Obédience : NC | Loge : NC | Février 1999 |
Le Jardin d’Eden : L’Harmonie Primordiale Le Paradis dans de nombreuses religions et de tout temps a été décrit sous la forme d'un jardin luxuriant, où la vie paisible suivait le cours de l'éternité, une vie sans déséquilibre, une vie en parfaite harmonie. Les anciens quelles que soient leurs croyances ont toujours situé le paradis comme le centre, le cœur du Monde, où une source jaillissait vers les cieux, personnifiant ainsi l'endroit idéal de la relation avec Dieu, l'être suprême, le Principe, le Grand Architecte. Quand la genèse situe le Jardin d'Eden, en tenant compte de la disposition des quatre fleuves qui partent de la source centrale, à un point situé aux alentours de Babylone, il est surprenant de regarder une carte lorsque les continents n'en formaient qu'un seul, et découvrir que le centre de cette terre immergée pourrait bien être Eden, tel qu'il fut décrit dans la genèse. Afin de travailler dans le sens de notre démarche maçonnique, il est important de dépasser le texte biblique, d'ailleurs le descriptif du paradis terrestre est souvent très semblable, qu'il soit chrétien, musulman, sanscrit, chaldéen ou encore égyptien. Tous décrivent un jardin, avec souvent en son centre cette source jaillissante symbole de la vie, et de ce que nous appelons la verticalité. Depuis la nuit des temps, toutes les grandes civilisations, ont tenté de reproduire le Paradis à l'échelle humaine, et ce fut souvent un jardin. Ces jardiniers d'exception au-delà de la recherche de notoriété, avait sûrement un besoin inconscient de retrouver l'éternité, en dominant la nature qui était à leur disposition. Certains les ont façonnés d'après un rêve, souvent d'après les textes sacrés. Mais le sens de dominer est ici bien différent de l'étymologie première. La domination de la nature dans ce cas est plus proche de la recherche de la maîtrise, trouver le point d'équilibre, dans le respect de toute vie. Comme l'exprime la définition de l'harmonie : « L'accord parfait entre les parties d'un tout ». Il n'est pas rare lorsque l'on se promène, dans un jardin clos, d'être envahi par un sentiment de paix immense. La plupart des monastères ont souvent un jardin où les moines viennent y chercher une communication plus directe, exempte de tout artifice humain, une relation plus franche avec ce qui est en haut. Même si les jardins ont été façonnés par la main de l'homme, les plus harmonieux, sont souvent ceux qui ont été cultivés sans que l'on aperçoive, les marques de leur créateur. Lors de notre initiation, lorsque nous entrons dans le cabinet de réflexion, il est inscrit cette suite de lettres : V.I.T.R.I.O.L, sa traduction littérale nous propose de visiter l'intérieur de la terre afin de nous rectifier et de revenir ainsi à la vie, dépouillé de tout ce qui pourrait freiner notre quête. Comme Adam poussière tirée du sol, à qui Dieu insuffle une haleine de vie, nous entamons notre démarche maçonnique par un retour à l'origine. Nous faisons table rase, nous revenons symboliquement à l'instant « T » où il n'y avait rien, l'instant immédiat avant que la création ne se mette en mouvement, nous revenons à l'origine de la vie, simple poussière tirée du sol. Récemment des astronomes anglais ont pu démontrer que la vie avait de grandes chances d'avoir son origine aux confins de l'Univers. En effet ils ont pu observer après avoir recréé l'espace intersidéral en laboratoire, que les acides aminés, vecteurs indispensables de la matière inerte à la matière vivante, naissaient en présence de la lumière au cœur de la nébuleuse d'Orion, origine de l'observation. La confrontation d'un grain de poussière cosmique, soumis au bombardement de molécules d'hydrogène, d'azote et d'oxygène, enveloppé dans la lumière étincelante, et vous passez de l'inerte au vivant. La vie pourrait donc provenir du fin fond de l'univers, et grâce aux météorites qui ont bombardé la surface de la terre, puis grâce aux conditions climatiques idéales de notre planète, ces acides aminés ont permis de développer des êtres cellulaires de plus en plus complexes. Pour résumer, la Vie se forme avec un peu de lumière, un peu de terre, et un peu d'air, comme se fut le cas pour la naissance du premier homme. Rappelez-vous mes frères les épreuves que vous avez subies lors de votre initiation : La terre, Le feu, L'eau. Jardin d'Eden et Loge maçonnique Comme l'est le temple pour nous francs-maçons, le jardin est le lieu sacré, la transposition à l'échelle humaine de l'univers et notre rituel d'ouverture la chronologie de la création. Comme à l'origine, le V.M. demande au M. des C., de nous apporter la lumière et le mot, Et les versets de St Jean lus lors de l'ouverture des travaux ne fait que confirmer cette similitude : « Au commencement était le Verbe et le verbe était Dieu...de tout son être il était la vie et la vie est la lumière des hommes ». La disposition de notre temple est très proche de la création. La voûte céleste au-dessus de nous qui fut créée au deuxième jour. Les deux grands luminaires apparus le quatrième jour. L'arbre de la connaissance du Bien et du Mal, se trouve symbolisé au centre de notre loge par le pavé mosaïque. Les indications de mesure de notre loge sont à l'image de l'univers sans limites, soutenues par trois grands piliers que nous nommons Sagesse Force et Beauté, qui devraient être également les trois principes qui régissent notre quête, et qui ont été les trois grandes lumières fondatrices de la création de l'Univers. Franc-maçonnerie : Chemin vers l'Harmonie primordiale Avant d'aller plus loin posons-nous quelques questions sur le concept d'harmonie. A quoi reconnais t-on quelque chose d'harmonieux ? L'harmonie est-elle un état abouti ou peut-il y avoir à la fois évolution et harmonie ? L'harmonie peut-elle être vécue individuellement ou doit-elle être absolument collective ? Quel est le rôle de l'homme dans la création, est-il le gardien, le successeur ou seulement l'ouvrier ? L'harmonie est-elle la conséquence de la création, une étape, un point d'équilibre entre deux désordres ou l'objectif final de celle-ci ? Pourquoi avons-nous été symboliquement chassés du paradis ? Je n'ai pas la prétention de répondre à toutes ces questions, mais savoir pourquoi nous avons été chassés du paradis est peut-être déjà un premier pas vers cette harmonie primordiale. Adam mangea du fruit de l’arbre de la connaissance, et par cette action il fut chassé du Paradis. Symboliquement ce passage de la genèse, m’interpelle car elle rejoint admirablement notre quête maçonnique. Il existe un concept qui nous empêche de travailler en paix : Le Temps qui passe, Au Paradis nous avions l'éternité, dans notre temple nous travaillons en dehors de l'espace et du temps, et pourtant c'est un des concepts les plus difficiles à maîtriser. Bien que le temps soit une conception totalement humaine, elle est un frein à notre progression. Parce que nous voulons connaître avant d'apprendre que nous avons été chassés du Paradis. Parce que nous pensons que nous sommes capables de gérer la Connaissance, sans passer par l'apprentissage, nous ne goûterons plus aux fruits du Jardin d'Eden. Manger de l'arbre de la Connaissance, c'est s'affranchir de la tutelle de son créateur, pour se fier à son propre jugement, au point de se prendre pour Dieu. Depuis des millénaires, des milliers
d'hommes, ont consacré leur vie à la recherche de
l'Harmonie Perdue. Parce que nous avons perdu
l'éternité, cette recherche a toujours un
goût d'inachevé, et le temps consacré
à l'étude nous fait oublier de conserver du temps
pour transmettre, et souvent la génération
suivante, doit refaire les mêmes pas que la
précédente. Cet état de fait accentue
l'empressement. Comme nous le rappelait notre F. Conseiller Fédéral, ce qui nous lie tous ici plus que la fraternité, c'est l'initiation, la fraternité n'étant que la conséquence de l'initiation. L'initiation est le moment le plus fort de notre démarche maçonnique, c'est l'instant ou nous avons décidé d'ouvrir les yeux, c'est le premier pas qui nous ramène vers l'Harmonie primordiale, qui jusqu'à ce que nous rejoignions l'Orient éternel, nous aidera à ne pas flancher devant l'immensité du travail que nous avons décidé d'entreprendre. L'initiation, si elle est vécue avec sincérité et émotion, déclenche en nous un processus irréversible, plus que tout maintenant nous avons le désir de retrouver la parole perdue, mais notre démarche individuelle ne peut devenir efficace que si elle est vécue collectivement. La fraternité et l'amour véritable, n'apparaît que parce que nous avons reconnu en nous, frères ce même désir ardent, la similitude de notre quête. Les outils qui mènent vers l'harmonie. Pour nous aider à travailler tous dans une même direction, nos anciens nous ont légué un langage lisible pour ceux qui le désirent, le symbolisme. A première vue ce que nous voyons posé au centre de notre temple, les signes dessinés sur cette peau, sont inertes. Mais comme les prémisses de la Vie, dont je vous parlais précédemment, sous l'action de la Lumière, ils prennent vie et nous aident à comprendre progressivement la création. Malheureusement, nous voyons certains de nos F. brûler les étapes. Parce qu'ils ont vu, ils croient connaître. Comme le premier homme Adam, ils pensent être suffisamment érudits pour prétendre à être élevés au grade supérieur. Ma jeune expérience, quatre années, quatre petites années m'ont permis tout juste d'étudier les symboles du 1er degré, puis de survoler le grade de