Rituels
Les
rituels désignent les cahiers qui sont utilisés
par les loges pour conduire les
travaux des cérémonies maçonniques.
Les rituels se distinguent du Rite, ou
Régime, qui est lui, un ensemble de grades ainsi qu'une
certaine manière de
pratiquer le rituel. Lorsqu'il atteint ses objectifs, le rituel est
l'outil
fondamental de la méthode maçonnique.
Le
premier objectif du rituel est de délimiter
l'activité maçonnique, en la
distinguant du monde profane. Superficiellement, la
délimitation est
spatiale : c'est le temple, (qui n'est pas une
église). En profondeur, la
délimitation est temporelle (entre le début et la
fin des travaux). La Loge
désigne à la fois le lieu où se
réunit rituellement le groupe ainsi que le
groupe lui-même. Il suffit de "tracer" les symboles du grade
sur le
sol pour qu'une cérémonie puisse se tenir. Le
lieu est donc transitoirement
consacré dès lors que le groupe est
réuni pour y travailler rituellement.
Le second objectif du rituel est d'organiser le travail de la Loge en
le
rattachant aux valeurs de l'Ordre. Superficiellement, le rituel est
contraignant. En profondeur, la règle acceptée
par tous permet l'expression de
la liberté et de l'égalité de chacun,
condition de l'épanouissement de la
fraternité. Le rituel nous rattache à la
Tradition.
Le troisième objectif du rituel est de donner vie au
symbolisme maçonnique, en
centrant le travail maçonnique sur l'Homme,
préoccupation primordiale des
francs-maçons. Superficiellement, le rituel gère
la forme des travaux de la
Loge de manière purement organisationnelle et
opératoire. En profondeur, le
rituel a un sens, une richesse fondamentale, car il est symbolique et
invite
chacun à découvrir et à
méditer l'enseignement dont il est porteur.
Le rituel est ainsi un élément constitutif de la
vie de la Loge. Il faut donc
respecter les rituels afin de pouvoir atteindre les objectifs qui
viennent
d'être définis et de donner de la substance au
travail maçonnique, sans
toutefois perdre de vue que les rituels sont un moyen et non une fin.
Ainsi, le
rituel est-il un élément nécessaire
mais non suffisant pour le travail
maçonnique et pour la vie harmonieuse de la Loge. Car nous
ne sommes pas une
secte et la franc-maçonnerie n'est pas un culte. Notre but
est à la fois le
travail spéculatif, (écoute,
réflexion, discours) et l'action, vers l'idéal
individuel de perfection vers lequel nous tendons et que nous sommes
pourtant
certains de ne jamais atteindre.
Certains francs-maçons ont vis à vis du rituel
une attitude étrange, en
considérant, parfois même avec une certaine
véhémence, que toute idée de
modification des rituels serait proprement "sacrilège". Une
telle
attitude est porteuse d'une certaine intolérance et pourrait
rappeler celle des
fidèles d'une fraternité intégriste
qui a investi une église de Paris où bat le
cœur des dévots de la tradition et du latin,
clercs en soutane et militants
d'extrême droite.
Or, l'étude de la franc-maçonnerie et
particulièrement celle des rituels et des
grades, nous apprend qu'ils constituent un jardin immense et touffu,
riche des
essences les plus exotiques et les plus étranges. On y
découvre également que
les rituels ont été rédigés
par des hommes, certes sensibles aux modes
intellectuelles, mais aussi parfois à la vanité.
Et même si elle peut sembler
difficile à entendre, il faut bien reconnaître
cette évidence, "en
restant toutefois indulgents pour tout ce qui vient au secours de la
faiblesse
humaine", comme le dit Albert Lantoine, (le plus grand
historien de
la franc-maçonnerie française).
Les rituels maçonniques peuvent d'autant moins
être considérés comme porteurs
d'une vérité intangible, que La
Vérité ne peut pas être
écrite une fois pour
toutes dans "UN LIVRE" (ou un rituel). Car la
Vérité, pour les
francs-maçons, est comme un horizon et sa quête
est celle de l'inaccessible.
