Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
A la Gloire
du Grand Architecte de l’Univers, Le Compas, outil à mesurer et à tracer Le compas dans les différents degrés. Avant de devenir Grands Maîtres Architectes (G\ M\ A\), les Francs-Maçons que nous sommes ont côtoyé le Compas dans les différents degrés dans lesquels nous nous sommes perfectionnés. La Franc-maçonnerie est issue des confréries de bâtisseurs. Le Compas est l’un des outils qui la symbolisent, associé à l’Équerre aux trois premiers degrés. Le Compas sert à tracer les cercles, mais aussi à prendre et à reporter des mesures. Outil du maître d'œuvre, le Compas est, sur les chantiers du Moyen-Âge, l'attribut de celui qui trace et contrôle. Le Compas est vif ! Il a fallu s’entraîner à le manier. Si la sagesse n’est pas présente, il peut être dangereux, car son énergie est active. Il mesure toute chose. Il permet les comparaisons, les évaluations, les calculs. Le Compas est Divin. Le Livre des Proverbes (8.27) nous dit que Dieu, au commencement, « traça un cercle à la surface de l’abîme ». C’est pourquoi le Moyen-Âge représentait le Créateur sous l’aspect du Christ en majesté tenant à la main un Compas pour tracer l’orbe du monde. L’initié, lorsqu’il a reçu la Lumière, prend contact avec le Compas (associé à l’Équerre). Après avoir effectué les trois voyages et prononcé ses serments solennels d'engagement, de droiture et de discrétion, la pointe du Compas appuyée sur son cœur, le nouveau Frère est un homme, sinon nouveau, du moins aspirant à le devenir, tant dans sa démarche que dans sa volonté de persévérer dans la voie de l'initiation. Le Compas, dans les deux aspects de son usage opératif, sert d'une part à marquer les limites de l'édifice et de ses différentes parties, et permet, d'autre part, d'en fixer les proportions. L’idée de limite a une importance particulière dans l’enseignement moral que la Maçonnerie tire du symbole du Compas. Le Compas symbolise ainsi les limites que le Maçon doit s'imposer à lui-même dans ses désirs et dans sa conduite. En tant qu'il sert à fixer les proportions des diverses parties de l'édifice, le Compas présente une signification symbolique apparentée à celle de l'Equerre, mais différente et complémentaire. Comme elle, il détermine le modèle sur lequel le Maçon doit régler son travail, mais à un niveau plus élevé. Alors que l'Équerre concerne chaque partie de l'édifice prise séparément, et vérifie qu'elle est propre à s'intégrer dans l'ensemble, le Compas trace le plan sur lequel cet ensemble surgit d'un seul coup d'œil dans son unité globale. Du même coup, le Compas apparaît comme plus détaché de la matière et l'Équerre comme plus engagée dans celle-ci. Ainsi, l'Équerre a, par rapport à l'œuvre, un caractère d'immanence, et le Compas un caractère de transcendance. Le Compas, c'est l'image de la pensée, du spirituel, du champ des connaissances. L'écartement de ses branches pourrait figurer les divers modes de raisonnement, qui peuvent être larges, précis, mais toujours clairs. Cet écartement peut aussi symboliser l'ouverture de l'esprit, la compréhension et l'étendue de la connaissance. Par exemple, au 1er Degré, lorsque le Néophyte prête son serment, l’une des pointes appuyées sur son cœur et l’autre dirigée vers le ciel, les branches du Compas sont ouvertes à 90 degrés. Le compas est un outil actif, dynamique, représentant la capacité d'invention, l'esprit et la créativité. Le symbolisme opératif et moral du Compas rejoint son symbolisme cosmique. L'édifice spirituel que construit la Franc-maçonnerie a ainsi pour modèle l'édifice cosmique construit par le Grand Architecte de l'Univers. Le Compas est l’instrument de l'Architecte divin, qui a imposé à l'illimité une limite en traçant la sphère céleste à l'intérieur de laquelle se déploie le monde (cf. cité plus haut Proverbes 8.27). Mais ce Cercle peut aussi être infini. Le troisième degré est une porte ouverte vers l’infini, où le nouveau Maître est passé de la matière à l’esprit, de l’Équerre au Compas, de la terre au ciel, du carré au cercle. Le passage de l'Équerre au Compas le fait accéder à un autre stade, différent et supérieur. Désormais, la place du Maître se situe entre l’Équerre et le Compas, emblèmes de la régularité et de la sagesse : le Maître ne doit jamais s’en écarter. Mais si le Maître, lors de son élévation, passe de l’Équerre au Compas, il ne doit pas ensuite rester au niveau du Compas seul et abandonner définitivement l’Équerre, mais il doit se situer dans une position centrale, où il opère en lui-même la réunion des deux. Pour illustrer ce propos, je me permettrais de citer quelques lignes d’Irène MAINGUY : « L’esprit de l’initié, centre du cercle, doit pouvoir appréhender avec clarté l’ensemble des connaissances. Cependant, ses connaissances restent imparfaites, il doit constamment en élargir le champ, à la manière de ces cercles provoqués par la chute d’une pierre dans l’eau, jusqu’à atteindre ses limites sans jamais pour autant perdre de vue son centre ». En préambule, je me permets de vous rappeler la partie de notre rituel du 12ème degré qui se réfère au Compas ; il est dit, à l’ouverture des travaux, par le Sublime Grand Maître et le Premier excellent Gardien : Le Sublime Grand Maître : Premier Excellent Gardien, êtes-vous Grand Maître Architecte ? Le Premier Excellent gardien : J'ai étudié la Mathématique et je sais me servir du Compas. (…) Le Sublime Grand Maître : Pourquoi