Un chemin
de Lumière
En cette
période de l’année,
l’Evangéliste a passé depuis peu son flambeau
au Baptiste ; autour d’une renaissance, il est la Lumière
de
notre chemin.
Nous ne sommes plus là, mes F. ., du
côté de l’histoire mais de celui du
symbole ; aussi, ai-je intitulé mon travail
d’aujourd’hui « Un
Chemin de Lumière » et
c’est vers l’intérieur
que va ce chemin lumineux.
Lorsque nous parlons Lumière !!!,
dans notre réflexion
nous quittons là le domaine du
« savoir » ; la science
nous a
tout appris d’Elle sauf, peut-être,
l’essentiel !!!? Albert. EINSTEIN nous
dit d’ailleurs à propos de Louis de
BROGLIE : - Il a soulevé un coin du
grand voile –
« mais, réplique
D’ORMESSON, la ruse du grand voile est de
compter un nombre infini de coins ».
Ceci étant, ce chemin qui nous occupe ce soir, nous conduit
hors du Temps dans
ce que j’appellerai une
« Aventure », qui n’est
pas, comme le clame H
GREVEN dans une riposte, « celle du Paris
– Dakar, ni l’évasion vers
des îles lointaines, ni non plus le chamboulement de
l’existant ».
Cette
« Aventure », mes
Frères,
- elle est
celle qui nous attend au détour de chacun de nos actes,
- elle se
vit en Soi, car c’est à
l’intérieur de Soi que l’on
découvre cette flamme qui
brille au plus profond de nous, cette flamme qui nous a
été transmise par ces
quelques Initiés à travers la
« chaîne des Hommes »,
- elle est
aussi la plus belle car c’est l’Homme à
la recherche de lui-même, dans son
rapport avec ses semblables et avec l’Univers.
Voyageurs sans « bagages », dans
ce périple, OMBRE
et LUMIERE sont notre
« chemin de vie »,
les méandres de notre « chemin
initiatique », notre « route »
à la recherche d’un Idéal.
Cette aspiration à un absolu est dans notre nature profonde,
nous ne faisons
que la pressentir et dans cette quête que nous avons
entreprise, un
questionnement s’impose
d’emblée : « l’illumination
dépend t-elle d’un quelconque soleil et la notion
d’orientation n’est-elle que
la révélation géographique
d’une direction ou laisse t-elle deviner que la
Lumière est avant tout intérieure et que le seul
voyage qui nous soit
recommandé est celui tout SOCRATIQUE du
« connais toi toi – même
………… ? »
Aussi, au moment de « partir »,
l’important est de faire ce que
j’appellerai « le tri » ;
sachant qu’à ce moment,
nous nous devons de rechercher ce qui peut être
au-delà de nous même, aller
boire aux sources primordiales et « faire
l’inventaire de notre
baluchon », dans un dialogue de SOI
à SOI
que l’on ne peut trouver qu’au fond de notre
cœur.
Alors, comme JANUS, nous allons nous inquiéter du Temps qui
passe, de cet
incessant passage du « déjà
plus » au « pas
encore », dans un monde où
tout est recommencement et que nous
appelons tout simplement la Vie ; et si cette Vie doit avoir
un Sens que
nous, Hommes, cherchons toujours à approfondir, il est
à constater que nous
nous heurtons toujours à son expression dans les
témoignages de la culture des
Mythes, des Légendes et dans toutes les Religions
nés pour en fournir une
explication métaphysique.
Leur fonction première étant
d’éveiller en chacun le sens du respect, le
goût
de l’étonnement et le désir de
participer à l’insondable mystère de
l’être ; les origines des Dieux et des
Guides spirituels de l’Humanité
ressortant au domaine du Sacré et du merveilleux.
Dans ce sens du merveilleux, quelle plus belle définition
que celle d’Albert
EINSTEIN :
« Le plus beau sentiment qu’on
puisse éprouver, c’est le sens du
mystère. C’est la source de tout Art
véritable.
Celui qui n’a jamais connu cette
émotion, qui ne possède pas le don
d’émerveillement, autant voudrait qu’il
fut mort, ses yeux sont fermés. »
Les Mythes, en effet, témoignent de cette recherche au
travers de quelques
cycles merveilleux où l’Homme, dans son errance,
fait la preuve de
lui-même, dans sa Vie, dans son combat et dans
son aspiration vers la
perfection ; ils confèrent, je pense, plus de prestige
et
de profondeur à nos propres
recherches – nécessairement
moins ambitieuses – ainsi qu’aux
épreuves, souvent anodines, de la vie
quotidienne ; le but en étant l’accomplissement
de la Vie
individuelle, de l’Ordre humain universel ainsi que de
l’Amour.
