GODF Loge : Giordano Bruno - Orient de Saint Maur Date : NC

L’Espérance

                           3066-1-1
Il était une fois, il y a très longtemps, tellement longtemps que l’on ne se souvient pas vraiment où c’était.

Pourtant, comme c’était juste avant que nous, pauvres mortels, n’apparaissions, je pense que cette histoire se passait quelque part en Grèce, pas très loin de l’Olympe.

Les Dieux avaient presque terminé leur guerre parricide et fratricide et Zeus avait conquis, après son dernier combat avec Typhon, une autorité certaine sur ses frères, oncles, neveux et cousins.
Quelle famille ! Entre lui et ses aïeux Ouranos et Gaïa (le Ciel et la Terre), il y eu une collection impressionnante de dieux sur laquelle je ne m’étendrai pas.
Pourtant, je ne peux passer sous silence, les Dieux que la Tradition désigne comme nos créateurs, nous les hommes.
Nous ne descendons pas de Cronos comme Zeus, mais d’un autre Titan, Japet et de sa femme l’Océanide Clyméné qui eurent quatre enfants nommés Atlas, Ménoetios, Prométhée et Epiméthée.
On dit parfois que c’est Prométhée qui nous créa, que ce soit avec de la glaise ou à partir de son fils Deucalion, peu importe !

L’essentiel dans cette histoire est que Prométhée chouchoutait les mortels comme ses enfants, ce qui n’était pas le cas de Zeus qui n’était qu’un oncle, à une époque où faire partie de la Famille était particulièrement dangereux.
Prométhée donc, aida les mortels, mais en trompant Zeus.
Une première fois en maquillant la dépouille d’un bœuf sacrifié, au bénéfice des mortels qui récupérèrent la meilleur des parts, ensuite en leur donnant le Feu que Zeus, en punition, refusait de leur livrer.

Prométhée fut puni sévèrement puisqu’il fut condamné à passer l’éternité, si je puis dire, enchaîné sur le Caucase à se faire dévorer le foie par un aigle. Dieu merci, grâce à Héraclès et à un subterfuge, Prométhée fut libéré.

Mais Zeus était rancunier et la punition qu’il infligea aux Mortels fut terrible, car elle demeura sans remède et dure encore.
Il demanda à Héphaïstos et à Athéna de créer un être encore inconnu, que les dieux orneraient chacun d’une qualité.
Cet être fut la Femme et, comme elle avait reçu tant de dons, on l’avait appelée Pandore (celle qui a tous les dons). Elle possédait, entre autres, la beauté, la grâce, l’habileté manuelle et la persuasion, mais Hermès lui avait donné aussi le mensonge et la fourberie.

Zeus, dit on, fit cadeau de cet être exceptionnel à Epiméthée qui, évidemment séduite, n’écouta pas les conseils de son frère Prométhée et l’accepta.
Elle arriva donc, revêtue de sa seule beauté et portant un coffret certainement magnifique, puisqu’il lui avait été offert par Zeus.

Une des premières choses qu’elle fit, c’était fatal, ce fut d’ouvrir le coffret.
Or celui-ci contenait, mais elle l’ignorait, toutes les misères du monde qui s’échappèrent alors. Effrayée Pandore referma la boite qui contenait encore l’Espérance collée au fond..

Une autre version de cette histoire remplace les maux par les biens.
Mais sa chute est la même :
Les biens s’échappèrent à l’exception de l’espérance.


C’était, en apparence, une maigre consolation, mais dont l’importance n’est plus à démontrer.

Cette merveilleuse histoire, issue de la mythologie grecque, fait partie de notre héritage puisque cette civilisation, comme beaucoup d’autres, a contribué au progrès de l’humanité en générale et de la civilisation occidentale en particulier.

Et pourtant, si Zeus manqua sérieusement de tolérance et d’amour pour les mortels, il ne fut pas le seul.
Dieu, le seul, l’unique, qui lui, contrairement à Zeus, créa volontairement l’Homme pour parachever son œuvre, ne fut pas meilleur.

