Que
cherches-tu sur le Chemin de Compostelle, mon frère
?
Cette planche est particulière, car elle a
débuté le jour ou j’ai
décidé de « faire
Saint Jacques », c’est
à dire il y a 4 ans.
J’avais promis de la présenter en
revenant dans ma loge mère, et chaque année en
lisant le thème retenu pour l’année, je
trouvai qu’elle correspondait parfaitement et aurait pu en
être un parfait support.
Alors, pourquoi aujoud’hui ?
Non, pas parce que je vais quitter Maurice Bertaux :
L’égrégore avec sa loge
mère et certains de ces membres reste vivante et
c’est bien d’ailleurs une des énigmes de
notre ordre ;
mais, il y a trois ans je partais et c’est le temps
nécessaire pour digérer
« El Camino ».
Pour ceux que ça intéresse sur le plan
numérologique :
j'ai soixante-quatre ans donc le nombre 1 me représente.
Je suis dans une année 7 donc spiritualité et
développement.
après neuf ans, je commence un nouveau cycle.
Coïncidences...peut-être.
J’ai pensé aussi que c’était
une maniere de me présenter à vous.
I-Introduction
Il y a 3 ans, on nous emmenait à Bordeaux,
les dés étaient jetés nous
étions enfin partis pour une aventure dont
j’avais beucoup révé.
Pourquoi aller à Saint Jacques ?
Ce n’était pas le tombeau d’un saint
problématique (non pas saint Jacques mais sa
dépouille). Je ne suis pas parti en pélerinage et
pourtant... (1)
II-Qu'est-ce que le chemin de saint Jacques
Le sermon de Triacastella (2) le définit assez
bien.
« El Camino
» !…
Qu’est ce que c’est ?
La dimension humaine et spirituelle
du chemin de saint Jacques de Compostelle.
Cela va dépendre de celui qui
l’entreprend :
- pour l’un, ce sera un parcours sportif ;
- pour un autre, des vacances culturelles sur un
itinéraire balisé ;
- pour un troisième, un moyen de recherche
spirituelle ou personnelle ;
- pour un autre, cela pourra être une
quête religieuse ou une demande d’indulgences ;
- pour un autre encore, simplement partir ;
- pour certains, c’est tricher en profitant
des structures du chemin.
Mais l’homme est complexe, à
l’arrivée la plupart des « pérégrinos
» auront probablement pris un peu de chacune des
catégories.
Une chose est certaine, tout ce que vous avez pu avoir
rêvé sur « El camino »,
se révèle faux ou différent.
El camino est lui-même, vivant, et dicte sa loi.
Il va être le révélateur de votre
« moi » :
- par les rencontres de tous les frères du
monde entier que vous côtoyez sur le chemin ou dans les
refuges ;
- par les limites que votre corps vous impose malgré vous ;
- parce que « El camino »
vous oblige à faire la part de ce que l’on dit et
de ce que l’on peut faire ;
- parce que chez le croyant il va approfondir sa foi (en Dieu et dans
les saints) et lui donner une idée plus juste de ses
défauts et de ses qualités.
En tout état de cause « El
camino » est universel et
sacré, car il a été
créé par des millions de
pérégrinos pendant plus de mille ans.
Il fait partie de la culture de l’humanité.
Pour le prêtre que je suis,
j’aimerais :
- que les hommes soient plus vertueux ;
- qu’ils fassent moins de fautes à tout propos ;
- que lorsqu’ils se trompent, ils apprennent à se
corriger ;
- qu’ils croient par amour et non par peur (car si vous avez
peur vous ne pouvez aimer) ;
- que pour vous, la foi ne soit pas un fardeau mais une
libération.
Je souhaite, que votre itinéraire sur le
chemin, apporte dans votre vie tout ce que vous cherchez, que les
signes, les bornes d’El Camino restent pour vous les limites
dans votre vie de tous les jours.
Enfin que vous tous les « Frères Jacquets
d’El Camino », soyez les artisans
d’un monde meilleur.
Padre Andres
III-Histoire et légende - Le coup de pub
En apparence tout a
été simple. L'apôtre Jacques vient en
Espagne prêcher l'évangile. Plus tard, il
est décapité en Palestine. Son corps est
transporté en Galice et enterré. Du fait des
persécutions, le lieu exact de la
sépulture est oublié pendant plusieurs
siècles. Au 9eme siècle, dans une partie de
l'Espagne restée chrétienne, l'ermite
Pélage voit au dessus d'une forêt sauvage
des lumières surnaturelles et entend des cantiques
angéliques. Il avertit l'évêque
Théodemir, qui réside dans la localité
proche de Iria Flavia. Celui-ci, après trois jours de
jeûne et de prière, fait défricher
l'endroit. Sous un arc de marbre, on découvre les reliques
de saint Jacques.
Le roi Alphonse II, aussitôt prévenu, le
proclame patron de l'Espagne et fait construire une église
au-dessus du tombeau.
