GODF | Loge : Les constructeurs - Orient de Corbeil-Essonnes | 20/04/2012 |
Le grand Architecte de l'univers La Franc Maçonnerie spéculative est issue d'un 18ème siècle philosophique et religieux. La religion de la Scientologie n'avait pas encore été inventée, mais on trouvait déjà malgré tout une diversité d'opinions religieuses conséquentes : catholiques, protestants, anglicans, presbytériens, luthériens, calvinistes, juifs, musulmans sunnite ou shiite, taoïste, hindouiste, bouddhiste, et Dieu seul sait quoi d'autre encore... On trouvait également un certains nombre de dieux différents : Dieu, Zeus, Yahvé, Allah, Jéhovah, Brahmâ, Shiva... Et paradoxalement, bien que très religieux, c'est gens croyants ne vivaient pas vraiment dans la paix civile et religieuse... Même si, par rapport au Moyen Âge et à toutes ses atrocités (croisades, Inquisition, bûchers), ils étaient en net progrès ! C'est donc dans ce contexte tendu que la Franc-maçonnerie s'est développé. L'un de ses principes fondateurs est que tous les hommes sont égaux. Ce qui implique que nulle religion ne peut être supérieure à une autre, faute de quoi l’égalité serait rompue, et resterait un vœu pieux ! C’est une évidence aujourd’hui, mais à l’époque, l'Egalité n'était pas vraiment une valeur en odeur de sainteté... D'ailleurs, la définition initiale d’un Franc Maçon n'était telle pas « un homme né libre », qui est devenue aujourd’hui « un homme libre » ? Tout ceci ne facilitait donc pas le dialogue entre les hommes de bonne volonté de l'époque, croyants ou non. Tout comme de nos jours cela poserait encore problème, à ces mêmes croyants, mais également aux hommes qui comme moi on choisi de ne pas croire ; hormis aux extra terrestres ! Et oui, ici tout est symbole, et paradoxe ! Car si le principe de base de la science est qu’une expérience pour être validée doit s’appuyer sur des faits concrets et pouvoir être répétée à l’infini, la religion, à l’inverse, pose pour principe de base que les faits ne sont pas discutables. Il n’est pas utile de comprendre, il faut juste appliquer. Ce principe du Grand Architecte est donc essentiel dans la Franc-maçonnerie : il en est même à mon sens la clef de voûte. Quand on constate les atrocités commises par le passé, soit disant au nom d’un dieu, contre des hommes de confession différente ou simplement non croyant, on mesure alors toute l’importance de ce symbole fédérateur. Et quand on constate, que de nos jours encore, aussi hallucinant et triste que cela paraisse, en l'an 1433 de l'ère musulmane, en l'an 2012 de l'ère chrétienne, en l'an 2555 de l'ère bouddhiste, en l'an 5772 de l'ère juive, en l’an 2012 de l’ère maçonnique, on persiste au nom d’un dieu à se massacrer aux quatre coins de la planète, on en mesure alors toute l’intelligence ! Pour nos Frères précurseurs passés à l’Orient éternel, la question religieuse était donc particulièrement sensible. D’un côté, l’obligation pour devenir Franc Maçon de croire en un dieu révélé, quel qu’il soit ; il ne pouvait en être autrement à cette époque, et c’est pourquoi la rédaction en 1723 par les pasteurs Anderson et Désaguliers des Constitutions définissant la Franc-maçonnerie universelle et ses principes l’affirme. De l’autre côté, la volonté de faire de la Franc Maçonnerie le centre de l’union en rassemblant ce qui est épars, en laissant à chacun sa liberté de pensée, dans le but de parvenir à la concorde universelle. L’envie de réconcilier l’Humanité et de l’emmener sur le chemin du progrès. Un principe de base : l’Homme est perfectible ! Il faut donc l’aider à sortir des ténèbres afin qu’il devienne un citoyen éclairé. Pour un siècle ultra religieux tel que le 18ème, c’était de la part de nos Frères révolutionnaire, avant l’heure ! La Franc Maçonnerie suppose donc l’acceptation de l’existence d’un principe créateur, selon les croyances de chacun. En ce sens, la Franc Maçonnerie n’est pas sectaire et ne promeut pas une religion au détriment d’une autre. C’est ainsi que le GADLU symbolise ce principe créateur, tout en ménageant les consciences, et les susceptibilités. Chaque Frère peut y voir ce qui lui convient le mieux : un dieu révélé, ou simplement la vie. Le GADLU permet de parler de dieu sans parler des dieux, en évitant les conflits avec les termes propres aux différentes religions du monde. Cette