Les
Tapis de Loge Maçonniques
et la
Tradition Métaphysique Occidentale
Nous vous proposons
ici un
court exposé sur les tapis de grades maçonniques
dans une vision symbolique et
kabbalistique. Bien sûr, cet article diffère
quelque peu des instructions
reçues en Loge mais je ne doute pas que les FF et SS qui le
liront pourront en
retirer matière à réflexion et
à étude même si le matériel
reste profane.
Introduction.
Les Tableaux
à tracer
maçonniques sont des outils
d’entraînement. Elles dépeignent les
symboles
maçonniques sous la forme de dessins qui peuvent
être interprétés afin de
révéler l’enseignement de la
Maçonnerie. Un énorme corpus
littéraire et
philosophique fait référence à ces
Tableaux. Nombres des idées en sont
kabbalistiques. Quelqu’un désirant
réellement comprendre les Tableaux à tracer
(et la Maçonnerie elle-même) doit lire et
comprendre ces doctrines.
Je dois faire
ici une
remarque : les idées exprimées ici sont
les miennes. Elles ne représentent
pas la vision ou l’enseignement de quelque Grande Loge ou
Atelier que ce soit.
Métaphysique.
Il existe de
nombreux systèmes
métaphysiques utilisés de par le monde ;
pendant au moins 2000 ans ceux du
monde occidental ont été dominés par
une métaphysique basée sur une variant du
monothéisme judéo-chrétien. La
Renaissance n’y fit pas exception, bien qu’elle
fut aussi caractérisée par un regain
d’intérêt pour le Monde Classique (en
particulier les civilisations grecques et romaines) et sa
pensée.
Les
universitaires médiévaux
se sont intéressés à la Philosophie
Classique afin de la réconcilier avec la
doctrine chrétienne.
Les penseurs de
la
Renaissance furent intéressés par la Philosophie
Classique pour ce qu’elle
disait au sujet de l’homme lui-même. Ces
philosophes de la Renaissance
incorporèrent une grande part d’hermétismeet
d’idées kabbalistiques dans leur pensée
chrétienne orthodoxe. Frances Yates
a appelé cette fusion des philosophies classique et juives
« la Tradition
Hermétique-Kabbalistique », et
après
qu’elle ait été
interprétée dans le
contexte de la doctrine orthodoxe chrétienne, elle devint un
des
fondements de
la pensée de la Renaissance.
La
Maçonnerie spéculative
remonte à la fin de la Renaissance (le milieu du 17e
siècle), et il me semble
que le symbolisme maçonnique reflète cette
tradition de la Renaissance.
Trois
idées fondamentales
semblent caractériser la vision de la Renaissance :
Primo, la
Déité était
considérée comme sans limite. Cela se
résultat par une vision que toute
existence est une, intimement intégrée et
centrée sur la Divinité. Une
déclaration
particulièrement claire de ceci vient de
l’Hermetica : « ... car Dieu
contient toutes choses, et il n’y a rien qui ne soit en Dieu,
et rien que Dieu
ne soit pas, je dirais plutôt, non que dieu contient toutes
choses mais qu’il,
afin de dire toute la vérité, que Dieu est toutes
choses » (1).
Secundo, les
expériences
terrestres étaient considérées comme
des reflets du royaume des cieux ; la
phrase la plus succincte qui décrit cette idée
est « En haut comme en
bas ». Il doit y avoir une correspondance entre ce
qui se déroule dans
l’en-haut (la cause ou le ciel) et ce qui se
déroule en bas (la terre) (2).
Tertio, la
connaissance des
aspects
« supérieurs », ou
plus subtils, de l’Univers était
considéré
comme accessible uniquement par l’expérience
(c’est-à-dire par une
révélation
personnelle) ; et certainement pas par des arguments logiques,
ni par la
foi en l’autorité des
révélation d’autres personnes.
Je pense que le
symbolisme
maçonnique présent sur les Table à
tracer reflète ces principes qui étaient ceux
de la vision du monde de la Renaissance.
La
Table à Tracer du
Premier degré.
L’image,
qui ressemble de prime
abord à une collection d’objets
hétérogènes, est, je pense, une
représentation
de Dieu, de l’univers, et de Tout. C’est
également une image de l’être humain
se tenant devant un panorama. Aucune de ces images n’est, de
prime abord,
évidente ; mais j’espère
pouvoir vous convaincre qu’elles sont, au moins,
des interprétations
« raisonnables » de
données.
Les
décors.
Une
idée centrale qui était
fondamentale de la pensée de la Renaissance était
l’unité du système et
l’omniprésence conséquente de la
Divinité. Pour moi, cette idée est
représentée
sur le Tapis du Premier Degré par un groupe de trois
symboles qui sont appelés
collectivement « les Décors de la
Loge ».