Non seulement il lui accola la femme, Eve, (toute aussi belle que Pandore), mais il donna à celle-ci le goût immodéré des pommes, qui en l’occurrence décoraient, tentatrices, l’Arbre interdit de la connaissance.

Mal lui en prit car, après avoir partagé sa gourmandise et son péché avec Adam, ils s’aperçurent qu’ils étaient nus et en eurent honte. Ils recouvrirent donc comme ils le purent ce qui chez nous encore fait l’objet de scandale et attendirent la suite des évènements.

Dieu, qui voyait et entendait tout, surgit devant eux, les surprit cachant leur nudité et découvrit le pot aux roses.
Il mit la femme sous la coupe de l’homme, lui promettant les peines lors de ses grossesses ; il maudit le sol tout en disant à l’homme de le cultiver à la sueur de son front ; il leur promis la mort, et, magnanime, leur tricota une tunique pour remplacer la feuille de vigne, nettement insuffisante, puis sans pitié il les mit à la porte du paradis.

Dieu est donc rancunier.
Il regretta quelques siècles plus tard d’avoir créé l’Homme et le prouva en noyant purement et simplement la descendance d’Adam à l’exception de Noé, de sa famille et de quelques animaux qui passaient par là. Il est vrai qu’à part quelques verres de trop, Noé était apparemment le dernier des justes.

A remarquer, que Dieu le Père, n’a pas donné l’Espérance aux mortels que nous étions devenus.
Mais il fit alliance avec Noé, lui donna des consignes et lui promit qu’il n’y aurait plus de déluge. C’était un début de réconciliation.

Il faudra attendre 7 à 800 ans avant JC, pour entendre les prophètes Isaïe et Amos, entre autres, annoncer un Messie annonciateur d’un avenir radieux et céleste, concrétisation religieuse de l’espérance.

Si j’ai pris ce ton irrévérencieux pour annoncer mon sujet, c’est par appréhension. J’ai en effet découvert que depuis la nuit des temps, l’espérance est au centre de la vie des hommes. Individuelle ou collective, elle est en sorte la motivation qui nous pousse à agir.

Est-elle force ou faiblesse ? Réalité ou illusion ? Vertu ou escroquerie ?
Ces questions sont en apparence simples et manichéennes. En fait, les réponses sont beaucoup plus complexes car, à notre image, l’espérance peut-être tout et son contraire en même temps.

Le Larousse 1922 la définissait comme « l’attente d’un bien qu’on espère », l’espoir, lui, était définit comme « un sentiment qui porte à espérer ».

Le Larousse actuel définit l’espérance comme un « sentiment qui porte à considérer ce que l’on désire comme réalisable. » et l’espoir comme « un état d’attente confiante ».

Il y a donc, dans le temps, confusion et imprécision dans ces définitions.

Je retiendrai donc la plus récente qui la définit comme un sentiment. Mais un sentiment individuel flou, dans la mesure où cette définition implique d’utiliser à haute dose la méthode Coué. Elle tend en effet à nous faire prendre nos désirs pour des réalités.

C’est donc un sentiment dangereux que nous cultivons tous plus ou moins.

Une citation d’A. Camus nous met en garde « tout le malheur des hommes vient de l’espérance ».
Et pourtant comment vivre sans espérance ?
Descartes a écrit : « l’espérance est une disposition de l’âme à se persuader que ce qu’elle désire adviendra, laquelle est causée par un mouvement particulier des esprits, à savoir par celui de la joie et du désir, ensemble ».

En fait ces deux citations ne se contredisent pas vraiment, bien que Camus soit plus restrictif.
Il est vrai que Descartes, en son siècle, était imprégné par la religion catholique qui a promu l’espérance au rang de vertu théologale en compagnie de la foi et de la charité.
Je reviendrai sur ce triptyque.

L’espérance apparaît donc comme un sentiment indomptable et vagabond mais indispensable à notre vie comme une motivation à agir et à vivre.

