Le symbole
Introduction - Pour moi le symbolisme, c'est du chinois.
- Bravo ! vous avez tout compris.
En effet l'idéogramme chinois, représente
directement l'objet, ou comme son nom
l'indique, l'idée. Il est indépendant de
l'expression orale et sera compris de
ceux qui en auront appris les règles même s'ils
ignorent les langues parlées
dont il constitue l'écriture.
Un exemple, abréviation et non symbole : si
j'écris "douze", je serai
compris par ceux qui pratiquent le français, "XII" en
chiffres
romains aura, par contre, une signification, indépendante de
sa prononciation
dans différentes langues, elle sera comprise par tous les
utilisateurs de
l'alphabet latin.
Le
symbole n'est abréviation qu'au sens littéral. Il
est globalisant et ne saurait
être réduit à nos propres limites.
C'est une voie vers l'Universel, ,C'est la raison pour laquelle le
texte de
Gabaon vous est proposé. Ecrit pour une étude sur
le « Bahir », on pourrait
s’attendre à ce qu’il ne traite
qu’un aspect du symbole, le sujet s'y oppose !
Le constructeur, le danseur, le musicien le potier, tous ceux
qui par la
pratiquent d'un métier et non un simple emploi
sont en contact avec la
réalité, seront en résonance avec le
court texte qui suit. Ceux qui y
découvriront un aspect inconnu du monde, y trouveront une
clé pour appréhender
l’inexprimable.
C.
G. le 27 décembre 97
Lorsqu'on parle de la « claire
lumière », il ne s'agit pas de la
lumière physique, mais de ce qui lui correspond dans les
mondes supérieurs et qu'on ne peut concevoir que par une
transposition analogique. La lumière physique n'est qu'un
symbole de cette Lumière supérieure où
se tient le Saint, béni soit-Il. Etant donné que
le Bahir va recourir constamment à la pensée
symbolique, il est bon d'essayer dès à
présent de cerner ce qu'est le symbole.
Origine du terme
Le mot dérive du grec sumbolon, sumbolon, qui servait
à désigner une chose composée de deux
parties. Les sumbola, sumbola, représentaient en
Grèce les deux moitiés d'une tablette ou d'un
objet quelconque qu'on avait brisé lors d'un contrat et que
chacun des deux contractants conservait en souvenir de l'entente.
Les sumbola pouvaient également servir de signe de
reconnaissance entre deux individus par aboutement des deux morceaux.
Le verbe sumballein, sumballein, signifie réunir,
rassembler, et dérive de bolein, bolein, lancer, car
sumballein avait primitivement le sens de lancer ensemble. De ce point
de vue, son antonyme, diaballein, diaballein, origine de notre mot
diable, signifie lancer en travers, séparer.
Ce que nous apprend
cette étymologie
L'essentiel de la nature du symbole se déduit de cette
étymologie.
Le symbole, trace d'une Unité perdue, est le souvenir d'une
ancienne alliance avec les réalités
supérieures et divines. Et comme tout ce qui est s'englobait
primitivement dans cette Unité, tout existant, de ce monde
ou des autres, peut se concevoir comme l'une des deux parties d'une
réalité totale, à la condition
toutefois de ne point considérer ces parties comme
égales, celle qui est cachée étant
sans commune mesure avec celle qui se montre. Ainsi, les existants
vivent dans la coupure (la lumière physique est
séparée de la « claire
Lumière »). Mais en même temps,
comme symboles, ils rappellent ce qui se trouve de l'autre
côté de la ligne de démarcation (la
Lumière supérieure fait l'objet d'une
réminiscence que provoque la lumière physique).
De ce point de vue, la fonction du symbole est moins de montrer une
chose dans sa réalité tronquée que de
référer à cela seul qui la
rétablirait dans sa complétude si la coupure
venait à s'effacer. En somme, les symboles ont
même statut que les mots qui signifient plus qu'ils
n'attirent sur eux-mêmes l'attention.
Et, parce que le profane ne considère pas ainsi les choses,
mais s'arrête seulement à ce qu'elles sont en
elles-mêmes, sans égard à la
réalité cachée qu'elles
désignent, pour cette raison, les symboles ont toujours
servi de signes de reconnaissance entre les initiés.
