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Chaque pas dans la vie est un pas vers la mort

Cette citation de Delavigne a toujours été et reste encore actuellement dans mon esprit un sujet tabou et angoissant.

La fuite du temps, du temps qui passe, du temps qu’on ne maitrise pas, fut le thème d’une planche que j’ai tenté de tracer pour fêter mes 35 ans de Maçonnerie il y a quelques temps déjà…

Alors VM, aborder cette planche sur la mort, la mort du vieil homme, la mort symbolique afin de prouver à certains F\, qu’on est ou qu’on est pas, ou qu’on a une sensibilité en adéquation avec la leur, m’a semblé assez paradoxal.

Le hasard nous faire quelques fois des rencontres assez étonnantes et toujours enrichissantes.

La mort a toujours représenté à mes yeux un moment douloureux ou un qualificatif prend toute sa valeur négative « Plus jamais ».

En tant que symbole, la mort est l’aspect périssable et destructible de l’existence. Elle indique la finalité des choses vivantes. Après son passage ne reste dans l’esprit et le cœur des vivants que quelques photos et souvenirs. Une odeur, une voix, une réflexion, une attitude… Tous ces souvenirs il nous arrivera de les retrouver partiellement l’espace d’un instant au détour d’un chemin, dans le parfum d’une fleur, ou dans la senteur d’un plat cuisiné et puis le temps, le temps fera son œuvre effaçant tout ou presque tout…

En tant que symbole la mort est rattachée à la terre, elle est la clé des mondes inconnus, ceux de l’Enfer et du Paradis. Grâce et par cette ambivalence elle devient un élément essentiel des rites de passage. Toutes les initiations traversent une phase de mort, avant d’ouvrir l’accès à une vie nouvelle.

La mort devient une force, elle est révélation et introduction, et par la même acquiert une valeur psychologique, elle délivre le profane ou l’impétrant quelque soit le titre qu’on lui donne, des forces négatives et libère à travers une cérémonie les forces ascensionnelles de l’esprit.

La mort est considérée comme étant la fille de la nuit et sœur du sommeil, elle possède comme sa mère et sa sœur le pouvoir de régénérer.

Religieusement si l’être qu’elle frappe ne vit qu’au niveau matériel ou bestial il sombre dans les Enfers et les ténèbres, s’il vit au contraire au niveau spirituel elle lui ouvre des champs de lumière et d’espérance.

Vous me pardonnerez ce jeu de mots trop facile, pour le commun des mortels, la mort est traditionnellement ressentie comme un passage angoissant et effrayant car elle est pour beaucoup une espérance et non une certitude vers une vie nouvelle. (St Thomas).

Dans l’antiquité le droit de vie et de mort n’appartenaient qu’aux dieux.

Dans l’iconographie antique la mort est représentée par un tombeau ou par un personnage muni d’une fau lx.

Dans le treizième arcane majeur du tarot, qui n’a pas de nom, comme si son numéro le 13 avait un sens suffisant par lui-même, la mort apparait. Le chiffre 13, en effet dont la signification maléfique remonte à l’antiquité, est toujours d’actualité. (13 à table, dernier repas du Christ avec ses apôtres, la kabbale dénombrait 13 esprits du mal, le 13éme chapitre de l’apocalypse est celui de l’Ante Christ et de la Bête).Ce chiffre symbolise le cours cyclique de l’activité humaine…le passage inéluctable d’un état à un autre et par conséquent à la mort. L’ambivalence des chiffres fait que le 13 correspond à un recommencement après l’achèvement d’un cycle.

Pour celui qui se donne la mort, celle-ci devient une libération, et non pas une fin en soi. Au sens ésotérique, la mort symbolise le changement profond que subit l’homme par l’effet de l’initiation. Le profane doit mourir pour renaitre à la vie supérieure.

On a l’habitude de dire que philosopher c’est apprendre à mourir, la légende d’Hiram reste donc une très belle légende philosophique.

La mort volontaire du profane permet à celui ci de renaitre à une vie nouvelle, mais il faut au maître mourir une seconde fois pour conquérir les prérogatives des maitres immortels.

Hiram est le symbole de la domination de soi-même, de la maitrise totale par la science et surtout par une volonté inflexible de respecter les valeurs morales, de rester fidèle aux devoirs quoiqu’il puisse arriver, donc au péril de sa vie.

Hiram personnifie l’honneur poussé jusqu’au sacrifice suprême. Il incarne la plénitude de l’Etre dans l’excellence.

En tant que Maître le maçon meurt à une existence vulgaire et misérable pour renaître à une vie supérieure, par le savoir, la moralité, le dévouement aux grandes causes.