Les religions et les sectes ont bien compris l’importance de ce sentiment puisque c’est à partir de lui qu’elles bâtissent une partie de leur doctrine ou de leurs actions.

(Comme je ne suis pas théologien, les termes que j’emploie ne sont pas forcément les plus précis mais j’espère qu’au moins mes idées sont claires. Cette planche n’est ni une conférence, ni un sermon, c’est un essai dans lequel j’essaie de trouver mon équilibre entre des idées, des réalités … et l’idée personnelle que je me fais de mon espérance.)

Comme je l’ai dit précédemment, la Bible a essayé de canaliser l’espérance dans la notion de messie.
Dans le développement religieux d’Israël, les Prophètes grands et petits ont joué un rôle considérable. Leurs contributions se rejoignent et se combinent selon trois lignes maîtresses qui distinguent la religion de l’Ancien testament : le monothéisme, le moralisme et le messianisme.

Pour eux, le châtiment n’est pas le dernier mot de Dieu. Les prophètes ne parlent que pour le peuple élu dont Dieu ne veut pas la ruine totale. Dans leur vision, les deux plans du châtiment imminent et du jugement dernier se superposent. Dans leur esprit Dieu doit établir et régir son royaume sur la Terre.
Cette grande espérance survécut à l’écroulement des rêves de domination terrestre et à l’Exil, mais, plutôt que comme un roi puissant, les prophètes présentent alors le Messie comme un médiateur ou un pasteur (Ezéchiel) humble (Zacharie).

Jésus sera un de ces prophètes sauf pour les chrétiens qui le reconnaîtront pour le Messie.

Il a libéré l’homme de l’aliénation qui consiste à rechercher sur terre le paradis perdu aux origines et dont il garde la nostalgie. Une illusion dangereuse, car dans cet idéal paradisiaque, toute blessure signifie échec.
Le Christ annonce l’immortalité de l’âme et la vie sur terre comme un passage vers une vie radieuse. Par sa résurrection, il a révélé que la vie est plus forte que la mort. "Il apporte donc l’Espérance fondée sur une certitude, celle de la victoire de la vie au-delà du temps et de l’espace, de la mort et de nos limites naturelles. "
Cette Espérance, le christianisme en a fait une des trois vertus théologales, toujours citée en deuxième position, entre la foi et la charité.
Il s’agit là, d’une construction parfaite : le postulat (la foi), le futur, le but, l’objectif (l’espérance), l’action, la justification terrestre (la charité), cette dernière étant définie comme l’amour de Dieu et du prochain.
Ainsi doté, le chrétien est en principe paré pour échapper au désespoir : sa vie à un sens.

En fait, je pense que toutes les religions sont construites de la même façon. Elles prêchent des vérités ou imposent des dogmes, recommandent la prière et la charité et promettent un paradis au juste.
La réincarnation, le paradis d’Allah ou la recherche d’une fusion harmonieuse du Ying et du Yang procèdent, avec des différences, évidemment, de cette démarche.
Les anciennes religions concrétisaient cette croyance d’une vie dans l’au-delà, en momifiant leurs morts et en les enterrant avec les objets et nourritures nécessaires à leur vie éternelle. Ils y ajoutaient même leurs serviteurs parfois vivants ou leurs gardes. (Egypte, Chine…).

Cette sujétion à une religion, nous pouvons tous la comprendre dans la mesure où nous cherchons tous des réponses rationnelles à des questions qui ne le sont pas. D’où la question demeurée sans réponse pour beaucoup d’entre nous : Est-ce Dieu qui a créé l’homme ou l’inverse ?
La faiblesse actuelle des religions chrétiennes, notamment dans une grande partie de notre vieille Europe, vient, non des valeurs enseignées, mais de la confusion institutionnelle entre les pouvoirs religieux et politiques institués par Constantin, au début du 4° siècle.

Les buts humanistes du christianismes, énoncés assez clairement dans l’Evangile, ont été occultés, voire détournés dès l’instant où les religions sont devenus d’état.
Dés cette époque, la résignation fut quasiment élevée au rang de vertu, du moins pour le plus grand nombre. Peu importe les guerres, les famines, puisque le bonheur éternel était au bout du chemin terrestre. Imposée par la force, cette espérance là ne pouvait durer que par la force.

