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Les fondements
symboliques de
la franc-maçonnerie
Les
fondements symboliques de la franc-maçonnerie tirent leur origine de
trois
sources essentielles. La première de ces sources est
« opérative » : elle appartient à la
franc-maçonnerie du
« Métier » qui existait déjà dans le monde antique
mais qui s’est épanouie
tout particulièrement durant le Moyen Age dans l’art roman puis dans
l’art
gothique. Cette maçonnerie opérative dont les loges se sont peu à peu
transformées, à partir du XVIè siècle, sous de multiples influences
extérieures
– dont l’hermétisme
chrétien et
l’alchimie – et par l’acceptation de plus en plus fréquente de gens
étrangers
au Métier, a donné à la Maçonnerie dite
« spéculative » (1), née
officiellement en 1717 à Londres, les outils symboliques et les
symboles de la
géométrie sacrée qui constituaient le vieux fonds rituélique des
bâtisseurs. Elle
lui a légué également – ce qui n’est point négligeable – le caractère
« fermé » de la Fraternité et ses secrets
inaccessibles aux profanes…
ces secrets fussent-ils devenus aujourd’hui, où tout est écrit,
transcrit,
figuré, buriné, des « secrets de
Polichinelle » ! La
deuxième source qui a inspiré l’Ordre, ses rites, ses mythes, sa
« liturgie » pour reprendre un mot de Ragon - même
s’il nous paraît
dangereux de l’utiliser par la confusion avec les religions qu’il peut
engendrer - est la source religieuse et initiatique, directement venue
du
judéo-christianisme et donc de la Bible. Mais en vérité cette source ne
s’arrête point, de même qu’elle ne commence pas, aux Ecrits sacrés.
Elle
s’abreuve aussi aux mystères antiques, tels ceux d’Eleusis et de Mithra
et,
bien avant encore, aux mystères qui se déroulaient dans les temples de
l’Egypte
antique. Elle
a fourni à tous les Rites, quel que soit le nom que l’on ait donné à
ceux-ci –
Rite émulation, Rite Ecossais ancien et accepté, Rite Ecossais
rectifié, Rite
d’York, Rite de Memphis-Misraïm etc. – une série de symboles importants
traduits essentiellement par des signes, des mots, des couleurs, des
nombres,
mais aussi parfois une symbolique de la faune et de la flore sacrées ou
encore
ces symboles, plus ou moins hérités de l’alchimie, permettant à
l’initié
d’accéder à la fois à la Connaissance et à une ascèse spirituelle, à
une
véritable transmutation de son être intérieur. Tous demeurent à ce
titre au
cœur de la franc-maçonnerie initiatique. Enfin,
une troisième source, qui fut trop longtemps négligée et que j’ai tenté
de
remettre en valeur (2), est la source chevaleresque qui inspire à tous
les
grades – même si ses effets sont plus particulièrement perceptibles
dans les
hauts grades des différents rites – l’évolution de l’initié. Celui-ci
accède,
par là même, à une ascèse morale qui le conduit de la connaissance à
l’action. Trois
étapes marquent ainsi la vie intérieure du franc-maçon. Tout d’abord la
perception d’un « symbolisme existentiel » qui
s’exprime à la fois
dans les symboles fondamentaux universels et les outils du Métier. Puis
l’accès
au symbolisme « essentiel » que constituent les
signes, les mots, les
couleurs et les nombres. Et enfin le retour à un nouveau symbolisme
existentiel
qui s’impose aux Frères dans l’application de leurs connaissances dans
le monde
où nous vivons, dans la mise en pratique de l’idéal maçonnique dans
notre vie
quotidienne, afin, proclament les Constitutions des différentes Grandes
Loges
ou Grands Orients, de travailler au perfectionnement de soi comme à
l’amélioration de la condition humaine. L’objet
de la pensée symbolique La
pensée symbolique a pour objet fondamental de rendre visible
l’invisible. Elle
se situe, comme le disait René Alleau, « à mi-chemin entre le
jour et la
nuit », elle tente de rendre concevable la partie inconcevable
du symbole,
de tirer un « signifié » du
« signifiant » qui de prime
abord nous échappe, en sachant que ce signifié est toujours susceptible
d’être
révisé, agrandi et amélioré dans une meilleure appréhension de ce
symbole Il
convient de rappeler aussi ici que le symbole doit être parfaitement
distingué
de l’emblème, figure concrète d’un concept abstrait, ou de l’allégorie,
simple
image d’une idée et surtout du synthème qui, selon la définition de
René
Alleau, désigne tout signe « arbitraire et
conventionnel » dont le
sens reste « univoque et constant ». Le
synthème met les hommes en relation par communication, le symbole par
communion, car il se réfère à la connaissance véritable, celle de
l’intérieur.
Les rites ainsi sont vraiment symboliques car ils ne se réduisent pas à
des
signes convenus, ils agissent réellement,
« opérativement »… Survivance
d’une science sacrée immémoriale, le symbole échappe à toute
explication
cartésienne. Il se réfère à l’essence des choses, il éveille des idées,
il est,
pour reprendre la belle expression de Jean-Pierre Bayard, « un
lien entre
l’humain et le divin », une « clef de l’âme
humaine » qui
traduit la profonde et éternelle aspiration de cette âme vers
l’inconnu,
l’invisible, la transcendance. Déjà l’Abbé Auber, l’un des meilleurs
spécialistes du symbolisme religieux, avait bien montré que toutes les
définitions du symbolisme ne pouvaient « se restreindre à une
forme
précise et absolue ». Mais
surtout, par-dessus tout, le symbole est l’expression d’un langage
universel
qui transcende les langues, les mœurs, les coutumes, les peuples les
civilisations. C’est le véhicule privilégié de ce langage universel
exprimant
une idée-force, un « archétype » pour reprendre le
terme de Jung (qui
consacra sa vie à l’étude des symboles), il suggère, il éveille. Il
est régi par les lois de l’analogie – et,
en ce sens, il se rapproche de la vieille magie
traditionnelle – et de
l’intuition. C’est un peu la science du cœur, comme on l’a décrit
parfois, en
même temps que la voie par excellence vers la Connaissance. Ce qui
explique
d’ailleurs sa « plurivocité », ses multiples sens qui
se déroulent
sur une vision en spirale, jusqu’à l’infini… Il nous est donné ainsi la
première lettre et il nous appartient de trouver les suivantes… Un
simple exemple pour illustrer notre propos : celui de la
Lumière, capitale
dans l’initiation. Nous n’en avons qu’une vision imparfaite au départ,
quelques
rayons au contour fragile… Elle reste et restera longtemps encore
voilée à nos
yeux et ne nous apparaîtra que fort progressivement. Le
plus grand mystère du langage symbolique dont la franc-maçonnerie a
fait, plus
que toute autre discipline ou tradition initiatique, plus même que
toute
religion, plus encore peut-être que l’hermétisme et l’alchimie, son
langage
propre, est la source unique, le principe originel d’où elle a tiré ses
symboles universels. Existerait-il
un « centre primordial », pour reprendre une idée
chère à René
Guénon, où serait né ce symbolisme universel ? … En tout cas,
il est
certain que le choix des symboles de construction des maçons s’explique