compagnon, et me voilà déjà maître. A ceux de mes frères qui brûlent d'impatience de connaître les secrets du degré supérieur, je leur demande le plus objectivement possible, avez vous bien eu le temps de faire le tour de votre grade, avez vous étudié chacun des symboles peints sur ce parchemin. Dans un deuxième temps demandez-vous pourquoi certains de nos frères qui travaillent dans les ateliers supérieurs, viennent toujours avec le même plaisir, avec cette même ferveur dans nos tenues. On pourrait penser que cela doit les ennuyer d'écouter pour la Xème fois, une planche sur la pierre brute, et pourtant ils sont là dans nos rangs et écoutent avec respect et attention. Atteindre le grade supérieur, dans notre ordre n'est pas un aboutissement, ce n'est qu'un repère dans le temps terrestre, qui permet de se situer dans la recherche que nous entreprenons. Nous avons été chassés du Paradis, parce que nous voulions tout comprendre, dans un laps de temps infime. Le péché originel ce n'est pas d'avoir mangé le fruit défendu, mais plutôt notre impatience démesurée, la peur de mourir sans tout avoir connu et compris. Maintenant que nous avons perdu l'Eternité, cette impatience reste ancrée en nous et nous empêche de travailler dans l'harmonie. Le premier travail à faire en entrant dans notre ordre c'est de maîtriser notre impatience. Rester dans le silence pendant les deux premières années d'apprentissage est une excellente méthode, pour y parvenir. Ne tentez pas de tout connaître restez attentifs à l'essentiel qui se trouve dans notre rituel. L'Homme a perdu l'éternité, mais elle existe encore au sein de notre ordre au travers de la chaîne d'union, seul lien qui permet de traverser le temps terrestre, sans perdre de vue notre objectif primordial la redécouverte de l'Harmonie primordiale. Désordre et Harmonie. Quand j'entends les gens clamer « Dieu nous a abandonnés », quand on voit le désordre et le mal prendre possession de cette planète, je leur réponds non. Parce que la pensée annonciatrice de l'action, a été engendrée dans le déséquilibre, dans un moment ou l'émotion prédomine, elle tend vers le chaos. Notre temple est soutenu par trois grands piliers, les fondations de notre univers : Sagesse, Force et Beauté. Il doit être de même dans notre recherche et notre quête. La Sagesse conçoit, La Force l'achève, La Beauté l'orne. C'est quand l'action suit ces trois principes, qu'elle devient harmonieuse. Quand je posais la question si l'Harmonie est une fin en soi ou seulement une étape dans évolution de l'univers. Je crois Plutôt qu'à l'égal de l'équerre, elle représente à un moment donné, un signe qui nous permet de mesurer si la voie que nous avons entamée, respecte les trois principes cités précédemment. Le désordre, comme l'harmonie sont des concepts impalpables au niveau de l’univers. On peut juger si quelque chose est harmonieux, seulement si les règles ont été préétablies auparavant, ce qui au niveau de la création de l'univers dépasse notre entendement. La seule harmonie à ce jour que nous sommes capables de ressentir, est émotionnelle et encore est-elle imparfaite parce que totalement personnelle et ses fondements sont ceux de la vie profane. Pourtant au sein de ce temple, il nous arrive de ressentir l'harmonie primordiale. C'est un moment fugace, où tous les esprits libres assemblés dans ce temple se rejoignent, et au lieu de suivre le rituel, le vivent avec sincérité comme ce le fut pour la création du Monde. Nous appelons ça l'Egrégore. Le chemin est long et sans gloire, mais à portée de celui qui est sincère avec soi même, celui qui déjà, est en harmonie avec lui-même. « Connais-toi, toi-même et tu connaîtras l'Univers » disait Platon. Il sait qu'il ne travaille pas pour lui, mais pour une future génération, peut-être pas la suivante, peut-être pas celle qui suit. Chaque frère qui s'engage dans cette voie, prend une responsabilité immense, il permettra par le fruit de son travail et de ses recherches à faire progresser cette quête de l'harmonie perdue. Comme le disait un de nos frères lors d'une tenue précédente, la valeur d'une loge se mesure au maillon le plus faible de la chaîne. J’ai dit V\ M\ Questions posées par mes F\ lors de la tenue où j'ai présenté mon travail 1. Dans l'harmonie y a-t-il une place pour le
G\ A\D\L\U\ ? 2. Qu’est-ce que c’est la
4ème colonne et est-elle indispensable pour l'harmonie de
notre œuvre ? 3. Que représente l'harmonie pour
nous francs-maçons ? 4. Pourquoi avons-nous besoin d'harmonie ? 5. L'harmonie si elle existe dans la
création, est-elle en devenir ou a-t-elle existé
puis disparue ? 6. Le libre arbitre de l'homme
n’est-il pas venu prématurément,
après le texte de la Genèse ? J\D\ F\ |
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