Obédience : NC | Loge : NC |
23/09/2016 |
Le pain et le vin Le blé, la vigne et l’olivier jouent un rôle primordial dans l’alimentation et la vie. Ce n’est pourtant pas le sujet que nous allons traiter aujourd’hui car le thème du pain et du vin sera abordé dans sa dimension symbolique en particulier au niveau du degré de C\ R\ Cx et dans l’analyse du rôle de l’intervention de l’homme dans la création de ces produits. De ce point de vue le pain et le vin symbolisent le cycle végétal alternant mort et renaissance et viennent caractériser et illustrer le fondement alchimique du REAA. Ils sont utilisés lors de la tenue de consécration d’une R\ L\ comme symboles de fécondité et de prospérité ou lors de la Saint Jean d’Hiver comme offrande aux F\ A\ Pendant l’office religieux de la religion chrétienne ils représentent la bénédiction divine et les sacrements (Psaumes 103, 15-16). Le pain et le vin symbolisent la matière et la substance qui par leur conjonction créent l’élévation marqué dans la religion chrétienne par le sacrement eucharistique, à savoir le corps réel de Jésus en tant qu’aliment et l’union de son corps mystique. En effet, le pain et le vin signifient la parole de Dieu qui nourrit l’âme pour la vie éternelle (Jean 6, 56). Pour nous C\ R\ Cx, le point central de l’alliance du pain se situe lors de la cérémonie de la Cène et de l’agape Pascale même si on retrouve cette association dans les différentes étapes de l’initiation à ce degré. Dans le manuscrit de la « Maçonnerie Adhonhiramite » de 1787, il est précisé que le 3eme point du Rose Croix est la Cène et se déroule toujours après un Chapitre. Irène Mainguy soutient que « la pratique de la Cène au sein du Chapitre tire son origine d’un enseignement caritatif tel que celui qui apparaît dans les proverbes 25 : 21-22 Si ton ennemi a faim, donne-lui du pain à manger; S'il a soif, donne-lui de l'eau à boire’ et dans l’Épitre aux Romains 12 : 20 Si ton ennemi a faim, donne lui à manger, s’il a soif, donne lui à boire ; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras sur sa tête ». La réception d’un nouveau Chevalier à travers le rituel de la Cène, ou troisième point de sa réception, marque l’intégration du nouveau Chevalier dans le cercle des anciens, cercle qui se reconstitue annuellement à Pâque. Mais notre rituel maçonnique a une autre traduction de la Cène qui vient en quelque sorte établir notre mission : parler d'Amour, de notre Amour de l'Humanité et de notre amour fraternel mais aussi celui qui constitue de la Vérité. Cette Vérité, nous la cherchons en permanence, comme l'amélioration de l'humanité. Mais le mot Amour est mis en avant car il démontre la profondeur, la sincérité mais aussi la passion avec laquelle nous devons travailler ; nous pouvons constater que notre Souverain Chapitre l’illustre brillamment à chaque tenue… Le pain et le vin ont au-delà de leurs fonctions de nourriture terrestre, une dimension spirituelle(I) qui ne peut être réellement appréhendée qu’à travers leur alliance qui les ramène à l’unité (II). Le pain et le vin nourriture terrestre et symbole de la dimension spirituelle Le TSA donne la signification symbolique du pain et du vin déterminant deux axes, un terrestre et un céleste dont la rencontre forme une croix. Nous retrouvons ici deux symboles déjà abondamment utilisés mais sur un autre plan, l'équerre et le compas qui marquent la domination de l'esprit sur la matière et nous propose ainsi une voie d’accès à la véritable connaissance : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14,6). « Ce que l’on appelle la vie n’est qu’un bref épisode entre deux mystères, qui n’en font en fait qu’un seul » affirme Carl Jung. Le pain doit nous maintenir en force et santé pour poursuivre notre mission c’est la nourriture terrestre qui représente dans la Cène, le corps de Jésus. Le pain représente ici la matière et le vin nous élève, il représente alors l'esprit qui nous permet également l’élévation nécessaire pour continuer notre mission. Précisons à nouveau, que le pain et le vin que nous partageons ne présente qu’un caractère symbolique indépendant des qualités gustatives et nourricières de chacun de ces aliments et dont l’existence est fondée sur l’unité de temps et de lieu lié à l’organisation de cette cérémonie. Notre corps est entièrement constitué par des molécules qui sont un jour passées par notre assiette et notre estomac. Le pain et le vin marquent ainsi la recherche de l’aliment pour sa valeur émotionnelle et son sens symbolique dans le processus initiatique. Le pain et le vin marquent cette quête spécifique du C\ R\ Cx qui est très marquée par ce moment qu’il a connu, proche de l’anéantissement avant la révélation dont il a été l’objet lors de sa cérémonie d’initiation. L’image du pain peut être aussi présentée comme le symbole de l’itinéraire et de la route car il va permettre au voyageur de continuer son chemin sans faiblir. Dans le livre des Rois, le prophète Élie en fuite est épuisé et au bord de l’anéantissement. « Mais voici qu’un ange le toucha… Lève-toi et mange ! ». Il y avait à son chevet une