GLDF Loge : Conscience et Fraternité - Orient de Paris Date : NC

Commencement…

C, troisième de notre alphabet, frappe les trois coups , comme au théâtre.

Au début, rien…. Le silence, l’obscurité totale, les ténèbres absolues, l’immobilité, le vide… tout au moins pour la perception humaine….puis…., quelque chose,… un je ne sais quoi, une présence d’abord extrêmement ténue, quasi imperceptible, puis se faisant plus sensible, quelque chose est là qui apparaît…. Quelque chose d’indescriptible, d’indicible dans ce silence et cette obscurité, elle approche, de plus en plus présente, elle approche…. Le mouvement est né, la graine germe, le sang de l’embryon commence à circuler, la respiration s’établit .

 Et lentement ce quelque chose en mouvement se fait de plus en plus présent, de plus en plus proche, de plus en plus existant, de plus en plus mouvant, jusqu’à ce qu’il apparaisse à notre conscience. Une particule jaillit, une lueur se distingue, une pensée naît…. Une idée apparaît…, mais très fugace d’abord, comme le dos des baleines, surgissant des profondeurs de l’océan, effleurant à peine la surface, pour retourner aussitôt dans les abîmes. A cet état, l’idée, la pensée, qui vient de jaillir de notre inconscient n’a pas de consistance, elle pourrait disparaître à jamais là, d’où elle provient ;  il faudra qu’à nouveau, elle émerge, et à nouveau encore  pour qu’elle nous illumine… la lumière est née, la plante apparaît, l’enfant vient au monde, le rideau se lève.

Désormais, nous avons émergé à la lumière, et nous y demeurerons… mais d’où provenons nous, qu’y a t’il sous ce voile d’où semble t’il toutes choses procèdent ?

Il y a, à mon sens, une seule et même chose mais qui porte des noms différents selon les personnes qui l’expérimentent, et les disciplines qui tentent de l’approcher ….

  • Pour les Kabbalistes, c’est au plus profond, l’Aïn , l’innommable, lequel évolue ensuite en Aîn Soph, puis c’est le monde des Sephiroth,  qui tente de nous faire percevoir , comment de Kether, la couronne, elle même à jamais incompréhensible et inapprochable à l’esprit humain  , jusqu’à Malkouth, le royaume, les énergies spirituelles s’enchaînent de Sephirah, en Sephirah pour arriver à la concrétisation, à la matérialisation…
  •  C’est aussi le vide pour les physiciens, vide quantique disent ils, car absolument vide, mais plein de… promesses, puisque de lui, jaillissent des particules qui y retournent aussitôt…ça bouillonne, ça pétille mais on n’en perçoit que les petites bulles qui en surgissent…autrement.. rien.
  • C’est le Tao pour les Taoïstes.
  • C’est l’inconscient, voire inconscient collectif pour les psychologues des profondeurs…
  • C’est le monde spirituel pour les croyants…

En tout cas un monde à jamais inaccessible au commun des mortels.  Ceux qui ont pu, un jour en soulever un coin du voile, ont été écrasés de terreur, terrassés par le sentiment de puissance qui s’en dégage. La folie ou la mort guettent les téméraires qui tenteraient de s’en approcher sans être initiés !

« Nul ne peut voir la face de Dieu et demeurer en vie » est il écrit dans la Bible.

C’est un fait certain, au commencement de toute chose, il y a le silence et l’obscurité. Au plan matériel, c’est au sein de la terre que tout germe se met à pousser, et là, invisible la vie s’éveille.  (La vie, n’est sans doute pas qu’organique, elle est vraisemblablement, comme le dit Hubert Reeves, cette propension manifeste qu’a la matière à s’organiser de façon de plus en plus complexe.)

Elle est encore imperceptible à tous, même aux plus avertis. Peu à peu, elle va se développer pour, arriver à se manifester à nos sens, d’abord de façon très fine, et discrète , puis de façon plus évidente, et enfin  en pleine lumière, mais encore de façon très discrète, puis de plus en plus visible jusqu’à l’épanouissement final, expansion matérielle de ce qui d’emblée avait été conçu et achevé en puissance.

