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Loge : Conscience et Fraternité - Orient de Paris |
Date : NC |
F\M\ et
Psychothérapies Une courte
planche sur la psychanalyse et la
maçonnerie ?... Pourquoi pas… Comme
entraînement pour des sujets plus
sérieux ?... Bon… Après
tout, il ne s’agit que de tenter en un quart
d’heure
une synthèse intelligible et comparée
d’une des plus complexes et des plus
profondes aventures humaines… A
moins… à moins que je ne vous livre tout
simplement mes perceptions sur le
sujet, après tout c’est juste de sens
qu’il s’agit, et le sens ne se nourrit
pas que de mots. Un soir voici 4
ans, le Frère Inspecteur
assis là, achevait sereinement sa 40 ème
installation par une série de réponses
aux questions quand un Frère de l’atelier
s’appuyant sur une remarquable
planche de visiteur traitant de psychanalyse demanda : « Respectable Frère
Inspecteur, au fond, on peut comparer une
loge à un groupe de thérapie, qu’en
penses tu ? » Le
Frère Inspecteur ne sembla pas du tout de cet avis, il le
manifesta de manière
verbale et non verbale, à l’évidence
notre sympathique F:.de l’atelier avait
accroché quelque chose chez notre F:.Inspecteur… Mais la question
avait
été posée donc elle se posait, et la
non réponse éloquente qu’elle avait
provoquée montrait à l’atelier que ce
sont souvent les solutions qui font
problème… Donc, l'atelier
est il un lieu de
thérapie ? Certainement pas
si les psychothérapies sont des techniques
médicales destinées à traiter des
pathologies invalidantes, il y a des
psychiatres et la pharmacopée pour ça. Maintenant, si
les psychothérapies sont des fenêtres
ouvertes sur des réponses à des questionnements
d'évolution, d'accomplissement
ou de changement, là les psychothérapies "prennent soin" (au sens
étymologique du mot) de nos esprits
individuels et collectifs et en ce sens la loge ne nous permet elle pas
de
"prendre
soin" de nos esprits ? On peut aussi
observer que l'atelier est conscient de ses
"scories
relationnelles" puisqu'il
laisse ses métaux à la
porte du Temple et qu'à l'intérieur du Temple il
ne travaille qu’à les réduire. Et qu'est ce qui
différencie la pierre brute de la pierre
polie, nous répète t-on ?
J’ai même observé certains FF:.qui
utilisaient
les déchets, de là à ce
qu’ils parviennent un de ces jours à transformer
leurs
échecs en succès il n’y a
qu’un pas. N’y
a-t-il pas mille questions qui appellent des réponses
relatives à la
connaissance de soi ? Car enfin, sur quoi travaille t-on inlassablement
? L'atelier est il
un lieu de thérapie ? Encore faut il
savoir ce que recouvre pour chacun le mot
thérapie. Du
côté des psychothérapies, mot
générique qui me semble
plus approprié que psychanalyse, les approches ne sont pas
que les froides
mesures de la psychologie à tendance
psychométrique, car elles ont été
élaborées grâce à un
matériau qui n’est pas un objet, mais la
quintessence d’un
sujet, son âme, et ses praticiens sont
généralement dotés d’une
personnalité
empathique sans laquelle il ne serait pas possible de supporter la
souffrance
de l’autre. Ajoutez
à cela que ces hommes ont obligatoirement
effectué
un long travail sur eux-mêmes, car on ne peut pas accompagner
l’autre plus loin
qu’on a été soi même, et vous
aurez souvent au bout du chemin des personnes qui
pratiquent avec compassion une psychologie humaniste. Vous
seriez surpris de leurs préoccupations si vous assistiez
à des groupes de pairs
ou des groupes de thérapie. L'atelier est il
un lieu de thérapie ? La
réponse ne serait-elle pas contenue dans des
réalités
qui seraient plus simples et très humaines ? Et s'il n'y avait
pas à l'origine, d'un côté des lieux
obscurs, et de l'autre des lieux où règnent la
lumière, mais si certaines
personnes portaient en elles un peu plus de lumière que
d'obscurité, les lieux
où ces personnes se retrouveraient ne seraient ils pas
à ces moments là baignés
par la lumière ? Ainsi, si les
clivages existent, ils sont peut être plus
subtils. Et ne peut on pas
voir dans ces clivages, comme dans le
spectre infiniment riche qui existe entre le blanc et le noir, une
lueur
d'espoir ? Et si la loge
était plus qu'un lieu où les choses se
disent, et si la loge était surtout un lieu où
l’on peut cultiver sa vraie part
de lumière en pleine humanité, est ce que
l'humanité ne deviendrait pas loge ? Alors pourrait
peut être se réduire le clivage entre
sacré
et profane. Pour
ceux qui resteraient irrémédiablement
attachés à un débat "Franc Maçonnerie et