par la
volonté des pères fondateurs de la maçonnerie moderne de découvrir les
lois qui
régissent le monde selon l’Harmonie universelle, à l’image du temple
édifié,
ici et maintenant, par les bâtisseurs. L’éternelle correspondance du
microcosme
et du macrocosme ! En sachant que ce temple est régi par la
Force (la
durée), la Sagesse (la mesure) et la Beauté (l’harmonie) et qu’il est
construit
selon la Règle de l’Art royal. L’art
de
la géométrie et les outils des « opératifs » Ce
sont donc les outils des anciens maçons opératifs qui constituent les
premiers
fondements symboliques de l’Ordre maçonnique, quelles que soient les
obédiences. Il arrive parfois qu’ils se confondent avec des symboles
plus
universels ou qu’ils aient une origine proprement biblique, voire
philosophique
ou pythagoricienne. Toute classification demeure ainsi quelque peu
arbitraire
et nous ne manquerons pas de le signaler au fur et à mesure de notre
inventaire. Il
faut préciser également que les outils d’origine opérative ne sont pas
que de
simples outils permettant la construction d’édifices terrestres. Ce
sont aussi
les figures de la construction spirituelle ou céleste, comme
l’indiquent toutes
les grandes traditions, du bouddhisme au christianisme, où le compas et
l’équerre, par exemple, dictent la conduite de l’âme tout autant qu’ils
prennent la mesure du matériau. Les
figures fondamentales de la géométrie indiquent ainsi à l’initié que
toute
construction est fondée sur les lois de l’équilibre, du rythme et du
rapport
des Nombres – rappelons ici l’importance à cet égard du Nombre d’Or –
permettant ainsi de réaliser l’Harmonie et la Beauté. Il s’agit d’un
« tout organiquement composé qui s’explique à partir d’une
dynamique
interne », comme le souligne à juste titre
« L’Encyclopédie des
symboles ». La
géométrie reste « la servante du symbolisme », disait
ainsi le grand
maçonnologue américain Albert Pike, tandis que G.F. Creuzer dans
« Symboles et mythologie des peuples anciens » paru
en 1810,
insistait encore davantage sur la « transfiguration de l’image
terrestre » que ce rôle de « servante »
implique. Les
grands symboles opératifs conservés par la franc-maçonnerie moderne
sont
l’équerre et le compas, le fil à plomb et le niveau, le maillet et le
ciseau,
la règle, le levier, la truelle et la planche à tracer des maîtres. On
peut y
ajouter la pierre brute et la pierre cubique, les trois piliers, la
houppe
dentelée, les trois ordres d’architecture et la canne du maître des
cérémonies,
hérités eux aussi de la Maçonnerie du métier avec les cinq points
parfaits de
la maîtrise, attribués jadis au degré du compagnon fini. Sous
le
signe de l’équerre et du compas L’équerre
et le compas sont les symboles par excellence de la franc-maçonnerie à
tel
point, qu’à eux deux réunis, ils en donnent une image convenue,
traditionnelle.
Mais ces outils du Métier viennent de très loin dans le temps. En
Egypte, Maât,
la déesse de l’initiation porte l’équerre tandis qu’une vieille
inscription
iranienne de vingt-cinq siècles, rapportée par Robert Ambelain
affirme : « Soumets-toi
à l’équerre afin de servir ». Dans la Chine antique l’équerre
était
l’emblème de l’empereur maître de la terre et à ce titre son
ordonnateur. Ainsi
Fou-Hi et la reine Niou-Koua fondent la cité de la Lumière par le
compas et
l’équerre. Et Confucius se réfère expressément lui aussi à l’équerre et
au
compas pour jeter les bases de sa société ordonnée. De
même, compas et équerre figurent dans l’iconographie et la sculpture
chrétiennes. On connaît par exemple la belle image de la Création de
l’Univers
par le Grand Architecte muni de son compas dans une Bible du XIIIè
siècle ou la
gravure de Lucas de Leyde représentant saint Thomas porteur de
l’équerre.
Platon exaltait lui aussi dans le « Philèbe »
« le sage et
judicieux emploi du compas, du cordeau et de l’équerre ». L’équerre,
emblème de la rectitude, de la droiture en pensée et en action, est le
symbole
de la Loi morale et de l’équité. Par ses deux branches elle signifie
aussi
l’union des contraires. Quatre équerres constituent la croix. C’est
l’outil de la
matière ordonnée, de la norme (« norma »). Le compas
est l’instrument
de la mesure, de la comparaison, c’est aussi l’outil du Grand
Architecte de
l’Univers , outil par lequel ce dernier crée le monde en esprit. Le
franc-maçon se situe au centre de l’équerre et du compas, entre la
terre et le
ciel. Dans la tradition hermétique le Rebis tient de même en sa dextre
le
compas et en main gauche l’équerre. Et l’équerre et le compas, associés
au
Volume de la Loi sacrée (ou de la sainte Loi), constituent enfin les
trois
grandes Lumières qui éclairent le franc-maçon. Placées sur l’autel des
serments
les trois grandes Lumières sont en vérité le reflet de la Lumière
cosmique, qui
« en venant dans le monde, comme nous le rappelle dans son
prologue
l’Evangile de Jean ouvert au commencement des travaux, éclaire
tout
homme »… Il
convient encore de préciser que l’équerre est le bijou du Vénérable
Maître, ce
qui est tout à fait logique puisque c’est lui qui a la charge
d’ordonner la
loge et que l’équerre réunit géométriquement à la fois les fonctions de
la
règle ainsi que du niveau (emblème du 1er
Surveillant) et de la
perpendiculaire (emblème du 2è Surveillant). Les deux Surveillants, qui
ont
respectivement la charge des compagnons et des apprentis, sont ainsi
tout
naturellement désignés, par les symboles qui leur sont affectés, comme
les
assistants du Vénérable qui préside aux travaux de la loge. Du
maillet à la
truelle : l’édification de l’œuvre Le
niveau et la perpendiculaire (ou fil à plomb), images de l’horizontal
et du
vertical, constituent un second couple d’outils complémentaires dont la
signification première est, d’une part la quête de l’équilibre selon
les lois
d’une égalité originelle, « sans nivellement des
valeurs » comme le
soulignait Plantagenet, et, d’autre part, de la recherche de
« la vérité
dans les profondeurs où elle se cache ainsi que de l’élévation des
sentiments
vers les hauteurs » comme le dit le rituel écossais. Niveau et
perpendiculaire montrent ainsi le double chemin que l’initié est invité
à
suivre sur les deux branches de la croix. C’est
donc encore un symbolisme cosmique, en même temps qu’une injonction
morale que
ces deux outils nous suggèrent car, par leur réunion, ils sont la
figuration de
l’équilibre cosmique des solstices et équinoxes s’incarnant dans les
quatre
points cardinaux. Le
maillet et le ciseau sont, eux, le rappel très éloquent du travail
auquel
l’apprenti est appelé par son initiation : dégrossir la pierre
brute. Eux
aussi indissociables, eux aussi correspondant au symbolisme actif et
passif de
la construction, unissent la force et la volonté pour tailler la pierre
et
faire pénétrer en elle l’esprit. Car
le maillet, porté en loge par le Vénérable Maître et les deux