Peu après le saint apparaît sous forme d'un
cavalier monté sur un cheval blanc au roi Ramire I°,
qui remporte sur les Sarrasins la victoire de Clavijo. Les
chrétiens entreprennent la Reconquistaet
libèrent l'Espagne de l'occupation musulmane.
Bientôt une foule de fidèles, en suivant
quatre chemins qui convergent en un seul (le Camino
francès) font le pélerinage
qu'organise l'ordre de Cluny.
En fait, la réalité historique est
beaucoup plus complexe et doit être
traquée derrière la légende.
L'invention du tombeau et des reliques de saint Jacques, au
9eme siècle, est rapportée dans des textes
tardifs (Concordia d'Antealtares de 1077,
Historia Compostelana de 1120-1139) reprenant une
tradition orale progressivement élaborée
à partir de faits réels.
L’Espagne a besoin du
pélerinage pour la Reconquista, l’Eglise pour son
développement.
IV-Mon chemin
Je ne vous parlerai pas de la richesse de la Roja, de
l'immensité de la Meseta sous la pluie, des corridorios et
des horreros de Galice, ni des vitraux de Léon. En fait il
faut les vivre et les voir, c'est le vécu qui compte. Les
photos ne sont que des repères pour soi-même.
Pour cette aventure j'étais prêt
dans ma tête et dans mon corps. je n'ai plus une
âme de martyr : Je voulais avoir la tête dans les
étoiles et je préfèrais ne pas avoir
les pieds en sang.
Cela ne veut pas dire que sur 1.000 km, vous n'avez pas parfois la
sensation que votre coeur va éclater et que vous hurlez au
soleil que vous êtes seul et que vous ne pouvez plus
resacquer !
que vous en avez plein le c..., plein le dos, plein le fond
des godillots !
Qu’ils sont barjots ces espagnols ! c’est
pas de la randonnée ! mais cela fait partie du
folklore et vous en riez le soir au refuge, ou plutot non, plus tard en
vous rendant compte que vous êtes toujours un
coléreux.
Il faut croire cependant qu'un demi marathon
à un marathon par jour pendant un mois active
certaines zones du cerveau ;
Mais il n'y a pas que ça !
El Camino, est un chemin initiatique avec ses
rituels, ses devoirs, etc..
El Camino n’est pas comparable à
une quelconque randonnée ou escapade d’une ou
plusieurs semaines. Les rituels y sont forts. Le chemin est vivant, on
l’aime et on le craint même
avant de partir.
Il prend son tribus de pérégrinos.
L’égrégore
composée de la chaine d’union de tous les Jacquets
à travers le temps et l’espace vous absorbe
trés rapidemment, ceci d’autant plus vite que
surle chemin, on est en dehors du temps et de la
société, on est un SDF.
D’ou la chance que nous avons eu de le faire en une seule
traite (3), et cela est amplifié si l’on est seul
ou si imprudemment l’on n’a pas de
portable !
Par contre l’équipe que
nous formions avec Françoise donnait une autre dimension
à notre pérégrination car le regard
porté sur l’autre est différent.
V- Pourquoi faire saint Jacques ?
Qu'est-ce que je cherchais ?
C’est ce que personne sur le
chemin ne vous dira, on devine des douleurs, des
secrets, que l’on vous confie vers la fin parfois, avec
beaucoup de pudeur par un mot échappé, une courte
phrase.
J’ai dit plus haut que je n’en
savais rien ; en faitconsciemment ou inconsciemment j'attendais de
cette démarche une réponse même
partielle à certaines questions. Je n'attendais
pas une révélation à la Saül
sur le chemin de Damas... Quoique ! ! Mais une
vérité, ma vérité ou
tout au moins quelque chose qui me satisfasse.
Compostella
Il y avait dans « El Camino »,
une évasion, un goût de l’espace. Libre
enfin je m’arrétais ! et je voulais
profiter de cette vacuité pour débloquer certains
points qui me tenaient à cœur.
Deux questions très différentes se
posaient à moi :
-Devais-je rester F\ M\
?
-Devais je me présenter aux
municipales ?
Désorientés par les textes de base
des catéchismes je leur reprochais leur archaïsme
d'écriture et même une certaine
incohérence. Je ne voyais pas l'utilité du
symbole dans ce cadre précis.
Les « directives morales et sociales » des
catéchismes n'ont pas besoin de symboles pour être
comprises.
Les qualités humaines des frères n'ont pas besoin
de passer par ces explications.
Ou bien, si il n’y avait que ça, la F\
M\ ne m’amènerait pas
plus que certaines voies de développement morale et
spirituelle, et dans ce cas je ne voyais pas de raison de continuer.
Ces idées ne me satisfaisaient évidemment pas.
J’avais besoin de comprendre.
Je ne peux faire quelque chose dans la vie, sans en imaginer
la finalité à défaut de la
comprendre (4) !
La municipalité…oui bien
sûr, tout le monde me poussait, mais les conseilleurs ne sont
pas les payeurs !
Et le reste… !
VI-Intermede
La légende ou la tradition du chemin dit :
Il suffit de faire le premier pas,
le Chemin fera le reste.
Tu marches, tu ne penses pas. Tu
médites...