psychothérapies" ou "sciences de l'esprit et humanisme",
il resterait la sémantique et le
mot thérapie... et encore, car depuis que des linguistes
comme
SAUSSURE ont
ouvert la porte à LACAN, la sémantique
ramène
à la psychologie des profondeurs,
à l'homme, à son humanité... peut
être
sommes nous condamnés à l'évolution,
à
assumer notre humanité et nos besoins d’amour ?... A la suite de
cette soirée, j’étais
curieux de connaître les réactions
d’autres FF:.de l’atelier sur l’anecdote. Ceux
que j’interrogeais me répondirent sans
détour, confirmant la présence de deux
valeurs que j’étais venu chercher, la
tolérance et l’empathie. Les
métaux étant devant la porte, je
peux prendre le risque de flatter votre ego. En effet, il y a
une caractéristique comportementale de
l'atelier qui m'est très vite apparue comme
évidente et permanente avec une
tendance à s'auto entretenir, se renforcer comme disent les
psy. Cette
caractéristique c'est la bienveillance et la
compassion, je parle d'une tendance de fond que l'on peut assez
facilement
percevoir dans les vraies valeurs et les intentions, même si
nous sommes faits
de tas d'autres choses que nous ne maîtrisons pas toujours. Il est
intéressant de noter que dans son développement
psychoaffectif, l'enfant se structure et se construit pour une vie au
cours de
stades successifs, oral, sadique oral, sadique anal, phallique oedipien
(qui
ont permis à Lacan sa théorie du réel,
de l’imaginaire et du symbolique et à
Dolto ses théories des castrations, c’est
là que se situe l’Œdipe, etc). Chaque stade nous
construit jusqu’à d’adolescence et nous
les oublions si tout se passe bien, mais si un
évènement nous marque dans un
stade intermédiaire nous risquons d’investir
affectivement ce stade et le
problème c’est que ce stade va
déterminer notre structure de personnalité,
notre caractère. Ainsi, un grand
nombre d'entre nous va se fixer sur un
stade ancien et y fera un pèlerinage chaque fois que
ça n'ira pas avec pour
conséquence des réactions névrotiques
plus ou moins gênantes pour nous et nos
environnements. Ce
qu’il est particulièrement intéressant
de noter, c’est que le stade de
maturité, le stade le plus évolué est
le dernier stade, phallique oedipien, qui
forme pour les spécialistes la structure
histrionique, c'est à dire
celle qui caractérise une personne emphatique, sensible
ouverte sur l'autre
dans la bienveillance et la compassion. De telles dispositions
confèrent
probablement à ces personnes une grande
perspicacité dans la recherche de leurs
voies d'accomplissement et je me dis que ce n'est pas un hasard si
l’on trouve
cette structure de personnalité comme composante forte en
maçonnerie et en
développement personnel. En outre,
c’est cette
fonction empathique qui nous permet, dans la façon dont nous
structurons notre
temps avec les autres, d’être dans « l’intimité »,
au lieu de se limiter au « passe temps, au rituel,
à l’activité »,
autant de types de relations
utiles et nécessaires, mais qui n’ouvrent pas sur
le partage et encore moins
l’égrégore. Peut
être peut on voir
là aussi, et a contrario, la raison qui conduit
invariablement les dictatures,
pures structures paranoïaques fixées elles
à un stade de maturité moins
élaboré, à considérer la
maçonnerie et la psychanalyse comme très
menaçantes
pour leur existence. Au cours de ma
formation j'ai pu ensuite
constater que ce qui signe l'identité maçonnique
comme la psychothérapie, c'est
le processus, et en l'occurrence le processus initiatique. Le processus
initiatique constitue la voie d’accès à
la
connaissance en maçonnerie. Il passe notamment par le
symbolisme qui permet à
chacun de s’approprier sa propre représentation du
monde en conservant son
propre cadre de référence. Ainsi, le Franc
Maçon n’est pas poussé à
imposer son
cadre de référence à l’autre
ni contraint d’accepter celui du voisin. De
même, le processus thérapeutique est initiatique
qui mène de la compréhension à
l’acceptation de soi puis à
l’acceptation de l’autre puisque ce qu'on rejette
chez l’autre c’est notre propre zone
d’ombre et nos peurs. Il me parait
particulièrement
intéressant d’analyser très
sommairement le rôle du symbole en
psychogénétique
et de revenir à son usage en Maçonnerie. Le tout petit
enfant ne fait pas la différence entre les
différentes parties de son corps et les objets qui
l’entourent, entre le dedans
et le dehors. Il a un rapport aux objets immédiat, disparate
et pas articulé.
