France ; il a été incorporé au dallage de sol de la cathédrale autour de l'an 1200.

La renaissance du labyrinthe classique

Depuis quelque dix ou vingt ans, il y a un regain d'intérêt pour le labyrinthe classique, principalement celui de Chartres : on découvre en lui à la fois un objet culturel fascinant et un outil spirituel puissant. Une activité répandue consiste à parcourir, en marche méditée, ce labyrinthe reproduit sur le sol. Cette renaissance s'intéresse aussi à d'autres modèles du labyrinthe classique, en particulier au labyrinthe crétois.

Historique : les trois dessins classiques

Dans l'histoire du labyrinthe classique européen, on distingue trois époques, dont proviennent trois types de dessins différents : le labyrinthe crétois, le labyrinthe romain et le labyrinthe médiéval.

Le labyrinthe crétois

Les premiers exemples connus du motif graphique du labyrinthe étaient gravés sur la roche naturelle, selon un dessin plus simple que celui du labyrinthe médiéval mais déjà bien défini. Ce modèle de labyrinthe a reçu le nom de crétois parce qu'on l'a d'abord trouvé sur des pièces de monnaie crétoises. Il est cependant très antérieur à cette époque crétoise. Il est construit sur une trame spirale de 8 enroulements délimitant sept couloirs. La spirale de 8 enroulements résulte du prolongement replié de chacun des 4 bras de la croix intiale. Ce motif très répandu est encore utilisé aujourd'hui. Il en existe une version rectangulaire, aussi très répandue, mais elle n'a pas de rapport direct avec le labyrinthe médiéval.

Le labyrinthe romain

La civilisation romaine a mis au point un modèle particulier de labyrinthe, utilisé principalement sous forme de mosaïques de sol. Ce modèle se retrouve entre autres sur le sol d'une église algérienne datant de 324. Le labyrinthe romain est habituellement à quatre quadrants correspondant à quatre labyrinthes identiques parcourus successivement. Le nombre de couloirs est variable. Il existe en versions circulaires et carrées. Contrairement à la plupart des autres auteurs, je crois que c'est le labyrinthe romain, et non le labyrinthe crétois, qui est à l'origine de l'invention du labyrinthe médiéval.

Le labyrinthe médiéval

Le dessin médiéval du labyrinthe a été principalement utlisé comme illustration de manuscrits. Il est construit sur une trame circulaire concentrique de douze cercles formant onze couloirs. Ces nombres résultent de la structure rythmique du trajet du labyrinthe, qui exige de plus une division radiale en 4 quadrants. Les quatre plus anciens manuscrits à labyrinthes connus datent du 9e siècle. L'un d'eux contient le labyrinthe crétois ; un autre, daté de 860, constitue le premier témoin du modèle qui se retrouvera, plus de trois siècles plus tard, sur le sol de la cathédrale de Chartres. Dès le moment de son apparition, ce modèle a été le plus utilisé : on le considérait donc comme le plus parfait. On l'appelle maintenant du nom de celui de Chartres, qui en est la réalisation la plus célèbre.

Avant cette date de 860, il avait certainement fallu une période relativement longue pour développer le modèle médiéval à partir du modèle romain. Les documents connus permettent d'imaginer cette évolution, mais non de la reconstituer précisément ni de la dater. Par la suite, le nouveau dessin du labyrinthe continue à illustrer les manuscrits, mais la période d'évolution créatrice semble terminée.

Le labyrinthe comme motif graphique à un seul trajet n'est mentionné dans aucun texte ancien ou médiéval. On ne peut donc pas savoir directement ce qu'il représentait ou signifiait à l'époque. Mais il a certainement eu beaucoup d'importance pour les dessinateurs qui le pratiquaient : en fait, il est devenu un objet technique très sophistiqué, auquel seuls ses dessinateurs (et, éventuellemenr, les architectes qui l'ont agrandi sur le sol de leurs cathédrales) semblent s'être intéressés.

À partir de la Renaissance (c.1450), on s'intéressera surtout aux représentations tridimensionnelles en perspective du labyrinthe classique, et, pour la première fois, au dessin de labyrinthes à chemins multiples. La tradition du motif graphique du labyrinthe classique est alors terminée.

Du manuscrit au sol

Autour de l'an 1200, on a commencé à incorporer au sol de quelques cathédrales de France des labyrinthes de grande dimension. Jusqu'alors, depuis plusieurs siècles, les labyrinthes étaient dessinés sur le parchemin des manuscrits et mesuraient environ 15 cm (6 po). Il semble que ces grands labyrinthes de sol occupaient toute la largeur de la nef : ils mesuraient donc entre 10 et 13 mètres (33-43 pi). Aucun document contemporain ne permet de savoir dans quel but ce transfert du manuscrit au sol a été fait.