Mes Frères, comme le Héros du conte, notre
« errance », notre
« Aventure » se construit aussi
au tra
|
vers de
Voyages ; Voyages initiatiques jalonnés par des
Epreuves qui sont des ruptures de parcours ;
l’Alchimie
étant présente dès ce 1er
degré avec les 4
Eléments, associés aux différentes
étapes de notre itinéraire.
Nous savons que le poète a reconnu dans ces Voyages
l’image de la Vie humaine,
avec ses aspirations et ses luttes ; ils sont
nécessaires à tout
apprentissage, à toute évolution,
conscients que nous sommes que rien
de sérieux, de durable ne s’improvise, par eux,
chacun de nous recueillant un
patrimoine intellectuel et moral que nous avons mission de faire
fructifier
afin de le transmettre, enrichi, à la
génération suivante.
Et puisque nous parlons Voyage, je rappellerai une gravure extraite
d’un
ouvrage d’un certain Michael MAIER qui nous montre un
itinéraire :
Elle représente une scène
nocturne faiblement éclairée par la Lune. Une
femme chargée de fleurs et de fruits marche ;
c’est la porteuse de
richesses.
Elle est suivie d’un vieil homme à
quelque distance, un bâton dans la main
droite et éclairant sa route à l’aide
d’une lanterne.
Le vieil homme marche dans les traces que laisse sur le
sol celle qui le
précède et le guide et le
fait qu’il pose ses pieds dans les traces de
son guide évoque le verbe latin « inere »,
que l’on
peut traduire aussi bien par « commencer »
que par
« aller dans »
quelque chose.
Nous pouvons en déduire que tout au long de
notre parcours initiatique, qui
commence à notre naissance par notre
entrée dans un monde nouveau,
nous serons guidés,
éclairés, sur le chemin qui doit
nous
conduire vers l’intérieur de ce monde, vers notre centre
sacré.
Cette voie est une. Faite de rebondissements
sur nos
symboles, elle nous libère de nos liens
antérieurs pour nous faire
participer à la connaissance secrète de
« ce qui est hors du temps »,
c’est-à-dire la Vie spirituelle, la Vie symbolique.
Dans ce prolongement, nous pouvons dire que si le Voyageur est
en
recherche, le Quêteur que nous sommes donne
un Sens,
s’accommode de son immobilité en descendant au
plus profond de lui-même,
puisant dans ce tréfonds la certitude morale et prenant
ainsi conscience de sa
propre nature.
Comme PERCEVAL, nous allons notre route en nous engageant dans une
recherche
dont nous ignorons jusqu’où elle nous
conduira !!! sachant toutefois
qu’elle va nous conduire à nous dépasser
sans cesse.
Dans le conte, pour un auteur chrétien du Moyen
âge, il ne pouvait s’agir que
d’un cheminement vers Dieu . Toutefois, il nous
relate le parcours du
Chevalier qui est aussi un « roman
d’apprentissage » - la quête
du Graal ne faisant que le prolonger sur un autre plan,
le faisant
apparaître d’une façon plus
générale comme une quête
de la Vérité,
de la Beauté et du sens
même de la Vie.
Elle devient une invitation à rechercher le
« Moi »
à l’état pur, la Sagesse,
la Lumière pour le
Franc-Maçon.
Mais, il y a toujours un mais
…………. !!!, au
travers du doute, l’Initiation
à laquelle s’est dérobé
PERCEVAL a fait que son parcours est demeuré
inachevé ;
interrompu au moment même où il allait
révéler son sens caché.
Soustrait au regard par un voile, plutôt qu’un
Mythe, va alors exister un
mystère, une question du Graal ?
Persuadés le trouver d’Or,
aujourd’hui, notre civilisation, sous couvert d’une
timide espérance, ne
tend-elle pas à nous le faire découvrir
constitué d’un vulgaire fer
blanc ?
Mes Frères, l’histoire humaine n’est
jamais absente
dans le Mythe. Elle est vue
à l’intérieur des âmes,
jugée
d’après son état de civilisation et par
rapport
au progrès qu’il permet à chacun.
Chaque route est celle qui peut conduire vers le Château du
Graal et seuls les
meilleurs y parviennent. Elles sont, je dirai, des « états
d’être »,
des « étapes »
correspondant aux degrés d’initiation.
