GLMFMM Loge : Etoile d'Egypte - Orient de Marseille Date : NC


Se tenir à l'écart de la mort
est mauvais pour l'homme


Cette phrase extraite des Textes des Pyramides démontre que les Egyptiens avaient compris que ce n'était pas en refusant l'idée de la mort que l'on réussissait sa vie, bien au contraire.

C'est au moment ou l'homme a intégré, par les rites funéraires, la mort dans sa vie qu'il est devenu véritablement humain car sa conscience s'est élevée et a fait face aux contradictions nées de la temporalité de sa vie terrestre.

Intégrer la mort c'est se questionner sur le présent, le futur, l' ici, l'ailleurs et accepter les nécessaires transformations de la vie, changer l'existence (qui signifie se tenir en dehors de) en une vie intérieure, permettant la transfiguration : devenir véritablement soi-même.

La « légende d'ordre » qui apparaît au cours de la rituélie du Grade de Maître offre à l'impétrant de vivre une mort symbolique et une renaissance réelle par le passage d'épreuves reliées aux mythes d'Osiris-Hiram : le soleil couchant qui se lève et l'enfant qui succède au vieil homme.
L'initiable en devenir a parcouru le chemin complet du rituel de mort et de renaissance au cours des trois premiers degrés symboliques, il arrive à la fin d'un Cycle par l'Exaltation.
Le terme exaltation est défini comme action de hausser, elle est aussi le redoublement d'activité dans les fonctions des organes des sens. Elle se tient à la pointe du coeur et équilibre l'âme, elle inspire des sentiments élevés et porte à un très haut degré l'émotion spirituelle, un dépassement de soi-même par un jaillissement vers la hauteur de l'évolution/involution.

Sonne alors pour le Récipiendaire l'heure du constat des niveaux de conscience acquis à chaque augmentation de salaire. La connaissance, en l'instant, de sa véritable nature est le bilan de son chemin initiatique que l'on retrouve dans la phrase du rituel du 3° Degré :
« Vénérable Maître, je me présente avec mon coeur sur mes paumes, mon coeur de ma Mère. Mon répondant est le Guide des chemins, chef de la montagne d'Occident, conducteur des morts vers la vie. Et ma Patronne est la Dame de Vérité, Régente de Thèbes ».

Je me présente avec mon cœur sur mes paumes
Ces mots me renvoient à ceux d' un conte d'enfants : montrez pattes blanches et l'on vous ouvrira... avec une variante peut-être, montrez pattes blanches et vous vous ouvrirez !
Avoir le cœur sur les paumes est la représentation de l'homme intérieur, tel qu'il est vraiment et maintenant.

La main manifeste la pensée, ouverte elle est le gage d'une déclaration franche, sa courbure est signe d'humilité , d'acceptation des épreuves menant à l'achèvement de l'oeuvre.
Les paumes considérées comme l'harmonisation des oppositions, représentent les plateaux de la balance de la psychostasie.
Cette cérémonie décrite dans le chapitre CXXV du Livre des Morts (plus justement traduit par le Livre de sortie à la lumière) est la pesée de l'âme ou pesée du coeur, rite initiatique du passage de l'ordre psychique à l'ordre spirituel, dont la fonction essentielle est de faire émerger la nature céleste dans la conscience humaine afin de réaliser le bon dosage, le bon équilibre entre les polarités pour assurer la circulation entre le haut et le bas.

D'un point de vue astrologique, la balance, 7ème signe du Zodiaque, annonce l'équinoxe d'automne : période de l'accomplissement, de la réalisation ; dans le sens spirituel elle nous dirige vers la relation à l'autre, au collectif, au monde et symbolise l'évolution de la conscience.
La balance a la même racine latine libella- libra que le niveau. Bijou du 1er Surveillant, chargé de la formation des CC\, le niveau est également intégré dans le signe de l'A\ qui « doit viser au nivellement des inégalités... » dit le rituel du Premier degré.

Elle représente la mesure, la complémentarité, l'égalité, le juste milieu, le centrage intérieur à réaliser car l'âme étant plus proche de la nature humaine qui la porte que de la claire conscience, elle doit actualiser son origine divine qui n'est que virtuelle le jour de sa naissance ; l'homme doit obtenir l' équilibre subtil de sa balance intérieure : être soi-même tout en servant et en collaborant avec les autres. L'équilibre de la balance est cette harmonie qui résulte de l'analogie des contraires, c'est le centre où l'opposition des forces contraires s'équivalent en puissance.
Cette pesée du destin est un rite initiatique qui permet de faire le point selon la norme de Maât, la plus haute conscience spirituelle de l'Homme en l'instant précis ; ordre exact de toute chose, point d'équilibre parfait , science universelle, considérée comme l'enseignement qui apprend à l'homme à retrouver les qualités divines qui sommeillent en lui.

Maât est la Règle : elle est au service de l'homme pour l'orienter sur le chemin de l'inexpérimenté. Ce chemin, seule direction à suivre, régule les rapports de l'homme non seulement avec le divin mais avec les autres hommes et la nature pour l'intégrer dans la solidarité cosmique.
Respecter Maât c'est respecter la vie et le symbole de la vie c'est le coeur.
Pour l'Egyptien le coeur était le lieu privilégié de son corps par lequel passait l'inspiration divine. En lui cheminait la voie par laquelle le conseil divin arrivait jusqu'aux profondeurs de son être.
En retour, selon qu'il avait le coeur ouvert ou non, il lui était loisible d'être plus ou moins en communication avec l'Etre Suprême et de Lui être obéissant.
Comme le dit un texte gravé sur un sarcophage le coeur d'un homme était « son Dieu lui- même ».

