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La bienveillance de l’Occident chrétien

Première découverte : l’étymologie nous apprend que le bénévole désigne une personne animée de dispositions bienveillantes puisque le bénévole (en latin bene, volo, volens, est celui qui « veut » le « bien ». (Veillant, dans bien veillant est une forme ancienne du verbe vouloir qu’on retrouve approximativement dans l’impératif et le subjonctif veuille.) La définition de Thomas d’Aquin, par exemple, décalque exactement l’étymologie : la bienveillance, explique-t-il, est « un acte de la volonté par lequel nous voulons du bien à autrui ». Le bénévole est donc un bienveillant, le franc-maçon également.

Si nous suivons maintenant la piste de la bienveillance, nous ferons une seconde découverte : elle a fait l’objet de nombreux développements dans l’histoire de la pensée. Les philosophes Grecs, Romain, médiévaux, apporteront une riche contribution à la notion.

Ainsi la bienveillance est nécessairement associée à la bienfaisance (faire le bien) comme le remarque Thomas d’Aquin. Et avant lui Cicéron avait même assimilé la bienfaisance à la bienveillance. En effet la bienveillance comme disposition de la volonté doit obligatoirement s’accompagner d’un acte extérieur et c’est cela la bienfaisance. Vouloir le bien c’est le faire.

On doit aussi à Cicéron une distinction souvent reprise après lui entre la bienfaisance négative et la bienfaisance positive. La bienveillance négative s’apparente en fait, à la justice : il s’agit de ne pas nuire et d’accomplir ses devoirs par rapport à ceux auxquels nous sommes liés. La bienveillance positive, ou bienveillance au sens propre, est une obligation morale et non juridique : elle consiste à aider autrui en atténuant son mal, ou encore en lui procurant un bien supplémentaire.

La vraie bienveillance, selon Burlamaqui, juriste suisse, contemporain de Rousseau « consiste à faire gratuitement en faveur de quelqu’un quelque chose qui demande ou de la dépense ou des soins pénibles ». Mais la bienveillance ne doit pas aller jusqu’à se dépouiller de son strict nécessaire avait prévenu Thomas d’Aquin, ni fournir à autrui les biens qu’il désire subjectivement mais seulement ceux qui lui sont objectivement nécessaires.

La bienveillance de l’Orient bouddhiste

Selon Marcel Granet, la « bénévolence » confucéenne signifie la volonté et l’acte de faire du bien et n’a pas la possible connotation condescendante de « bienveillance », ou la gratuité de bénévolat.

Au Japon, la bienveillance (Jin en japonais) est une des notions fondamentales du Bushido.

Bienveillance est l’une des traductions usuelles de maitri en sanskrit signifiant à l’origine amitié, fraternité. Elle est comptée parmi les quatre incommensurables, la pratique des qualités affectives orientées vers la Bodhicitta dans le bouddhisme Mahayana. A titre documentaire « Maitreya », le Bienveillant, est le nom du prochain Bouddha attendu.

Maitri : Bienveillance
Karuna : Compassion
Mudita : Joie sympathisante
Uppekha : Equanimité

Toutes ces vertus sont présidées par l’amour. La bonté dans une âme, comme la bienveillance dans une autorité quelle qu’elle soit, porte à dimension de l’existence humaine l’harmonie universelle, et accomplit toutes les autres vertus, comme créatrice de volonté et de sens.

Un tel amour, dirigé par l’esprit de justice, connaît la valeur des détresses et celle de la dignité humaine : « Le sentiment du malheur est toujours la source de toute bienveillance », disait Mencius. C’est pourquoi cet amour est capable de porter un homme à travers toutes les vicissitudes, exaltant ses convictions et ses forces : « La bienveillance emporte avec elle tout ce qui tente de lui faire obstacle, aussi facilement que l’eau domine le feu ».

Le « Mystère » de la Pitié

L’expérience de notre émoi face à ce qui menace autrui, la réaction d’insupportable, or c’est à ce sentiment de pitié que ne cesse de revenir Rousseau pour montrer la moralité en l’homme : c’est lui qui « nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir », et cette vertu est « d’autant plus universelle » qu’elle précède justement « l’usage de notre réflexion ». La pitié n’est qu’un sentiment mêlé de tristesse et d’amour.

Schopenhauer prétend qu’il ne se contentera pas d’affirmer que la pitié est le vrai motif qui se trouve au fond de toute action moralement bonne. Mais saura « prouver » que celui-ci est le seul possible ; or cette preuve n’est, en définitive, que la reconnaissance d’un « mystère ».

C’est un produit immédiat de la nature, elle apparaît dans tous les pays et en tous les temps.

Les conséquences de la bienveillance

Je ferai rapidement l’impasse sur les conséquences réellement positives de la mise en œuvre de la bienveillance. Car, vu quelles sont espérées - même si elles ne doivent pas être recherchées -, leur réception ne doit pas poser de problème. C’est en quelque sorte le « nirvana » du bon chrétien que de recevoir exactement ce qu’il donne. Par contre, les conséquences négatives seront le lot commun notamment de la part de personnes que notre comportement dérange, voire agresse car il remet en cause leurs valeurs et leurs propres attitudes dont ils ne sont pas forcement toujours fier.

