GLDF | Loge : NC | Date : NC |
Le G\A\D\L’U\
Parce que depuis que je suis initié je me suis souvent interrogé sur ma propre interprétation de ce concept. Je vais maintenant vous livrer l’état de mes réflexions. Où et Quand ai-je lu ou entendu cette expression ? - Le V\M\ invoque le G\A\D\L’U\ à l’ouverture et à la fermeture des travaux en Loge. - La Déclaration de principes de la G\L\D\F\ énonce dans son premier principe : « La G\L\D\F\ travaille à la gloire du G\A\D\L’U\ ». - Dans le rituel d’initiation, lors du serment solennel, nous jurons sous l’invocation du G\A\D\L’U\ et il est mentionné un certain nombre de fois dont la première fois accompagné de l’expression « principe créateur ». Ce n’est donc pas une formule qu’on nous ressasse mais la rareté de son utilisation n’altère pas son importance car ne nous y trompons pas, elle pèse d’un grand poids sur notre engagement par le sens qu’on peut lui attribuer. « A la Gloire du G\ A\ D\ L’U\… » Au moment de l’ouverture des travaux en Loge, l’invocation au G\A\D\L’U\ résonne profondément en moi par la solennité de cet instant. Je ressens dès le début, une montée en puissance dans le rituel d’ouverture qui arrive à ce moment précis à un point culminant. Silence religieux, attention soutenue, concentration sur soi-même, rigidité des corps fixés à l’ordre dans une attitude respectueuse, voilà un grand moment qui m’a frappé dès mes premiers pas en tant qu’initié. A ce moment de la rupture avec le monde profane, j’ai conscience d’un moment d’éternité, ô combien court, où l’on sent que tout peut devenir possible, où l’on se sent fort, tous FF\ unis par les paroles prononcées avec solennité par le V\M\. J’ai mis longtemps à analyser l’effet produit sur moi par ce moment, ressenti intuitivement, à appréhender ce bloc de FF\ soudés autour de leur V\M\, à prendre conscience de la noblesse de cet instant hors du temps. Et le charme agit toujours. Je parle de charme, nous sommes des gens raisonnables, pourquoi serais-je charmé ? Qu’évoque pour moi le G\A\D\L’U\ pour être ainsi subjugué ? J’ai compris depuis longtemps déjà qu’une première réponse est dans la découverte de l’amour que l’on porte à autrui, au monde qui nous entoure et en retour à la réception de l’amour présent dans l’environnement. Mais au début, je ne me posais pas la question, trop occupé à m’imprégner du rituel, aux règles inhabituelles, de ce monde mystérieux du Temple et à découvrir les richesses humaines de mes FF\. La Bible ne me troublait pas reposant, là, sur l’autel des serments. Le G\ A\ D\ L’U\ m’apparaissait comme une périphrase sacralisant les travaux en Loge par référence indirecte au Divin. Bien sûr on est tenté de voir un Dieu unique et révélé dans cette formule. Si l’on se réfère à la franc-maçonnerie « régulière » cette interprétation est tout à fait explicite et légitime. Pour nous francs-maçons de la G\ L\ D\ F\ il semble en aller autrement puisqu’on nous laisse le libre choix de notre interprétation. Les souvenirs, les vécus antérieurs, sont d’une importance capitale pour chacun d’entre nous. Nous sommes le produit de l’histoire de notre moi qui s’enrichit au cours de notre vie. Je fus catholique fervent dans ma jeunesse. Les impressions que je vous livre sont sans doute une façon de replonger dans les souvenirs plus ou moins consciemment. Quiétude de l’église, ronronnement du cérémonial, innocence de la jeunesse imprégnée de bons sentiments. Tout ceci laisse des traces indélébiles dans la mémoire, surtout lorsqu’on subit une forte imprégnation. Mais avec « l’âge de raison » la foi m’a quitté. Je ne crois ainsi plus à un Dieu unique et révélé. Par contre, il est clair, pour moi, que je crois que la Nature n’est pas le fruit du hasard. Fruit de l’évolution diront les darwiniens. Je ne sais. Les lois de la nature existent et ne peuvent que préexister. Dieu est-il dans tout, dans chaque objet de la création, comme le pensent les animistes ? Est-il autour ou ailleurs ? Je ne m’en élabore aucune idée ni image. Je me tiens juste en attente. Ma curiosité est ouverte à toute nouvelle d’ordre rationnel qui puisse me permettre de comprendre, de me faire une