dénomination aspire donc à être en accord avec toutes les convictions religieuses ; l’inverse n’étant pas forcément vrai… Certains courants religieux considérant que l’un des premiers devoirs du croyant est de convertir, on mesure à quel point le GADLU se révèle précieux dans la préservation d’une harmonie en loge, afin qu’y règne la fraternité. Le symbolisme du Grand Architecte de l'Univers apparaît donc comme une des premières manifestations de la liberté de conscience : des hommes croyants de religion différentes, des agnostiques, des déistes, des mystiques, des rationalistes, etc. peuvent officiellement se réunir et participer à une oeuvre initiatique commune ; il s'agit bien d'une manifestation de tolérance, aussi large que l'état d'esprit de l'époque le permettait. Ensemble, ces hommes confrontent leurs réflexions, pour tenter de discerner la Vérité. Tous sont conscients des limites de leurs connaissances, des limites de leur pensée. C'est dans ce contexte qu'ils réalisent l'extrême importance de placer au-dessus de leur intelligence respective une référence au Grand Architecte de l'Univers, détachée de toute contrainte. Dans cette réflexion, le problème de l'existence ou de non existence de Dieu ne se pose pas. La question religieuse étant, d’une certaine façon résolue, pourquoi alors attacher autant d’importance au principe du GADLU ? Parce que depuis les premiers balbutiements de la pensée humaine, nous constatons justement que lorsque cette humanité s'éveille à la réflexion elle se pose ces questions : D'où vient l'Univers ? D'où vient l'Homme ? Bien avant l’invention du terme GADLU, le philosophe Posidonius avait pour thèse la « sympathie » : tout comme le doigt coupé affecte l’intégralité du corps, chaque élément de l’Univers est lié au « Grand Tout » ; nul individu, nulle nation, nulle planète ne peut s’abstraire, ni s’absoudre, du reste de l’Univers. Les Franc Maçons, à leur manière, s’inscrivent dans cette philosophie. Ce principe du Grand Architecte de l'Univers a pour nous valeur d'analogie. Dans la mesure où l'Univers peut être comparé à un édifice, c'est-à-dire à un ensemble ordonné, ayant forme et finalité, il y aurait à l'origine de cet ordre un principe, qui serait à l'Univers, ce que l'Architecte est à l'édifice. Indéniablement, lorsque l’on voit le résultat que produit une simple graine, ou un simple spermatozoïde, on peut légitimement s’émerveiller et s’interroger sur ces créations. Le mot Architecte vient du grec « Arkhitekton », mot qui peut se décomposer en « arkho », qui signifie commander, et en « tekton », qui signifie artisan. L'Architecte est donc celui qui exerce l'art de bâtir en qualité de Maître, il trace les plans et surveille l'exécution des constructions par les artisans. L’art architectural n’est que l’application des lois physiques et mathématiques, qui préexistent à l’homme dans la nature, et qui règlent nécessairement la disposition des matériaux dans l’édifice. Tout comme le GADLU règle les dispositions de la nature, c’est-à-dire la Vie elle-même. Une distinction mérite toutefois d’être affirmée : la géométrie, fondée sur la raison et la réflexion, est vérifiée par l’expérience. Ainsi donc, les loges, en travaillant à la gloire du GADLU, ne font pas de prosélytisme pour une religion en particulier, mais affirment que tout travail, toute action, ne doit pas être fait pour soit même, mais tourné vers la communauté humaine, pour répandre la lumière et rassembler ce qui est épars, et former ainsi une longue chaîne d’union, pour assurer le règne du bien. Il convient donc d'affirmer avec force que le Grand Architecte est un symbole maçonnique et ne saurait être autre chose qu'un symbole. Toute tentative pour donner à ce concept un contenu précis relèverait du dogmatisme, et serait de ce fait incompatible avec les fondements de notre Ordre. Le symbole propose, la libre pensée des francs-maçons dispose. Le Grand Architecte est présent en chacun d’entre nous, selon nos croyances propres. Il est et doit rester dans notre Temple intérieur, la tolérance devrait faire le reste et rendre chacun acceptable pour tous. Moi-même, qui ne crois en rien sinon aux extraterrestres, je peux également souscrire à ce principe créateur, au GADLU, que de mon côté j’appelle dame Nature. Car il s'agit d'une tradition ouverte et évolutive, qui