Surveillants
a encore d’autres fonctions. Celle de l’influence spirituelle que le
Vénérable
transmet au néophyte lorsqu’il le consacre par l’union du maillet et de
l’épée
flamboyante. Celle de l’ordonnancement sacré auquel
le Vénérable et les
Surveillants procèdent en rythmant les travaux en loge par leurs coups
de
maillet. Les
maçonnologues anciens n’ont pas manqué de rappeler encore l’importance
de ce
maillet symbole de commandement en rappelant qu’il était l’attribut du
dieu
scandinave Thor (traduit en Donar dans la tradition germanique) et de
l’ancienne divinité celtique Sucellos dont le nom même signifie
« qui a un
bon marteau ». La
règle et le levier constituent un autre couple se rapportant
directement à la
Connaissance. La première représente l’esprit, le second la matière
devenue
féconde et dominée par l’esprit. Instrument de médiation, le levier ne
peut
rien s’il n’est en effet mis en œuvre par la règle. La règle, dont les
24
divisions signifient bien plus que les 24 heures d’une journée
utilement
remplie, est en vérité « le symbole gradué de la
Connaissance » en
même temps que « la Loi dans sa représentation la plus
dépouillée, la plus
nue, ainsi que je l’explique dans mon livre sur « Les symboles
maçonniques ». A ce titre, elle remplaça naguère dans les
loges opératives
le Volume de la Loi sacrée sur l’autel des serments. C’est, par son
vocable
même (latin : regulus = petit roi) le symbole parfait de ce
que représente
« l’art royal » de la franc-maçonnerie. Un
rapprochement utile enfin
pourrait être fait entre ses 24 graduations et les 24 vieillards de
l’Apocalypse,
incarnations de la justice et de l’équité (3) La
truelle est l’outil unificateur, l’outil d’aplanissement de par son
usage même
et elle est à ce titre l’un des plus beaux témoignages de la vocation à
laquelle se consacre l’initié franc-maçon dans sa conduite, non
seulement
envers ses Frères mais envers tous les hommes. Car la truelle lui
montre la
voie non de l’unité – impossible à réaliser et non souhaitable
d’ailleurs –
mais de l’union, de l’identité et de l’égalité naturelle. N’oublions
pas qu’au
Moyen Age on représentait parfois le Créateur une truelle à la main. Quant
à la planche à tracer, où le maître apprend à dessiner le cercle et son
point
central, ce point auquel, une fois parvenu, il ne saura plus s’égarer,
elle
est, au 3è degré, l’invitation adressée au maître de bien concevoir
l’œuvre… La
pierre, symbole de
la terre et image du divin Il
est encore d’autres symboles qui ne se rattachent pas à la seule source
opérative mais qui n’en sont pas moins issus de celle-ci. Ce sont
notamment, à
certains rites dont le Rite Ecossais ancien et accepté, les trois
piliers, les
trois colonnettes sur lesquelles, à l’ouverture des travaux, sont
allumés les
flambeaux et qui représentent par leur conception les trois grands
ordres
d’architecture : le ionique, le dorique et le corinthien
auxquels
correspondent respectivement la Sagesse, la Force et la Beauté, vertus
qui
concourent toutes trois à l’édification de l’œuvre. Délimitant
le pavé mosaïque, le lieu le plus sacré du Temple, le Saint des Saints,
ces
piliers ont, bien sûr, été associés par différents rituels à la Trinité
chrétienne, à la trinité osirienne : Isis, Osiris, Horus, à la
triade
Salomon-Hiram de Tyr-Hiram Abif, (4) aux trois principes de la science
hermétique : le soufre, le sel et le mercure, aux trois vertus
théologales : foi, espérance et charité ou encore aux trois
séphiroth de
la Kabbale : Hochmah (Sagesse), Netzah (Force) et Tiphereth
(Beauté) (5). On
peut trouver, certes, une origine biblique, comme le pense Patrick
Négrier, à
ces colonnettes mais cela ne change rien au symbolisme fondamental de
la triade
Sagesse-Force-Beauté. On
trouve de même la « pierre brute » souvent citée dans
la Bible où
elle est notamment liée au symbolisme de l’autel des holocaustes
constitué de
pierres brutes. Elle n’en reste pas moins fondamentalement un symbole
compagnonnique, de même que le pierre cubique à laquelle elle est
indissolublement liée. La pierre brute est de caractère
« informe et
vide », à l’image de l’apprenti lui-même, et celui-ci va
devoir peu à peu
la tailler et la polir, à l’exemple du tailleur de pierre du Métier
pour en
faire un cube parfait auquel il imprimera d’ailleurs sa marque, sa
personnalité
en apportant à cette pierre cubique une pointe monolithe, sorte de clef
de
voûte qui fera de l’ensemble une image de la quintessence… La
pierre, symbole de la terre, devient ainsi une image du divin que nous
retrouvons aussi bien dans l’Ancien Testament où le songe de Jacob nous
apprend
qu’elle est la maison de Dieu et où Moïse fait dresser les douze
pierres au
pied du Sinaï, que dans l’Evangile où Jésus se compare à la pierre
angulaire du
Temple. L’alchimie,
reprenant la leçon du Christ, en fera la pierre philosophale du Grand
Œuvre. Il
n’est pas d’ailleurs que dans la tradition chrétienne que la pierre
revêt une
importance capitale. L’islam a la pierre noire de la Kaabah à La
Mecque, Cybèle
était aussi figurée par une pierre noire, Mithra est né d’un rocher,
l’Apollon
delphien est adoré sous la forme d’une stèle conique. Au Japon, Akasu a
une
demeure constituée de trois pierres. Sans parler, bien sûr, des
cromlechs,
dolmens et autres menhirs de la civilisation celtique, ou des pierres
génitrices de l’ancien Mexique ou encore des pierres sacrées des
antiques
initiations chamaniques. De tout temps la pierre, qu’elle soit brute ou
taillée, a revêtu une importance symbolique exceptionnelle dans les
rapports de
l’homme avec le divin. La
géométrie, cet « art de mesurer la terre », comme le
veut son
étymologie et qui est à la base de l’œuvre des maçons opératifs,
s’exprime
encore à travers divers autres symboles. Tel le cordeau que l’on
retrouve sous
la forme de la houppe dentelée avec ses lacs d’amour et qui servit à
Ezéchiel
(Ez. 40,3 et 47,3) pour mesurer non seulement le Temple mais
l’Etre qui
représente le Temple, qui vit au cœur du Temple. Tel la carré long qui
caractérise justement ce Temple en ses dimensions et édifié selon la
divine
proportion (1,618 : mesure du Nombre d’Or utilisé par tous les
vrais
architectes et jusqu’à Le Corbusier de nos jours !) et qui
fait de la loge
un lieu sacré, image de l’univers, comme le rappelle la voûte étoilée
en son
centre. Telle
encore la mystérieuse lettre « G » - qui signifie aussi bien Dieu
(God, Gott) ou Grand
Architecte, que géométrie, génération, gravitation, génie et gnose – et
que
l’initié découvre au centre du cercle et qui lui apprend, entre
multiples choses,
l’identité du Temple et de l’homme selon le mot de Vitruve,
l’architecte
romain : « Jamais un bâtiment ne pourra être bien
ordonné si toutes
les parties ne sont, les unes par rapport aux autres, comme le sont
celles du
corps d’un Homme bien formé » (in « Traité
d’architecture ») Un
symbolisme universel
d’origine cosmique La