Il en est ainsi de tout, même des réalisations matérielles les plus spectaculaires, qui n’existent d’abord de façon très subtile et diffuse que dans l’esprit de leurs promoteurs, puis de façon plus présente, et de plus en plus présente mais toujours dans l’esprit de leurs promoteurs , jusqu’à ce qu’ils commencent à se mobiliser, à se mettre en mouvement physiquement pour aller rencontrer un concepteur, un maître d’œuvre qui va utiliser ses compétences pour concevoir d ‘abord en esprit puis en plans tout ce qui sera nécessaire à la réalisation de ce projet. Ce n’est qu’en phase finale que les bâtisseurs concrétiseront matériellement, ce qui , au départ n’était qu’un songe.

L’énergie suit la pensée disent les Maîtres en acupuncture.

Nous, qui faisons partie d’ une association initiatique, nous travaillons dans un temple orienté. Un delta lumineux brille au dessus de la tête du Vénérable à l’Orient, il y a une colonne du nord et une du midi ; à l’occident, le couvreur armé de son épée, veille sur la clôture des lieux, comme Cerbère à la porte des enfers.

Le fil à plomb, au milieu du temple descend sur le pavé mosaïque…

Comprenons le sens profond de tout cela. 

- Il est vrai, sans mensonge, certain, et très véritable que ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut comme ce qui est en bas : pour l’accomplissement des merveilles de la chose unique. Est il écrit dans la table d’Emeraude d’Hermès Trismégiste.

Notre lieu, n’est pas un lieu profane, mais un lieu sacré qui représente à son image, le monde des essences de toutes choses. Nous évoluons dans le monde des archétypes et des symboles, celui qui précède la matière et l’espace temps, comme le font bien saisir les dimensions du T.’., et la durée symbolique du temps de travail que nous accomplissons.

Nous sommes dans les vérités ontologiques du vivant.

L’union du haut et du bas, de la lumière qui pénètre les ténèbres.

Seul le pavé mosaïque représente le monde matériel, c’est pourquoi nous y tournons autour sans jamais y marcher dessus.

Il nous rappelle que la création est biface, duelle, comme l’on bien compris les anciens, dont les auteurs de la Bible qui ont fait débuter la Genèse par la lettre Beith, de Bereshit, symbolique du chiffre 2 et de la dualité et non Aleph ; l’alpha hébreu, symbole du 1 et de l’unité.

Il est ombre et lumière, noir et blanc, car même la lumière matérielle est duelle puisqu’elle génère l’ombre en frappant la matière qu’elle ne peut pénétrer..

En loge, au sein du temple clos, nous sommes symboliquement en dehors de l’espace et du temps, nous en sommes au delà, dans une dimension sans dimension, en dehors de l’espace temps, en un lieu sans lieu qui est comme le rêve dont nous émanons. (Vous pouvez comprendre ainsi l’importance du rêve dans certaines sociétés primitives dont les aborigènes)

Les Hommes d’autrefois, savaient intuitivement que leur vie, leurs actions, les évènements qui survenaient, et même leurs pensées, étaient soumis à des forces occultes qu’ils ne maîtrisaient pas ; ils les attribuaient à des forces extérieures, des dieux, qui souvent se disputaient et dont ils n’étaient que les jouets ; puis le monothéisme est arrivé, et les croyants ont continué à penser que tout ce qui se passait n’était que le reflet de la volonté divine, ce que l’on retrouve encore de nos jours,  chez les musulmans…

 Inch Allah disent ils.., qui correspond à la sentence Chrétienne : Que ta volonté soit faite !

On le retrouve encore chez Jérémie, 10 ;23 ; « Je sais bien, oh, Eternel, qu’à l’homme tiré du sol n’appartient pas sa voie, il n’appartient pas à l’homme qui marche de diriger son pas ». Comme si la volonté que l’homme utilise était incapable de le mener vers là où il doit aller, vers son accomplissement. Comme si au plus profond de lui existait un autre Maître, qui murmure et dont il n’entend pas la parole.

L’homme moderne occidental, lui, se pense affranchi de ses racines qui, pourtant alimentent sa vie.

L’antique maxime «  Connais toi toi-même » ne semble plus d’actualité parmi nos contemporains.