CAMPBEL a rassemblé divers Mythes de quêtes pour
montrer qu’ils aboutissaient
toujours à une seule et même conclusion.
En effet, quelle que soit la récompense obtenue par le
Héros, elle semble sans
importance en elle-même ; ce qui compte, dit-il,
« c’est qu’il
est prouvé son accomplissement, son équilibre, la
Sagesse et la santé de l’âme. »
Cette recherche d’absolu ancrée au plus profond de
nous et que la forme
actuelle de notre civilisation semble s’attacher à
détruire en la réduisant à
nos simples besoins corporels, pour la préserver,
la reconstruire.
Notre Ordre reprend un certain nombre de principes et
de règles en
l’honneur dans les Loges de Francs-Maçons
opératifs ; principes
basés sur la notion que toute Œuvre est le
résultat d’une véritable symbiose
entre la Matière et
l’Ouvrier - la
Matière imposant l’Outil
et l’aspect fini de
l’œuvre -.
Nous retrouvons là les mêmes qualificatifs
d’Equilibre, d’Harmonie,
de Stabilité s’appliquant
à l’un comme à
l’autre.
Cette Matière, que je viens de citer, la
« Pierre »,
depuis les Temps les plus reculés, n’est pas
restée une simple satisfaction
esthétique ; en ce sens, traduisant la
pensée d’un certain ISIDORE :
« elle a
révélé la noblesse de
l’Homme, lui a permis d’accéder
à
l’état d’Être et a en prendre
conscience. Sauvage au début, le frôlement de la
main l’a rendue sacrée.
Chaque jour, dit-il,
je m’efforçais de chercher
la Vérité du métier dans la Pierre,
sans parvenir à l’orienter vers la
perfection. Alors, j’ai entrepris de dégrossir
l’Esprit. »
Mes Frères, à l’image de ces
opératifs, construire un Temple, notre
Temple, n’est pas une mince affaire ;
étant aussi à considérer la somme de
connaissances nécessaires à cette construction
qui indique clairement que les
constructeurs d’alors formaient l’élite
de l’époque et qu’ils se transmettaient
une connaissance faite, non de
prétendus secrets, mais acquise au
travers d’un long apprentissage.
Cela nécessite du Temps. C’est un parcours long et
difficile qui passe, tel que
précité, par un Apprentissage, dans le respect
des Règles,
pour nous amener vers la connaissance du
Métier à l’appui de
l’enseignement du maniement de nos Outils,
le tout sous
couvert du Rite, support et guide
indispensable
de cet acte qui engage la vie totale de
l’individu que nous
sommes et qui fait que l’Homme devient ce
qu’il doit être ;
sa Vérité est son
action, elle est l’histoire de l’Homme en
train de se faire et de se
conquérir.
Cette conquête
s’opérant à l’appui de
quelques
« grandes » valeurs ;
par exemple :
- le désir de laisser une trace
de notre passage,
- le besoin de Liberté, de Justice,
le besoin
d’absolu exprimé par la
transcendance, qui nous fait passer du plan
matériel de l’avoir au domaine spirituel de
l’être,
- la Fraternité, la Tolérance,
élevées au
rang de « supérieures »
par notre idéal Maçonnique -
étant évident que toutes ces Valeurs
apparaissent comme des idéalités
mais ont un caractère de nécessités
indéniablement
générées
par la raison seule.
Cette conquête, elle est l’alliance de la Raison
et de la Foi,
non pas de la Foi dans une Vérité
révélée, mais dans
l’existence d’un Principe
supérieur à toute chose que nous
nommons Grand Architecte de
l’Univers et qui les régit selon
des Lois immuables, suffisamment
fortes pour créer un ordonnancement à
l’intérieur d’un ensemble confus.
Dans cette réflexion, l’Artiste s’identifie
alors avec
l’oeuvre qu’il crée et, parodiant notre
Passé Grand Maître Georges KOMAR, je
dirai :
« qui refuserait
l’idée d’un Grand Principe Universel
désanthropomorphisé, gage
d’unité, que l’on pourrait faire sienne
sans
préalable ni renoncement, sans ne rien compromettre de ce
que l’on est ? »
Nos Anciens
ne l’avaient-ils pas pressenti dans
l’harmonie de la Nature ?