deuxième grande série de symboles auxquels a recours le langage
maçonnique est
constituée par un symbolisme universel, d’origine cosmique, que la
franc-maçonnerie partage souvent avec des traditions initiatiques plus
anciennes ou avec les grandes religions. Nous verrons plus loin que
tout un
ensemble de symboles d’origine biblique se rattachent à ce corpus,
attestant
par là les attaches étroites que la franc-maçonnerie a entretenues, dès
ses
origines opératives, avec l’Ancien comme avec le Nouveau Testaments. Parmi
les symboles cosmiques d’origine universelle, on retrouve bien sûr au
premier
chef le couple Soleil-Lune, également capital dans l’autre
« art
royal » qu’est l’alchimie. Le soleil a été la première
manifestation de la
divinité pour d’innombrables peuples et tribus. Symbole de la
résurrection et
de l’immortalité souvent inhérentes à son culte, il est aussi centre du
ciel et
à ce titre se rapporte à l’Arbre de vie, à « l’axis
mundi ». Il fut
associé à de multiples dieux : El ou Baal le dieu phénicien,
Belen ou Lug,
les dieux celtes, Atoum-Râ ou Horus en Egypte, Apollon chez les Grecs,
ou
encore Mithra le « Sol invictus ». On en fit aussi
l’emblème du Christ
dit « Sol justiciae ». Vishnou l’incarne, Bouddha
l’extériorise en sa
roue solaire et, au Japon, pays du Soleil Levant, Amaterasu en a revêtu
la
lignée impériale… Comme
le Soleil représente le côté masculin, l’intellect, l’avenir, la Lune
incarne
le côté féminin, la mémoire, le passé. Mère universelle, matrice du
monde, elle
était l’emblème d’Ishtar, de Séléné ou Artémis, la Diane latine, de
l’Hathor
égyptienne, de l’Anâhitâ perse, bref de toutes les déesses-mères
jusqu’à la
Vierge Marie elle-même. Le
couple Soleil-Lune en franc-maçonnerie préside aux travaux de la loge
où il
encadre le Delta flamboyant, représentation de la divinité. Comme le
Christ
entre les deux luminaires, le Vénérable Maître, toutes proportions
gardées,
siège entre le soleil et la lune, unissant ainsi le soufre et le
mercure de
l’alchimie, les pôles actif et passif, le jour et la nuit, le feu et
l’eau et
aussi le sacerdoce et l’empire… Il renvoie même, si l’on se réfère à
d’anciens
textes chinois, tel le Huainan Zi, aux dix directions de l’espace-temps
et donc
au symbolisme des dix directions du cosmos, selon Patrick Négrier (op.
cit.)
(6) Sous
la voûte étoilée… La
voûte étoilée que l’on illumine au centre du temple, juste au-dessus du
pavé
mosaïque est un autre symbole cosmique. Elle figurait déjà souvent dans
les
temples antiques – et Dendérah, en Egypte, en est un magnifique exemple
– ainsi
que dans les églises, comme en témoignent encore nombre d’entre elles
avec, au
premier chef, la Sainte Chapelle de Paris dont la magnifique voûte
d’azur est semée
d’étoiles… Une inscription du temple de Ramsès II, conservée au musée
du Caire,
précise d’ailleurs : « Ce temple est comme le ciel en
toutes ses
parties ». La
voûte étoilée est le « symbole de la transcendance »
( Jules
Boucher). Elle correspond ainsi avec la houppe dentelée qui, bien plus
que le
simple cordeau des opératifs que nous avons déjà évoqué, symbolise par
ses
noeuds en forme de douze lacs d’amour, les douze signes du zodiaque
(7). Dans
cette corde qui exprime la trame du monde, qui résume l’unité dans la
multiplicité, Jean-Pierre Bayard voit aussi la spirale de l’évolution
cosmique.
Un
autre symbole de l’évolution cosmique pourrait s’inscrire dans les
épreuves que
le futur initié subit lors de ses voyages dans la cérémonie
d’initiation. Ces
voyages sont en effet en rapport étroit avec les quatre éléments que
les
adeptes rencontraient déjà dans les antiques initiations, que ce soit
dans les
temples égyptiens, à Delphes et Eleusis, dans les mystères dionysiaques
comme
dans les mystères de Mithra… La
purification par les éléments, rapportés aux quatre animaux des
Evangélistes
(taureau = terre, aigle = air, homme = eau, lion = feu) est le
nécessaire
passage pour l’évolution de l’initié vers la Lumière, vers la
transcendance. La
terre (du cabinet de réflexion) enfante, donne la vie. L’eau apporte le
souffle
vital (Ruah) grâce auquel l’âme universelle, l’âme du monde a été créée
et avec
lequel l’initié est pour la première fois mis en contact. L’eau, c’est
l’eau du
baptême, purificateur et régénérateur, c’est l’eau vive qui traduit,
comme l’a
dit René Guénon, « la possibilité universelle
elle-même » car,
ajoute-t-il, « celui qui naît de l’eau devient fils de la
Vierge, donc
frère adoptif et co-héritier du royaume de Dieu » (in
« L’homme et
son devenir »). A
Delphes on se baignait dans la fontaine Castalie. Le brahmane s’immerge
trois
fois par jour et l’on se purifie rituellement en Inde dans les eaux
sacrées du
Gange. Quant au chevalier, rappelons-le, il prenait un bain la veille
de son
adoubement. Enfin
la purification par le feu achève le pouvoir de régénération de
l’esprit et
l’évolution vers la transcendance. Le signe du feu n’est-il pas
d’ailleurs un
triangle ascendant ? … Un triangle lumineux, bien sûr, un
triangle de
Lumière… Les
voyages de l’initiation du nouveau franc-maçon sont en vérité en
rapport étroit
avec l’astrologie des Anciens. Ils signent le parcours de la sphère
céleste que
jadis les pythagoriciens étaient censés accomplir lors de leur propre
initiation. Un
dernier symbole d’origine cosmique figure au degré de
compagnon : il
s’agit de la sphère céleste précisément, qui met le nouveau compagnon
en
rapport direct avec l’astrologie - astronomie, selon « l’ordre
du
monde » évoqué par Pythagore qui fut lui-même, ne l’oublions
pas, l’inventeur
du mot « cosmos ». Le Delta et l’étoile flamboyantes
Le
triangle qui, à l’image de l’équerre et du compas, désigne souvent à
lui seul
l’Ordre maçonnique, est pourtant un des symboles les plus anciens qui
soit au
monde. Partout on le retrouve. On en a exhumé sous toutes les formes
dans
toutes les civilisations : en Inde où Durga en fait la source
de vie comme
en pays Maya où il est le glyphe du rayon solaire, en Egypte comme en
Grèce ou
à Rome. Pour le judaïsme, le triangle équilatéral symbolisait déjà Dieu
–
« Les deux yeux de Dieu et son front forment un triangle dans
le
ciel » dit le Zohar – et la franc-maçonnerie a repris à son
compte cette
signification à travers le christianisme où les trois côtés sont censés
figurer
la Sainte Trinité. Le triangle fut, bien entendu, également un symbole
fondamental de la géométrie sacrée pythagoricienne où il figurait aussi
la
naissance cosmique et la Maçonnerie opérative en fit une représentation
du
juste équilibre entre les forces opposées : Sagesse, Force et
Beauté. L’œil
divin ou le tétragramme (IHVH) figurant en son centre achèvent de lui
donner
son caractère sacré. Le Delta lumineux qui figure ainsi à l’Orient dans
tous
les temples de la franc-maçonnerie traditionnelle est ainsi à la fois
symbole
du Soleil, de la Lumière, du Verbe ou du Logos et du Principe Créateur.