Purifié par la mort de ses passions grossières enfin surmontées, transfiguré par la lumière de la complète initiation, il ne redoute plus la mort.

Cette initiation possède également une autre signification. Jadis le 1er grade représentait  le commencement de l’année, le printemps ; le second représentait la jeunesse ou l’homme qui n’a pas réussi à dominer tout à fait ses passions, il symbolisait l’été. La maitrise c’est l’automne, saison ou le soleil termine sa course et meurt pour renaitre de ses cendres. C’est l’âge mur. Ayant tout expérimenté, l’homme est prêt à tout donner, fût ce soit même pour sauvegarder les principes qui furent les règles de son existence.

L’acacia reste le symbole de la maitrise. C’est un arbre incorruptible, dont l’écorce repousse tout insecte malfaisant, dont les feuilles inclinées pendant la nuit se dressent à l’approche du soleil.

Permettez-moi mes BAF de revenir sur quelques éléments, qui me semblent intéressant dans l’initiation du Maitre et de la mort du vieil homme. Parmi ces éléments citons rapidement :

- La marche du Maître

Nous savons que les pas de l’apprenti et du compagnon se font au ras du sol, que ceux du maitre enjambant le corps d’Hiram décrivent une courbe représentant symboliquement le tracé d’un compas. On passe donc par ce pas de l’équerre au compas, du domaine de la matière à celui de l’esprit.

Nous savons aussi que le passage du maitre au dessus de la tombe fait allusion au grand mystère sur lequel il convient de méditer et qui m’angoisse l’achèvement terrestre de toute destinée humaine.

Ces trois nouveaux pas s’effectuent d’une manière bien précise, le1er au nord, le 2éme au sud, le 3éme ramène le candidat face à l’orient. Parti de l’occident cette dernière partie de la marche du maitre est en fait un signe quaternaire, un signe cruciforme, effectué aux quatre dimensions du monde. Cette marche suggère à travers le compas, l’universalité de la mission du maitre.

Le quaternaire de cette marche symbolise la perfection du monde, de la terre des hommes, la totalité du crée et du révélé. Le chiffre quatre représente la clé de l’univers. C’est le symbole de la grâce et de la miséricorde. Le quaternaire est le symbole d’une situation évolutive. C’est enfin au niveau qui est le nôtre ce soir le tétragramme des mots sacrés.

En continuant dans le symbolisme des nombres le 8, qui englobe les 3 pas de l’apprenti, les 2 pas du compagnon et les 3 pas du maitre indique un achèvement, il représente et concrétise la mort du vieil homme par rapport à l’homme nouveau. Le 8, est le symbole en quelque sorte de la résurrection - Le signe du maître.

Symbole sur lequel je ne souhaite pas m’étendre par manque de temps, est un signe de feux, c’est l’éveil de la Kundalini, ce serpent de feux qui symbolise l’énergie cachée dans le corps de l’homme et dont parlent les sages de l’hindouisme. C’est en quelques sorte le but ultime du troisième grade : réveiller, stimuler l’énergie qui dort dans le corps de l’homme afin d’accélérer l’évolution de son esprit avec pour but ultime la transmission.

- Les cinq points de la maîtrise

Les cinq points de la maitrise sont il me semble l’axe central de la cérémonie au 3éme grade et il est judicieux même souhaitable pour comprendre le relèvement d’Hiram, d’analyser chacun des cinq points d’une façon symbolique.

Le pied

Le pied correspond à la terre et donc à l’origine. Dans l’arbre séfirotique il correspond à Malkouth. C’est donc en lui que réside la force de l’âme. Le pied est le réceptacle de l’âme. Le pied est le réceptacle des énergies venues den haut. C’est pourquoi on marche pieds nus sur la terre sacrée (chez les musulmans, les indiens d’Amériques…). Et c’est pieds nus, pour capter toute l’énergie de la terre mère que les néophytes ont toujours reçu, dans les antiques traditions l’Initiation.

Pied contre pied c’est la force qui est rétablie. Dans le mouvement pour relever le maitre ressuscite, on redresse, on met en place, on met sur pied, en contact avec la terre mère.

Le genou

LE genoux est un symbole d’autorité, de puissance et revêt également un caractère religieux. Plier les genoux, se mettre à genoux devant la Divinité, toucher les genoux pour implorer le pardon, c’est les genoux droit en terre que le néophyte reçoit la consécration du V Maitre. Genou ce dit Barek en hébreux et ce mot contient Bar qui signifie « grain de blé »ou qui « meurt pour renaitre ». En permutant les lettres on obtient Baker qui signifie Renaître.

