Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Parmi
tous les « Landmarks » Anglo‑Saxons, il en est un
d'une extrême importance de
par les discussions qu'il a suscitées : C'est la croyance en
l'existence de
Dieu, considéré comme le Grand Architecte de
l'Univers! 1) Historique Les
Constitutions de 1723 dont la rédaction serait due
essentiellement aux Pasteurs
ANDERSON et DESAGULLERS, et qui constituent la Charte universellement
reconnue
de la Maçonnerie Spéculative,
précisent en leur Article Ier: « Un
Maçon est
tenu par son obligation d'obéir à la Loi morale
et, s'il entend bien l'Art
Royal, ne sera jamais un athée stupide ni un libertin
irréligieux ». Ce texte
marque un progrès considérable par rapport aux
Landmarks des Old Charges ou
Anciens Devoirs des Maçons Opératifs. En effet,
ces « Devoirs » s'adressaient à
une confrèrerie catholique, constructrice
d'édifices sacrés et composée de Loges
dispersées alors que les Constitutions concernaient des
Loges spéculatives
groupées et organisées au sein desquelles se
côtoyaient des catholiques, des
protestants, des juifs, des musulmans ... etc. II a
été avancé que cette
évolution est la conséquence, sinon le fait, de
membres
des églises Réformées qui aspiraient
à entrer en Franc‑Maçonnerie. En tout
état
de cause, avec le concept du Grand Architecte de l'Univers est apparue
l'une
des manifestations les plus significatives de la Liberté de
Conscience ; il
s'agit bien d'un aspect de tolérance, aussi large que
l'état d'esprit de
l'époque le permettait. Néanmoins, en 1736
DERVENWATER, Grand‑Maître, a cru
devoir modifier de façon restrictive cette conception en
ajoutant : « Ni un
libertin sans religion ». Cette position, en
régression par rapport à celle
d'ANDERSON, restera celle de la Franc‑Maçonnerie Anglaise (
cf dogme ). Mais,
bien que dans les temps anciens les Maçons fussent tenus
d'être de la religion
du pays ou Nation, on considère maintenant comme plus
à propos de les obliger
seulement à cette religion sur laquelle tous les hommes sont
d'accord, en
laissant à chacun ses opinions particulières ;
c'est à dire d'être des gens de
bien et loyaux, autrement dit des hommes d'honneur et de
probité, quelque
soient les dénominations de croyances qui puissent les
distinguer. La
Maçonnerie devient ainsi ( je cite ) : « Le centre
de l'union et le moyen
d'assurer une fidèle amitié entre des personnes
qui seraient restées
perpétuellement éloignées l'une de
l'autre ». Il) Le Grand Architecte en tant que
symbole Oswald
WIRTH commente ainsi : « N'érigeons pas
le G\A\D\L'U\ en un objet de
croyance mais voyons‑y le symbole le plus important de la
Maçonnerie afin de la
comprendre et de construire, chacun pour soi le sanctuaire de ses
considérations personnelles ». Ainsi la notion
de G\A\D\L'U\ est en
Maçonnerie à la fois plus ample et plus
restreinte que celle du Dieu des
diverses religions. Le G\A\D\L'U\ peut, dans une certaine mesure,
être
assimilé au démiurge
platonicien dont l'intelligence nous échappe. La
Franc‑Maçonnerie a, dès son
origine, adopté l'expression « Grand Architecte de
l'Univers » pour montrer
ainsi sa conception de la divinité dans ses rapports avec le
monde et avec
l'homme. « G\A\D\L'U\,
dit René GUENON, trace le plan idéal qui est
réalisé en acte, c'est à dire
manifesté dans son développement
indéfini par les êtres individuels qui sont
contenus dans son Etre Universel ... et c'est la
collectivité de ces êtres
individuels, envisagé dans son ensemble, qui constitue le
démiurge, l'artisan
et l'ouvrier de l'Univers » ... Cette
conception dans l'inconscient collectif correspond à l'Adam
Kadmon, c'est à
dire l'Homme Universel ( Mircéa ELIADE). Le G\A\D\L'U\
reste une entité métaphysique, principe de la
Connaissance, de la Lumière
occulte ; son rôle devient essentiellement spirituel et cette
position ne
s'oppose nullement à celle de la religion ; en
réalité, à partir du 3è'Degré,
HIRAM, le Maître constructeur, se substitue pour les Rites de
l'initiation au G\A\D\L'U\ ; ainsi, symboliquement, HIRAM
revit
à travers tous les
Initiés. Relativement
au Volume de la Loi Sacrée, l'attitude de l'Ecossisme est
également
parfaitement claire : Ce Livre est la Première des 3 Grandes
Lumières de la F\M\ non point comme expression de la
volonté
révélée de Dieu mais comme pur
Symbole de la plus haute spiritualité humaine. BACHELARD
disait à ce sujet : «
Le symbole donne à penser et à méditer
... c'est une fenêtre ouverte sur le
Monde » ... Au delà : L'enseignement du R\E\A\A\ est centré sur la
recherche de la Parole Perdue.
