Obédience : NC Loge : NC 03/10/2002

                                    
La lumière origine de la vie

Introduction :

Il semble que la lumière soit à l’origine et fasse partie, depuis toujours, de la vie de la terre. Au delà de ses caractéristiques physiques, de son influence sur le règne végétal ou animal, ou de son influence sur la vie des hommes, on peut essayer de regarder quelles perceptions de la réalité elle peut mettre en valeur, quelle Connaissance et quelles transcendances pourront à travers elle nous porter vers l’Essentiel.  

Les définitions de la lumière que l’on trouve dans les domaines physiques ou métaphoriques  ne se  laissent pas aborder de façon simple. Même dans ses aspects les plus triviaux, voire dans ses applications en éclairage, la lumière n’est pas un phénomène aisé à appréhender par l’infini des possibilités qu’elle ouvre, l’étendue des représentations qu’elle permet, la subjectivité qu’elle induit. Les termes du Larousse restent généraux mais, pour mémoire,  j’en donne quand même des définitions qui restent génériques :

* la lumière est une radiation perçue par les yeux :

            - qui est émise par des corps portés à haute température : c’est le phénomène d’incandescence.

            - ou émise par des matériaux excités par un courant électrique et c’est la luminescence.
 
Elle est constituée par des ondes électromagnétiques, et on peut la considérer comme un flux de particules énergétiques dénué de masse.

Ses effets dans le monde végétal et animal

Les principaux aspects de son action sur les plantes, la photosynthèse notamment, sont bien connus des spécialistes.
Ce mécanisme fondamental pour la vie de la planète se déroule en deux phases complémentaires, une phase lumineuse et une phase obscure, a l’issue desquelles une série de réactions chimiques produit de l’oxygène ainsi que les sucres indispensables à la vie des plantes, tout en consommant du gaz carbonique.
On peut aussi remarquer que c’est le besoin de ces plantes en quantité de lumière qui, entre autres, fixe et  règle l’organisation, les modes de croissance et la cohabitation des différents végétaux, et en définitive participe de la vie végétale, et donc bien sur de la vie animale ou humaine.

Les arbres de haute tige en prennent le maximum, puis chacune des autres espèces s’organise par niveaux en dessous, l’accès à la lumière étant conditionné par la hauteur de l’espèce et le niveau de besoin de chacun des végétaux.

A la suite, les animaux y puisent leurs ressources alimentaires et en exploitent les ressources pour créer leur habitat, et s’organiser aussi en fonction de la lumière.

L’homme et la lumière…

Et puis à chaque saison estivale, nous voyons tous cette simple fleur, le tournesol, qui au long de la journée suit et regarde  la lumière du soleil dans sa course dans l’espace, et aussi les hommes, qui par milliers vont vers les plages comme pour absorber cette énergie et en faire le plein.

Et une question pourrait poser un autre débat : quelle est pour nous le niveau de similitude dans les modèles d’organisation, quelle part de notre mode de vie était ou est dépendante de la lumière, aujourd’hui, dans l’histoire ou l’Antiquité.

Mais la lumière…ou les principes de dualité

On peut donc essayer d’évaluer son action sur l’homme, son cheminement à l’intérieur de l’homme, son effet sur l’apprenti.

Quelle est son sens pour nous Francs Maçons ?

Quels chemins initiatiques pourrions nous parcourir, pour faire grandir notre pensée, notre être, de la taille du lichen de la forêt jusqu’à celle des grands arbres, comment parcourir ces chemins de l’initiation jusqu’à la révélation…

Nous avons tous vus, au plus profond d’une forêt, dans l’espace vacant laissé par un arbre foudroyé ou une branche cassée, un flux de lumière apparaître comme un glaive au milieu d’une pénombre relative. Ce contraste fort, presque matériel et palpable, nous laisse voir dans ces rayons des particules de poussières briller, alors que l’instant d’avant nous ne pouvions rien voir au même emplacement.

Par cet effet nous avons une vue complètement différente, révélée, de cet espace, et nous prenons conscience qu’il y a de la matière dans le RIEN, dans le vide apparent de l’air, et l’instant devient magique.

Comment n’avions nous rien vu de cela auparavant ?
Et au delà quelle appréciation alors pouvons nous porter sur notre jugement, quelle est la fiabilité de notre perception des choses, et jusqu'à quel point faut il remettre en cause son système de valeurs, et perdre l’appui de confortables certitudes ?

De ce doute naît la quête, la recherche…la remise en question et finalement on se retrouve ici, sur le chemin…

De la dualité ombre et lumière, naît un autre regard sur le monde, et je ne peux m’empêcher de penser au cabinet de réflexion où commence notre chemin initiatique.

Dans notre siècle suréquipé, sur médiatisé et sous informé, nous pénétrons un jour, aveugles, dans un local  dont on sent bien qu’il est souterrain, chaud, humide.
 
Puis le bandeau défait nous nous découvrons plongé dans la pénombre, et c’est la petite flamme d’une bougie qui nous permet d’apercevoir ce qui le garnit.