Le cœur est le centre, partie médiane la plus intime, la plus importante de l'être humain, siège de la destinée individuelle, essence de l'être, lieu secret de la conscience, de l'action créatrice, de la mémoire, de l'intelligence et de la volonté. Il est le témoin de l'activité pensante intelligente de l'homme, lieu de la réunion des contraires : passé et futur, mémoire et renouveau.

Le cœur de ma mère
La destinée future, qui se présente sous la forme de pure probabilité, est désignée par « coeur de ma mère» ; le début du chapitre XXX du LDM précise : « mon coeur Ib me vient de ma Mère céleste ...».
C'est le sein où pullulent les possibilités de l'avenir perçu sous l'aspect d'un principe maternel, c'est-à-dire sous celui de la potentialité illimitée.

Mon répondant est le Guide des Chemins.
Le guide des chemins est Anubis ou Inpou qui signifie en égyptien « celui qui a la tête d'un chacal » : nettoyeur du désert, il dévore et digère la partie profane du néophyte, dans le monde des ténèbres, l'introspection de l'Apprenti, pour garder la quintessence de l'être que représente le Compagnon.
- Les épithètes le concernant sont nombreux : Maître de la terre sacrée, Celui qui veille sur la demeure des morts, Celui qui voit dans l'obscurité, Chef des déserts ou de la Montagne d'Occident ».
Conducteur des âmes dans l'au-delà, il est représenté par le Frère Expert qui mène le Récipiendaire des portes de la mort des apparences à la renaissance à la vie de l'esprit, amorcée dès son entrée dans la Chambre de Réflexion.
- Le Néophyte avance en aveugle, c'est-à-dire dans un univers si sombre que la lumière ne peut être vue sans une intervention providentielle qui engage sur le chemin de la liberté première, guidé par l'Hermès souterrain, le dieu psychopompe, l'Initiateur.

Ma Patronne est la Dame de Vérité, Régente de Thèbes.
Le terme patronne a beaucoup de définitions : appui, bienfaitrice, maître qui dirige un travail de recherche, âme qui anime un groupe ; son étymologie anglaise est intéressante car elle démontre un processus en croissance : la protectrice devient le guide et finalement le modèle à suivre.

La Dame de Vérité
Isis, source de la vie, génératrice de toutes choses, mère céleste, grand-mère universelle, sacralisation de la nature, représente pour les Maçons la recherche de la Vérité : Vérité dispersée dans le Cosmos et dans l'intelligence, comme les parties du corps d'Osiris, vérité que la raison du cœur cherche le long des fleuves de la connaissance, comme Isis cherchait les membres d 'Osiris le long du Nil .

Vérité fruit de l'ouverture d'esprit, de l'expérience, de la réflexion, de l'étude, dont nous recueillons les fragments épars comme la déesse recueillait ceux de son époux divin pour les assembler.
Sur les parois du Temple de Philae on peut lire dans l' hymne à Isis :
« Isis, puissante dans Thèbes, grande dans Dandérah, Forte à Memphis, exaltée à Akhmim, Dame de la Butte Sacrée, maîtresse de tous les nomes, adorée dans le ciel, vénérable Mère des Dieux, souveraine des étoiles... ».

Isis dont le nom égyptien Aset est défini par le hiéroglyphe d'une étoile.
Etoile dont l'A.°. perçoit la lumière furtive dans la rituélie de Réception, le Compagnon ne découvrira la lumière flamboyante qu'à l'issue de son cinquième voyage initiatique, comme le cinquième élément qui devient visible et lui apparaît.

L'étoile s'éclaire au moment où il a été capable de la contempler : il est face à un flamboiement qui devrait émaner de son centre intérieur pour refléter son modèle, devenir lui-même étoile, rayonner du feu sacré, de cette part de lumière divine qui a forgé son âme. Ecce Homo ! Voilà l'Homme, celui qui porte un reflet de la grande lumière, tel Moïse qui, du haut du Mont Sinaï est descendu au plus profond de lui-même, a atteint l'initiation suprême, le contact avec la vérité et est devenu flamboyant, illuminé par le feu vivant qui l'a purifié.

Il est écrit dans la Bible « je suis le Chemin, la Vérité, la Vie »: cette définition de l'absolu est celle de l'étoile, somme de toutes les vérités et de toutes les connaissances, dont le flamboiement symbolise l'Initié avec un grand I.

Les figures marquantes mais voilées de la phrase du rituel du 3ème degré se retrouvent à chaque étape franchie des degrés symboliques qui pourraient se résumer par un passage de la Bible: « celui qui a les mains innocentes et le coeur pur pourra gravir la montagne de l'Eternel ».
L'Initiable en devenir est entré dans l' espace sacré du monde de la lumière et s'il a frappé pour qu'on lui ouvre, ce n'est pas en visiteur mais en fils prodigue, de retour après une longue absence.
Il est venu partager la nourriture spirituelle indispensable pour croître sur un chemin trop longtemps délaissé dans le but de retrouver l'orientation perdue et devenir enfin l'homme qu'il faut, à la place qu'il faut, « selon les plans parfaits » car nous rappelle l'Hermétisme « tout est en nous, on a tout, mais on l'a oublié ».
C'est pourquoi le parcours initiatique demande un effort constant et cet acte de foi, quête du divin propre à qui le décide, est un chemin aux voies multiples, mais celui d'un seul Homme...
J'ai choisis de finir mon propos par une exhortation retouchée de R.A Schwaller de Lubicz :
« Quel chemin suivre ? Celui qui te semble incroyable, celui qui cultive en toi un autre mode de pensée, qui éveille en toi l' intelligence du coeur, qui te permet de trouver cet état de neutralité mentale qui est le terrain recevant telle une semence l'inspiration pure, comme tombe la rosée fécondante dans les champs ».

J'ai dit, Vénérable Maître.

D\ C\

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