Il fait
de l’homme le fils du ciel et son rapport est fondé une fois de plus
sur le
Nombre d’Or. L’étoile
à cinq branches fut de même un des symboles essentiels des
pythagoriciens pour
qui ce pentagramme désignait en fait la divine Tetraktys fondée sur la
somme
des quatre premiers nombres dont le total est le nombre 10 et dont la
figuration en pyramide traduit l’harmonie de l’accord parfait et
l’ensemble des
connaissances à travers les quatre éléments et les quatre stades de
l’homme -
esprit. L’étoile
à cinq branches est le symbole de l’homme régénéré, comme le montre
bien le
dessin de Léonard de Vinci, repris quelques décennies plus tard par
Cornélius
Agrippa von Nettesheim. Elle aussi rayonne la lumière, elle illumine
les êtres
par le flamboiement de ses cinq branches et de la lettre
« G »
inscrite en son centre. Elle est, comme l’a dit Jean-Pierre Bayard,
l’expression
même du « Nombre Idée ».
Les
grenades sont le fruit de l’arbre des Phéniciens. Elles étaient dans
l’Antiquité consacrées à Déméter, la grande déesse-mère qui présidait
aux
mystères d’Eleusis. Symboles de fécondité pour maints peuples
d’autrefois,
elles étaient ainsi un des attributs de Junon qui présidait à Rome aux
mariages. Pour les Pères de l’Eglise, leurs graines représentaient tous
les
fidèles de la communauté chrétienne qui devait être animée par la
charité et leur
jus rouge évoquait précisément l’amour et le sang des
martyrs ; elles
étaient donc l’expression même de l’éternité divine. Et, là encore, la
symbolique maçonnique a emprunté au christianisme puisque les grenades
qui
figurent au sommet des colonnes de l’entrée du temple représentent
également la
grande famille maçonnique universelle. Toutefois il faudrait distinguer
entre
la grenade fermée de la colonne Boaz qui représente l’union des Frères
répandus
à la surface du globe et la grenade ouverte de la colonne Jaqin dont la
multiplicité des graines représente chaque maçon promis à l’élévation
spirituelle. Le
serment prêté par l’initié à chaque fois qu’il franchit un nouveau
degré nous
met par son étymologie même (en latin : sacramentum) en
relation avec le
sacré. A la fois invocation, promesse et imprécation, le serment revêt
en effet
un caractère sacré. Et cela, depuis les traditions les plus anciennes.
Souvent
associé au sang dans les rites antiques, il est à la fois engagement
solennel
et prise à témoin en solidarité avec l’Etre divin ou cosmique.
L’importance du
serment maçonnique dont la formulation archaïque peut surprendre, voire
choquer
parfois, ne s’explique que si l’on comprend bien qu’il s’agit d’un
engagement
qui dépasse largement l’ici et maintenant, le monde où nous évoluons. Pris
sur la coupe des libations, le caractère sacré en est renforcé car la
coupe est
en quelque sorte le substitut du sang des anciennes
initiations :
instrument cultuel, elle est en relation étroite avec le symbolisme
cosmique.
Vase sacré, elle recueille ainsi le « soma » des
hindous comme
naguère l’ambroisie des dieux de l’Olympe. Elle est assimilable au vase
d’Hermès, à celui de l’art des alchimistes, elle est, dans la plus
haute
sphère, le Graal d’or pur et fin… Enfin,
le sablier, la faux et le crâne humain que l’impétrant découvre lors de
l’épreuve de la terre dans le cabinet de réflexion, sont des symboles
beaucoup
plus parlants pour le profane qu’il est encore. Tout ici lui rappelle
la mort
initiatique, la mort qu’il doit affronter, regarder en face puisqu’on
lui a
demandé de rédiger son « testament philosophique ».
Ce testament où
il va devoir consigner ses dernières impressions de profanes, confronté
aux
devoirs qu’il a envers lui-même, envers les autres, envers sa patrie,
envers
l’humanité ou envers Dieu. Le
symbolisme alchimique
du cabinet de réflexion C’est
en effet plongé dans le noir du deuil et des ténèbres que l’impétrant
commence
son voyage initiatique. Le cabinet de réflexion est un peu à l’image de
la
caverne de Platon, le lieu où il apprend à contempler les dernières
images
d’une vie quelque peu illusoire avant de naître à la vraie vie de
l’initié. Aux
côtés de ces symboles explicites de mort, figurent ainsi d’autres
symboles qui,
au contraire, vont lui suggérer l’éveil, le
« réveil » et le travail
qu’il aura demain à accomplir sur lui-même. Symboles alchimiques qui
lui
annoncent déjà la parenté essentielle des deux démarches maçonnique et
alchimique qui se rejoignent sous la même appellation, ô combien
signifiante,
« d’art royal ». Le
sel et le soufre posés dans des coupelles et le mercure implicitement
présent
dans le coq sont les trois principes essentiels de la quête hermétique.