Ayant découvert la liberté, ce bien extrêmement précieux qui nous rend responsables et collaborateurs du vivant, ils l’infantilisent pour la détourner vers leur bon plaisir, pensant qu’elle consiste en la possibilité de satisfaire les désirs de leur ego insatiable.(1)

L’ego, cette pierre brute que nous essayons de tailler à longueur de vie, pour atteindre cette pierre cachée, notre être véritable auquel il nous empêche d’accéder.

La F\ M\ , association philosophique, philanthropique et progressive a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité. Elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité.

Nombre d’entre nos FF\ ont comme la nostalgie d’une époque où les FFMM\ étaient à l’origine de lois apportant un progrès social.  Certains souhaiteraient que nous nous investissions davantage sur un plan politique afin de promouvoir nos idées de progrès.

Ce ne me semble pas être la voie, ce me semble être une voie pleine de vanité, dans le sens de vanité de l’être humain prisonnier de ses désirs, et une voie totalement vaine.

Nous, qui avons reçu la lumière, après être passé par le cabinet de réflexion et avoir subi l’épreuve de l’eau, de l’air et du feu, ne pouvons pas travailler comme des profanes, nos travaux se doivent, s’ils veulent être efficace pour tendre vers les buts que nous nous sommes fixés , s’enraciner dans ces essences dont nous sommes conscients, ne pas laisser éblouir nos ego au miroir des illusions du monde dans lequel notre vie ne fait que s’épanouir.

Nous ne pouvons et ne devons pas, comme des professionnels de l’image, qu’ils soient journalistes, politiques, ou autres stars idolâtrés du grand public, nous laisser aller à passer le plus clair de notre temps, à réagir à tous les évènements qui surviennent, faute d’avoir su ou pu les pressentir.

L’océan sera toujours parcouru de vents changeants, et de vagues innombrables.

Les misères de la vie affectent tout un chacun, et nous savons bien que «  tel qui rit vendredi, dimanche pleurera ». Le FM, qui est en recherche, s’il est dans la compassion envers ses semblables et les êtres vivants en général dont il se sent et se sait solidaire, est aussi affecté parce qu’il perçoit le gâchis que représentent les souffrances par rapport aux merveilles potentielles mais cachées qui pourraient advenir.

Ayons assez de sagesse pour le savoir, l’accepter et ne pas nous perdre. Si ceux qui détiennent la lumière la perdent, que deviendront ceux qui sont dans la nuit ?

Notre travail, dans ce monde des principes, consiste à nous arc-bouter sur notre tâche, pour, peu à peu, avec le temps et la foi en ce que nous croyons juste, donner une impulsion, non pour former d’incertaines vaguelettes en surface qui vont aller dans tous les sens, mais pour former une grande houle profonde, orientée par un souffle puissant.

Soyons là, présents.

Nous ne sommes pas en réalité de vrais constructeurs, dans le silence et l’obscurité de nos loges, nous  concevons ce qui, plus tard, sera élaboré, puis développé par d’autres qui pourront en tirer gloire, sans que souvent ils ne pressentent  les fondations de ce qu’ils auront bâti.

La lumière et la gloire ne sont pas notre lot.

« L’œuvre accomplie que l’homme s’efface, c’est la voie du ciel. » dit Lao Tseu

Une idée, quand elle vient du tréfonds de nous même, quand elle s’inscrit dans le processus d’évolution du vivant, quand elle est portée par des volontés paisibles, unies et fermes, se développe comme ayant une vie propre. Elle nourrit ceux qui l’ont perçue, mais il faut parfois du temps à ceux qui y font plus inertie, pour qu’elle les féconde, afin qu’ensuite, ils la portent puis la réalisent en la faisant leur.

Soyons là, patients, immuables, travaillons, pensons, vivons ce que nous croyons !

La perfection du but à atteindre n’est pas différente du chemin que nous parcourons pour y parvenir ; car si le geste est parfait, n’est il pas juste de penser que la résultante de ce geste le sera aussi ?

Le but est inhérent au chemin ! La quête du Franc-Maçon, inhérente à celui qui la porte.

 «  On juge un arbre à ses fruits » est il encore écrit dans la Bible.

C’est pourquoi, nous, FF\.MM\. ne devons pas nous éblouir, ce n’est que de notre propre perfection que pourront sortir de parfaites propositions. Veillons à dégrossir, puis polir notre pierre brute. Qu’à chaque instant de notre vie qui prélude à une décision, redescendons au cabinet de réflexion, revisiter la devise VITRIOL, pour aller chercher au cœur de la terre Mère l’essence de nous même donc l’essence de ce que nous cherchons….