Les moqueries, les vexations, les abus, les dénigrements, et les agressions verbales puis physiques ne manqueront pas. C’est surtout là qu’il faut savoir recevoir. Jamais la haine ne cesse par la haine ; c’est la bienveillance qui réconcilie, car elle est le fruit de l’esprit.

Faire le bien et bien le faire

On peut associer la bienveillance à la bonté dont elle est la fille, c’est l’amour en action, la charité d’inspiration divine. C’est une disposition qui se cultive jour après jour, elle concerne autant les personnes, que les animaux et toute la nature.

Cultiver la bienveillance c’est choisir de regarder les côtés positifs des personnes que nous fréquentons, elle est simple et accessible à tous, elle nous procure du bien être et facilite l’éveil de l’intuition.

Qu’est ce que la sympathie ?

C’est la participation affective aux sentiments d’autrui (être en sympathie, c’est sentir ou ressentir ensemble ou de la même façon ou l’un par l’autre) ainsi que le plaisir ou la séduction qui en résultent. Que cela puisse ouvrir à la morale, certes, puisque c’est déjà sortir au moins partiellement, de la prison du moi.

La bienveillance est créative si non, elle se confond avec un code de politesse. Ce qui est agréable, mais n’implique pas le cœur.

La bienveillance et l’amitié même sont, à bien le prendre, des productions d’une pitié constante, fixées sur un objet particulier : car désirer que quelqu’un ne souffre point, qu’est-ce autre chose que désirer qu’il soit heureux ?

Voltaire disait : « j’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé ».

La force du regard

Une chose m’a toujours frappée : ceux qui ont atteint un certain degré de maturité spirituelle ont un regard sur l’autre, pénétrant et perspicace, empreint d’une grande bienveillance. Quiconque a eu la chance d’approcher de tels êtres a pu ressentir la force positive contenue dans un tel regard qui lui donne un pouvoir de transformation. Ce regard profond et généreux, qui va au-delà des apparences et des préjugés et que l’on pourrait appeler un « regard juste ».

Un sentier de la Vertu

Quatrième demande de notre rituel :

D : Qu’apportez-vous en loge ?
R : Bienveillance à tous mes frères.

La bienveillance est sur le chemin du DEVOIR. Celui qui est spirituellement actif est toujours confronté au négatif. S’il n’est pas aimant et bienveillant envers les autres, le négatif le met en pièces. Il y a donc toujours le négatif et c’est au moyen de celui-ci que l’on se purifie.

Etendue et degré de la bienveillance dans l’amour en général

Elle est ce qu’il y a de plus grand en tant qu’étendue et de plus petit quant au degré. Dans le vœu je puis être également bienveillant envers tous tandis que dans l’action le degré peut être différent suivant la différence des personnes aimées sans toutefois porter atteinte à l’universalité de la maxime : « aimez-vous les uns les autres… »

Du bien-être physique

La bienveillance peut être sans limite, en effet elle ne doit pas toujours se traduire en acte. Si la bienveillance est un devoir, alors on peut dire que l’amour de soi ne peut être séparé du besoin d’être aussi aimé par d’autres et que nous faisons ainsi de nous-mêmes une fin pour les autres.

La bienveillance trompée

Devenir Franc-maçon, c’est d’abord être sain de corps et d’esprit, être libre, paisible et bienveillant, être habité par une tension, par une soif, non pas de vérité mais de sens.

La quête maçonnique est toute intérieure et n’a que faire des péripéties mondaines. Ceux qui cherchent du pouvoir, de l’influence, des privilèges en seront pour leurs frais. Ceux qui ont réussi à s’infiltrer, à tromper notre vigilance et notre bienveillance ne sont pas restés longtemps.

L’initiation a glissé sur eux comme l’eau sur les plumes d’un colvert. Pour la plupart, ils n’ont jamais franchi la barre du grade d’apprenti, et s’en sont allé, écœuré, déçu, frustré, grossir les rangs des délateurs. L’orgueil et la vanité sont ainsi : les hommes détestent la mise à mal de leurs fantasmes égotiques…

La franc-maçonnerie est une lente et patiente étude de l’harmonie du monde par le biais d’une harmonie intérieure. Le rayonnement, l’émulation, la liberté dans la recherche du beau, du vrai, du juste ne peut aller de pair avec l’intrigue ou la contrainte.

Une approche de la lumière

La spiritualité m’a permis d’ouvrir et d’élever ma conscience pour « Etre » enfin moi-même grâce aux chemins de lumière qui guide mon cœur.

Quant à la bienveillance, elle continue chaque jour à étancher un peu plus ma soif d’intériorité.

Vénérable Maître et vous tous mes frères, ce soir j’ai l’honneur de solliciter de votre haute bienveillance, pour te dire simplement mon Frère « Aime, et fait ce que tu veux », donc - ou bien compatis, et fais ce que tu dois.

J’ai dit.

B\ M\


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