Ce sont des objets partiels qu'il ne relie à rien et qui
n'ont qu'un sens pulsionnel,
ceci jusqu'à ce qu'il s'aperçoive vers 6 mois que
son corps a une frontière, un
dedans et un dehors. Là, il
pense en miroir pas en structure : si maman est
en face de moi elle est mon image, et il projette sur l'autre son
propre vécu
interne "si elle répond à
mes besoins elle est bonne, si elle répond pas à
mes besoins elle est
mauvaise". L'enfant est dans
"l'imaginaire", il entre dit
Lacan dans une nouvelle aliénation. Vers 18 mois, 2
ans, il a la capacité de se rendre compte
que l'autre est différent : à ce moment
là, si je veux communiquer il va
falloir que j'utilise un symbole, une médiation, c'est pour
ça qu'on apprend à
parler. Peu à
peu on va donner du sens - tabouret - rouge - en
montrant on donne un nom à chaque chose puis aux sentiments,
aux pensées. A partir du
moment où j'accepte que l'autre n'est pas mon
image il va falloir la nommer. Si
les parents apprennent à nommer les choses, l'enfant va
entrer dans la
symbolisation avec plaisir et toute angoisse va couler avec les mots,
moins on
va lui dire et plus il va s'enfermer dans son propre imaginaire et ses
angoisses. Donner du sens en
verbalisant permet de passer de l'imaginaire au symbolique. La
thérapie sert en
verbalisant à accéder à la
symbolisation, donc à la compréhension et
à l'acceptation
en sortant de l'imaginaire. J'ai
remarqué que nos Seconds
Surveillants et nos Premiers Surveillants ne s'y prenaient pas
autrement. Leur
pédagogie n'est ni scolaire, ni académique. Ils
présentent un objet de la réalité en
le laissant dans
tout son mystère, l'apprenti régresse alors
brutalement dans sa phase
imaginaire, au mieux l'angoisse est recréée, au
pire la situation ou l'objet
ramènent un conflit. Là, le
Maître nomme l'objet, explique juste un peu et
s'empresse avec bienveillance de demander à l'apprenti
– enfant quel sens ça a
pour lui. Puis lentement,
toujours avec l'aide du groupe, de la
fratrie, l'apprenti - enfant, va dire, va nommer, il va donner du sens
et
construire dans son cadre de référence. Enfin,
tout étant à sa place, il va
pouvoir s'approprier la chose, et avoir un rapport adulte et serein
à son
environnement. Le
Maître, lui se trouve alors gratifié d'un superbe
phénomène de transfert
mérité et nécessaire pour la suite de
l'histoire et le
bonheur de l'atelier. Il va, juste
retour des choses, être victime d'un
contre-transfert ce qui n'est pas permis au thérapeute mais
pas dommageable en
l'occurrence car il y a tout de même quelques petites
différences entre un
thérapeute et lui. Il
n'est pas officiellement là pour guérir son
apprenti et il ne reçoit pas de
liquide à la fin de la séance, enfin de ce que
j'en ai vu. Enfin, ce
processus il faut bien le
savoir ne vaut que par la valeur de l'accompagnement. Si je vous
expliquais ce soir comment au bout d'un long
chemin j'ai vaincu quelques dragons cela vous semblerait
très évident et très
banal car il s'agit de mes dragons et non des vôtres. Hélas,
le mot n'est pas la chose, et il n'y a pas
d'autoroute entre notre cerveau reptilien, celui où logent
les dragons, et
cette petite merveille de la création, notre cerveau pensant
qui ne nous est
pas d'une grande utilité pour le bonheur et la
sérénité. Alors,
face à des réalités remplies de
périls l'enfant qui reste en nous n'a qu'une
voie pour son salut, se reconstruire, doucement en tenant la main d'un
autre,
de l'Autre, celui qui est déjà passé
et qui vous guidera avec sa seule
bienveillance jusqu'à cette berge ou les dragons sont
devenus petits, tout
petits. J’ai
pris un jour
conscience, et ce processus a changé mon regard, que les
dieux égyptiens se
sont éffondrés le jour où l'on a su
qu'ils n'existaient pas. Pour moi, la
Franc Maçonnerie et les
thérapies poursuivent les mêmes buts
d’amélioration de l’Humanité
et d’atteinte
de l’autonomie de la personne. Elles progressent
avec une même démarche de connaissance et
de recherche sur soi, conscientes de la nécessité
de changer soi même avant de
vouloir changer le monde. Ça
les distingue des institutions: la politique,
l’éducation, les religions, qui
relèvent essentiellement du « sur
moi »,
parent très normatif, et qui sont contraintes pour maintenir
leur structure et
survivre de s’appuyer sur les dogmes, les acquis et les
principes. Dans
la caverne de Platon, seul un regard intérieur nous permet
de voir la réalité
au-delà de nos conditionnements et de nos illusions. Bernard d'ORI\ |
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