Le sein droit contre le sein droit.

Nous arrivons avec cet élément au plan spirituel au cœur, à la beauté, au soleil, au sephirot : Tiphereth. Le sein droit symbolise le soleil et le gauche la lune. Tiphereth c’est la parole des Dieux pour celui qui est en marche vers la déification. Tiphereth c’est la poitrine du Maître, c’est sur elle que Jean reposa sa tète le soir de la Cène.

C’est enfin le symbole qui m’a le plus marqué dans mon parcoure maçonnique, celui du Pélican qui s’ouvre la poitrine pour nourrir ses enfants. C’est le don absolu, le don de soi !

Les mains

La main qui, donne est le prolongement du cœur. La main est liée à la connaissance.

La main gauche posée sur l’épaule est celle de la grâce qui vivifie, elle est symbole de l’esprit, de la miséricorde.

La main droite est celle de la rigueur, mais c’est également la main de la justice, de la bénédiction, et de la consécration… Si la main droite de Dieu touche l’homme, celui-ci reçoit la force divine et la connaissance. Par les mains réunies, par la griffe de maitre il y a transfert d’énergie.

L’épaule

L’épaule sur laquelle se pause la main gauche en hébreux Scheken, signifie « Le terme, le but, la finalité ». Les clavicules sont perçues symboliquement comme étant les clés de la porte des Dieux que Janus et Jean détiennent et qui ouvrent les portes des solstices.

Par la griffe du maitre, par la position parfaite des cinq points de la maitrise le TFPM apporte au nouveau Maitre son énergie, et sa bénédiction. La connaissance est au bout du chemin.

- La bouche

La bouche enfin représente à mes yeux la dernière étape de cette alchimie initiatique qui tire beaucoup de ses origines de la Kabale.

La jonction de la bouche et de l’oreille. La bouche est le siège du souffle et le baiser sur la bouche est toujours en langage ésotérique le symbole de la transmission du souffle divin donc de la connaissance. C’est le baiser initiatique. Permettez-moi de vous citer cette phrase que l’on prête à Saint Bernard et que je trouve particulièrement poétique « Le St Esprit n’est autre que le baiser de la bouche échangé par le père et le fils ».

La bouche et l’oreille sont liées par le Verbe car c’est dans l’oreille qu’est prononcée la parole sacrée. J’aurais aimé vous lire mes frères un article portant sur la métamorphose des papillons et a travers ces différentes mutations établir un parallèle avec notre cheminement initiatique, mais le temps qui m’est accordé est bien trop court.

Passer de la mort d’Hiram à la naissance de l’homme nouveau c’est en quelque sorte s’ouvrir à la lumière et prendre un nouvel envol. C’est passer du laid au beau, passer de la terre au ciel, passer des ténèbres à la lumière c’est s’ouvrir au monde et tenter de le comprendre.

Par la mort symbolique on abandonne une conscience prisonnière d’elle-même, c’est l’apparence inavouable et caché de l’être ignorant. « NOUS NE SOMMES JAMAIS, NOUS SOMMES EN DEVENIR, SURTOUT EN TANT QUE MACON ! »

Je ne pense qu’il soit nécessaire d’établir une conclusion à ce tracé. Je laisse à chacun, en fonction de sa sensibilité la possibilité d’apporter sa cote part dans un débat qui pourrait suivre. Formons cette chaine d’union fraternelle afin d’unir nos efforts et qu’a travers d’échanges enrichissants et constructifs nous puissions nous enrichir mutuellement et mettre en exergue, le qualificatif qui nous est attribué « Les fils de la putréfaction ».

Le livre du compagnon, le livre du maitre de d’Oswald Wirth, le dictionnaire des symboles de Jean Chevalier, le dictionnaire de la franc maçonnerie de Daniel Ligou, et enfin les symboles de la franc maçonnerie de J.J Gabut m’ont permis d’argumenter ce travail.

J’ai découvert grâce à ces ouvrages un champ de réflexion et d’investigation qui allait bien au delà de mes souhaits et de mes espérances. Ces lectures me rappelèrent la signification de symboles qu’avec le temps j’avais oublié ou négligé.

Je souhaiterai avec votre permission remercier notre frère J\M\ S\ qui a porté et soutenu ma demande de réintégration dans les ateliers de M\ au delà du raisonnable. 

Merci mes frères de m’avoir permis de travailler ce soir a vos cotés dans cet atelier c’était et reste ma seule ambition.

Passage inéluctable d’un état à un autre et par conséquent à la mort. Chose ou le qualificatif 3 plus jamais prend toute sa valeur négative.

J\J\ P\


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