avez-vous dit que vous saviez vous servir du Compas ? Le Premier Excellent gardien : Parce que le Compas, instrument fondamental du travail mathématique, sert aux Grands Maîtres Architectes symbolistes pour figurer l'Art du raisonnement du Philosophe : la Logique. Le Sublime Grand Maître : Est-il un emploi du Compas qui, au point de vue symbolique, doive appeler votre attention ? Le Premier Excellent gardien : Le Compas sert à tracer le Cercle. Le Grand Maître Architecte est un géomètre chevronné, maître de l’épure, concepteur de plan à l’image de Maître Hiram, l’Architecte disparu. Ce spécialiste du tracé utilise l’étui mathématiques etconçoit des plans. Après que la justice ait été rendue, les travaux interrompus peuvent reprendre. Le Grand Maître Architecte se substitue en quelque sorte à Hiram pour achever l’œuvre en cours de réalisation conformément aux plans qu’il est devenu apte à concevoir et à tracer. Le Grand Maître Architecte n’est plus un exécutant, mais un concepteur qui va réellement commencer à construire le Temple en traçant lui-même les plans. En les exécutant lui-même, il va donner une âme à ce temple. Il est devenu, par sa volonté, dans ce lieu « où l’on veut » (la Boulomie), l’Architecte de son existence. Mais que construire après l’achèvement du Temple de Salomon ? Le Grand Maître Architecte est pleinement conscient qu’il s’agit de son Temple intérieur, pleinement conscient que s’il veut que le monde change, afin de travailler au perfectionnement moral de l’humanité toute entière, il doit encore et toujours se changer lui-même, sachant remettre sans cesse en cause sa construction qui ne sera jamais parfaite « C’est la compréhension, par le jeu de l’intelligence, de l’œuvre du Grand Architecte de l’Univers, c'est-à-dire la construction en nous d’un Temple à sa mesure et à sa Gloire, en un mot : la Connaissance ». Le vouloir ouvre le champ de sa conscience, les degrés précédents l’ont quelque peu perturbé, mais Joahaben sort grandi de ses épreuves, et le deuil du Maître étant définitivement « consommé », il repart à la tâche plus radieux que jamais... Oui, il retrouve ses outils, outils qui avaient disparu des précédents degrés. A ce grade, les outils précédemment employés au travail d’exécution sont remplacés par les instruments propices au travail sur la planche à tracer. Le Compas devient l’axe essentiel du travail qui permet de tracer le centre et la circonférence du cercle. Le compas est aussi un instrument de mesure, qui permet de reporter des grandeurs et les comparer, c’est l’instrument des mathématiques par excellence. Le Compas, c’est le symbole des sciences exactes, nous dit le sage. Le Grand Maître Architecte excelle dans l’utilisation du Compas. RAGON l’exprimait déjà dans le Rituel de Compagnon de 1859 : « le compas est l’image de la pensée dans les divers cercles qu’elle parcourt ; les écartements de ses branches et leur rapprochements figurent les divers modes de raisonnement qui, selon les circonstances, doivent être abondants et larges, ou précis et serrés, mais toujours clairs et précis ». Le Compas sert pour figurer l’art du raisonnement, le raisonnement du philosophe : la Logique ! Transposée en art...l’art de penser ! En liant son geste à sa pensée, par son action intérieure, le Grand Maître Architecte chemine vers son perfectionnement en tendant vers la beauté de son Temple intérieur, sachant en toute humilité « qu’il balayait la chambre des dessins et qu’il y délayait l’encre de chine », ce qui signifie également qu’il analyse et délaye les mots et l’idée, pour en extraire une pensée mesurée et limpide. Il avance prudemment, conscient qu’il est inclus dans ce grand tout, que son Temple intérieur n’est que le reflet microcosmique de cet Univers qui l’environne. Il est tout simplement en train de prendre conscience, ou plutôt sa conscience est en train de le prendre et de le servir. Surmontant définitivement la matière, il s’élève en esprit par-delà cette dernière, atteignant une lucidité sur lui-même comme jamais il n’avait pu l’entrevoir. Il est l’artisan de sa destinée...désormais, le Génie parle en lui. Le Grand Maître Architecte n’est plus un ouvrier. En homme libre et volontaire, il projette les plans de la construction sur son propre être et se rapproche un peu plus de la connaissance. Il distingue le vrai du faux, il remet en question, il interroge, il cherche...il devient l’être de Platon, sortant de sa caverne, cet être animé de la volonté de savoir...il est en pleine mutation, en rupture avec le vieil homme du passé, il devient un être raisonnable, appartenant au monde du possible. A l’instar des représentations de l’art roman, le Grand Maître Architecte, porteur du compas, est un expert, un sage, comme Saint-Thomas représenté avec cet outil appelé par les Compagnons « l’outil du Seigneur ». Conclusion Le Grand Maître Architecte a 45 ans, l’âge de la plénitude. Il est parfaitement conscient qu’il est l’axe qui relie le Ciel et la Terre, sachant pertinemment, ainsi que l’écrit Jean-Pierre BERTHELON (auteur d’ouvrages sur la Franc-maçonnerie), que « si sa base est dans l’Équerre, monde manifesté et délimité, sa tête est dans le Compas, domaine de l’universel et de la spiritualité, ceci étant peut-être l’expression du symbolisme de la croix qui est à la fois le signe de l’expansion, mais aussi celui de l’exaltation ». J’ai dit. S\ G\ C\ J\-M\ G\ |
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