Le fait que les
Maçons, qui
formulèrent ce symbolisme, rassemblèrent ces
trois objets en un seul groupe
semble nous obliger à les considérer ensemble.
Ces Décors de la Loge sont
l’Etoile Flamboyante, le Pavé Mosaïque et
le Cordeau de Noeuds, et ils sont
tous destinés à se référer
à la Divinité. L’Etoile Flamboyante est
une
représentation héraldique de la
Divinité. Sur le Grand Sceau des Etats-Unis, la
Divinité est représentée de la
même manière. L’Etoile Flamboyante,
disposée
dans le ciel, représente la Divinité telle
qu’elle est, dans toute sa gloire,
comme se projetant elle-même dans l’existence.
Le
Pavé Mosaïque représente
la Divinité comme elle est perçue par le
pôle opposé de la conscience, ici, la
Terre de la vie ordinaire. La lumière et les
ténèbres du pavé
représentent les
paires opposées, un mélange de
miséricorde et de justice, de récompense et de
punition, de vengeance et d’amour. Elles
représentent également
l’expérience
humaine de la vie, lumière et
ténèbres, bien et mal, facilité et
difficulté.
Mais cela n’est que ce qui en est perçu. Les
carrés ne sont pas le
symbole ; le Pavé est le symbole. Les
carrés blancs et noirs s’assemblent
avec harmonie afin de former le Pavé, une chose une, une
unité. L’ensemble est
entouré par la Corde à Nœuds qui relie
l’ensemble en un symbole unique. Sous
cette représentation sur le Tapis de Loge, la Corde relie
non seulement les
carrés, mais toute l’image en une unité
parfaite.
Les
Colonnes.
Excepté
pour l’Etoile,
l’idée de la dualité est
omniprésente dans le Tableau – des
carrés blancs et
noirs en dessous jusqu’à la Lune et le Soleil,
antique symboles des opposés
féminin et masculin, au-dessus. Dans la zone centrale du
Tapis, la dualité est
représentée par deux des trois
colonnes ; mais ici la troisième colonne
introduit une nouvelle idée. La chose qui est frappante au
sujet de ces
colonnes est que chacune fait partie d’un ordre architectural
différent. Dans
la symbolisme maçonnique, elles se voient données
des noms : Sagesse pour
la colonne ionique au milieu, Force à la colonne dorique de
la gauche et Beauté
à la colonne corinthienne de la droite. Comment pouvons-nous
interpréter ces
colonnes et leur nom ?
Considérons
les colonnes
dans le contexte de l’Arbre de Vie. Dans l’Arbre,
la colonne de droite est
appelée « Pilier de la
Miséricorde », la colonne active. A
gauche, on
trouve le « Pilier de la
Sévérité », la
colonne passive. Et au
centre, le « Pilier du Milieu »
ou « Pilier de la
Conscience », la colonne de
l’équilibre entre les deux autres piliers. Ces
trois piliers aboutissent tous (et dépendent de)
à la Divinité au sommet du
Pilier du Milieu. Regardons à nouveau aux colonnes sur le
Tapis. La colonne
corinthienne de la Beauté est à droite, et dans
le monde classique, le style
corinthien était utilisé pour la construction de
bâtiments dédiés à des
activités vigoureuses. La colonne dorique de la Force est
à gauche, et le style
dorique était utilisé pour les
bâtiments où la discipline et la
stabilité
étaient importants. La colonne ionique de la Sagesse est au
centre. Le style
ionique était utilisé pour les temples des dieux
qui coordonnaient les
activités du panthéon. Les trois colonnes, comme
les trois piliers de l’Arbre
de Vie, parlent de l’univers au sein duquel les forces
expansives et restrictives
sont maintenues en équilibre par un agent coordinateur.
Les
Quatre Mondes.
L’univers
tel qu’il était
perçu par les philosophes de la Renaissance était
constitué de « quatre
mondes ». La Kabbale
possède la même division. Ces quatre mondes sont
l’élémentaire ou le physique, le monde
céleste de la psyché ou de
l’âme, le
monde super céleste de l’esprit, et le monde
divin. Nous voyons les mêmes
niveaux représentés sur le Tapis. La
Pavé représente le monde physique, la
partie centrale du tapis incluant les colonnes et la
majorité des symboles
représente le monde psychique, le Ciel représente
le monde spirituel, et
l’Etoile représente la Divinité. De
cette manière, le tapis représente la
structure métaphysique de l’univers.
Voilà
le panorama. Mais où
est l’homme ?
L’homme.
Souvenons-nous
de l’idée
selon laquelle l’univers et les êtres humains sont
structurés par les mêmes
principes (ayant tous deux été
créés à l’image de dieu), et
qu’il y a toujours
une correspondance entre l’activité dans les
mondes supérieurs et inférieurs.
Nous avons vu cela dans l’Hermetica, « En
haut comme en bas ».
