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Kabbale et Chevalerie : La Quête du Saint Graal Au delà du temps et de l’espace, persiste en chacun de nous, un sanctuaire originel, où reste écrite l’histoire des hommes, et où sont réunies, en un principe commun, l’ensemble des révélations que le monde divin nous adresse. Ce pôle central, est aussi connu sous le terme de Tradition Primordiale, Connaissance absolue, qui autorise « l’élu » à vivre la présence manifestée de Dieu, au sein de sa création. Cette Connaissance Sacrée est dit-on, contenue à l’intérieur d’un réceptacle : la Coupe du Graal, celle là même, qui taillée dans l’émeraude, tomba du front de l’Archange Porte Lumière, avant d’être récupérée par Seth, le troisième fils d’Adam , et d’être transmise parmi les hommes, jusqu’au jour de la Cène. Le Saint Réceptacle, et son contenu, sont toujours présents autour de nous mais en sous entendu, comme dans la religion chrétienne, au travers de l’Eucharistie, qu’il transcende et magnifie. En effet, le sacrement eucharistique perpétue et actualise la présence de Dieu dans les conditions de ce monde terrestre, et dans les limites de l’existence individuelle de chacun, le Graal exprime et projette cette présence à l’Univers tout entier : « …Le Graal est donc au macrocosme ce que l’Eucharistie est au microcosme… ». La Sainte Coupe n’est –elle pas effectivement le plat de la Cène sur lequel furent énoncées les paroles du Sauveur, comme le creuset qui reçut le fluide royal, l’effusion même de l’Energie Divine ? Présenté sous diverses formes, comme le Sang Originel, ou la Pierre Précieuse, la légende affirme que le Saint Graal, ou l’ensemble des mystères de la Création et de la Rédemption, a été communiqué sous un aspect livresque. Nous avons là, toute l’essence de ce Phénix que demeure le Roman de la Table Ronde. Il est dit, en effet, que « …Merlin », pontife et prophète, point de jonction, reliant l’héritage celtique de la Tradition Première au Christianisme médiéval balbutiant, « …exposa toute l’histoire du Graal à Blaise, qui la mit par écrit. Alors qu’il travaillait, Merlin lui dit : lorsque je m’en irai, tu te rendras dans les régions, où demeurent les gens, qui gardent le Saint Graal, et tous désormais écouteront, et reprendront volontiers , ce livre auquel tu as tant travaillé… ». Que peut donc, néanmoins, exprimer cette Quête du Graal, qui fait toute la finalité de la voie initiatique chevaleresque ? Rien d’autre qu’une éternelle nostalgie, celle d’avant la Chute, où le corps adamique englobait l’Univers, où le Graal se confondait pleinement au Joyau Céleste :expression on ne peut plus concrète, de la quintessence de la fonction royale de l’Adam premier. De même qu’il persiste au plus profond de notre cœur, quelques vestiges de cette fonction, il demeure hors des limites du monde visible et du temps profane, ce milieu invariable d’où Dieu se manifeste. Il nous est toujours possible de reconquérir cette royauté originelle, à condition de réaliser « …la plénitude du Christ… » (EPH :4,13) car, c’est en étant nourris et sanctifiés par l’Eucharistie, d’abord, que nous pourrons ensuite nous transformer, et nous transfigurer, pour vivre l’omniprésence du contact que notre Créateur opère avec nous, grâce au sacrifice unique de son fils. Redevenu le nouvel Adam, « l’appelé » pourra prétendre rejoindre tous ceux dévolus à la garde du Graal, qui conjuguant et sublimant tant la fonction que la qualité de prêtre, prophète, et roi, reproduisent Melchisedec : « …Roi de justice… », préfiguration et image du Christ, qui sait reconnaître ceux jugés dignes de s’asseoir à la Table du Graal. « L’appelé » deviendra ainsi « l’élu », il sera, dès lors, reconnu comme descendant spirituel direct de David : Roi Sacré de L’Ancienne Alliance et de Joseph, disciple secret, qui recueillit et abrita le sang du sauveur. La Quête du