Mais voilà, l’arbre de la connaissance était toujours là.

L’invention de l’imprimerie et son développement au début du 16° siècle permit la diffusion en français des écrits et donc le développement de la lecture.
Elle permit surtout grâce au courage de quelques hommes, humanistes, religieux, imprimeurs-éditeurs et « manants », de mettre l’Ancien et le Nouveau Testament à la portée de tout ceux qui savaient lire.
En effet, l’Eglise attaquée par les « évangélistes » puis par les réformistes de Luther puis de Calvin, interdisait la diffusion des textes sacrés en français qui permettaient, par l’exégèse d’en restituer, à tous, l’humanisme et l’espérance, confisqués et dénaturés par Rome.
François 1er, plus pour des raisons politiques que par convictions religieuses, céda aux objurgations de l’Eglise de France et de la Sorbonne et interdit ces écrits jugés séditieux, voire hérétiques. Les imprimeurs-éditeurs coupables de leur diffusion furent contraints de se renier ou de s’exiler. Les autres furent condamnés au bûcher.

Des personnages en vue comme Clément Marot, poète de la Cour et Rabelais durent leur salut à leurs puissantes relations.

Cette période faîte d’ombres et de lumières, d’obscurantisme et d’espérance, sert de toile de fond à un excellent livre,«le Maître de Garamond » d’Anne Cuneo, racontant l’Histoire, plus ou moins romancée de quelques imprimeurs courageux et de leurs luttes pour la liberté d’écrire.

Le ver était dans le fruit et la lutte pour la vérité, la tolérance, la liberté religieuse et la véritable espérance, s’insinua dans une société déjà malade de ses contradictions et de ses abus.
Mais il fallut encore plus de deux cents ans et beaucoup de bûchers, de dragonnades et de misères pour que les choses évoluent vraiment et que les humanistes, les philosophes et les premiers francs-maçons spéculatifs puissent divulguer leurs idées en France.
Dès le 18ème siècle, ils diffusèrent des idées de liberté, qui sans remettre en cause la religion et le pouvoir royal, laissaient entrevoir une alternative à l’oppression politique et religieuse.

Une espérance naissait.
Elle fut distillée dans le Tiers état, par des hommes dont l’histoire et la démarche ont été racontées par Claude Manceron dans son ouvrage : « les hommes de la Liberté » qui firent la révolution de 1789.

Ces hommes étaient de milieux souvent différents : bourgeois et paysans, nobles, ecclésiastiques
(Robespierre, Danton, abbé Grégoire, etc .).
Leurs motivations étaient de toutes natures : ambitions, aigreurs, frustration mais aussi générosité, altruisme, philosophique.
Leurs buts étaient de modifier la donne : amener la démocratie et les libertés.
Les moyens préconisés sont très différents et souvent opposés. La réforme ou la révolution telle est la question.
Ce furent les états-généraux, puis le 14 juillet et la Révolution. Un grand espoir était né, immédiat, palpable : l’égalité pour tous, avec en prime la liberté et la fraternité.
Voilà une espérance à portée de mains.

Tout fut balayé, et ce fut la terreur. L’irrévocable fut, croyait-on, accompli avec la mort du roi et la proclamation de la république. Puis ce fut le Directoire et la corruption. Les privilèges changèrent de titulaires. Chacun pouvait croire en sa chance. L’esclavage fut aboli.
Mais le désordre persistant et la guerre patriotique s’éternisant, les nouveaux citoyens, voulurent consolider leurs acquis. Ce fut donc l’apparition de l’homme providentiel, issu de la République. Bonaparte, puis Napoléon. L’esclavage fut rétabli.