Le coq,
oiseau emblématique du dieu Hermès, figure en effet en dessin sur le
mur du
cabinet de réflexion aux côtés d’inscriptions diverses, tel le bandeau
« Vigilance et persévérance » et le fameux
« V.I.T.R.I.O.L. » Le
sel symbolise la connaissance et la Sagesse, le soufre, principe mâle,
le feu
de l’Esprit et le mercure, principe femelle, représente à la fois la
materia
prima et l’eau mercurielle qui permettront à l’initié d’accomplir sa
transmutation personnelle. Le
symbolisme alchimique du cabinet de réflexion est encore renforcé par
la
mystérieuse formule de « V.I.T.R.I.O.L. » dont
l’apprenti franc-maçon
apprendra un peu plus tard la signification :
« Visita interiora
terrae, rectificando, invenies occultum lapidem »,
soit :
« Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras
la pierre
cachée ». Cette formule que l’on trouve dans de nombreux
traités
hermétiques notamment dans « L’Azoth des
philosophes » attribué à un
moine bénédictin du XVè siècle connu sous le nom de Basile Valentin (et
publié
seulement en 1624) et dans le « Viridarium chymicum »
ou
« Verger chimique » de Stolcius ou Stolz von
Stolzenberg, un élève de
Michel Maier, est à la fois une invitation à l’introspection, à la
descente en
soi-même et à l’essence cachée de la Nature, dans les fondements de
l’Etre. Le
même basculement vers les profondeurs que le nouvel initié va revivre
lors de
la cérémonie d’initiation avec les planches à boules et à bascule et
que lui
suggérera encore plus tard le fil à plomb, emblème du 2è Surveillant. Des
signes, des noms,
des mots de passe et des mots sacrés Une
troisième grande série de symboles se rattachent essentiellement à la
tradition
biblique. Il s’agit tout d’abord des signes, des mots ou des noms, des
couleurs
et des nombres que l’on trouve tout au long des degrés franchis par le
franc-maçon, quel que soit son Rite, dans tout son parcours initiatique
(8). La
symbolique maçonnique a recours ainsi aux signes parce que les signes
signifient, ils sont langage muet, accessible à tous, de portée
vraiment
universelle. Elle
a recours aux mots et aux noms parce que les mots, les noms expriment
et
désignent, parce qu’ils sont le lien échangé qui unit les esprits. Elle
a recours aux couleurs parce que les couleurs traduisent les
sentiments, les
aspirations, les désirs et qu’elles chantent en nous la transfiguration
des choses. Elle
a recours enfin aux nombres parce que tout est Nombre, tout est mesuré,
pesé,
jaugé. Parce que le Nombre est la vie, en son temps, en son lieu, parce
que le
Nombre est la détermination du sacré. Il
existe dans le langage spécifique de la franc-maçonnerie plusieurs
sortes de de
signes. La première regroupe ainsi, sous le vocable du signe-geste, les
différents signes d’ordre que l’on exécute aux divers degrés des Rites
ainsi
que les attouchements corrélatifs à ces degrés. La seconde est
constituée par
les signes-marques qui existaient dans le franc-maçonnerie opérative du
Métier
et qui ont à peu près disparu dans la franc-maçonnerie dite spéculative
mais
qui subsistent par exemple dans les « trois points »
et quelque part
sans doute dans le langage spécifique qu’utilisent encore parfois les
maçons
entre eux et dont « l’alphabet maçonnique » est un
témoin archaïque. Mais
c’est le signe-symbole qui reste le plus important. On le trouve dans
les
figures géométriques, dans les tableaux tracés aux différents degrés et
aussi
dans la figuration d’une flore ou d’une faune symboliques que l’on
découvre sur
la voie du magistère, entre la rose et l’acacia… Les
mots, les noms, les lettres ont également une réelle importance. Tout
comme les
signes servent à ouvrir des portes secrètes, des voies inconnues dans
les
canaux de l’ésotérisme vivant, les mots maçonniques sont des mots clefs
qui, à
leur tour, donnent accès à certains mystères. Le plus grand nombre de
ces mots
sont d’origine hébraïque et nous viennent de la Bible, à tel point que
Michel
Saint-Gall a écrit un irremplaçable
petit « Dictionnaire des
hébraïsmes ». Mots de passe ou mots sacrés, ils ont tous en
effet une
signification précise qu’il appartient à chacun de découvrir et de
comprendre,
à différents niveaux… L’importance
du mot ou du nom n’est plus à démontrer. Déjà le nom est un présage,
comme
l’affirmaient les Latins : « nomen omen »…
Posséder le mot ou le
nom, c’est posséder la chose, tout ce qu’il renferme, tout ce qu’il
représente.
Toutes les traditions là-dessus sont d’accord. Pour la Kabbale, les
séphiroth
sont ainsi les mots révélés d’un langage sacré, le langage
« d’en -
haut ». Pour l’islam, le mot est l’essence même de la chose ou
de l’être
nommé et la lettre est le symbole du mystère de cet être, d’où le
« dikhr » et l’importance de l’incantation. Dans
l’hindouisme, le
nom, le mot sacré (« nâma ») n’est pas différent du
son
(« shabda »). C’est pourquoi la prononciation du mot
est
effectivement, réellement, créatrice de la chose. Et l’ordre du monde
dépend du
nom, du mot correct. Nom et forme sont ainsi la substance de la
manifestation. Dans
la Bible, il est dit qu’Adam avait reçu de Dieu le pouvoir de nommer
toutes les
créatures. Dieu les « amena à l’homme pour voir comment il les
appellerait :
le nom que l’homme donnerait à tout être vivant serait son
nom »(Gen. II
19-20). C’est
pourquoi, toujours et partout, la première opération de tout acte
« magique » - au sens
originel
du terme – est de nommer. « Au
commencement était le Verbe ». Le Verbe est « né de
ce qui est sorti
de ma bouche » (Livre des Morts égyptien). C’est le Logos de
Platon, celui
de Saint-Jean. Le Verbe est créateur, le mot est créateur… au degré où
il
parle. Et les « mots de puissance » du Livre des
Morts vont aider
l’Egyptien antique à accomplir son voyage post mortem. De la même façon
que les
mantras du Livre des Morts tibétain vont aider l’initié du bouddhisme
pour le
même périple dans l’au-delà… Le
mot sacré ou le mot de passe que l’on retrouve ainsi à chaque grade de
la franc-maçonnerie
n’est pas seulement un signe de reconnaissance, il est aussi destiné à
modifier
réellement les vibrations de celui qui les prononce, il établit une
sorte de
« lien vibratoire » entre les Frères. De la même
manière, les mots
prononcés dans le serment à chaque degré engagent la totalité de l’être
et
peut-être pas seulement en ce monde des choses temporelles et
transitoires… Des
couleurs et des Nombres Les
couleurs ont aussi leur raison d’être dans la symbolique de la
franc-maçonnerie, représentant ainsi le divin blason de la Création
pour le
franc-maçon qui croit au Grand Architecte de l’Univers, reconnaissant
en lui le
créateur et l’ordonnateur du cosmos. L’apprenti est placé ainsi sous le
signe
des trois couleurs, blanc, bleu et rouge. Le compagnon s’inscrit sous
un dais
d’or et d’azur et le maître est « fixé » par le rouge
et le noir qui
sont aussi, rappelons-le, les couleurs du processus alchimique. Les
couleurs renvoient aux « idées » selon Platon, aux
archétypes
fondamentaux. Elles expriment l’âme du monde, « l’anima
mundi » des
anciens sages de la tradition hermétique. « Les couleurs que
la terre
étale à nos yeux sont des signes manifestes pour ceux qui
pensent » dit
par ailleurs une sourate du Coran (Chap. XVI). Elles sont les signes
d’un
langage ésotérique, hermétique même, s’adressant aux initiés et jailli,
comme
le pensait Frédéric Portal (dans son traité « Des couleurs
symboliques ») « des profondeurs de l’esprit
humain ». Il y a en
effet une signification universelle des couleurs que nous retrouvons,
s’appliquant en franc-maçonnerie, dans un authentique arc-en-ciel
porteur de
sens. Enfin
les nombres occupent une place dans la sémantique symbolique de la
franc-maçonnerie tout aussi importante, mutatis mutandis, que dans
l’exégèse biblique
et la Kabbale elle-même. Le
Nombre sacré, tout comme le Nom sacré est ainsi la racine secrète de
l’Etre.