Avant cette époque, il y a eu des labyrinthes de sol plus petits. Les labyrinthes romains étaient normalement des décorations de plancher en mosaïque et quelques labyrinthes médiévaux avaient été mis sur les sols (Pavia) et les murs (Pontremoli, Lucca), mais les nouveaux labyrinthes de sol étaient vraiment beaucoup plus grands et doivent être considérés dans une catégorie à part.

Le labyrinthe de Chartres

Le labyrinthe classique le plus connu est celui du sol de la cathédrale de Chartres (France, 96 km au sud-ouest de Paris). C'est le seul survivant des grands labyrinthes médiévaux (celui de St-Quentin date de 1495 : il est donc postérieur aux autres de près de trois siècles). Le labyrinthe de Chartres mesure environ 13 mètres (43 pi). Il comporte des éléments décoratifs uniques qui permettent de le reconnaître facilement, et qui ont sans doute contribué à sa popularité.

Son dessin général correspond à celui d'un des manuscrits du 9e siècle ; c'est d'ailleurs ce dessin qui est le plus fréquent dans l'ensemble des manuscrits médiévaux et même sur le sol des cathédrales.

Le labyrinthe de Reims

Le dessin du labyrinthe de Reims semble n'avoir existé pendant l'époque médiévale que sur le sol de la cathédrale de Reims. Le labyrinthe de sol a été détruit en 1778 mais un architecte du nom de Jacques Cellier en avait fait un relevé sommaire autour de 1585. Ce relevé permet d'en connaître la forme générale (qui est octogonale avec bastions), et le trajet (qui est différent de celui de Chartres). La forme octogonale avec bastions était originale au moment de la construction ; par la suite elle a été utilisée ailleurs, mais avec le trajet de Chartres. Le trajet de Reims n'a été retrouvé nulle part ailleurs, sauf dans un manuscrit français des premières années du 15e siècle (d'ailleurs sous forme octogonale avec bastions), dessin probablement copié sur celui du sol de la cathédrale.

L'étude du trajet du labyrinthe de Reims et sa comparaison avec celui de Chartres sont grandement facilitées par sa transcription en version « script », c'est-à-dire en version circulaire sans bastions, à la manière des dessins de manuscrits.

Le trajet du labyrinthe de Reims est peut-être unique dans la tradition médiévale connue, mais il partage avec celui de Chartres certaines qualités rythmiques. L'étude comparative de ces deux labyrinthes m'a amené à deux notions essentielles pour l'étude du labyrinthe médiéval : la notion de sa structure rythmique spécifique et celle du labyrinthe parfait ou canonique.

Le rythme du labyrinthe médiéval

L'intérêt du labyrinthe médiéval, c'est son rythme. Ce que recherchaient les dessinateurs du labyrinthe médiéval, c'est un trajet bien rythmé. En voici une description sommaire.

Après une courte introduction principalement radiale, le mouvement rythmique général du labyrinthe de Chartres est d'amplitude croissante pour le trajet d'entrée (décroissante pour le trajet de sortie). Le trajet commence sur les petits cercles intérieurs et se poursuit vers les cercles plus grands de l'extérieur. L'arrivée au centre a lieu, après une courte transition radiale, au moment de la plus grande intensité énergétique, résultant du parcours des grands cercles.

Quant au labyrinthe de Reims, son mouvement rythmique est d'amplitude décroissante : son trajet commence sur les grands cercles et l'arrivée au centre se fait dans le recueillement des cercles intérieurs.

La notion de labyrinthe parfait ou canonique

Le mot canonique signifie selon les règles, c'est-à-dire, dans le présent contexte, parfait. Voici maintenant deux des propriétés rythmiques du trajet des labyrinthes de Chartres et de Reims qui permettent de les reconnaître comme parfaits ou canoniques.

D'abord, ce trajet est constitué entièrement de segments d'un quart de cercle et d'un demi-cercle : il ne s'y trouve aucun segment plus long.

Ensuite, la séquence des éléments du trajet est réversible, c'est-à-dire que des éléments identiques occupent la même position dans la séquence selon qu'on parcourt le trajet de l'extérieur vers l'intérieur ou de l'intérieur vers l'extérieur du labyrinthe.

Ces deux propriétés suffisent pour identifier les labyrinthes canoniques. Elles sont aussi mentionnées par Robert Ferré et Craig Wright

Certaines autres propriétés sont plus profondément reliées à la qualité strictement rythmique du labyrinthe et m'ont permis de découvrir son vrai sens pour les dessinateurs médiévaux qui l'ont inventé.

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