Cela dura une quinzaine d’années à l’issue desquelles la déception succéda au rêve et à la puissance.
L’histoire reprit un cours chaotique alternant la démocratie bourgeoise et le despotisme.
La religion retrouva ses droits mais non son exclusivité. Bien qu’imparfaite, la liberté de conscience fit timidement son apparition.
Les révolutionnaires de 1830, 1848 ou de la Commune avaient pris leurs distances avec la religion mais se heurtèrent au conservatisme implacable de la bourgeoisie d’affaires.

L’espérance au milieu du 19° siècle, se résumait encore pour beaucoup à l’instinct de survie tant la misère continuait à sévir chez les paysans et chez les ouvriers qui commençaient à surpeupler les faubourgs industriels.

Heureusement, malgré les répressions de 1848 et 1871, les sociétés de libre-penseurs purent s’exprimer et furent représentées par des personnages comme Victor Hugo, Louis Blanc, Marcellin Berthelot etc.
La franc maçonnerie, toujours en lutte pour établir durablement la démocratie, participa activement à la création de la III °République, puis fut à l’origine des lois sociales et syndicales, du droit prud’homal, de la protection des femmes et des enfants, des lois concernant la laïcité etc.. Elle avait auparavant fait abolir l’esclavage.

L’aube du XX° siècle s’annonçait donc bien et l’espérance d’un monde meilleur et plus juste, n’était plus un rêve.
Et pourtant, la première guerre mondiale arrive. Elle déclenche, après l’hécatombe que l’on connaît, un bouleversement géopolitique incommensurable dont les conséquences économiques et politiques perdurent encore de nos jours.
L’empire Austro-Hongrois disparaît, le Reich allemand, se transforme en une république exsangue à la merci de toutes les aventures. L’empire russe renverse son Tsar au profit d’une fausse république qui devint l’URSS.
C’est l’époque où commencèrent à triompher en Europe, le populisme et les idéologies, basés tous deux sur une démagogie effrénée, destinée à récupérer par tous les moyens possibles la place laissée vacante par les religions et la politique traditionnelle.
L’espérance de populations entières, vaincues, humiliées abandonnées de Dieu et des hommes étaient à prendre.

Cette situation engendra le fascisme, le nazisme et le communisme soviétique. Il en résulta une nouvelle guerre mondiale avec son cortège d’horreurs, de massacres et de génocides.
Même si la disparition d’un grand nombre de dictatures depuis la 2ème guerre mondiale et la difficile libération des peuples opprimés apportèrent une nouvelle espérance de justice et de paix, les abus générés par la mondialisation semblent repousser les lendemains qui chantent à une date ultérieure et faire la place belle à de nouveaux hommes providentiels et au populisme.

Alexandre Dorna, professeur de psychologie sociale et politique à l’université de Caen, a décrit le populisme dans un article récent du Monde : « La crise d’une société bloquée, un électorat volatil et l’effilochage idéologique sont le produit d’un long processus de décomposition, dont les indices s’accumulent : discrédit des hommes politiques en place, transformation des partis en machines électorales, abstention galopante des citoyens, avidité des puissants et, plus grave, dysfonctionnement de l’Etat.
Impasse de régime donc.
Voilà l’enjeu de tous les populismes, présence brutale d’une question devenue urgente : Comment se débarrasser d’une classe politique inapte et corruptrice ?
Ensuite Alexandre Dorna, dont l’article se rapporte essentiellement à la période actuelle, décrit le recours au populisme charismatique comme le point de départ d’une réflexion sur l’avenir d’un peuple psychologiquement en errance.
Il décrit le « néopopulisme télécharismatique » dont est atteint l’Amérique depuis longtemps et dont l’Europe et la France montrent des signes avant-coureur.
Heureusement, la rationalité reste encore au centre des décisions politiques.


Beaucoup d’écrivains, souvent philosophes connus et reconnus, tentèrent et tentent encore, soit de construire des sociétés utopiques, soit d’extrapoler, à partir de l’évolution de la société actuelle, la société de demain.
Toutes ces tentatives et ces réflexions débouchent presque toujours sur une civilisation de masse où la grande majorité des citoyens est intégrée dans un système ultra sophistiqué où la liberté d’agir et de penser de façon autonome n’existe plus.