Mais plus grande encore que celle du mot ou de la parole est
l’efficacité du
nombre. Car la parole n’est que la traduction en mots du signe, alors
que le
nombre est le produit à la fois du son et du signe et qu’il revêt à cet
égard
une force égale à son mystère, une force qu’on pourrait qualifier
d’importance
cosmique. Victor
Hugo l’avait bien perçu dans une de ses géniales intuitions qui lui a
fait dire
dans « La Légende des Siècles » :
« L’homme, le chiffre
élu, tête auguste du Nombre » (Le Satyre). Tandis que Louis -
Claude de
Saint-Martin affirmait, lui, dans une formule audacieuse :
« Les
Nombres sont les enveloppes visibles des êtres ». Mais
déjà Pythagore et, après lui, Platon avaient établi l’immense pouvoir
du
Nombre : « Tout est arrangé d’après le
Nombre » disait ainsi le
premier dans son « Hièros Logos » expliquant que le
Nombre est
l’essence de la forme ou la forme par excellence. Tandis que le second,
dans le
« Timée », expliquait par lui
« l’eurythmie », c’est-à-dire
l’harmonie qui préside au rythme de l’Univers. Ce sont les Muses qui
nous ont
donné ainsi cette Harmonie, affirmait Platon, « comme
une alliée de
notre âme lorsqu’elle entreprend de ramener à l’ordre et à l’unisson
ses
pulsations qui se sont déréglées en nous ». Nous
ne pouvons ici même entrer dans le détail des nombres clefs de la
tradition
maçonnique et nous renvoyons à l’étude que nous en avons faite dans
notre essai
sur « Les symboles de la franc-maçonnerie ». Disons
simplement que ce
sont les nombres impairs qui régissent le rituel et son ordonnancement.
Que 3
est ainsi le nombre de l’apprenti, 5 celui du compagnon et que le 7 et
le 9
inspirent le maître… Le 3 et ses multiples sont les nombres de pas
moins 17
grades de l’Ecossisme où le 5, le 7 et le 12 figurent les nombres de
l’union,
de la lumière et du changement. « Dieu
a tout réglé avec les mesures, les nombres et les poids » nous
dit le
Livre de la Sagesse de Salomon (XI, 20). Il nous faut, là encore,
revenir à
Pythagore et à sa divine « Tétraktys » figurée par le
10, source des
quatre premiers nombres, et, bien sûr, au Nombre d’Or qui régit toutes
les
constructions sacrées, l’architecture de tous les temples et de toutes
les
églises, depuis la plus haute Antiquité… Une
origine purement biblique L’autre
grande série de symboles universels qui constituent les fondements du
rite
maçonnique sont les symboles d’origine purement biblique. Ils occupent,
eux
aussi, une place
importante qui légitime
la référence constante – excepté pour les rites dits égyptiens de
Memphis et
Misraïm – au Temple de Salomon. En
tout premier, les deux colonnes qui encadrent la porte du temple
maçonnique
sont les colonnes mêmes du Temple de Salomon, telles que la Bible les
décrit
(Rois I 7 ,21 ; Chroniques II 3, 17). La colonne de gauche (en
entrant
mais selon les rites et les interprétations cela peut être inversé…)
s’appelle
« Boaz », ce qui signifie « Dans lui est le
force » et
celle de droite est « Jakin » dont le nom signifie
« Il
établira », le « Il » sous-entendant Dieu
bien évidemment. Ces
deux colonnes qui rappellent les colonnes de Nuée et de Feu qui avaient
accompagné le peuple hébreu dans l’Exode, sont sans doute inspirées de
la
dualité de la statuaire antique des temples d’Egypte, tels les colosses
de
Karnak et de Memnon ou ceux du temple d’Abou Simbel ou encore les deux
obélisques encadrant l’entrée des sanctuaires égyptiens, comme l’avait
très
bien vu Petrus Talemarianus dans son remarquable traité « De
l’architecture naturelle ». Elles
revêtent un symbolisme multiple depuis l’Arbre de vie réunissant la
conjonction
des opposés selon Jung, dans une union sacrée (hiérogamie) jusqu’aux
bornes du
monde de la Création. Jakin a été associée à l’Ancienne Loi et Boaz à
la
Nouvelle. Oswald Wirth et Jules Boucher ont attribué à la première le
caractère
actif et la couleur rouge qui lui correspond et à la seconde le
caractère
passif et la couleur blanche. Il en découle que Jakin est liée au
Soleil et à
l’Espace et que Boaz est liée à la Lune et au Temps. C’est pourquoi la
première
est la colonne des compagnons et la seconde celle des apprentis. On
a aussi assimilé ces colonnes à deux séphiroth de l’Arbre de la
Kabbale, Jakin
correspondant à Netsah (la Victoire) et Boaz à Hod (la Gloire), Netsah
et Hod
étant liées à la sephirah Yesod (le Fondement) associée elle-même,
comme le
rappelle Jules Boucher à « la puissance fécondatrice de
Dieu ». Aux
deux colonnes qui délimitent le temple et bornent le monde créé,
correspondent
dans le temple, sous la voûte étoilée, et délimitant, eux, le pavé
mosaïque,
les trois piliers auxquels sont attachées les trois vertus de Sagesse,
Force et
Beauté. Nous avons déjà évoqué ces trois piliers en nous référant à leur correspondance avec
les trois grands
ordres d’architecture. Le premier, à l’angle sud-est, est attribué au
Vénérable
Maître, le deuxième, à l’angle nord-ouest, au 1er
Surveillant et le
troisième, à l’angle sud-ouest, au 2ème
Surveillant. Le
pavé mosaïque, qui couvre le centre le temple maçonnique est aussi
d’origine
biblique : il vient du dallage noir et blanc,
le « ritspah », qui ornait le parvis du
Temple de Salomon
(Chroniques II 7,3) et que l’on retrouve d’ailleurs plusieurs fois cité
dans la
Bible, notamment dans la bouche du prophète Ezéchiel (Ez. 40, 17-18) ou
dans la
description du palais d’Assuérus (Est. 1,6). Il
faut rappeler que la dualité du noir et du blanc – que l’on retrouve
également
tout aussi symboliquement dans les jeux d’échecs et de dames – invite
le
franc-maçon non plus à une lutte, à une opposition des contraires mais
à une
véritable conciliation de ces contraires, de ces « oppositions
nécessaires
et fécondes » dont parle le rituel et que, comme dans le
caducée où les
deux serpents ne s’affrontent que pour mieux montrer l’unité de l’axe
central,
c’est dans l’au-delà du bien et du mal que l’on trouve le chemin de la
Vérité. Importance
du Volume de la Loi Sacrée… Mais
le symbole biblique par excellence reste, bien sûr, le Volume de la Loi
sacrée
puisque dans la franc-maçonnerie de tradition ce Volume reste toujours
la Bible
même si d’autres Livres sacrés peuvent lui être adjoints lors des
cérémonies
d’initiation selon la religion des candidats : le Coran pour
les musulmans,
le Tripitaka pour les bouddhistes, les Vedas pour les hindouistes, le
Tao Te
King pour les taoïstes, l’Anelekta ou le Yi-King pour les
confucianistes, le
Zend Avesta pour les parsis, voire le Pop Vuh ou le Livre des Morts de
l’ancienne Egypte. La
Bible ouverte sur l’autel des serments et placée sous l’équerre et le
compas
entrelacés, constitue avec ces deux outils les trois grandes Lumières
de la
franc-maçonnerie. Elle
occupe en loge la
place des Tables de la Loi dans le Temple de Salomon Pour
le franc-maçon toutefois, ce Livre n’est pas celui de la Révélation –
la
franc-maçonnerie n’ayant pas vocation d’être une religion et encore
moins de se
substituer à une religion – mais celui de la Tradition. C’est le
« livre
de tous les hommes de bonne volonté qui cherchent la
lumière », comme l’a
bien dit Henri Tort-Nouguès. Car c’est le livre de la Lumière en même
temps que
le symbole de l’Esprit, renfermant ainsi tout l’enseignement de la
Tradition. On
peut également rattacher au symbolisme d’origine biblique l’usage du
miroir, à
la fois dans le cabinet de réflexion et lors de la cérémonie
d’initiation
lorsque le nouvel initié, invité à regarder s’il ne trouve pas d’ennemi
dans
l’assemblée qui l’entoure, se retourne pour se trouver face à sa propre
image.
