Bavette
relevée... angle plié...
Inspiré
de Harry
CARR
« Freemason at work
»
La
Franc-maçonnerie spéculative tend à
affirmer que le port du tablier trouve son
origine à l'époque où tous les
francs-maçons de métier portaient un tablier
blanc. La manière de porter le tablier n'a
généralement pas d'autre vocation
que la reconnaissance du grade de celui qui le porte, "rien de
plus"
selon Harry Carr.
Deux divulgations, « A mason examination »
de 1723 et le bien
connu « Masonry Dissected
» d'Evans Pritchard de 1730 précisent
qu'un tablier est donné au Néophyte. Aucune des
deux, cependant, ne mentionnent
de dispositions particulières quand à la
façon de porter ce tablier et ces
relations avec les différents grades. Pas plus, d'ailleurs,
qu'elles ne font de
différence entre les différents grades.
On peut supposer que les Loges anglaises du XVIIIème
siècle ne présentaient pas
de règles uniformes quand à la disposition du
tablier et ce, jusqu'à la
régulation des pratiques imposée par l'acte
d'Union. Mais aussi que le port
dudit tablier selon certaines rêgles, relève aussi
de prises de positions
politiques à l'encontre des pratiques "modernes". Il est
bien
évident, pour ce qui concerne la franc-maçonnerie
continentale, que cette
uniformisation ne présente pas le même
caractère impératif. Cela explique,
encore aujourd'hui, la multiplicité des formes et des
couleurs. De nombreux
exemplaires de tabliers anciens ont été
retrouvés et sont exposés dans les
différents musées maçonniques
à travers l'Europe ; beaucoup présentent une
rosette ou une boutonnière pour faciliter le rabat de la
bavette.
Avec l'introduction dans certains rites ( Emulation, York ou Rite
Ecossais
Rectifié,... par exemple...) de modèles
différenciés de tabliers destinés aux
Compagnons, dotés de deux rosettes ou de bordures
colorées, et de trois
rosettes accompagnées de bordures colorées et de
décorations pour les Maîtres,
le besoin de différencier les grades par des pliages
modifiant l'apparence du
tablier blanc ne se faisait plus sentir.
La bavette
relevée de l'Apprenti et rabaissée du Compagnon,
sont, néanmoins restées une
pratique courante dans un grand nombre de rites de par le monde. Cette
pratique
relie, bien évidemment, ces deux grades
à la maçonnerie de métier.
Cela indique implicitement dans, pour le franc-maçon moderne
il y a une différence
entre le Maître maçon et les "ancètres"
bâtisseurs à partir du
troième grade ( on reproduit ainsi, inconsciemment, les
doutes quant à la
théorie de la transition ).
La documentation la plus ancienne sur le sujet se trouve dans une
publication
d'origine française ; « le
Catéchisme des francs-maçons
» de 1744
et qui précise que les « Compagnons de
métier portent le tablier
"pointe en haut" ( c'est à dire, aà
l'inverse de la pratique
moderne ) alors que les Maître laisseront la bavette
retomber ( on
notera qu'il n'est pas ici question de couleurs )».
La divulgation « Solomon
in all his Glory », traduction du
« Franc-maçon
démasqué » de
1751 et publiée en Angleterre en 1768, précise
que 'Apprenti doit « porter
son tablier avec le volet sur lintérieur
» ( c'est à dire que seul la
partie carrée du tablier reste visible ). Le Compagnon,
quant à lui, y est
autorisé à porter la bavette dehors et aussi
à la fixer à un bouton de son
gilet.
La bavette se trouve donc relevée à ce grade.
Le Maître aura, quant à lui, toute
liberté de le laisser retomber de manière
visible. Ces publications laissent donc, à sept ans
d'intervalle, deux
consignes contradictoires concernant l'Apprenti. L'une d'elle ( la plus
ancienne ) laisse clairement entendre la possible identité
entre les deux
grades d'Apprenti et de Compagnon se qui confirmerait bien que la
rituélie
particulière au grade de Maître et la
séparation en trois Grades serait une
pratique généralisée après
1744, alors que la bavette se porte toujours relevée
pour le Compagnon et rabaissée pour le Maître
à partir de 1750. Mais, surtout,
ce qui est confirmé, est le développement
anarchique des publications levant soi-disant
les voiles sur les secrets de la franc-maçonnerie
à la fin du XVIIIème siècle
et confirmant, comme aujourd'hui, qu'il est bon d'être
prudent avec les
"secrets dévoilés".
Dans certaines juridiction des U.S.A., il est de coutume, pour les
frères
visiteurs, de ne revêtir que des tabliers blancs. Dans ces
obédiences, seuls
les officiers se distinguent par le port de tabliers
décorés, c'est la raison
pour laquelle les pliages et positions diverses des bavettes et des
bords
restent un élément permettant de distinguer les
grades des membres présents
dans l'assemblée. Dans une lettre en réponse
à une question sur ce point, le
Frère Conrad Hahn, Secrétaire de l'Association
des Francs-maçons des USA
précisait :
« En réponse à vos nombreuses
questions concernant "les
tabliers" et "le tablier" portés aux Etats Unis : chaque
nouvel
initié reçoit son tablier de peau
d'agneau blanche le jour de sa réception.