Cela devrait être impressionnant, et pourtant je l’ai ressenti comme ayant un effet apaisant. Sur le moment je n’ai pas compris que j’étais venu, voire revenu, dans le ventre de ce corps qui la haut allait me recevoir.

Et c’est la petite flamme d’une bougie dans l’obscurité qui change notre regard sur le monde, qui nous interroge, et qui nous transformera.

Cette lumière on attend qu’elle grandisse, et c’est peut être en regardant le monde dans toutes ses dimensions que nous intégrerons son universalité.

Transcender la lumière…

C’est une autre lumière, mais est ce si sur, qui tous les jours accompagne nos journées.
 
Le soleil, qui doucement réveille la nature et se lève en nous montrant l’Est.
Sa lumière est vite jaune, assez douce et étire les ombres, réchauffe la terre et ses habitants.

Ce jaune, couleur chaude et ardente qui stimule la nature au lever du jour, qui symbolise les divinités de l’au-delà, la jeunesse et l’éternité, donne toute sa force a la nature pour affronter tout la longueur de la  journée.

Plus tard vers midi le ciel a pris toute sa teinte bleue. Couleur immatérielle, le ciel est transparent et nous ouvre tout le vide de l’espace et les chemins de l’infini. L’éternité est à nous…
Le soleil au zénith cache les ombres et nous donne, en réduisant les ombres à un point, la verticale, c'est-à-dire aussi pour nous une référence. Le temps s’arrête.
Un  si beau moment ne peut être qu’éternel c’est sur… Ce jour la à midi il est impossible que tout change : il y a encore trop de vigueur dans cet air qui nous entoure, dans ces arbres qui grandissent, dans ces animaux qui parcourent l’espace, dans tous ces oiseaux qui strient le ciel.
 
C’est l’heure aussi on commence notre travail…

Et l’incroyable se produit : ce fragile instant d’équilibre nous rend à notre précarité… Il est fugace et ne saurait durer, le mouvement de croissance va s’arrêter, basculer et amorcer cette descente inéluctable à laquelle toujours, nous devons nous résigner, nous préparer.

Pourtant il reste encore de belles heures avant  la lumière rouge du soir qui elle aussi étire les ombres et prépare la nature et les corps au sommeil.

Le soleil va disparaître en peignant le ciel et l’eau avec ce rouge couleur de feu, de vie, de mort qui va emplir les cœurs de nostalgie, faire rêver le poète et  aussi guider le navigateur.

Ce rouge qui incendie le plein ouest…

Et la couleur disparaît, et la lumière disparaît…enfin presque…
Nostalgie, regrets, apaisement, les sentiments sont nombreux et forts lorsque ce soleil finit sa course dans l’eau et nous abandonne.

La bas sur l’horizon tout est fini, tout à basculé. Quand même dans le ciel une petite étoile est déjà brillante, très haut au dessus de nous. Avant même que le noir soit total d’autres lumières naissent, ou ressuscitent ? dans la voûte étoilée. Une  à une elles arrivent, on en connaît, reconnaît quelques unes, et on aimerait mettre un nom sur chaque rayon lumineux. Absents, on aime vous y rêver.

De la mer on voit les phares s’allumer sur la côte : oui quelqu’un va nous aider, peut être, si on reconnaît sa lumière.

Le ciel devient amour, la voie lactée rassure, la nuit se fait familière et ses lumières deviennent des signaux. Le marin saura lire ce ciel, et c’est ainsi que  les éclairs des phares ou le chemin des astres guideront sa nuit. Jusqu’à minuit ?

Une nouvelle vie nocturne s’offre à nous, qui demande plus d’efforts de compréhension, une recherche plus attentive, tant on s’éloigne des moments diurnes et de leurs fausses évidences.

Combien de temps encore avant la renaissance du jour ? Est-ce que c’est déjà un avant goût de l’éternité ?

En conclusion : QUI DERRIERE CETTE LUMIERE ?

Le problème est bien là : trouver les codes pour guider et nos nuits et nos jours, chaque connaissance en emmène une nouvelle, nous faisant plus éveillé mais nous laissant toujours dans l’ignorance.
 
Il n’y a que trois couleurs pour les engendrer toutes, et comment le deviner si on ne connaît pas les effets du prisme, lui aussi à 3 cotés.

Ce tout qui est en rien appelle la pensée Taoïste et j’ai envie de terminer par deux citations :

- les paroles de Lao-Tseu, philosophe qui vivait 500 ans avant Jésus Christ :  

« Le Tao engendre Un. Un engendre Deux. Deux engendre Trois, Trois engendre tous les êtres du monde. Tout être porte sur son dos l’obscurité et serre dans ses bras la lumière : le souffle indifférencié constitue son harmonie. »

-et par notre rituel :
Qu’avons-nous demandé lors de notre première entrée dans le temple ? La Lumière.

Et je ne peux m’empêcher d’aimer, dans ce cycle de la lumière, cette image qui autorise, au delà du plan dans lequel nous vivons ordinairement, la possibilité de s’échapper pour nous donner, avec la perpendiculaire, une dimension qui permet une approche de l’infini, un avant goût de l’éternité.

J’ai dit Vénérable Maître.

M\ A\


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