Ce miroir est à la fois le piège de l’âme et l’outil de la connaissance
de soi
demandée à l’apprenti selon le vieux précepte de Socrate :
« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les
Dieux ». Attribut
de Dionysos, de la déesse Amaterasu au Japon, utilisé dans le
chamanisme, le
miroir est aussi référencé dans la Bible et comme tel associé à
l’action du
souffle d’Elohim sur les eaux et même à la Vierge Marie, présentée
comme
« le miroir de Dieu ». Mais dans la symbolique
maçonnique, nous retiendrons
plus simplement la définition du grand sage soufi, Rumi, qui le
désignait comme
« le symbole du cœur »… Associons
au miroir le coq qui renvoie à l’Etoile du Matin - celle qui précède le
soleil
- et par cette étoile justement à l’avant-jour de la Création, alors
que
« le souffle d’Elohim planait sur les eaux ». Le coq
symbolise
l’aurore et donc l’Orient. Il est signe de l’éveil de l’initié. Notons
qu’il
figurait dans l’armoirie de nombreux maître d’œuvre au Moyen Age où
l’on jouait
de l’homonymie galli=gaulois et galli=coq… Enfin,
comment ne pas évoquer pour couronner ce symbolisme biblique, les deux
Saint-Jean qui président, dès l’origine de la franc-maçonnerie
opérative, aux
deux solstices, remplaçant ainsi les antiques porte des dieux et porte
des
hommes du Janus latin et annonçant tous deux la Lumière, les deux
Lumières, la
créée et l’incréée… Dans
plusieurs rites les loges sont dites ainsi « loges de
Saint-Jean » et
les Frères célèbrent chaque année Saint-Jean l’Evangéliste le 27
décembre et
Saint-Jean Baptiste le 24 juin. …et
survivances d’un ancien idéal chevaleresque Il
reste enfin une dernière série de symboles, d’origine incontestablement
chevaleresque ceux-là, qui sanctionnent et couronnent la réalité de
l’initiation vécue par chaque nouveau frère au sein de la loge
maçonnique. Le
dépouillement des métaux, dont on peut également souligner le sens de
« décantation » alchimique, le passage par le cabinet
de réflexion
qui rappelle étrangement la veillée d’armes du futur chevalier, sont
ainsi les
prémisses d’une nouvelle naissance, consacrée lors de la cérémonie de
réception
de l’impétrant. Celui-ci
découvre une assemblée « armée », celle des frères
porteurs d’épée
qui l’entourent et dont on lui dit que ces épées sont certes brandies
pour
punir le parjure mais surtout qu’elles lui annoncent que tous les
frères
voleront à son secours à l’heure du danger. Et c’est encore par l’épée
– mais
flamboyante celle-là, à l’image de celles que portaient les Keroubim,
les
« gardiens » à la porte du Paradis – que le Vénérable
Maître va
consacrer le nouvel initié et proprement l’adouber, tel jadis le
chevalier,
genou en terre, par trois coups frappés sur son épaule droite, son
épaule
gauche et sur sa tête. Il s’agit bien là de la transmission d’une
influence
spirituelle transmise d’homme à homme, d’initié à initié. Puis
ce sera l’accolade donnée au nouveau frère par le Vénérable au nom de
la loge
tout entière, l’accolade qui est tout simplement l’héritage moderne de
la
« colée » chevaleresque dont le coup donné sur la
nuque était destiné
à opérer l’éveil initiatique chez l’impétrant… On
peut dire encore que les gants blancs remis au nouveau frère sont
assimilables
aux anciens gantelets du
chevalier, de
même que le tablier de peau, protecteur par excellence, frontière entre
le
champ profane et le domaine du sacré, est un souvenir du haubert qui
protégeait
le corps « comme une forteresse inaccessible ». Et
même que le
chapeau des maîtres maçons a pris la place du heaume qui était censé
préserver
l’âme du chevalier ! … La
franc-maçonnerie : une arche conservatoire Ainsi
s’est constitué, par le rite et les rituels, l’ensemble du corpus
symbolique de
la franc-maçonnerie. Comme on a pu le voir, ce corpus emprunte beaucoup
aux
traditions et religions antiques comme au judéo-christianisme. Il reste
imprégné également de souvenirs chevaleresques, hermétiques et
alchimiques,
car, ainsi que le disait Paul Naudon, « la science des maçons
ne pouvait
que reposer sur un symbolisme commun avec celui des alchimistes et des
hermétistes ».
La
force de la pensée symbolique réside en ce qu’elle possède le privilège
de
s’adresser à la fois aux deux pôles, intuitif et discursif, de la
pensée, au
cœur comme à la raison. Le
symbolisme de la pierre et des outils qui la sculptent nous vient
incontestablement
du Moyen Age où, comme le disait Victor Hugo, « le genre
humain n’a rien
pensé d’important qu’il n’ait écrit dans la pierre ». Du
Moyen Age également nous sont venues les grandes vertus prônées par
l’idéal de
la Chevalerie, les connaissances de la Kabbale, de l’alchimie, de
l’hermétisme
chrétien. Mais
l’ensemble du corpus symbolique nous vient en fait de plus loin, de
plus haut
dans le temps. La franc-maçonnerie conserve précisément ainsi le double
héritage des traditions les plus anciennes, latines, grecques,
égyptiennes,
voire mésopotamiennes, comme des traditions judéo-chrétiennes. Elle en
est
en quelque sorte
l’arche conservatoire,
où elle a réalisé, pour reprendre une expression fort imagée de Fabre
d’Olivet,
« l’entassement des espèces ». Et
c’est grâce à cette arche qu’elle se doit, de par sa fonction proprement noachite et donc
universelle, d’éclairer et
d’aider tous les hommes, nos frères. Jean-Jacques
GABUT
(1) Nous retiendrons ce terme faute d’un autre qui serait mieux approprié et aussi parce qu’il a été consacré par l’usage qu’en ont fait les divers maçonnologues et historiens (2) Cf mon essai : « Les survivances chevaleresques dans la franc-maçonnerie du Rite Ecossais ancien et accepté »(Dervy éditeur) |
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