Ce décor lui est personnel, il est dépourvu de
toute marque ou décoration. Il
l'emportera chez lui et le placera respectueusement dans un endroit
où il
pourra le conserver jusqu'à sa mort. Alors, on sortira le
tablier de sa demeure
et on le portera en terre avec lui. En Loge, durant les travaux, il
portera un
tablier de toile habituellement blanc mais qui pourra
éventuellement être brodé
et borduré de bleu et porter le numéro distinctif
et le nom de sa Loge sur le
volet. Ces tabliers confectionnés pour les travaux seront
mis à la disposition
des frères par la Loge et gardés
auprès du Tuileur et lui seront rendus à
l'issu de la cérémonie.
Dans le
Connecticut où j'ai été
reçu franc-maçon, il nous est enseigné
de
porter le tablier de la manière suivante :
L'Apprenti
Entré portera la bavette relevée,
Le
Compagnon
portera la bavette rabattue et le coin en bas à gauche du
tablier sera relevé
vers le haut et fixé plié vers
l'intérieur ( voir l'illustration - tablier en
bas à gauche - FC-Connecticut USA )
Le
Maître
portera la bavette rabattue et le tablier ouvert. »
Cité par Harry Carr in "Freemasons at work"
Le Frère
Dwight W. Robb de
la Grande Loge du Massachusetts indique une pratique similaire pour
l'Apprenti
Entré et le Maître, néanmoins, pour
lui, le Compagnon porte la bavette relevée
et cest le coin en bas à droit qui est remonté et
fixé à la ceinture ( Cf
illustration ).
Les Loges de la Grande Loge d'Ecosse utilisent, elles aussi un tablier
blanc,
la manière de le porter est exposée par le F:.
George Draffen de Newington,
Député Grand Maître de 1974
à 1976 :
« Il est impossible de dire combien de Loges
Ecossaises utilisent ce que,
faute d'un meilleur terme, j'appellerai le «
système anglais » et combien
d'entre elles continuent de pratiquer la vieille coutume
écossiaise. Je
pense que la plupart des Loges de Ville utilisent le système
anglais alors que
la grande majorité des Ateliers des campagnes continuent de
pratiquer
l'ancienne forme traditionnelle ( les rêglements permettent
l?usage du système
anglais à condition que le bas des tabliers d'Apprentis
soient dotés de
cocardes permettant de les différencier des Compagnons et
des Maîtres ).
Dans les Loges qui pratiquent encore la vieille coutume, l'Apprenti
doit porter
un tablier bavette relevée et lui couvrant la poitrine. Le
tablier est blanc,
il le sera à tous les grades, et la bavette est en forme de
demi-cercle ce qui
le différencie des tabliers anglais dont la bavette est
triangulaire. Pour les
compagnons, la bavette est toujours relevées, mais le coin
en bas à gauche est
relevé et fixé à la ceinture ( Cf
illustration ). Il forme alors un triangle
avec une demi-lune sur la partie supérieure.
Pour le Maître Maçon, les deux coins du tablier
sont relevés, fixés à la
ceinture et roulés sur le fond du tablier qui reste plat. La
forme obtenue
représente un cercueil. ( Cf illustration ).
»
Pour le Grand
Orient des Pays Bas, le Candidat reçoit son tablier et le
gardera pour les
trois grades. C'est aussi le tablier régulier de sa Loge,
borduré aux couleurs
de celle-ci car chaque Loge de Hollande, comme les Loges d'Ecosse ont
leur
prores couleurs. L'Apprenti portera son tablier avec le volet rabattu
vers l'intérieur,
le Compagnon le portera avec la pointe en haut et le Maître,
pointe en bas.
En ce qui concerne les Loges continentales, elles offrent, dans leur
grande
majorité, la même rêgle de
différenciation, à savoir : Le tablier des deux
premiers degrés est de couleur blanche sans
décors particuliers sauf au R.E.R..
L'Apprenti porte son tablier avec la pointe relevée, le
Compagnon avec la
pointe rabattue. Le Maître Maçon, quand
à lui, dispose d'un tablier décoré
porteur d'une représentation
schématisée de la bavette rabattue mais dont la
distinction principale est de porter des couleurs et des indications
symboliques.
Les variations présentées ne sont, bien entendu,
pas exhaustives, il se peut
que certains rites pratiquent des formes qui nous sont inconnue.
Néanmoins,
aucun rite, à notre connaissance ne propose, comme le
système d'Ecosse un 3°
tablier ressemblant à un cercueil. C'est probablement le
seul exemple dans
lequel on peut reconnaître une certaine forme de symbolisme
relative à la
pratique rituelle.
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