Jusqu’ici,
nous n’avons pas
parlé de l’Echelle. Elle
s’étend du Livre ouvert sur l’autel
jusqu’à l’Etoile
qui représente la Divinité ; et dans le
symbolisme maçonnique, elle est
appelée Echelle de Jacob. Nous devons considérer
l’échelle avec un autre
symbole, le « Point au centre du cercle
entouré de deux lignes
parallèles » qui apparaît sur
l’autel. Nous considérons ces symboles
ensembles car dans d’anciens dessins maçonniques,
ils apparaissent ensembles
comme s’ils avaient un lien quelconque. Les deux lignes
parallèles, comme les
colonnes dorique et corinthienne, représentent les
opposés, l’actif et le
passif. Pourquoi ? Parce que dans le symbolisme
maçonnique, elles sont
associées aux deux Saints Jean. Dans la
Maçonnerie anglaise, les lignes
représentent Moïse (le prophète) et
Salomon (le législateur), ce qui relève de
la même idée. L’échelle avec
ses trois échelons, « Foi,
Charité,
Espérance »,
s’élève vers les cieux entre deux
lignes parallèles.
A
présent, lorsque vous
observez ce « point au centre d’un cercle
entouré de deux lignes
parallèles » ainsi que
l’Echelle et ses trois échelons, vous pouvez
discerner un schéma similaire à celui des trois
colonnes. Il y a trois
verticales, deux qui relèvent des fonctions actives et
passives, tandis que la
troisième, l’échelle entre elles,
atteint les cieux. L’Echelle, une
représentation de la conscience individuelle,
possède trois échelons,
représentant « Foi, Charité et
Espérance », qui correspondent aux
trois niveaux inférieurs des quatre mondes de
l’univers dont avons parlé plus
haut. Le panorama macrocosmique et l’homme microcosmique
partagent le quatrième
niveau de la Divinité, représenté par
l’Etoile flamboyante. Pris ensembles,
l’Echelle et le Point au centre du cercle,
représentent l’homme fait à
l’image
de Dieu selon les mêmes principes sur lesquels
l’univers est basé.
La
direction Est-Ouest.
Il y a une
idée
supplémentaire que nous devons aborder avant de quitter de
Tapis du Premier
Degré. Un Maçon est parfois appelé
« voyageur », et un
catéchisme
maçonnique nous donne un aperçu de ce que
signifie cet épithète.
Q :
Avez-vous voyagé ?
R :
Mes prédécesseurs l’ont.
Q :
Où ont-ils voyagé ?
R :
D’Est en Ouest.
Q :
Quel était l’objet de leur
voyage ?
R :
Ils voyagèrent à l’Est à
la recherche d’instructions, et à
l’Ouest afin de propager la connaissance
qu’ils acquirent.
Le point central
du Compas
sur le bord de ce Tapis définit la direction Est-Ouest comme
elle doit être
comprise en termes maçonniques et décrit dont le
voyage que le nouvel apprenti
maçon doit entreprendre lui-même. Le voyage
d’Est en Ouest est représenté,
symboliquement, par le progrès au sein des Grades
Maçonniques ; et c’est,
en fait, une ascension sur l’Echelle de Jacob – un
échelon par degré principal.
Nous allons à présent aborder ces
idées dans le tableau du Second Degré.
Le
Tableau du Second
Degré.
Le Tableau du
Second Degré
est une illustration de l’intérieur d’un
lieu, en contraste avec le tableau
précédent qui représentait un
extérieur. Cela suggère que la Maçon
qui
s’embarque dans le Second Degré vient de
l’extérieur et entre dans ce lieu pour
y travailler.
Remarquez
qu’ici (à nouveau) nous
avons deux colonnes et une échelle (un escalier en fait)
entre elles. Je pense
que le Tableau du Second Degré est un dessin
détaillé de la personne que nous
apercevions dans le tableau précédent. Cela
suggère que l’individu qui
s’embarque dans le Second Degré est sur le point
d’entreprendre un voyage
intérieur, une ascension au travers de
l’âme et de l’esprit.
Les Instructions
Maçonniques
assignent des caractéristiques à ces deux
Colonnes qui suggèrent une
représentation des opposés : elles sont
dites être un mémorial du Pilier
de Nuée et du Pilier de Feu qui guidèrent les
enfants d’Israël (de jour et de
nuit respectivement) pendant l’Exode. Elles
possèdent enfin sur leur sommet des
Sphères terrestres.
Comme
l’Echelle de Jacob sur
le Tableau du Premier Degré, l’escalier forme la
colonne centrale de ce modèle
en trois pilier. Le Maçon est censé monter cet
escalier symbolique au cours de
sa vie comme il le fait symboliquement pendant le rituel.