représentation. Mais j’éprouve aussi une vive curiosité pour l’irrationnel car il n’est pas, je pense, que le fruit de l’imagination des charlatans se jouant de la crédulité des gens. J’ai une conscience immédiate d’une volonté créatrice à l’œuvre dans l’univers ou alors pour des raisons subjectives peut-être que je veux m’en persuader. Pourtant le doute s’insinue et ronge. Tout cet environnement, du cosmos à la particule élémentaire, sorti de rien ? Je ne peux le croire, un principe d’ordre est à l’œuvre dans l’univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, le monde est organisé. Cela est. Disons que le monde a un sens, ce qui correspond à la conception de la franc-maçonnerie sur la vie et l’univers. C’est ce problème du sens qui me trouble et me questionne et pour lequel je n’ai malheureusement pas de réponse. Pour revenir au rituel, remarquons qu’on nous y exhorte à honorer le G\A\D\L’U\. « A la gloire du… » entendons-nous. Dans cette expression il y a reconnaissance de la puissance de l’entité ou du principe évoqué. Qu’est-ce qui justifie une telle obséquiosité ? Force est de constater que le plus orgueilleux des hommes ne peut se targuer d’avoir influé en quoi que ce soit sur lui ou son entourage avant d’être né ou du moins d’avoir pris conscience de sa propre existence. Pourquoi en est-il ainsi ? sinon par le fait qu’il est lui-même création, produit de la « providence ». Certains parlent de destin . Pour moi, je ne sais si je suis prédestiné, mais je sais bien ce que je veux. Cette exhortation à honorer le G\A\D\L’U\ n’est donc à minima que le constat de notre faiblesse face au mystère de l’univers, face à ce qui peut-être admis comme un créateur possible, sans préjuger de sa forme, principe ou autre. Une sorte de reconnaissance en somme. Et aussi, mais c’est un engagement personnel, la promesse de Indiscutablement dans nos loges le G\A\D\L’U\ est un symbole, non pas au sens de signe mais plutôt de représentation d’une valeur intraduisible en langage concret. On peut aussi imaginer que cette longue appellation cache notre ignorance ou notre refus de prendre parti. La F\ M\ est tolérante; c’est la preuve qu’elle ne veut pas imposer de dogme aux FF\ initiés. La référence à l’art du constructeur géométrique est clair. Nous avons affaire à un principe créateur, édificateur du monde visible et invisible. Il suffit de se pencher sur la structure des systèmes qui composent quelque élément de la nature que ce soit pour constater que des forces physiques organisent ces systèmes. La physique moderne compte quatre forces de base qui organisent la matière sans discontinuité. Ce fait est fascinant. On peut se demander si l’Architecte est lui même bâtisseur ? Peut-être le fut-il dans quelque temps lointain du moins pour l’aspect matériel. Maintenant ce sont les hommes de bonne volonté qui continuent son ouvrage. Ceux pour lesquels on a soulevé le voile qui masquait la lumière. Elle apparaît bien ténue cette lumière. Bâtissons, en l’honneur de notre idéal. C’est sans doute un sens de l’invocation. La réflexion sur le G\A\D\L’U\ entraîne bien loin, car ce symbole laisse en fait libre cours à toutes les interprétations possibles et là réside la sagesse. L’initié possède ainsi, par ce référent, la double possibilité, soit d’appréhender la transcendance, ce qui de fait tend à l’amener à des réflexions profondes sur la recherche de la vérité, soit de reconnaître, dans ce référent, le concept qui correspond à sa religion, s’il en possède une, ou sa représentation de la création du cosmos. Mais jamais l’initié ne sera athée stupide, ni libertin irreligieux car il croit en l’homme. Il cherche à le comprendre. L’homme semble être un projet construit, bien que la finalité lointaine nous échappe au delà de la mort. Ce qui est source d’angoisse. Mais nous savons intimement que nous sommes en quête de sens. Nous pouvons l’appeler la Lumière. Nous avons constaté que les mots qui composent cette expression sont lourds de sens. Mais ont-ils un sens fort pour tous? On peut en douter par l’inconsistance du comportement de certains d’entre-nous. Pourtant les mots sont porteurs d’énergie. Le symbole évoqué