Quant Ils ont voulu le dire, Ils ont parlé de la Terre,
de l’Air,
de l’Eau et du Feu ;
Ils pensaient avoir
intégré l’homme au cosmos car Ils
avaient unifié les 4
éléments
et ce, jusqu’à ce que les Pythagoriciens
découvrent à leur tour le « Logos »
et le disent avec le « Nombre ».
Certes, en interrogeant le « Nombre »,
nous arrivons
à concevoir l’Unité d’un
Principe Universel, actif et
intelligent.
« Poussant » plus loin, les
Constructeurs opératifs
n’hésitèrent pas
à se persuader que tout se construit. Cette conception
envisageant tout
Organisme comme une Construction et, par conséquent,
l’homme lui-même, comme un
édifice animé dont les pierres constitutives sont
des cellules vivantes qui,
étouffées par l’instinct au
début de la Vie, ne s’affirmeront que peu
à peu
avec l’âge de raison.
Dès lors, nous pouvons en déduire que
puisqu’il y a « organisation
progressive »,
« coordination »,
c’est
donc qu’un « discernement »
intervient. l’Esprit
engendre la Matière et le Sage égyptien savait
déjà tout cela depuis longtemps,
puisque dans le « Livre des
Morts », il essaye de nous faire
comprendre que l’homme est avant tout un être de Lumière.
« Poussières
d’étoiles »,
nous possédons tous
une parcelle de cette vraie Lumière pour nous guider sur
notre CHEMIN,
j’aimerai pouvoir dire aussi, pour éclairer notre
dialogue ébauché ici ce soir,
afin qu’il se poursuive pour raconter l’histoire
des Hommes telle que dans leur
diversité, ils la conçoivent.
Mes Frères, au travers de cet
échange, j’ai essayé de faire
comprendre mon
propre cheminement dans notre recherche
« d’idéal ».
Très attaché à notre
démarche opérative, fondation de notre Ordre,
faite de
« construction »,
de « démolition »
et de « reconstruction »
à l’infini, il est à
constater, pour ce qui me concerne, que dès qu’il
y a « démolition »,
en dépit du temps, nous allons cheminer vers une forme d’isolement,
je
dirai, de repli sur Soi, rechercher ce dialogue
avec nous même et
reprendre en quelque sorte notre « route »
initiatique, depuis le début du début, depuis
notre voyage au Centre de la
Terre, depuis notre entrée dans le Cabinet de
Réflexions ; sachant
toutefois, pour l’avoir pleinement vécu et le
vivre encore, que ce parcours est
« oh combien » beaucoup plus
difficile, beaucoup plus ardu et
douloureux que l’initial, en particulier pour ce qui est de
l’ouverture aux
autres, vers les autres.
Nous avons bien compris que dans l’évolution de
notre propre construction,
l’esprit s’emprisonne d’abord au Centre
de la Terre, là où la « lampe
de la raison » éclaire la Vérité.
Avec ce flambeau que nous portons maintenant en nous, nous pourrons
entrevoir
ce qui n’est pas visible, en regardant au-dedans de nous,
rappelant ainsi, tout
comme la Loge qui n’est éclairée par
aucune fenêtre, que l’unité
n’est visible
que du dedans ; rappelant aussi qu’en ce lieu -
couverts par la « Beauté »
de cette « Voûte
étoilée » - qui
nous incite à
rechercher l’HARMONIE, la pensée vit et reste
vivante. Elle s’y particularise.
En méditant, nous lui donnons une forme expressive et ce
passage du « possible
au réel » qui
réclame quelque chose qui ressemble à un
mystère.
N’est-il pas permis, dès lors,
d’imaginer que ce mystère est un mystère
d’Amour ?
Mes Frères, ce sera ma conclusion, dans cet
échange que nous entreprenons de
Soi à Soi, nous, qui cherchons
à savoir le pourquoi des
choses, le sens de la Vie, en chacun
passe dans le tréfond du
Soi, le Centre du Cercle ; là, où du
fond de l’inconnaissable, quelque
chose en nous se souviendra et nous parlera :
d’Unité, d’Infini,
d’Eternité, de Liberté, de
Dignité, de Respect,
d’Egalité, d’Harmonie, de
Tolérance, de Fraternité, de Sagesse et
d’Amour .
Dès lors, malgré nos différences mais
guidés par cette même espérance que
nous
portons en nous, faisons, à notre tour que, par nos
comportements et nos actes
puisse s’accroître la
dignité
humaine dans le Monde et faire que l’Homme arrive
à se
rencontrer avec lui-même.
R\. R\.
|