vise à réunir les hommes dans le respect de leurs légitimes différences. C’est l’affirmation de la liberté de conscience de nos Frères, de la liberté de pensée, de la Liberté tout simplement. Ainsi, tous, en nous référant au GADLU, nous pouvons nous tenir côte à côte en loge, sous la lettre G ou le delta lumineux. Le delta lumineux, avec l’œil qui voit tout, qui protège ou qui juge, selon les cas. J’y vois également pour ma part un parallèle, avec l’ensemble de nos Frères qui constitue un rempart contre les dangers extérieurs. Cependant, malgré tous nos efforts, si d’immenses progrès ont été accomplis depuis la naissance de la Franc Maçonnerie spéculative, de nos jours encore les loges varient entre deux extrêmes : l’approche déiste pratiquée notamment par la GLNF qui impose la croyance en un dieu révélé, et l’approche laïque pratiquée par le GODF qui laisse le choix de croire ou de ne pas croire. Cette dernière pensée étant la prémisse à la loi républicaine de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat en France. Rejoignant également d'une certaine façon la devise Républicaine : Pour le peuple, Par le peuple, et au nom du Peuple, plutôt qu’au nom d’un Dieu révélé, c'est à dire le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sans carcans religieux. La recherche de la Vérité nécessite une absolue liberté de pensée et de conscience, conjuguée avec son indispensable corollaire : le respect de l’Homme. Comme je l’ai dit en préambule, j’ai choisi de ne pas croire. En traçant cette planche, j’avais donc pour idée initiale d’affirmer mon athéisme, et même d’en démontrer sa logique, sa supériorité ! Mais à l’issue de mon travail, j’ai compris que personne ne détient la vérité absolue, juste et parfaite. Les propos qui suivent maintenant ne visent donc pas à heurter, blesser ou stigmatiser mes Frères croyants, mais à exprimer, sinon une opinion tranchée, du moins mon ressenti. Pour ce faire, je vais faire une comparaison. Probablement maladroite, mais qui a le mérite malgré tout, me semble t-il, d’éclairer le fond de ma pensée. Il s’agit des superstitions : ne pas passer sous une échelle, ne pas croiser la route d'un chat noir, ne pas briser un miroir, ne pas ouvrir un parapluie à l'intérieur de la maison... Je trouve toutes ces considérations particulièrement imbéciles… Et pourtant, j'avoue que je dois lutter au quotidien, résister, parfois même me lancer le défi de transgresser ce tabou, pour constater que la terre continue de tourner malgré ce blasphème. C’est-à-dire comme notre conditionnement culturel et familial est efficace ! A mon sens, il en est de même pour la question religieuse. Mais, stupidités ou pas, libre à chacun de choisir, en conscience. A chacun son opinion, à chacun sa croix ! L’important, l’essentiel, c’est de ne pas imposer à autrui sa vision, sa volonté, car elle n’est pas une vérité absolue. Vous l’aurez compris je pense, à mes yeux l'apport de l'Instituteur vaut mieux et plus que l'apport du Curé, même si je ne rejette pas l’héritage chrétien qui est le notre, avec ses bienfaits, mais également ses atrocités, et ses incompréhensions qui persistent encore de nos jours. Ne dit-on pas que les préjugés ont la vie dure ?! En conclusion, un Franc Maçon, croyant ou non, est un homme libre, qui se doit de penser librement, libéré des dictats dogmatiques. En France, cela se traduit notamment par le principe de Laïcité, mais ceci sera peut être l’objet d’une prochaine planche ! Avec le temps, l’apprentissage de la vie, les souffrances vécues, j’ai vaincu certains de mes préjugés envers ce qui diffère de moi, mais c’est un travail quotidien sur moi-même, et il s’avère encore très difficile. La Franc-maçonnerie entraîne, la plupart du temps, une profonde mutation du comportement, de la manière d'être, des relations avec autrui, et une autre façon d'appréhender la réalité. Elle provoque chez celui qui a bien travaillé une attitude plus cohérente, un esprit plus ouvert à toutes choses, un caractère plus serein, une diminution très nette de l'égocentrisme. C'est ce perfectionnement, fruit de mon travail accompli avec la bienveillance de mes Frères, que je ressens aujourd'hui. La bibliographie que j’ai consultée pour cette planche est :
J’ai dit, Vénérable Maître. O\ I\ |
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