Regard
d'un M\ sur la Kabbale
Il
y a quelques milliers d'années, Moïse aurait
reçu, en
même temps que les dix commandements, la Thora, que nous
appelons aussi, le
Pentateuque, pour les 5 Livres(la Genèse, l'Exode, le
Lévitique, les Nombres et
le Deutéronome. Cet ensemble de textes peut être
perçu sous deux angles
différents ;
1/ La Thora, système de règles coercitives et
restrictives fixées dans la
pierre par Dieu, pour le peuple juif sous l'apparence d'un livre
historique un
peu fossilise.
2/ La Kabbale, outil de compréhension et de Connaissance a
caractère
Initiatique, pouvant répondre aux besoins spirituels du
peuple juif au fur et a
mesure de son évolution.
Ce deuxième regard, la Kabbale, étant plus un
outil qu'un ensemble de révélations,
il est nécessaire d'apprendre a l'utiliser, et un certain
MOÏSE DE LEON,
kabbaliste du XIIIeme siècle, rédigea ces
idées qui lui avaient été inspires par
RABBI SHIMON BAR JOHAÏ qui avait
lui-même reçu ces
révélations du
prophète Elie, a cette fin, RABBI SHIMON avait eu
l'idée de concevoir " Le
Livre de la Splendeur " ou " .des Splendeurs ", durant un exil
de 13 années ou il vécu cache dans une grotte,
nous dit la légende.
Historiquement, Rabbi Shimon, est très difficile a situer,
mais son existence,
en tant que personnage est indubitable, bien qu'il fallu ensuite
attendre
encore deux siècles pour voir l'un de ses " disciples "
transcrire
ses recherches.
Il est nécessaire de s'arrêter encore un peu sur
le sens du mot Kabbale.
La Kabbale nous vient du mot KBL ou encore kabbel, qui signifie
recevoir au
passe, on retrouve la, la conjugaison de " .et la Lumière
fut. ", la
connaissance a été reçue, ou encore la
phrase du Christ a la fin de sa vie terrestre, " tout est accompli ".
Comme une idée de quelque
chose qui
aurait connu un temps présent extrêmement furtif,
il y a eu l'avant et l'après,
le " pendant " est indéfinissable.
Il est établi que l'impossibilité qu'il
y a, a définir avec exactitude
l'origine exacte et l'auteur d'un texte Initiatique est ce qui qualifie
le
mieux sa valeur traditionnelle ; dans le même esprit, le mot
Kabbale, dont
nous avons dit qu'il signifiait " recevoir ", pourrait laisser
entendre que celui qui donne, est le Kabbaliste, or, non, lui est
l'élève,
celui qui reçoit ; celui qui donne, transmet, c'est Dieu,
autrement dit encore
une fois, une entité indéfinissable.
La Kabbale est une manière de regarder le monde, mais aussi
et surtout de se
regarder voir le monde. Encore la dualité des regards.
A ce propos, D.Beresniak dit :
Cette "manière" est
originale parce qu'elle associe l'attente d'une revelation fulgurante
(la voie
mystique, ou intuitive) a l'étude patiente (la voie
rationnelle). Autrement
dit, le kabbaliste cultive l'art de comparer et de rendre compte de ses
observations tout en intériorisant l'expérience
de l'Unité retrouvée. Il fait
travailler en même temps les deux
hémisphères de son cerveau. Ses exercices ont
pour effet
d'établir des connexions entre la raison, l'intuition et
l'imagination. Sa
démarche est a la fois intellectuelle et spirituelle.
Selon Rabbi Shimon, il y a 2
angles de vue pour aborder la
Kabbale. La TA'AMEI Thora, la partie cachée de la Thora,
accessible a tous ceux
qui souhaitent étudier les textes, et la SITREI Thora,
enseignement secrets transmis exclusivement a ceux qui atteignent le
niveau requis, afin
qu'ils
puissent utiliser les pouvoir qu'ils contiennent.
La Kabbale ne peut pas apporter
une réponse, elle apporte un
niveau de réponse
et présente en même temps un autre questionnement.
A travers l'explication hébraïste selon laquelle
une chose existe a partir du
moment ou elle est nommée (davar = la chose et/ou son nom),
tout ce qui peut
être nomme, existe donc, d'une manière ou d'une
autre. Il suffit donc, pour
comprendre, chercher toujours plus loin. Et c'est la, qu'intervient
l'esprit de
la Kabbale ; selon les Kabbalistes, il y a 7, 8, 10, 12, niveaux de
lecture de
la Kabbale, tout en admettant plus ou moins implicitement, qu'il peut y
en
avoir encore autant ou plus, après rien n'est affirme, rien
n'est définitif, et
chaque fois qu'on intègre un sens nouveau, une perception
nouvelle, c'est le
libre accès vers un niveau plus complexe, ou plus
évolue encore.
La méthode fondant l'idée selon laquelle, il faut
expliquer la langue par elle
même et non par les concepts qu'elle véhicule, est
appelée Guematria, qui vient
du grec " gematria ", qui est l'Art de mesurer tout ce qui est dans
le ciel et sur la Terre.
La Kabbale désignerait donc, l'effort produit, pour poser
toutes les questions
d'ordre plus ou moins métaphysiques qui
amèneraient a comprendre les sens
caches de la Thora, qui d'origine divine, et
rédigée en Araméen puis en
hébreu,
revêtait tant de significations et de sens
différents.
La méthode du
Kabbaliste est fondée sur une
succession de certitudes. Je sais
combien ce mot pourrait heurter, mais il est a prendre au sens relatif.
Chaque
certitude est le résultat d'une évidence induite
par la démonstration scientifique de ce qu'on peut
définir comme une
hypothèse nécessaire.
Ex : Si l'un d'entre nous tape a la porte, sans que nous sachions de
qui il
s'agit, plusieurs hypothèses s'offrent a nous. Nous avons
reconnu la démarche
et la façon de taper et nous en concluons qu'il s'agit du
Fr. « X » ; c'est une
hypothèse raisonnable, mais l'hypothèse
nécessaire
est que quelqu'un a frappe a la Porte. Ce pourra être
quelqu'un qui imite une
démarche ou une façon de frapper, mais si nous
supposons cela, nous faisons une
hypothèse douteuse ; et si nous prétendons que
c'est le Très Haut, ou le
G.A.D.L.U. qui a frappe a la porte, nous faisons un
hypothèse absurde.
Nous allons donc postuler que
connaissant les membres absents, seul
celui
d'entre eux qui possède une clé pourra avoir
atteint la porte du Temple, c'est
la une démonstration scientifique qui va transformer
l'hypothèse nécessaire en
évidence.(Ceci est une explication fournie par le Fr. et
Cherchant, Eliphas
Levi)
En ne sortant pas de cette méthode, l'Esprit acquiert une
véritable
infaillibilité.
Pour essayer de traduire ces quelques courtes explications, nous allons
prendre
un exemple pratique de la méthode.
Abraham Ben Samuel Aboulafia (13eme S.), écrit dans son
épître des 7 Voies, qui
sont 7 regards de profondeurs différentes, que l'on peut
porter sur la Thora,
et qui vont constituer l'Apprentissage du Kabbaliste :
1/ La 1ere Voie consiste en une lecture et une compréhension
littérale de la
Thora. C'est le regard de la multitude, nous allons dire le regard
profane.
2/ La deuxième Voie consiste a
décrypter les allégories de la Thora. Il
est par exemple écrit au chapitre 10 verset 16 du
Deutéronome : " .Et vous
circoncirez le prépuce de votre cœur. " ce qui au
sens littéral, n'a
strictement aucun sens.
3/ La 3eme Voie consiste a se poser des questions a propos
d'un texte et
a poser des questions qui trouveront des réponses dans le
contexte.
Pourquoi, par exemple, le second jour de la Création, Dieu
ne dit pas ce qu'il
avait dit a la fin du premier jour, a savoir que son Œuvre
était bonne ?
Réponse de la 3eme Voie, parce-que, le 2eme jour il n'avait
pas achève la
seconde partie de son OEuvre, la Création du monde
aquatique. Le second jour,
il sépara les eaux d'en haut des eaux d'en bas, c'est a dire
les eaux du
firmament des eaux de la terre, alors que le 3eme jour il acheva cette
partie
de son oeuvre en séparant, cette fois, la terre et la mer.
L'expression "
Il vit que c'était bien, n'est alors utilisée que
pour conclure un ensemble cohérente et
indépendant a l'intérieur
de la création. Le lecteur de la 3eme
Voie remarque les rupture et les différence a
l'intérieur d'une construction
cohérente.
La 4eme Voie consiste a interpréter les symboles et les
allégories. Le lecteur
de la 4eme Voie ne croit pas a la réalité de
l'histoire, telle qu'elle est
racontée. Il sait qu'elle porte un enseignement a
décrypter.
Ces 4 Voies sont ouvertes a toutes les Nations, la multitude
accèdent aux 3
premières Voies, les érudits s'installant dans la
quatrième en ignorant quant a
eux qu'il puisse en exister d'autres.
La 5eme Voie incite a analyser tout les
éléments du texte, la forme des
lettres, le rapport entre ces élément et le sens
du texte, et les lecteurs de
la 4eme Voie considèrent que ces problèmes de
graphie sont dénués de sens et que la combinaison
des lettres ne présente aucun intérêt.
Cette Voie exige des connaissances en psychologie, et en histoire.
Elle met en phase, la raison, l'imagination et l'intuition. Elle est
une
pédagogie de l'éveil, elle libère des
passions et des préjuges ; Le
lecteur de la 5eme Voie prends l'habitude de voir dans un texte, la
simple
enveloppe d'une signification véhiculée autrement
que par les mots eux-mêmes.
La construction d'un beau discours ne l'émeut plus, pas plus
qu'il n'est
sensible aux idéologies, car sa quête le porte au
delà des apparences, il est
mal vu, de tout les pouvoirs, y compris de celui de la Synagogue.
La 6eme Voie est d'une profondeur plus grande encore, elle est plus
étendue que
la longueur de la terre et plus vaste que l'océan ;
Aboulafia nous dit qu'elle
est la Voie de ceux qui s'isolent dans leur volonté de se
rapprocher du Nom, de façon a percevoir sa
résonance jusqu'au fond d'eux-mêmes, ceux-la
pratiquent l'introspection, la recherche de la relation entre le
signifie et le
signifiant ; a ce niveau, chaque parole est nécessairement
vécue, l'esprit et
le cœur ne sont plus qu'une seule et même chose.
Quant a la 7eme Voie, elle est une sphère qui englobe toutes
les autres ; on
dit que celui qui la pénètre y reçoit
la Parole divine, elle ne peut être
enseignée par écrit, et est exclusivement
transmise de vive voix par ceux qui
la vivent.
On peut noter qu'en hébreu, les 4 premières voies
sont nommées :
Pschatt /simple = lecture littérale
Remez / allégorique
Drach / la voie
Sod / le mystère
Les initiales de ces 4 mots,
PRDS, forment le mot Pardes,
qui veut dire paradis. Lequel signifie paradis, et le paradis est selon
une
histoire hassidique, l'état vécu ici et
maintenant par celui qui sait lire.
Les Kabbalistes ne proposent aucune révélation,
juste des méthodes de travail,
des clés pour ouvrir des portes, qui donnent
accès a d'autres portes. Encore
faut-il au cherchant, trouver les bonnes serrures.
On sait que les Grecs et les
Babyloniens étudiaient
déjà le sens des mots en
considérant la valeur numérique de chaque lettre,
c'est cette méthode qui
aurait été introduite en Israël sous le
nom de Guematria au début du 1er siècle de notre
ère.
Il y a 22 lettres dans l'alphabet hébraïque,(les 2
premières étant, Aleph et
beth qui ont pour valeur respective 1 et 2)plus 5 qui mises a la fin
d'un mot,
ont une valeur différente.
Kaf = 20 / 500
Mem = 40 / 600
Nun = 50 / 700
Peh = 80 / 800
Tsadde = 90 / 900
On sait qu'il en va des Guematria comme des niveaux de lecture de la
Kabbale,
dont, d'ailleurs, elles sont indissociables, et en nombre qui varie en
fonction
des Kabbalistes.
Moïse Cordovero propose 8 guematrioth :
1/ La première, additionne simplement la valeur
des lettres d'un mots et
tire des conclusions du résultat obtenu.
2/ La seconde, ne tient pas compte des dizaines et des
centaines.
3/ La 3eme met chaque nombre au carre avant de les
additionner.
4/ La 4eme ajoute a la valeur de chaque lettre, la valeur de
celle qui la
précède.
5/ La 5eme attribue a chaque lettre la somme des valeurs des
lettre qui
la compose.
Ex : ALEPH = Aleph = 1, Lamed
= 30, Pe final = 800
6/ La 6eme ne prend en compte que 4 lettres finales
au lieu des 5
usuelles.
7/ La 7eme additionne le nombre des
lettres d'un mot, a la
valeur numérique du mot lui-même.
8/ La 8eme ajoute 1 a la valeur numérique du mot,
elle peut également
être associée a toutes les autres.
La particularité des Guematrioth, est d'être
infini, chacun peut composer la
sienne. Elles peuvent donc confirmer ou infléchir le sens
qu'aurait donner les
différents regards que l'on aura porter sur un texte.
Il est intéressant de noter qu'au regard du
néophyte qui comprends tout ce qui
est ecrit au sens littéral, s'oppose le regard du kabbaliste
qui voit dans les
Ecrits, une matière obscure qu'il va devoir
décrypter.
A la Renaissance, la vision Scholastique d'un monde fige s'opposait a
la vision
d'un monde en création perpétuelle du kabbaliste
qui regarde les système avec
une certaine hauteur, comprenant que tout se rejoint a un niveau plus
élevé. Il
doit tenir la position du conciliateur qui ne prends pas
parti, et s'attire
de ce fait les foudres des Luthériens et des Catholiques.
A cette époque, la kabbale est le refuge des esprits libres,
la complexité de
sa recherche lui permet d'explorer librement les Ecrits.
Cet homme sait que les choses peuvent toujours être vues et
perçues autrement
et pénétrées plus avant ; ce qui
encourage la Tolérance, anime le désir d'en
savoir plus, rend l'esprit plus disponible et accroît la
bienveillance a l'égard de l'autre.
Avant de comprendre la Kabbale,
on disait, " je sais " ou " j'ai
compris ", ce qui constitue le pire des obscurantismes, et la mort de
l'esprit, mais en devenant un cherchant, on encourt un autre risque,
celui de
se prendre au sérieux ; contre ça, et pour aussi
paradoxale et sacrilège que
cela puisse paraître, il y a une arme, l'humour, dont
l'ambiguïté est
consubstantielle a l'ambiguïté des choses et des
idées. C'est avec la raison,
l'intuition, et l'imagination, la force principale d'un bon cherchant.
Se
prendre au sérieux, c'est transformer la Loi d'Amour, en
code de haine et de
mépris. Reconnaître l'importance essentielle de
l'humour, c'est adopter
l'attitude fondamentale du kabbaliste, ouvrir son esprit, pour recevoir
les
idees en même temps que les sensations.
J'ai dit
R\ V\V\
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