C'est afin de ne pas mettre de limite à cette recherche que
la référence
obligatoire au Grand Architecte de l'Univers a
été supprimée des rituels du
Grand Orient de France depuis 1877. A cette époque,
à la fin de la cérémonie de
réception au premier degré, le
Vénérable s'adressait alors au nouveau
récipiendaire en ces termes :
"Frère nouvellement initié,
les formes que nous venons
d'employer pour votre initiation diffèrent notablement de
celles dont nous
usions jadis et que vous pourrez encore voir employer dans certaines
loges de
France ou des pays étrangers. L'initiation se faisait fort
simplement dans les
loges françaises au dix-huitième
siècle. On l'a beaucoup compliquée, au
commencement du dix-neuvième, en y mêlant des
particularités que l'on croyait
empruntées aux initiations de l'ancienne Egypte. On
cherchait à éprouver le
courage du récipiendaire par des moyens terrifiants.
On simulait la quadruple purification par les quatre
éléments des anciens,
c'est à dire par la terre, l'air, l'eau et le feu. Le
récipiendaire était à
moitié dévêtu. Parfois, il
était introduit dans le temple, couché dans un
cercueil; parfois, on le faisait passer au travers d'un diaphragme en
papier,
pour symboliser son passage à une vie nouvelle. Dans le
temple, il entendait
des clameurs sourdes, des chocs violents, des bruits imitant la
grêle et le
tonnerre, des cliquetis d'épées. Il rencontrait
des obstacles sous ses pieds.
Il était précipité d'un lieu
élevé, mais retenu par des mains secourables. On
lui trempait les mains dans l'eau, quelquefois le bras jusqu'au coude.
On lui
faisait vider un calice d'amertume. On le faisait passer au milieu des
flammes.
On lui demandait de se soumettre à l'application d'un fer
rouge. On réclamait
de lui une obligation écrite et signée de son
sang. Parfois, on le soumettait à
des épreuves plus pénibles encore et plus
effrayantes.
Vous ne devrez donc pas vous étonner, s'il
vous arrive de vous trouver en
présence de quelque pratique de ce genre. Vous n'en serez
pas troublé, non
plus, sachant que le progrès est lent et que
l'évolution humaine est
complexe". - Rituel de réception au premier degré
du Grand Orient De
France de 1887. Cent vingt ans plus tard, on
constate combien ce
propos reste d'une étonnante actualité
…
A l'origine, les fondateurs de la franc-maçonnerie ont
choisi la Bible comme
référence, car il était indispensable
de donner à l'institution maçonnique des
origines très anciennes. Ce qui permettait accessoirement de
ne pas effaroucher
les candidats et de se protéger contre les
persécutions.
Un siècle plus tard, le génie des fondateurs du
Rite Ecossais Ancien Accepté
fut de briser l'antagonisme millénaire entre le
judaïsme et le christianisme,
entre l'église et la synagogue, en consacrant, dans tout
l'itinéraire qu'il
propose, la complémentarité de l'ancien et du
nouveau testament : Amour
de la Vérité, pour les grades
vétéroL'EDIFICE
- contact@ledifice.net-testamentaires et Amour de
l'Humanité pour les grades "dits" de
Chevalerie.
Une réflexion, qui proposerait aujourd'hui aux
athées, aux agnostiques et aux
musulmans, un symbolisme maçonnique
dégagé des références
catholico-hébraïsantes peut paraître
sacrilège pour certains. Elle n'en serait
pas moins innovante et prospective pour la grande famille des
compagnons du
Temple Invisible, voyageurs de l'absolu, qui est soudée par
tout ce qu'elle a
vécu, ce qu'elle vit, mais davantage encore parce qui lui
reste à découvrir et
à dire, même autrement ...
Par
Eusthènes publié
dans : Franc-maçonnerie
|