galette cuite et une gourde d’eau. Il de rassasia puis il se recoucha, mais l’ange de Dieu revint une seconde fois, le toucha et dit : « Lève-toi et mange ! Autrement le chemin sera trop long pour toi. Il se leva, mangea à nouveau, étancha sa soif puis, soutenu par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb ou montagne de Dieu ». (Rois 19, 4-8). Le pain est ici symbole du lien avec le groupe, donc du partage et aussi la représentation de son vécu symbole de la relation au père, le patriarche qui prend soin de celui qui cherche. Mais les grains de froment pour devenir du pain doivent être battus, moulus et cuits, en bref transformés par la main de l’homme. Le vin est un des plus anciens breuvages du monde marquant aussi l’œuvre de la nature enrichie par le travail de l’Homme. La Bible, dès la Genèse, parle de Noé le cultivateur, qui commença de planter la vigne et en subit d’ailleurs très vite les conséquences, puisque le vin l’enivre (Genèse 9, 20-21)... Mais si l’on en use avec modération, le vin apparaît comme un complément indispensable de la nourriture solide : « Le vin, c’est la vie pour l’homme, quand on en boit modérément. Quelle vie mène-t-on privé de vin ? Il a été créé pour la joie des hommes. Gaieté du cœur et joie de l’âme, voilà le vin qu’on boit quand il faut et à sa suffisance » (Simon 31, 27-28). Dans la Genèse, Noé nous montre que pour accéder à la « vérité du vin », il faut avoir traversé le déluge, mais aussi intégré ce que l’on pourrait appeler notre « bestiaire » intérieur qui représente nos pulsions et nos émotions. Après la fin du déluge et l’arrivée dans la nouvelle terre, Noé plante de la vigne. C’est dans ces sens que l’on peut lire le récit des noces de Cana, où Jésus transforme pour tous les invités l’eau en vin. De façon parallèle, les grappes de raisin une fois foulées au pied devront être pressées pour devenir du vin par un processus de macération thermodynamique appelé « fermentation » par les viticulteurs. Le propre du raisin à l’inverse d’autres fruits est de contenir des levures qui prédisposent à la fermentation. Chimiquement, la fermentation est la croissance d'un ferment dans une solution organique, comme cela se produit dans la fermentation du lait pour produire le caillé et le fromage, ou dans la fermentation du raisin pour produire le vin. Sans l’intervention humaine avec malheureusement ses scories, la grappe de raisin ne deviendrait pas ce breuvage. Mais la Fermentation est aussi la cinquième opération dans la transformation alchimique et correspond à un processus en deux temps qui commence par la Putréfaction résultant de la mort, puis de la résurrection en un nouveau stade d'existence. La phase de la Fermentation commence ainsi avec l'introduction d'une nouvelle vie dans le produit de la Conjonction pour le renforcer et pour assurer sa survie. Les alchimistes égyptiens fabriquaient l'ammoniaque en faisant chauffer du fumier de chameau dans des urnes hermétiques et pensaient que c'était une sorte de Mercure raffiné qui incarnait la force vitale. Physiologiquement, la fermentation est la montée de l'énergie vitale dans le corps pour le guérir et le vivifier. Dans l’hindouisme elle s'exprime comme des tons vibratoires et les vérités dites depuis le Chakra. Psychologiquement, le processus de la fermentation commence avec l'inspiration de pouvoirs spirituels qui réaniment, énergisent, et illuminent l'alchimiste. La fermentation peut être réalisée à travers diverses activités comme d'intenses prières, le désir de l'union mystique, la victoire sur la personnalité ou la méditation profonde. Elle est ainsi une inspiration vivante de quelque chose totalement au-delà de nous. La
signification symbolique de l’alliance du pain et du vin Comme il est indiqué dans la prière juive de bénédiction reprise dans le texte de la messe, le pain et le vin sont issus de la terre. Le blé et la vigne, enracinés dans le sol, y puisent les énergies capables de les faire éclore et prospérer (Jean 12, 24). Une fois jaillis à l’air libre, ils s’approprient aussi les énergies du ciel et toutes les forces du cosmos concourent à leur maturation. On peut ainsi dire qu’à travers eux l’Univers s’invite à la table de l’homme. C’est en ce sens que beaucoup de religions antiques avaient déjà utilisé ces symboles. Ainsi, le pain et le vin constituent des symboles forts de la régénération ou nouvelle naissance, représentant une manifestation exogène relevant de la transcendance qui se passe hors de celui qui en est l'objet et le bénéficiaire ; le processus est de nature transcendante à l’Etre. La régénération commence par la purification de l'âme qui passe d'abord par la connaissance de soi-même et l'accès à la connaissance de « I.N.R.I ». La quête de la Parole reposant sur l’espérance d’une forme de rédemption permet au C\ R\ Cx d’être purifié par la rencontre du nom ineffable. Cette démarche repose sur l'obéissance et surtout sur la soumission à son propre devoir que nous pratiquons de façon consciente et consentie depuis le 4eme degré. La régénération à laquelle nous nous accédons par la