Voilà des vérités essentielles … à moins que de considérer que tout notre rituel, tous nos symboles ne relèvent que d’un folklore désuet, que d’aucuns trouvent sans doute superflu.

Mais ce n’est pas mon point de vue, nous avons la possibilité, en creusant au fond de nous même, en étant unis et fraternels, humbles et compatissants, en ayant toujours à l’esprit ce qui est important, d’accéder à la force intérieure qui fait que les choses se réalisent…

Mais il nous faut être vigilants, car des ennemis nous guettent. Ils sont moins les adversaires traditionnels et historiques auxquels vous songez, qu’un ennemi plus sournois, contre lequel, pourtant, nous avons été mis en garde le jour où nous avons reçu la lumière.

Quel est cet ennemi invisible et acharné à préserver ses prérogatives ?

Nous même, ou tout au moins cette partie de nous même que nous nommons la pierre brute, que d’autres ont appelé notre ego.

Comment le combattre afin d’arriver à la conscience, ou au soi, ou à la pierre cachée ?

Les règles sont connues de tous temps, car révélées depuis des millénaires par les grands sages qui, ont vécu de par le monde.

      « Qui se diminue grandira;
         Qui se grandit diminuera. »

         dit Lao Tseu , ce qui revient exactement à la sentence Chrétienne,

« Ceux qui s’élèvent seront abaissés, ceux qui s’abaissent seront élevés », ou chez nous à laisser les métaux à la porte du T, mais de le comprendre aussi, comme délaisser ce qui peut nous faire convoiter les métaux. C’est aussi la lame 16 du Tarot, la Maison Dieu , ou la tour foudroyée, qui met en garde ceux qui veulent jouir, et se glorifier des fruits de leurs actes, et qui sont frappés par le feu du ciel.

Les sages de l’humanité ont tous compris la nécessité de faire fi de notre ego, de le maîtriser, afin que notre vrai Maître intérieur puisse nous accomplir.

C’est un fait certain, au commencement de toute chose, il y a le silence et l’obscurité, c’est pourquoi nous avons commencé notre vie maçonnique au cabinet de réflexion au sein de la terre où nous avons contemplé VITRIOL, pour trouver notre pierre cachée, afin qu’elle éclaire nos actions. Que nos réflexions, soient motivées par ce qu’il y a de plus noble en nous, de plus désintéressé, de plus humble , de plus profond… que ce que dit mon frère soit ce que j’allais dire, que sa joie soit la nôtre, ses efforts, les nôtres, ses succès les nôtres aussi.

Un vrai Maçon, ne peut avoir d’ambition personnelle, son seul désir est de se trouver, et de se perdre aussitôt en lui même, mourir à soi même pour renaître à ce que l’on est vraiment, le résultat de l’élan de la vie… 

         il agit sans rien attendre,
         son oeuvre accomplie, il ne s'y attache pas,
         et puisqu'il ne s'y attache pas,
         son oeuvre restera…… dit Lao Tseu.

Cherchons l’essentiel !

Il nous faut nous méfier de notre ego, c’est lui qu’il faut briser, c’est lui qui doit mourir lui, qui peut pervertir, ce qui semble être très noble. Il peut se nicher au sein du courage, de la bravoure, et de la plus sincère humilité.

Gardons nous de nous sentir importants, gardons nous de nous croire supérieurs, gardons nous de nous penser appartenir à une élite, gardons nous de notre générosité, de notre fraternité, de nos belles idées, gardons nous de ce qui nous fait plaisir, de notre dignité, gardons nous de la perception que nous pouvons avoir de nos idéaux, de nos valeurs. Si, je me sens meilleur que le pire des profanes, je suis perdu pour la F\M\ et pour l’humanité. C’est pourquoi, osons nous moquer de nous même, pratiquons l’autodérision ; osons rire surtout de ce pour quoi, nous avons du respect, car c’est ce en quoi nous avons du respect qui nous rend respectables aux yeux de notre ego. Soyons irrespectueux envers nous même.   Rions donc de nous même dès que nous sentons que nous allons nous prendre au sérieux !


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