Enfin, le symbole est ce qui permet de relier les choses d'en bas
à celles d'en haut et tout ensemble d'unir le
méditant à son Principe divin. A cet
égard, le symbolisme est l'antithèse de tout ce
qui sépare, depuis la pensée analytique et
conceptuelle qui ne cesse de dresser des frontières entre
les choses jusqu'à la force descendante, le Diable, qui
sépare les hypostases du Principe Suprême.
Le fondement
métaphysique du symbole
A ces remarques tirées de l'étymologie, il
convient d'en ajouter une autre, tirée cette fois de la
métaphysique.
Si une chose en symbolise une autre, ce n'est point en vertu d'une
convention ou simplement parce que la nature humaine est faite en telle
sorte qu'elle conduit à élire telle chose comme
symbole de telle autre, mais parce que toutes choses
dérivent de réalités non humaines,
à savoir les Principes supérieurs ; en portent en
conséquence la signature ; et par là les exprime.
L'immémoriale antiquité
des symboles
De là vient que, chaque fois que l'on tente de situer
l'apparition d'un symbole dans l'histoire, on constate qu'il est
impossible de lui fixer une origine spatiale ou temporelle
déterminée. Car ce qui ici fait signe, c'est en
réalité l'origine non humaine du symbole. Par
exemple, la Croix n'a pas commencé d'être un
symbole avec le christianisme, comme on le croit ordinairement, mais se
rencontre partout, aux époques les plus reculées
et avec même signification : celle d'une domination sur ce
monde (branche horizontale) et sur tous les autres (branche verticale).
De la sorte, il faut dire, non pas que la Croix est symbole parce que
le Christ fut crucifié, mais bien plutôt qu'il est
mort sur la Croix parce qu'elle est un symbole.
La pluralité des sens
attachés au symbole
Ayant leur source première en la Divinité
Infinie, les symboles comportent un nombre illimité de
significations. Et, en premier lieu, celles-ci s'étagent
selon un axe vertical qui va du symbole lui-même au Principe
Suprême en passant par toutes les stations
intermédiaires, sans pour autant que ces sens
superposés se contredisent; car, tout au contraire, ils se
complètent et s'harmonisent. En second lieu, ces
significations s'étalent selon un axe horizontal, ce qui
signifie qu'en ce monde chaque catégorie d'existants est, de
proche en proche, en relation de correspondance avec toutes les autres.
Enfin, ces significations réfèrent
également aux réalités des mondes
inférieurs qui, eux aussi, ont leur origine dans le Dieu
unique.
Le double aspect des symboles
De ce que les symboles peuvent référer aussi bien
aux réalités supérieures qu'aux
réalités inférieures, il suit qu'ils
comportent toujours un double aspect, lumineux et
ténébreux, positif et négatif. Ainsi
de la Nuit, symbole des maléfices, mais aussi de
l'Indifférenciation principielle ; du nombre apocalyptique
666, à la fois nombre de la Bête et nombre
solaire; du Lion, emblème de l'Antéchrist et du
Messie tout ensemble ; du serpent qui se manifeste tantôt
comme démon tentateur, tantôt comme gardien de
cette Connaissance supérieure que représentent
les pommes d'or du jardin des Hespérides ou la toison d'or
sur le hêtre de la forêt de Colchide. Il arrive que
les deux sens, bénéfique et maléfique,
du symbole soient figurés ensemble : tel est le cas du
caducée, du bâton brâhmanique et aussi
du serpent Shêsha ou Ananta, qui entoure le Mêru,
la montagne polaire, et que tirent en sens contraires les
Dêvas et les Asuras, les Anges et les Titans.
Le symbole comme instrument de
réalisation
Parce que le symbole condense en lui un nombre illimité de
significations, il est par excellence le support de toute
pensée effectivement synthétique et l'instrument
de ceux qui travaillent sur eux-mêmes à effacer la
coupure qui les sépare de ce monde-ci, des autres et de la
Divinité Elle-même.
Parce que le symbole reflète, parmi les
réalités supérieures, celles qui, en
vertu de leur transcendance, ne peuvent être
imaginées, conçues ni
représentées en toute autre manière,
il est seul à pouvoir réveiller l'Intellect,
l'organe de l'intelligence des choses divines.
C\ G\
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