nous ouvre grandes les portes de la spiritualité. D’ailleurs si nous sommes toujours présents prêts à nous dévouer à la F\M\, à la Loge, à nos FF\, à nous investir dans notre environnement, n’est ce pas parce que cette énergie nous anime. L’action est portée par le verbe. Le rituel nous unit, nous éduque, crée cette puissance du groupe, animé par la perspective de travailler à la Gloire du G\A\D\L’U\ voire de l’Homme. Notre faiblesse originelle d’homme se transmute en une force collective capable des plus grandes entreprises. Notre force réside dans cette union fraternelle sans cesse renouvelée. A l’image du parcours du F\ M\ apprenti au silence, ensuite compagnon travailleur et voyageur apprenant à parler, puis maître en possession de toutes les prérogatives de son grade et maître de sa parole, le Verbe nous crée petit à petit F\M\ à part entière en suivant le pénible cheminement rituélique. Ce sont les mots qui nous donnent l’énergie de poursuivre notre quête d’homme. Car Homme nous sommes et la conscience et l’acceptation de cet état sont essentiels pour comprendre le symbolisme du G\A\D\L’U\, alors selon l’idée que l’on s’en fait, l’Homme n’occupe plus tout à fait la même place. Je vois deux alternatives : Soit le G\A\D\L’U\ a créé l’homme à son image. Il est Dieu ou d’origine divine. L’homme est finalisé et le fruit d’un dessein, il possède en lui une parcelle du sacré et c’est ce que nous recherchons et que nous appelons l’âme. Soit le G\A\D\L’U\ n’est qu’un bâtisseur sans conscience particulière de l’homme. Il applique ses lois ou les lois de l’univers. L’homme n’est-il alors que le fruit du hasard ou plutôt de l’évolution ? Quand bien même cela serait, nous sommes néanmoins en quête de la force vitale, de la connaissance de ce qui nous a amenés à cette place originale que nous occupons, croyons-nous. La lumière n’est pas perdue, elle est autre. Il n’en reste pas moins vrai que nous existons, comme l’exprime bien Descartes, par la pensée d’abord. Ce qui ne nous autorise pas à croire en l’existence d’une âme d’origine divine, mais laisse songeur sur cette parcelle de lumière que seuls les hommes semblent posséder dans le monde animal. J’ai découvert récemment, dans une revue scientifique, que ce problème de la nature du G\A\D\L’U\ est largement d’actualité dans le monde profane puisqu’elle sert d’argument contre la thèse évolutionniste de Darwin. Certains chercheurs alimentent plus ou moins volontairement la contestation de groupes extrémistes antidarwiniens ne voulant connaître l’homme qu’en tant que créature divine et s’appuyant strictement sur le programme de la Genèse. A côté de cette interprétation maximaliste, il reste heureusement bien d’autres attitudes scientifiques possibles. Cette réflexion est révélatrice de l’importance que revêt depuis toujours cette quête de l’homme par rapport à ses origines. Elle appelle notre attention sur le rôle modérateur que le F\M\ doit jouer, animé par l’esprit de tolérance, il se doit de combattre les pensées totalitaires. Le G\A\D\L’U\ ne peut donc être mal interprété dans nos ateliers. Travailler à la Gloire d’une entité, d’un principe dit notre rituel, qui nous dépasse ne peut poser question à des initiés qui ont prêté serment sur un livre sacré. Le F\M\ ne peut être athée, il ne peut que croire. Nous l’avons déjà dit, nous croyons en l’Homme. En Loge, il nous faut nous saisir des outils symboliques qui nous sont offerts. A nous de laisser notre intuition nous guider vers la raison de notre participation au grand œuvre. Nous sommes des bâtisseurs. A nous, à l’aide des outils symboliques d’accomplir le dessein du G\A\. Recherchons inlassablement, guidé par la sagesse, la force et la beauté, à bâtir ce monde d’ordre dans lequel l’Homme s’épanouira dans l’amour universel, une harmonie interne et une coopération sans faille avec les autres hommes et la nature. C’est ainsi que je comprends le symbolisme du G\A\D\L’U\. C’est pourquoi, mes FF\, je me sens à ma place dans cette obédience, dans mon atelier, prêt à travailler : « A la Gloire du G\A\D\L'U\ … ». J’ai dit, V\ M\ S\ S\ |
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