Les Instructions
Maçonniques
relatives à l’Escalier associent une bonne part
d’information à chaque
marche ; les Sept Arts Libéraux, les Sciences et
les Cinq Styles
architecturaux. Ces sujets représentaient le curriculum
éducatif de la
Renaissance et l’intention de ce curriculum était
certainement d’offir à
l’étudiant le type de travail intellectuel et
contemplatif dont nous discutons
ici. Si nous considérons l’Escalier comme une
représentation des niveaux de la
conscience au travers desquels l’individu doit
s’élever, nous pouvons voir que
le symbole offre au Maçon l’information
nécessaire sur chacune de ses marches,
ou étape de la conscience qui doit passer.
L’explication maçonnique de
l’Escalier associe également les Sept Officiers de
la Loge aux Sept Marches.
L’association assiste à la
compréhension du progrès au travers des positions
des Officiers de la Loge.
L’Escalier
mène à une pièce
appelée « Chambre du
Milieu » où les Maçons sont
censés recevoir leur
salaire. Dans cette Chambre Intérieure
(l’intérieur du Maçon
lui-même),
l’individu est capable de voir une représentation
de la Déité. Il a également
accès à la Pierre Cubique. La Pierre Cubique est
la pierre de construction qui
est terminée et prête à être
placée dans l’édifice. On trouve dans
la
« Chambre du Milieu » :
« ... pour les compagnons
expérimentés afin d’ajuster et
d’essayer leurs joyaux ». Je ne veux
parler
au sujet des outils à ce stade, mais les maçons
reconnaîtront que les outils
sont les outils de la mesure et de l’essai, que deux
d’entre eux mesurent par
rapport à des critères absolus qui sont
opposés l’un à l’autre, alors
que le
troisième définit la relation entre les deux
autres. Selon l’environnement dans
lequel les opposés sont équilibrés par
un agent coordinateur, ces outils me
semblent agir comme modèle fonctionnel de
moralité. Les outils de moralité,
avec la Pierre Cubique, qui est un standard de mesure sur lesquels les
calibrer, se trouvent dans la Chambre du Milieu, lieu où
l’on reçoit son
« salaire »...
Le
Tableau du Troisième
Degré.
Le
Cimetière.
Je ne pense pas
qu’avec
cette représentation il s’agisse ici
d’une mort
physique. Pendant la
Renaissance, il y avait beaucoup de discussions au sujet de la nature
de
l’histoire biblique de la « chute de
l’homme » et de ses effets. La
« Chute » semble
s’être
référée à quelque
événement
par lequel les
êtres humains, qui étaient alors conscients de la
Présence Divine, perdirent
cette conscience. Les penseurs de la Renaissance pensaient que la vie
humaine
ordinaire (c’est-à-dire après la Chute)
est comme
une « mort »
lorsqu’on la compare au potentiel humain et à une
vie
vécue dans une conscience
pleine de la Présence de Dieu. Il me semble qu’une
interprétation du cimetière
suggère ici une
« mort » de notre
état actuel.
La vue du
Temple montre
« Porche du Temple de Salomon »
qui est censé être l’entrée
du Saint
des Saints. Dans la Tableau un voile est entr’ouvert offrant
une vue partielle
de cette chambre sacrée où la divinité
est censée résider. Cela suggère la
fin
du voyage d’Ouest en Est. Après ce processus de
mort et de renaissance,
l’individu revit à nouveau avec son potentiel
entier. A nouveau, je pense que
cela ne se réfère ni à une
résurrection physique après une mort physique ni
à
une vie après la mort physique ; chacune relevant
des religions. Il me
semble que ce qui se déroule se réfère
à un processus psychologique/spirituel
qui survient au sein du candidat qui le recherche honnêtement
et que je pense
être le travail que la Franc-Maçonnerie
encourage. Après tout, nous proclamons
être des franc-maçons, et c’est la
connaissance de cette vérité qui nous
« rend libre ».
Le
Compas.
Il y a une
dernière
chose
que nous devons remarquer. Nous avons vu auparavant que le
maçon
« voyage » d’Ouest en
Est :
« Ils voyagèrent d’Est en Ouest
à la recherche d’instructions, et
d’Ouest en Est
afin de propager la
connaissance qu’ils acquirent », comme le
dit
l’Instruction du Premier
Degré. Il est à remarquer que sur ce Tableau les
pointes
du compas ont été
inversées, et l’Ouest est à
présent au
dessus là où l’Est
l’était dans le
Tableau du Premier Degré. Cela suggère que le
Maître Maçon, l’individu qui est
représenté par le symbolisme dépeint
ici, a
changé son orientation et a
entrepris son voyage vers l’Ouest. C’est un voyage
impliquant l’enseignement de
ceux qui suivent – avec toutes les obligations que cela
suppose.
Traduction et adaptation
française par Spartakus FreeMann, Nadir
de Libertalia, novembre 2005 e.v.
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