connaissance si elle est de l’ordre de l’immanence, n'est bien évidemment pas de nature terrestre. Cette connaissance par le processus initiatique et la lente maturation faite de différents cycles n'est pas à proprement parler humaine au sens terrestre du terme, mais relève de la sphère spirituelle et nous ouvre la voie d’accès à la transcendance. Le témoignage du partage L’alliance du pain et du vin sont synonymes de partage comme nous le faisons lors de de la Cérémonie de la Cène et lors de l’agape Pascale. Ceci témoigne de l’aspect fraternel de la démarche et du partage de l’Amour fraternel au sens de l’Agapae. En même temps, en partageant avec l’autre, je le reconnais comme tel et la transmission du pain et du vin lors de la cérémonie de la Cène me permet de me reconnaître à travers le regard et l’Amour fraternel de « l’autre moi-même ». Dans beaucoup de civilisation le partage du pain avec le visiteur ou celui qui est proche est en fait un signe de reconnaissance comme Frère, à l’image du repas fraternel qui structure la messe dont l’un des premiers noms fut la fraction du pain (Actes 2, 42). C’est bien lorsque leur compagnon de route a rompu le pain que les disciples d’Emmaüs ont reconnu Jésus (Luc 24, 35). « Prenez et mangez et donnez à manger à celui qui a faim » nous le rituel de la Cène. Le pain et le vin sont des symboles élevés dans la tradition initiatique, au rang de sacrement. « Que ce vin symbole de l’Esprit élève notre intelligence » nous dit le rituel de la Cène. Dans la tradition biblique le pain est la chair du Christ et le vin est le sang du Christ. « Que ce pain symbole de la vie nous maintienne en force et en santé ». Dans toutes les traditions initiatiques il témoigne de la vie, et marque la communion spirituelle de l’homme avec l’Univers. Le pain, le vin et la transformation Cette transformation peut être aussi interprétée de façon symbolique par l’homme qui acquiert ainsi la possibilité de transformer sa matière grossière en élévation spirituelle. Pour un M\ M\ la signification, c’est le sens du passage de l’équerre au compas. La « transsubstantiation », ou la transformation réelle du pain et du vin en corps et en sang du Christ, est pourtant un concept relativement contemporain, fondé en 1215 par le Concile de Latran. Il a pour effet de venir s’opposer à la conception des Albigeois et du courant gnostique, conception qui sera reprise plus tard par les protestants. Nous retrouvons pourtant cet aspect de transformation dans la Genèse (14,17-19) « Après qu'Abram fut revenu vainqueur de Kedorlaomer et des rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome sortit à sa rencontre dans la vallée de Schavé, qui est la vallée du roi. Melchisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était sacrificateur du Dieu Très-Haut. Il bénit Abram, et dit : Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre !… ». Dans la Kabbale juive le pain et le vin sont présents dans la Règle de la Communauté des Esséniens qui fait référence à la Cène. « Et ensuite, quand ils disposeront la table pour manger ou (prépareront) le vin pour boire, le prêtre étendra en premier sa main pour qu’on prononce la bénédiction sur les prémices du pain et du vin » (V, 4-5). Nous retrouvons ici la symbolique du rituel de la chaîne d’union aux trois premiers degrés, ainsi que le rituel de la Cène au 18eme degré, qui transcende la chaîne d’union à un niveau encore plus élevé comme la tenue de l’agape Pascale nous permet de nous élever spirituellement. Évocation de l’Œuvre alchimique et de la mort Le pain et le vin marquent également une évocation directe de la mort et du sacrifice. En effet, le pain et le vin ont un rapport avec la mort : le grain de blé doit mourir en terre pour donner une autre plante porteuse de nombreux nouveaux grains de blé. Nous retrouvons ici et de façon directe l’allusion à la tradition et au fondement alchimique du R.E.A.A. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12, 24). Deux éléments, la Nature et le Feu, et le processus de transformation de l’un par l’autre, constituent le mot sacré du C\ R\ Cx, « I.N.R.I. La Nature est renouvelée entièrement par le Feu ». Ce mot n’est pas un personnage légendaire ou mythique extrait ou non de la Bible comme ce fut le cas dans les degrés précédents, mais le secret dévoilé d’un travail à effectuer en nous-mêmes, sur cette Nature que nous avons le Devoir de renouveler entièrement à l’aide du feu que l’on « doit » entretenir. En conclusion, il apparait que le pain et le vin ne sont pas, comme le raisin et le blé de simples produits de la nature, ils sont aussi le symbole de notre activité humaine intégrant le bon grain mais aussi sa partie d’Ivrée. Ils nous rappellent ainsi la chute d’Adam. Nous devons arracher à la sueur de notre front notre nourriture de la terre, la transformer et ne pas céder à l’envie. Ils symbolisent aussi que nous devons coopérer à l’œuvre de la Grâce pour parvenir au salut que nous enseigne les 3 vertus théologales : Foi, Charité et Espérance. J’ai dit B\ L\ |
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