Saint Graal, est plus que jamais, un sacerdoce dans ce qu’il y a de plus sacré et d’absolu, elle renvoie à un ensemble d’enseignements voilés car « …l’on ne doit révéler les secrets du Sacrement qu’à celui auquel Dieu en a donné la force… » (R. de Boron). Quoique invisible, elle constitue une chaîne apostolique, toujours liée au corps de l’Eglise, un peu à l’image de la main gauche, qui bien qu’appartenant au même corps, doit ignorer le bien que fit la main droite, de façon à ce « …que soient seuls à savoir celui qui le reçoit et Dieu, qui voit tous les secrets, et lit toutes les pensées, qui se cachent dans les cœurs et les entrailles… » (Chrétien de Troyes). La Quête du Saint Graal débute à cheval, dans la salle de la Table Ronde, qui semble illustrer à merveille « …la rondeur du monde et du cours des planètes comme celui des astres du firmament… ». Elle prend fait et lieu , en cette journée de Pentecôte, soulignée par le chiffre 7, présent dès le début de l’aventure, au travers d’évènements hautement symboliques comme : -l’apparition du Saint Graal à la Table Ronde, accompagné « …d’un bruit de tonnerre, et d’un rayon de soleil, qui fit la salle sept fois plus claire… », privant tous les assistants de la parole. - le constat que sur les 150 chevaliers partant en quête, seuls les 7 premiers :Galaad, Lancelot, Gauvain, Perceval, Bohort, Lyonel et Helain le Blanc sont nommés. Le récit retraçant leurs aventures respectives, et parmi ceux, qui parviendront au Château du Graal, chacun aura à vivre 7 étapes ou à s’élever par 7 degrés. Dernier constat et non des moindres que celui qui veut que 7 soit aussi le nombre des étapes de la Révélation du Christ : Incarnation, Avènement, Passion, Mort, Résurrection, Ascension et Pentecôte. 7 n’exprime-t-il pas, dès lors cette TOTALITE et cette PERFECTION, qu’on lui prêtait déjà au Moyen Age ? Un autre nombre fondamental est présent dans le récit du Graal : le nombre 10. Il est dit, en effet, qu’Helain le Blanc : nom de convenance attribué à plusieurs compagnons et symboles vivants d’une chevalerie terrienne esclave des apparences « …rencontraient dix fois moins d’aventures que d’habitude… », comme si, l’indication quantitative de la Quête supposait par un rapport d’analogie inverse, que la portée qualitative(et donc spirituelle) des actions vécues par ces chevaliers était multipliée par dix. N’y discerne-t-on pas une puissante allusion :celle des dix modalités de la manifestation divine de l’Arbre séphirotique ? Ceci d’ailleurs, n’est-il pas déjà justifié à travers le principe même de la Quête qui demeure : la recherche du Centre de la Présence Divine au sein de l’Univers manifeste. Le support, la « structure » porteuse de la Quête est bien l’Arbre de Vie, l’Arbre paradisiaque, façonné par un roi, doué de la Connaissance de la totalité de l’Univers : Salomon. « …Salomon était si sage, qu’il fut pourvu de toutes les bonnes sciences, que peut connaître un cœur d’homme…, il savait…le cours du firmament, et la marche des étoiles, mieux que personne, hormis le Suprême Dieu… ». Cheval et chevalier, ont de même pleinement leur sens dans le récit car « …si le chevalier représente le principe spirituel de la personnalité, engagé dans les différentes épreuves, le cheval ne peut être que, ce qui porte un tel principe, c’est à dire : la force vitale plus ou moins maîtrisée par lui… » (J.Evola). Ainsi, comprenons qu’à chacun des sept chevaliers »appelés », se rapporte un ensemble de caractéristiques détaillées, au travers de leurs parcours propres. Ces caractéristiques ne sont que les expressions voilées d’une influence séphirotique prépondérante véhiculée par le corps céleste, auquel elle se rapporte. La Quête du Saint Graal peut donc être comprise comme une étude kabbalistique et cosmogonique, dont le mot-clé demeure :Ascension. O\ G\ |
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