Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
L'Initié Vous parler de mon
« cheminement maçonnique »
n'est pas une chose évidente. La principale chose que j'ai constatée est la
différence fondamentale entre ce qu'on croit trouver en
maçonnerie, et ce qu'on y trouve vraiment. La
réalité est encore mieux. A l'issue de notre première tenue, notre
frère second surveillant nous avait d'ailleurs
demandé de noter par écrit nos impressions. Il
faut se remettre dans le contexte: après plus d'un an de
procédure, nous venions d'être initiés,
et il s'agissait de notre toute première tenue. Nous allions
enfin voir de quoi il s'agissait, avec ce regard qui avait
décidé que tout devait avoir un sens, qu'il
s'agissait de découvrir. Je vous lis un extrait de ces notes
prises à chaud : J'ai usé cette vie-ci jusqu'à la
corde de ses certitudes. Renaître alors ? Ou simplement
naître ? Sérénité du lieu,
sérénité du rituel qui se
déroule paisiblement et qui n'en acquiert que plus de force.
Emotion et simplicité baignent alors le climat entourant la
planche de Marc et François. La magie opère. Mon regard s'arrête çà
et là, perplexe et jubilatoire à la fois. Une
multitude de détails retiennent mon attention. Les colonnes
situées à l'Occident, d'abord. Un J
côté Nord et un B côté Sud.
Je me rappelle l'initiation. Je ne sais ni lire ni écrire,
je ne sais qu'épeler. Va donc pour le J, que je m'empresse
de faire suivre d'un a... Mais le B alors ??? Et au-dessus du
Vénérable Maître, un G. Allez, tout se complique délicieusement dans
une promesse de travail et de cheminement. Je termine en remarquant que
tout ce qui nous est donné d'entrevoir l'est au grade
d'apprenti. Cela nous est répété
à l'envi. C'est décidément louche ! La planche est finie, mais le rituel se poursuit,
majestueux et léger, magique et frondeur à la
fois, comme baigné d'une imperceptible ironie, qui aurait
compris qu'il n'est pas opératif de se prendre trop au
sérieux. Enfin, le déroulement du rituel tout entier
me fait soudain penser au mécanisme d'une horloge de
précision en train de fonctionner, dont chaque officier
dignitaire constituerait une des pièces mobiles, les
frères des colonnes d'autres rouages, et le temple
lui-même le boîtier. J'ai donc pris comme hypothèse de travail
purement subjective et ludique (à chacun sa
maçonnerie, après tout) que
décidément rien n'était innocent, et
que la démarche maçonnique était par
conséquent porteuse de sens, même si ce sens, pris
comme « ruse de la raison »
était un sens caché, qui n'apparaîtrait
qu'une fois le chemin accompli, ou du moins au fur et à
mesure de cet accomplissement. En repassant le film de cette première
année maçonnique écoulée,
j'ai tenté de retrouver les moments vécus les
plus intensément. Quelques moments de force rencontrés au cours
du cheminement maçonnique. Lors des agapes rythmant notre initiation,
l'intervention inattendue du passant, nous recommandant, candide, de ne
pas relâcher notre vigilance face aux atteintes à
la liberté, et brisant son verre avant de
disparaître dans la nuit de laquelle il était
apparu. Ce jour là, à travers la filiation
maçonnique et la chaîne d'union qui soudainement
traversait deux cent ans, j'ai pensé à lui. Il
était là, tout autour de nous, sa
présence envahissait tout, avec émotion et
fraternité. Nous frôlions la cime des arbres, nous
passions au dessus de l'Abbaye de Villers La Ville. La planche de notre frère, Vice-Premier
Ministre de Belgique. J'y ai vu un homme, dans l'humilité la
plus totale, raconter la tourmente dans laquelle il avait
été pris, avec une
sincérité désarmante. J'ai compris
à ce moment précis que la maçonnerie
permettait à un homme d'avoir d'autres rapports avec la
vérité que ceux qu'il entretient
généralement dans la vie profane en
général, et face aux médias en
particulier. En premier lieu, je me surprend de temps en temps,
lorsque je suis placé devant la tentation de petites
lâchetés quotidiennes, ou de petits mensonges
faciles, de ne pas emprunter nécessairement la voie la plus
facile, au nom de l'idée que je me fais de ce que devrait
être un Maçon. Un des plus tangibles apports de la franc-maçonnerie que j'ai pu constater chez mes frères était la qualité de leur capacité d'écoute. Le système maçonnique est un remarquable moyen de communication, dont pas mal de groupes humains, à commencer par les entreprises, feraient bien de s'inspirer. Après un an passé parmi vous, mes frères, je continue à travailler ma pierre dans cette direction, essayant d'interrompre les autres le moins possible. Dans la vie profane, le corollaire immédiat à cette attitude est un énervement croissant envers ces « sagouins de profanes » (dont j'étais il n'y a pas si longtemps), dont les éructations ne sont qu'un avortement de la parole, et qui de surcroît s'interrompent à tire-larigot, avec un manque de savoir-vivre que je ne voyais pas auparavant et qui maintenant me choque. A cet égard, s'il m'est encore difficile de
détecter un maçon au premier contact, il me
devient de plus en plus facile d'identifier les profanes, à
leur conduite en réunion. J'ai aimé aussi que notre loge n'aille pas
hurler avec les loups, et ne fasse pas chorus avec les tenants de
l'hystérie bien-pensante et politiquement correcte du temps. Enfin, et ceci est plus privé, le hasard a voulu qu'au moment où j'ai été reçu maçon, je vivais des problèmes affectifs difficiles. Après 17 années d'une relation d'amour partagé avec quelqu'un d'extraordinaire, je fus saisi d'un démon de midi précoce, qui se matérialisa par l'arrivée d'une troisième personne dans le jeu de quille, et provoqua de ma part des sentiments centrifuges, suivis de problèmes de couple assez conséquents. Bref, j'aimais à la folie deux personnes à la fois. La situation en était là, juste au
moment de mon initiation, qui est tombée à point
nommé pour m'ouvrir des horizons nouveaux. Me penchant sur
l'étude symbolique des formes
géométriques, et plus particulièrement
sur l'examen du carré de l'hypoténuse, j'ai pu
repenser cette relation...triangulaire, et trouver une solution
pythagoricienne à l'ensemble des problèmes. La beauté de la chaîne d'Union avec
la musique d'Arvo Pärt, merci Antoine. Dans le livre d'Enoch, ce mot Egrégores
désigne les anges qui avaient juré de veiller sur
le mont Hernon. On le traduit par les veilleurs... Pour finir, et pour célébrer notre égrégore, je voudrais vous faire écouter un petit morceau de musique maçonnique, que j'ai composé un soir en rentrant d'un séminaire particulièrement joyeux et fraternel. C'est une amusette, qui peut être qualifiée de maçonnique pour les raisons suivantes. - Le morceau est basé sur les chiffres 1, 3,
5, 7. - Un saxo descend en jouant les notes suivantes : 1 2 3 4 5 6 7 -
1 2 3 4 5 6 - 1 2 3 4 5 - 1 2 3 4 - 1 2 3 -1 2 -1 l'autre saxo monte en
même temps, en jouant les notes suivantes : 1 - 1 2 - 1 2 3 -
1 2 3 4 - 1 2 3 4 5 - 1 2 3 4 5 6 - 1 2 3 4 5 6 7. A noter enfin qu'au saxophone alto (en forme de
clarinette), il y a le saxophoniste américain Steven Brown,
issu du mythique groupe underground Tuxedomoon. J'ai dit, Vénérable
Maître. C\ D\ |
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