Il ne s'agit point
de l'acquisition d'un savoir ou d'une culture mais bien de la recherche
d'une
Connaissance métaphysique ... III) Approche Philosophique et
Initiatique Le
concept de G\A\D\L'U\ peut se constituer en une vision
totalisante du
monde qui met en parallèle l'ordre et l'harmonie de
l'Univers avec idéal de
notre état et de notre conduite humaine. On pourra ainsi
penser à LIEBNITZ
affirmant que « Dieu est tout ordre » ; il s'agit
alors d'un acte de foi en un
Ordre du Monde permettant confiance et espérance en l'Homme. Dans
le
Mythe Maçonnique, le Maître renaît de
par cette
cérémonie particulière des «
5 Points
Parfaits » : Il est Hiram !... De façon identique
apparaît une sotie de
réitération du mythe de la Création et
nous
faisons « comme si » le G\A\D\L'U\
avait créé un univers ordonné et
harmonieux du
microcosme au macrocosme ...
C'est selon les espérances de Voltaire ( « Je ne
conçois point qu'il y ait
d'horloge sans horloger » ... ), mais aussi suivant les
éventualités de la
cosmologie moderne ( l'Univers peut effectivement avoir
été créé ex‑nihilo
d'après les lois de la mécanique quantique ). L'Ecossisme
a ainsi pu s'adapter à la pensée moderne de
façon Initiatique : Evitant
l'erreur du rejet banal et le piège de la confusion
Théiste, il a su donner une
dimension qui transgresse les sciences les philosophies et les
religions, en se
plaçant tout à la fois au dessus et en dehors.
L'approche Initiatique s'inscrit
ainsi dans la démarche Maçonnique qui est une
dynamique allant dans le sens de
la Création jamais achevée et toujours en cours
d'un Homme nouveau: L'Initié
... L'idée
du Grand Architecte témoigne d'un « Sens
» qui s'exprime et s'inscrit également
dans la flèche du temps : Les Francs‑Maçons
manifestent ainsi leur attachement
à un univers où le sens j'emporte sur le
non‑sens, l'Etre sur le Néant » (
Henri TORT‑NOUGES ). Ainsi, pour le F\M\ Ecossais, le G\A\D\L'U\
est un principe créateur, dynamique par excellence,
organisateur de l'Univers,
mais aucun dogme ne s'y rattache ; il lui est possible de le concevoir
comme la
Loi qui régit la matière dont les hommes ne
peuvent percevoir que les
manifestations sensibles. . Dans ce
cas, l'univers visible dont il est le principe conducteur et
conservateur est
la divinité à l'état de manifestation
... Il peut l'entendre également comme
l'organisateur, l'ordonnateur, le géomètre, la
force d'ordre qui lutte contre
le Chaos et lui substitue une harmonie, c'est à dire comme
un principe d'Ordre
... il peut aussi, s'il le désire, l'admettre comme un Dieu
créateur, principe
d'existence : Ce peut être le Dieu des philosophes du
18ème siècle aussi bien
que le Dieu des religions révélées du
Livre : il justifie toujours la lutte de
l'Homme contre la matière, le hasard ou le destin ... Le symbolisme du G\A\D\L'U\
n'étant lié à aucune croyance, il
exprime donc la foi du Maçon Ecossais dans la
totale liberté de conscience, il se place tout naturellement
dans le cadre de
initiation sur le plan idéal transcendant le Chaos, exaltant
les valeurs
spirituelles les plus hautes, donnant le goût du
Sacré et conduisant au voyage
vers l'invisible. IV) Conclusion Pour le
Maçon Ecossais, le G\A\D\L'U\ est aussi bien le Dieu
de PLATON ( Le
Timée ) que la divinité dont parle VOLTAIRE (
Dialogues philosophiques) c'est
aussi le Dieu évoqué par DESCARTES ( Les
méditations ), c'est enfin celui de J‑J.
ROUSSEAU ( Emile ). Pour l'Ecossisme, le G\A\D\L'U\ n'est donc
pas
nécessairement une personne divine dont la
volonté révélée serait
visible en
Loge et se serait exprimée une fois Pour toutes par le texte
immuable d'une Loi
écrite ! C'est un Principe Supérieur qui n'exige
aucun Credo ! La
devise des Suprêmes Conseils ( Gardiens du Rite ) «
Deus Meumque Jus » ( Dieu
et mon Droit ) montre la relation reconnue par le Rite entre Dieu et
l'Homme,
ce dernier ne se voyant imposer en sa qualité de
Maçon aucune autre voie que
celle choisie par sa conscience. Par le G\A\D\L'U\, on peut concevoir un Principe
Créateur
sous bien des aspects; C'est la croyance en
l'existence d'un Principe de Vie, Créateur et Ordonnateur,
Transcendant et
Immanent, Sagesse et Connaissance parfaite, Amour infini .... Ainsi,
l'invocation du G:.A:.D.‑.L'U.‑. rappelle aux Francs‑Maçons
qu'ils ne
travaillent pas à leur propre gloire ni à
développer leur intelligence au
profit de l'Ego orgueilleux mais qu'ils doivent utiliser leur
intelligence et
leur coeur pour servir la dimension spirituelle de l'Homme ... j'ai dit ... J\
T\ |
3045-7 | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |