Alchimie
et Kabbale
Transformer
la nature,
la purifier… un vieux rêve jamais éteint
Pour
déterminer le véritable statut de l'alchimie dans
la tradition juive il faut
tout d'abord jeter un regard critique sur d'innombrables affirmations
d'occultistes et de kabbalistes chrétiens qui
identifièrent l'ésotérisme juif,
antique et médiéval, à l'art de
transformer les métaux et les éléments
naturels. Des hommes comme Jean Pic de la Mirandole, Jean Reuchlin,
Paracelse
et Christian Knorr von Rosenroth assimilèrent la kabbale
à l'alchimie. La
“doctrine secrète des
Hébreux”, comme on disait jadis, pouvait tout
faire : puisqu'elle réussissait au gré
de certains à mieux défendre les
doctrines chrétiennes de l'incarnation et de la
trinité, pour quelle raison ne
pourrait-elle pas concourir à la transmutation des
métaux ? Le but de
l'alchimie est de parvenir à l'or, le métal le
plus noble ; mais il
pouvait bien s'agit d'un or spirituel : on verra infra que ces
deux points
de vue, celui de l'alchimie matérielle et celui d'un
transformation des
passions de l'homme, sont représentés au sein du
judaïsme, même si
l'assimilation entre alchimie et kabbale, évoquée
ci-dessus, repose sur un
sérieux malentendu.
Isaïe
1 ;25 met en rapport la purification de l'âme avec
celle des métaux et Job
22 ;24-25 compare Dieu à de l'or fin. Mais ces deux
références sont plutôt
vagues et feraient appel à une alchimie de l'âme.
On a voulu donner à cette
science une origine juive : les prophètes,
Moïse lui-même, le roi David et
Salomon auraient été des maîtres
réputés du grand' oeuvre. Mais il faut bien
reconnaître que les sources juives anciennes sont muettes sur
ce point. Certes,
il y eut cette dénomination de l'alchimie en
hébreu kimiyah où l'on a voulu
retrouver la phrase suivante : ki mi yah = Car elle provient
de Dieu…
Cette étymologie trahit une source juive et un auteur
sachant l'hébreu. Mais
selon l'enquête de Scholem (De la création du
monde à Varsovie, pp 99-168 il
n'existe pas de manuscrit communiquant de recettes alchimiques avant
1500. Il
existe certes, ça et là, comme nous le verrons,
des auteurs juifs qui émettent
des opinions tantôt favorables tantôt
défavorables à l'alchimie ; mais
ceci ne suffit pas à représenter une
véritbale école de pensée. Il y eut
même
un kabbaliste juif du XVIè siècle, Jospeh
Taïtazak, pour dire, bien avant les
penseurs chrétiens, que l'alchimie était une
théologie mystique et que les
transmutations dont elle parlait affectaient les âmes et non
les métaux…
Ce
qui retint le plus l'attention de Scholem dans sa magistrale
étude (citée
supra) c'est le sort d'un curieux livret intitulé Esh
métsaref (Feu
puruficateur) dont on a perdu l'original hébraïque
mais qui, depuis Knorr von
Rosenroth, joue un grand rôle dans la littérature
alchimique non-juive. J. C.
Wolf fut le premier à avoir eu connaissance de ce livre dans
sa Bibliotheca
Hebraica (vol. II, Hambourg, 1721, p 1265). Mais ce fut Knorr von
Rosenroth qui
attira l'attention des lecteurs en annonçant dès
la page de titre de sa Kabbala
denudata (Sulzbach, 1677) que son ouvrage contenait “un
compendium du livre
kabbalistico-alchmiste Esh metsaref sur la pierre
philosophale”. Selon Scholem,
tant le style que le contenu du livre attestent bien que Knorr avait
bien sous
les yeux une source hébraïque. De quand pouvait
dater l'édition originale du
Esh métsaref ? L'auteur cite la pagination de
l'édition du Zohar de
Crémone (1560). Mais comme l'auteur dresse des tableaux de
correspondance entre
les sefirot et les métaux en y ajoutant aussi des amulettes
-lesquelles firent
leur apparition grâce à l'oeuvre d'Agrippa de
Nettesheim (De philosophia
occulta, Cologne, 1533)- on peut plus aisément situer la
naissance de l'ouvrage
ou du moins la date de sa mise en circulation. Le symbolisme
planétaire
d'Agrippa et celui de l'auteur du Esh métsaref
correspondent, si l'on excepte
toutefois le cadran du soleil, c'est-à-dire de l'or. Au lieu
du nombre 111, le
Esh métsaref porte 216 (valeur numérique
d'Aryéh, lion, en hébreu) afin de
mieux tenir compte du symbolisme kabbalistique :
Saturne
3 plomb hokhma
Jupiter
4 étain bina et nétsah
Mars
5 fer tif'érét
Soleil
6 or gebura et tif'érét
Vénus
7 cuivre hod
Mercure
8 vif-argent yesod
Lune
9 argent héséd
(cité
par Scholem p 148)
La
tradition non-juive a pris comme point de départ ce livre
d'Agrippa de
Nettesheim et a propagé jusqu'au beau milieu du
XIXè siècle l'idée que la
kabbale n'était rien d'autre que de l'alchimie…
Voyons
à présent ce qui est historique dans cette
affirmation et ce qui ne résiste pas
à l'examen.Le grand bibliographe du judaïsme,
Moritz Steinschneider (voir
bibliographie) écrivait en 1878 « pour
autant que je sache la kabbale n'a
rien à voir avec l'alchimie bien que des disciplines
superstitieuses se soient
jointes à elles. » Et en 1894 (in MGWJ
38, p 42) il ajoutait :
« Il y a une carence d'écrits alchimistes
chez les juifs, ce qui pouvait
être considéré comme une
qualité. » Une telle
déclaration n'est pas
étonnante sous la plume d'un homme connu à la
fois pour son immense érudition
et aussi pour son hostilité déclarée
à tout ésotérisme juif. Dès
le XIIe siècle
on trouve, non point des oeuvres d'alchimie proprement dits, mais des
références à cette science occulte
sous la plume de différents auteurs
judéo-arabes : Juda Ha-Lévi
récuse l'alchimie et dénonce (Kusari III, 23)
“ceux qui se crurent assez forts pour mesurer le feu
élémentaire sur les
plateaux de leur balance afin de transformer les matières et
créer tout ce
qu'ils voulaient.” Mais dès le XIè
siècle, le juif espagnol Moïse Sefaradi,
devenu Petrus Alfonsi après son baptême, parlait
d'un livre révélé à
Séth, le
fils d'Adam, par l'ange Raziel, et qui décrivait la
transmutation des métaux.
Bahyé ibn Paquda, l'auteur d'un
célèbre ouvrage d'édification
religieuse, les
Hovot ha-Lébabot ( Les devoirs des coeurs) compare au
début du chapitre IV
l'établissement d'un équilibre de l'âme
humaine aux efforts de l'alchimiste
soucieux de parvenir au terme du grand' oeuvre. Joseph Albo, le
compilateur de
la dogmatique juive (Sefer Iqqarim) émet, pour sa part, les
plus sérieuses
réserves sur ce qu'il nomme
mélékhét al-chimia. Au vu de ces
quelques renvois
les jugements de Steinschnedier apparaissent quelque peu
péremptoires.
Scholem
rappelle (artcile cité, p 105) que Nicolas Flamel fit en
1357 l'acquisition à
Paris d'un manuscrit qu'il ne parvenait pas à
déchiffrer ; ce fut un
médecin juif converti qui lui en
révéla le contenu en 1378 à Saint
Jacques de
Compostel : l'écrit se présentait comme
l'oeuvre du “Juif Abraham”. Un tel
nom suivi d'un titre assez long où le même Abraham
“souhaitait au peuple juif
exile parmi les Normands (sic) bonheur et
prospérité” permet de douter d'une
telle
paternité. En revanche, nous avons connaissance de deux
écrits traduits de
l'arabe en hébreu au XIIe, peu avant la diffusion de la
kabbale, et attribués à
un certain Abu Aflah al-Sarqasti ; il s'agit du Livre du
palmier qui
traite de l'art d'attirer sur soi les influx supérieurs, et
de La mère du roi
(Em ha-mélékh), qui serait, selon l'auteur une
désignation de la pierre
philosophale. Ces deux livres circulaient en Provence peu
après leur
transposition en langue hébraïque. On peut donc
conclure, au vu de ce qui
précède, à une certaine propagation de
l'alchimie dans quelques milieux juifs,
notamment dans le sud de la France.
La
meilleure preuve que l'assimilation entre l'alchimie et la kabbale
était le
fait d'esprits non-juifs et de surcroît ignorants du
symbolisme kabbalistique
est la suivante : dans la kabbale ce n'est pas l'or mais
l'argent qui
représente l'étape ultime. L'or est le symbole de
la couleur rouge, de
l'attribut du jugement, de la main gauche et de
féminin ; l'argent, en
revanche, représente le mâle, le lait et la
couleur blanche ainsi que
l'attribut de la miséricorde : depuis le Bahir
(dont le § 35 donne,
exceptionnellement, un symbolisme allant dans le sens de l'alchimie),
la
quasi-totalité des sources kabbalistiques est en accord sur
ce point : ce
n'est pas l'or mais l'argent qui représente par son
symbolisme le niveau
suprême. Et les Tiqquné Zohar (N° 21)(vers
1300) se firent un devoir de
corriger l'interprétation du Bahir afin de respecter le
schéma qui donnait la
préséance à l'argent. Mais
même dans le Zohar on perçoit des
hésitations sur ce
point : un passage (II, 73a) parle de sept sortes d'or qu'il
met en
relation avec le visage de David (or verdâtre, l'or du
saphir, l'or de Saba,
l'or de Parwayim, l'or sagur /fermé/suivant 1 Rois
6 ;20/, l'or fin et
l'or de Tarshish). Tandis qu'un autre passage (III,206b) entreprend de
donner
une explication mystique à cette
hiérarchie :
« On
dit bien qu'il existe sept catégories d'or ? Et si
tu es d'avis que l'or
est la rigueur et l'argent l'amour, comment l'or peut-il se trouver
en-dessous
de l'argent ? En vérité, il n'en est pas
ainsi. Car en réalité l'or est
plus élevé que tout le reste mais il s'agit ici
non pas de l'or habituel mais
de l'or mystique. Et c'est l'or mystique supérieur qui est
le septième des sept
catégories d'or. Ceci est l'or qui brille et
éblouit les yeux de sorte qu'une
fois mis au jour, celui qui l'acquiert le cache en son sein et c'est de
l'or
mystique que dérivent les sept catégories d'or.
Et quand donc appelle-t-on or
ce qui est or à juste titre ? Lorsqu'il luit et
effectue son ascension
dans la magnificence de la région de la “crainte
de Dieu”. C'est alors qu'il se
trouve en état de joie mystique laquelle peut aussi
créer la joie au sein des
régions inférieures. Mais c'est lorsqu'il se
trouve dans l'état de la rigueur,
c'est-à-dire lorsqu'il abandonne cette couleur pour virer au
bleu, au rouge et
au noir, qu'il appartient à la joie et possède
son lieu là où celle-ci
s'élève
et prend son envol.. Conformément au principe du bras droit
l'argent se trouve
en dessous, car la tête mystique suprême est bien
en or ainsi qu'il est dit
(Daniel 2 ;38) : Tu es la tête
d'or… Sa poitrine et ses bras étaient
d'argent… (Ibid. 2 ;32) renvoie à la
région inférieure. Mais lorsque
l'argent devient parfait il est contenu dans l'or. C'est là
le mystère du
verset (Prov. 25 ;11) : Des pommes d'or dans des
treillis d'argent.
Et c'est ainsi qu'après son acomplissement l'argent devient
or et son lieu
devient parfait. C'est pour cela qu'il existe sept
catégories d'or. Le cuivre
provient lui aussi de l'or qui se dégrade et cela est le
bras gauche (dans la
vision de Daniel) : Bleue est la cuisse gauche, et rouge
pourpre la cuisse
droite qui est contenue dans la gauche… Mais l'or mystique
supérieur est un mystère
caché que la Bible nomme (I Rois 6 ;20)
“l'or fermé”, scellé et
caché de
tous ; il est fermé parce que l'or terrestre ne le
perçoit pas alors qu'il
perçoit l'or inférieur.. »
Ce
symbolisme ne laisse pas d'étonner : pour redonner
à l'or son emplacement
en quelque sorte l'auteur de ce passage explique, en des termes proches
de
l'alchimie psychologique, que l'or qui est inférieur
à l'argent n'est pas l'or
mystique, celui qui donne naissance aux sept catégories d'or
qui étaient mises
en relation avec le visage de David.. Il est une autre notion qui
revient
parfois sous la plume de l'auteur et qui fait visiblement appel
à des notions
d'alchimie, c'est la scorie ou le résidu de l'or :
Scholem a repéré une
bonne douzaine de passages (I, 48a, 52a, 62b, 73a, 1O9b
etc.. ; voir p
120, note 66 de son article) où il est question justement de
sospita de dahaba
ou de zohama de dehaba. Dans son commentaire du Zohar
intitulé Kétém Paz
(Livourne, 1795) Simon ibn Labi développait vers 1570 la
même thèse que le passage
zoharique pré-cité : il explique que
l'or et l'argent ne sont pas
essentiellement différents l'un de l'autre. Ce qui les
sépare c'est la
couleur ! Les minerais, dit-il, sont comme les
fruits : exposés au
soleil ils deviennent rouges alors que les parties restées
à l'ombre ou à
l'abri demeurent blanches. De tels développements
constituent implicitement une
acceptation de l'alchimie puisqu'on y parle de minerais et des
métaux qui
changent de couleur et se transforment. A peu près
à la même époque qu'ibn Labi
on assiste à un puissant regain
d'intérêt pour l'alchimie en Italie. Le rabbin
Léon de Modène qui nous a laissé une
étonnante autobiographie, Hayyé Yehouda
(La vie de Juda), où il parle
précisément de l'engouement -fatal- de son cher
fils pour l'alchimie ; unique dans la littérature
hébraïque, ce passage,
traduit de l'hébreu, mérite d'être
cité ici :
« Il
se mit à briller tant et tant dans cette discipline
(l'alchimie) que même les
maîtres qui lui avaient consacré le meilleur de
leurs jours et de leurs veilles
s'étonnèrent en voyant la science qu'un homme
jeune en avait acquis. En mai
1615 il emménagea dans le vieux ghetto (de Venise) et
procéda à toutes les
installations nécessaires pour l'oeuvre ; il y
répéta la tentative qu'il
avait apprise et éprouvée dans la maison du
prêtre catholique : obtenir
dix onces d'argent pur à partir de neuf onces de plomb et de
d'une seule once
d'argent. J'ai moi-même assisté à
l'expérience et vérifié comment il
avait
réalisé l'opération ; j'ai
vendu l'or ainsi obtenu 6 livres et demi l'once
et je sais que cet argent était authentique. C'est
assurément un travail
harassant et long qui nécessitait chaque fois deux mois et
demi. En fin de
compte on aurait bien pu en tirer chaque année environ deux
mille ducats. Mais
ce n'était pas tout, car j'ai moi aussi ruiné ma
vie par l'étude de ces choses.
Je n'aurais pas compris mon erreur si, en conséquence de ce
péché, tant de sang
n'avait coulé depuis sa tête dans sa bouche un
jour de fêtes des cabanes de
l'automne 1615. Depuis ce temps là, mon fils cessa de
s'occuper d'alchimie car
il semblait bien que les vapeurs et les fumées d'arsenic qui
émanaient lors de
ces opérations avaient porté préjudice
à sa tête de sorte que, deux années
durant et jusqu'à sa mort, il ne put accomplir que des
tâches sans
importance. » (p 34, Kiev, 1911)
Un
tel récit rend crédible l'existence de cette
source hébraïque alchimiste
intitulée Esh metsaref dont il fut question au
début de cette notice. Scholem a
pu reconstituer la trame d'un tel traité en analysant de
très près le résumé
qu'en donna Knorr von Rosenroth dans sa Kabbala denudata ; les
premiers
chapitres de Esh métsaref devaient parler de l'or, de
l'argent, du fer, de l'étain,
du cuivre, du plomb, du vif-argent et du soufre. Le texte semble avoir
eu une
triple préoccupation : la première,
purement kabbalistique, concernait les
métaux et leur affiliation aux sefirot, la seconde cite des
processus chimiques
et la troisième enfin de nature astrologique. Voici un
passage un peu long mais
très instructif sur l'amalgame entre l'alchimie et la
kabbale opéré par von
Rosenroth (I, pp 116-118) :
« Sache
que les mystères de cette sagesse chimique ne sont pas
étrangers des plus
grands mystères de la kabbale….Le lieu de la
première sefira kéter est occupé
par la radix metallica qui recèle profondément au
fond d'elle-même sous de
nombreuses ténèbres, la nature d'où
proviennent les métaux. Le lieu de hokhma
est tenu par le plomb car il émane directement de la radix
metallica…Bina est
le lieu de l'étain qui symbolise la dureté et la
rigueur du jugement par ses
cheveux grisonnants, semblables à ceux des vieillards. Tous
les maîtres de la
kabbale mettent l'argent en connexion avec héséd,
en raison de la couleur et de
l'emploi de ce métal. Suivent après ceci les
métaux de couleur rouge. D'après
les opinions des kabbalistes on localise l'or sous gebura car selon Job
37 ;22 ce métal est aussi rapporté au
nord, non point tant en raison de sa
couleur qu'eu égard à sa chaleur et à
son soufre. A tif'érét est rapporté le
fer qui se nomme zé'ir anpin (celui qui a le souffle court).
Nétsah et hod sont
le lieu du cuivre androgyne, de même que les deux colonnes du
temple de Salomon
qui étaient faites de cuivre… (I Rois
7 ;15) Yesod est le
vif-argent ; cette sefira mérite le nom de Hayy,
vivant….
On
pourrait dire que les trois sefirot supérieures sont l'eau
de source des choses
métalliques… dont le nom apparaît en
Genèse 36 ;39. »
A
quoi réfère ce dernier verset ? A la
fille d'un roi qui portait un nom
assez inhabituel Mezahab qui signifie en hébreu :
les eaux de l'or !
Une telle expression n'avait pas manqué d'attirer
l'attention des alchimistes
qui voulurent y voir une allusion à leur art. Ibn Ezra dont
on parlait plus
haut s'exprimait comme suit ad locum : Certains veulent
trouver ici une
allusion à ceux qui fabriquent de l'or à partir
du cuivre ; mais ce ne
sont que des bavardages ! Cette
référence biblique servit aussi à un
juif
nommé Benjamin Mussafia qui écrivit à
Hambourg vers 1640 une épître sur
l'alchimie à laquelle il donna le titre suivant, Mezahaba
epistola. Cet auteur
cherchait à prouver que l'alchimie était une
vieille tradition chez les
juifs ; il fait même allusion d'un curieux midrash
suivant lequel Moïse aurait fait fondre le
veau d'or qu'il aurait ensuite fait boire dans de l'eau aux enfants
d'Israël !
Après
le Esh métsaref que personne d'autre que Knorr von Rosenroth
n'a vu
directement, on trouve d'autres traces d'alchimistes juifs, notamment
à
Londres, à la fin du XVIIIe siècle, où
un certain Docteur falk mieux connu sous
le nom de Baalshemtob de Londres faisait office d'alchimiste et de
kabbaliste.
Mais dans l'Allemagne du Nord, à la même
époque, deux hommes qu'on retrouvera
lorsqu'on parlera d'amulettes s'affrontèrent durement au
sujet de
l'alchimie : Jonathan Eibeschütz, le
crypto-sabbataïste et son adversaire
Jacob Emden (ob. 1776) dont les Mémoires (Megillat sefer)
viennent de paraître
en français : Emden y critique le fils de Jonathan,
Wolf Eibeschütz dont
les poches étaient toujours pleines de ducats
grâce à sa compétence en
matière
d'alchimie…
Pour
ce qui est de l'époque récente, on a trace de
pratiques alchimistes chez
certains juifs du Maroc, notamment dans la ville de Fez. Un certain
Makhlouf
Amsellem avait confié à Scholem en 1924
à Jérusalem qu'il avait été
l'alchimiste du chérif du Maroc, Moulay Hassan. En fait,
l'alchimie pouvait
être assimilée à la kabbale pratique
(kabbala ma'asit) qui s'apparentait
généralement à de la magie.
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