Tu regardes, sens,écoutes, ris, pleures,
chantes, souffres, jures...
Un jour la prière montera à tes
lèvres.
Mange, bois, partage... l'envie te viendras de
communier.
Connais l'épreuve de la terre, de
l'air, de l'eau et celle du feu.
Laisse-toi dissoudre et consumer.
Sur le chemin, dans les vallées,
sur les sommets, sois toi.
Ici on ne trompe que soi.
Au terme sois fier d'avoir pu réussir,
d'avoir dépassé tes limites, d'avoir
vaincu tes peurs, d'avoir...
N'oublie pas qu'il t'est arrivé
d'être lâche. N'oublies pas tout le reste...
Arriver...c'est renoncer!
La légende dit vrai…
Eh oui, c’est bien comme ça que cela
s’est passé ! et mes
« méditations » non
directives m’ont amenées des réponses,
certaines de celles-ci sont nées sur le chemin,
certains signes m’ont indiqué
vers où chercher ( ou tout au moins je savais que les
compléments allaient arrivés, ce qui fut le cas).
Ces idées ne sont pas apparues en bloc, en fait
c'était diffus, puis tout a
évolué.
Peu à peu le puzzle se met en place, mais
l’essentiel date d’il y a 3 ans.
Je pense que la F\
M\ a
été mise en place pour servir un
objectif ? et j’ai l’intuition
qu’il est plus important que nous ne le pensons
habituellement ;Le développement de nos
« Egos » n’est
qu’un préliminaire, un moyen de
séélection, c’est l’arbre qui
cache la forêt.
Quant aux municipales, à la fin de mon
périple, je savais que je devais me présenter,
mais je l’avais toujours su. Je savais que ce serait une
galère, des bagarres sans fin, encore du travail !
mais ça faisait partie de mon engagement.
VIII-Connais toi toi même
et tu connaitras l’univers et les Dieux
Mon regard sur les autres avait changé, il
faut être un peu fou pour faire El Camino et
ça fait plaisir de voir qu’il y a encore des
FOUS !
Comme je le disais plus haut sur le chemin on apprend
à se connaître et on est absorbé par
une « entité » qui
vous dépasse et qui plus est, est sacré. On
change d’univers et on approche les Dieux !!! et
cela aboutit à une nouvelle prise de conscience et
à une nouvelle vision du sacré.
Par exemple, St Jacques est, parce que des hommes
l’ont voulu, que la légende et
l’histoire soit différente n’a aucune
importance, ce qui compte c’est le message dont
l’événement ou le lieu vont
être porteur.. et ceci s’applique
à tot ce qui est sacré (5)
VII-Conclusion
Comme vous l’avez
constater les parallèles sont nombreux entre le chemin des
étoiles et sa voute étoilée
et notre démarche
Souvent, je refais el camino dans ma tête et
je voudrai y retourner…
Si le maitre du chemin me disait de la même voix que mes
vénérables successifs à chaque
augmentation de salaire : André depuis que tu as
marché sur El Camino as tu
changé ? Je dirai sans faire de pirouette ni
hésitation : Bien sûr, je ne sais pas trop en
quoi, ou je le sais trop et préfere ne pas trop
comprendre le message
Mais je sais que quand le jour sera venu, avant de passer la porte de
lumiere, je ferais ce que j’aurais à
faire, je retournerai à un certain nombre
d’endroits, puis j’irais rejoindre
l’Egrégore du chemin, pour comprendre pourquoi
j’ai eu la même sensation devant la forteresse
templière de Ponteferrada et à Shahagun que le
jour ou on m’a ôté mon bandeau : du
déjà vu !
Credential et sportelles
Puis je passerai la porte :
Et
là…j’espère…que
je comprendrai !
J’ai dit V\ M\
(1) Il est étrange de constater que
le pélerinage de Compostelle ait survécu
à la Réforme, aux philosophes du XVIIIe
siècle, et qu'il ait gardé sa
spontanéité malgré l'encadrement de
l'Eglise de cette forme de dévotion. Parmi les marcheurs qui
de nos jours, font étape à Roncevaux, 2 %
seulement revendiquent la qualité de
pérégrinos.Pourtant lorsque le botafumeiro, ce
grand encensoir qu'on utilise pour les solennités, balaye
toute la nef de compostelle, les jacquets d'aujourd'hui, comme ceux
d'hier ne peuvent retenir un sentiment d'émotion autre que
purement intellectue et je reste persuadé que le nombre
depélerin a considérablement augmenté.
(2) sermon écrit pour le curé de Tricastella en
Galice qui ne parlait pas le français.
(3) Le chemin on le fait à partir d’ou on veut, En
fait la tradition : on part de chez soi. Pour l’Eglise il
suffit d’avoir fait les –100 derniers Km pour avoir
droit à la « Compostella »
et aux indulgences.
(4) J’étais un gnostique qui s’ignorait,
assez prés des illuminés du XVIIIème
siecle.
(5) à rapprocher des « hieérophanie »
(histoire des religions) de Mircéa Eliade.
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