GLNF Loge : NP Date : NC


Et le G\A\D\L\U\ dans tout cela …

Mes Frères, je vous le dis sans détours … je n’ai guère de foi … Je considère la foi avec méfiance car elle me semble être une limite de ce que je pourrais faire avec l'intelligence. Pour moi, quelque part, la foi, surtout celle dite « aveugle » est une manière facile d’éviter de chercher à comprendre en décrétant que c’est inutile car il n’y a rien à comprendre puisque le problème dépasse nos facultés intellectuelles. Pire : parfois les discours de certains infaillibles "Docteurs de la Foi" décrèteront que certains sujets étant largement au-dessus de notre plan de conscience, nous n’avons pas à nous y immiscer avec l'esprit critique.

L‘histoire du monde nous à montré les débordements – et le terme est faible – que la foi peut induire. Depuis la bibliothèque d’Alexandrie brûlée successivement par les chrétiens et les musulmans - et pour les mêmes raisons : son contenu était contraire à la "vraie" foi ! … jusqu’à l’actuelle guerre sainte de l’Islam fanatique en passant par l’Inquisition et le génocide des Indiens d’Amérique dont certains hommes dits « de Dieu » se demandaient même s’ils avaient une âme.

L’univers fut-il pensé, conçu et réalisé ? … par qui ou par quoi, je défie quiconque de m’amener une réponse indiscutable à cette question. Malgré moi, je serai contraint d'introduire une dose de foi dans une tentative d'explication, foi qui stoppera tout débat. Dans toute réflexion, je préfère m’en remettre à l’intelligence rationnelle mais sur un tel sujet, je ne peux qu'y adjoindre une forme d'instinct qui guidera mes réflexions.

Mais il y a la preuve par l’absurde… Quiconque à un jour levé les yeux un soir d’été, quiconque a un jour essayé de concevoir – je n’aurais pas la prétention de dire « comprendre » - les paradoxes de l’espace-temps arrive immanquablement à l’un des fondements de notre Ordre : la croyance en un grand Architecte : quelqu’un ou quelque chose est à l’origine de ce que nos sens -oh combien limités- nous font percevoir. Comme l'a dit le grand Albert Einstein lui-même, cette horloge doit forcément avoir un horloger.

Nos sens physiques ne peuvent nous faire appréhender les limites de ce qui nous contient. Nous qui sommes dans le cercle ne pouvons percevoir ou s'en trouve la circonférence alors que son centre est partout à la fois. Notre univers connu avec ses quatre dimensions est déjà une énigme au-delà de notre intellect. Plonger dans les télescopes les plus puissants nous en a fait toucher ses limites. Quatorze milliards d’années-lumière, le moment du « Big Bang », celui de la création de l’univers ou de peut-être de la création de notre univers. Car pour certains astrophysiciens, le notre n’en n’est qu’un parmi une infinité d’autres … une infinité d’infinis … la raison dérape.

Derrière cette barrière, c’est le bout de l'espace-temps, « l’avant » ; avant que l’espace mais surtout le temps ne furent créés. La zone de non-création, là ou un temps ne peut se définir par la durée d’un moment et où un lieu ne peut se décrire par des dimensions dans l’espace ... des notions inconcevables.

Pour moi, la place de l’humain dans cet ensemble reste encore à démonter. D’aucun partagent avec moi une hypothèse qui est que statistiquement, il est fort possible que le monde ne soit pas né du hasard mais qu’il fut créé par une volonté. Dans cette hypothèse, il appartient à chacun d’en imaginer les desseins comme il l’entend et d’y collaborer s'il le désire. Sans atteindre les dérives de la théorie du « Design Intelligent » ou l’on veut retrouver partout la signature de l’Artiste dans l’extraordinaire beauté et la complexité inouïe de certains édifices biologiques, l'hypothèse la plus vraisemblable reste tout de même que cette magnifique construction eut un architecte, le G\A\D\L\U\

J’ai par contre un peu plus de mal à comprendre ce que seraient les desseins de celui-ci alors qu’il y aurait eu une « vérité révélée ».

Sur le plan de la simple logique, on peut se demander pourquoi une révélation. Je laisserai bien volontiers à ceux qui la suggère la responsabilité d’imaginer une fierté cosmique, une espèce de vanité à la dimension de l’Univers qui ferait dire à l’Architecte quelque chose comme « Voyez ! C’est moi qui l’ai fait ». Mais alors, on peut se demander en quoi, je vous le demande mes Frères, l'espèce humaine serait alors l’espèce « élue », celle à qui l’explication finale fut révélée en exclusivité, unique et ultime espèce porteuse du flambeau … quel égocentrisme, quelle vanité de notre part ! Bien sur, notre G\A\D\L\U\ nous ressemble : mais dans ce cas, comme l’a dit le grand Voltaire, si Dieu à créé l’Homme à son image Il lui à bien rendu ! Ou alors nous ne sommes pas les seuls à qui cette vérité fut révélée.. là encore, la raison dérape …

Nos enseignements nous disent que notre rôle ici est de parfaire l’Univers, de contribuer à l’Œuvre, de faire cette noogénèse dont Teilhard de Chardin parlait si bien, la fusion de toute chose pensante en une seule entité communiant avec l’Origine.

Vous admettrez avec moi, mes frères que ceci est loin d’être un penchant naturel … nous sommes beaucoup plus naturellement individualistes, vindicatifs et revendicatifs que patients constructeurs, même si notre quête en maçonnerie nous met sur cette voie.

Ce G\A\D\L\U\ a fait, si l’on y pense, quelque chose de fondamentalement irrationnel - mais à ce niveau, le rationnel ne se définit ni s'explique – il nous a créés et en même temps, nous a donné le libre arbitre : le pouvoir de modifier son œuvre puisque nous devons la parfaire. Mais nous avons aussi le pouvoir de la détruire.

Quel risque ! … Et pourtant, Einstein - encore lui - ajouta « Dieu ne joue pas aux dés avec l’Univers ».

Alors, il me reste une possibilité : Le G\A\D\L\U\ n’a pas joué aux dés, il a pris ses précautions, une assurance contre ce libre arbitre si destructeur dont l’espèce humaine a fait de si nombreuses fois la preuve dans son histoire : il nous a donné le don d’aimer. Ce don par qui tout arrive, par qui tout se peut, ce don qui transcende l’humanité, ce don qui permettra la fusion ultime à la fin du Temps et de l’Espace.

Ouf... Quelque part, le vieux rationnel que je suis est rassuré.

J’ai dit, Très Vénérable.

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