Parmi ces auteurs on peut citer Platon (La République), Campanella (La cité du soleil), Thomas More (L’utopie) Fourier (Phalanstère), A. Huxley (Le meilleur des mondes), G.Orwell (1984), JM Ruffin (Globalia), le film « Bienvenue à G ataca » de A. Nicoll.

Il apparaît donc à la lumière de ce bref historique que l’espérance considérée collectivement est une sorte d’auberge espagnole où l’on apporte sans le savoir, ce que l’on cherche, mais d’où l’on repart avec un plein de mirages, de rêves et d’utopies proposés par des marchands d’illusion, démagogues en tous genres, escrocs psychologues ou idéalistes naïfs.
En fait, le problème vient que l’on cherche désespérément à trouver des modèles adaptables à tous. Sachant qu’en fait l’espérance se situe très souvent dans la recherche d’un bonheur palpable, accessible et souvent égoïste.
A défaut de pouvoir satisfaire tout le monde, les démagogues font des promesses. Les pouvoirs publics favorisent les jeux d’argent qui donnent à chacun l’illusion qu’il peut gagner ses rêves sur un coup de dés.
Les jeux télévisés, où monsieur toutlemonde peut en principe jouer et gagner, fleurissent allègrement sur nos petits écrans qui multiplient également les « réality shows» et les fabuleux destins où l’on peut se libérer ou se faire peur par procuration.

Mais notre espérance, cette force qui nous fait avancer, qui nous pousse à agir, la connaissons nous vraiment ?
Qu’est-ce qui nous permet de surmonter les obstacles ?
Qu’est-ce qui nous permet de nous battre pour notre bonheur ?
Les psychologues définissent cette capacité par le mot résilience.
C’est la capacité d’une personne ou d’un système social à vivre et se développer positivement malgré les conditions de vie difficiles, et ce de manière socialement acceptable. En fait, il s’agit de notre propre résistance aux épreuves.
Malgré les réserves, que pour des raisons personnelles, j’ai envers la pratique professionnelle de la psychologie médicale, je reconnais qu’elle peut-être utile pour ceux qui n’ont plus d’espérance et qui, par exemple, souffrent de la solitude.

Malgré beaucoup de doutes et de remises en cause, j’ai toujours cru en un certains nombre de valeurs comme l’amour, l’amitié, la famille, la patrie dans le sens de terre de mes pères, celle où une certaine façon de vivre et de penser, mérite qu’on donne un peu de soi.
Constituer une famille, la défendre, transmettre à mes enfants les valeurs auxquelles je crois et même leur faire partager mes doutes et mes problèmes, une certaine conscience professionnelle, l’écoute de ceux dont j’avais la charge ont suffit à occuper ma vie.
Ces objectifs m’ont servi d’espérance.

Le départ des enfants, puis la retraite ont changé la donne. Les petits-enfants, les bénévolats, les voyages, les activités artistiques et culturelles, la franc-maçonnerie ont comblé les vides.
Malgré tout, la théorie de la relativité s’applique au vieillissement.
Plus les années passent, plus le temps passe vite. Malgré un solide optimisme, certaines échéances commencent à fréquenter un subconscient surchargé.
Heureusement, l’espérance de vie existe !
Je n’en avais pas encore parlé de celle là, mais elle repousse à plus tard certaines questions.

Quoiqu’il en soit, ces valeurs dont je viens de parler n’auraient peut-être pas suffit à me servir d’espérance si depuis mon initiation je n’avais pas taillé ma pierre brute et retrouvé avec l’humanisme et la tolérance
Les valeurs de l’évangile. Je pense que nous sommes tous des individus uniques qui participont quelque part au progrès de l’humanité. La vie éternelle, partie de cet absolu que nous ne comprenons pas, si elle existe évidemment, est peut-être l’expression de la pérennité de l’humanité et de ses progrès. Voilà mon espérance quand j’essaye d’y penser.

Mais ceci est ma démarche.


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