Que l'Amour
règne parmi les Hommes !
Lors de la fermeture des Travaux au Grade d'A\, le V\M\,
le 1er S\ et le 2ème S\ prononcent chacun une invocation au
moment où le M\ des C\ procède à
l'extinction des étoiles disposées sur les
colonnettes autour du Tapis de Loge.
Le V\M\ formule « Que la Paix règne sur
la Terre ! », le 1er S\ « Que
l'Amour règne parmi les Hommes ! » et
le 2ème « Que la Joie soit dans les
cœurs ! ».
Dans ma planche de ce midi, j'ai choisi d'effectuer un gros plan sur
« Que l'Amour règne parmi les Hommes »
et au départ de cette invocation de prendre du recul et
d'effectuer un balayage de cette phase du rituel et de ce qu'elle
implique.
En effet, cette formule nous amène au concept de l'Amour
avec ses ramifications vertueuses ou passionnelles mais aussi a cette
phase particulière du rituel et ce qu'elle implique.
Passé la première lecture, ce thème de
recherche s'est vite avéré riche en perspectives
de toutes sortes et j'ai bien dû me résoudre
à poser des choix pour ne pas dépasser le temps
d'attention moyen possible pour le commun des F\ F\.
Comme à l'accoutumée, je vais plonger dans mes
rituels et tenter d'en extraire la substantifique moelle relative
à l'objet de ma quête.
Par où commencer ?
Petite approche rituelle historique. Dans un ancien rituel de la GLDF
dont je dispose, j'ai tout d'abord constaté que cette
formule n'existe pas car la phase d'allumage et d'extinction des
étoiles avec les formules qui les accompagnent ne figurent
pas dans le rituel des Travaux courants.
Je pars maintenant sur le mot Amour en lui-même sachant que
dans un mouvement de zoom arrière, il va falloir partir
ensuite sur l'expression : « Que l'Amour
règne parmi les hommes ! » et la situer
dans le Rituel.
Si j'épluche notre rituel des Travaux Courants, celui de
l'Initiation au Premier Degré, les Instructions au Premier
Degré et le Rituel de Table, je peux dire qu'il
apparaît un certain nombre de fois pour ne pas dire un nombre
certain de fois. Si je relève maintenant tout ce qui tourne
autour du concept (le verbe aimer, fraternité,
cœur…), c'est encore plus important.
Tellement important que j'en viens à revoir mon point de vue
sur la méthode maçonnique qui n'est plus
seulement à mes yeux rationnelle mais aussi cardiaque. En
clair une démarche à effectuer pas seulement avec
la tête (la raison) mais aussi avec le cœur (les
émotions).
Il y a la une apparente contradiction puisqu'il est dit que le
Maçon doit maîtriser ses passions : « La
main droite, placée en équerre sous la gorge,
contient le bouillonnement des passions qui s'agitent dans la poitrine
et préserve la tête de toute agitation
fébrile, susceptible de compromettre notre
lucidité d'esprit... ». Plus
loin…« Je suis en possession de
moi-même et je m'attache à tout juger
avec
impartialité » (page 67).
Cette apparente contradiction réside dans le mot en
lui-même qui se prête à une foule de
définitions et de contexte. Comme les esquimaux utilisent
plusieurs mots pour nommer la neige suivant ses qualités,
nous devrions en faire autant pour l'amour. Cette énergie
passionnelle n'échappe pas aux lois de sa nature et donc
à l'instar de toutes les passions est une énergie
qui peut s'avérer une force constructive, qui captive, voire
destructive.
Si l'amour est passion captivante, aliénante, il s'oppose
à la vérité, puisqu'il
déguise son objet. Ce que nous aimons dans l'amour ce n'est
pas ce que nous croyons. Mais est-ce néfaste pour la morale
? Si nous devons nous méfier de l'amour, est-ce parce qu'il
contredit la morale ?
Parce qu'il est essentiellement source de mal et non de bien ? L'amour
fait donc partie de ce qui me pousse à faire des choses sans
que j'en sois vraiment conscient, ou sans que je puisse rien y faire.
L'amour, c'est une force aveugle qui, comme l'inconscient, agit sur moi
à mon insu, et m'aliène à
moi-même. Quand je suis complètement
obsédé par certaines formes de l'amour, je ne
m'appartiens plus, je ne suis plus moi, plus rien ne compte pour moi,
à part cet amour. Dès lors, si un obstacle surgit
sur la voie qui me mène vers la réalisation de
cet amour, tous les moyens seront jugés bons pour
anéantir cet obstacle. Celui qui est
« victime » d'un amour fou se
moque de la morale, il est capable d'employer un moyen moralement
condamnable s'il lui paraît nécessaire
à la réalisation de sa passion.
De plus, l'amour est souvent égoïste et
malveillant. L'amour bienveillant mène à vouloir
et à faire le bien des autres; l'amour concupiscent au
contraire n'est que désir de l'autre, le désir de
possession. Ce qui m'intéresse en l'autre duquel j'attends
du bien, c'est juste mon propre plaisir, la satisfaction de mon
désir. Cet amour là ne renvoie donc
qu'à moi-même... Ainsi l'amour concupiscent envers
quelqu'un est un amour qui nie autrui, qui ne le respecte pas. Pour
reprendre la formule de Kant, cet amour traite autrui seulement comme
un moyen, mais pas en même temps comme une fin en soi.
Tout ce que je viens d'évoquer de l'amour (à part
l'amour bienveillant) n'a rien de très
maçonnique, il s’agit des cas où cette
énergie passionnelle dans ce qu'elle puise dans
l'attachement animal nous aliène et nous captive.
Le symbolisme maçonnique nous offre l'antidote car dans
notre rituel d'initiation, il est dit (page 51) : « Le
compas, instrument de mesure et de comparaison, nous permet
d'apprécier la portée et les
conséquences de nos actes, qui devront être
toujours fraternels envers tous nos semblables et en particulier,
envers nos FF Francs-Maçons ». Sachant
que le compas occupe une place particulière en fonction des
grades auxquels il intervient, le Maître devrait disposer du
discernement suffisant pour mettre ces principes en application.
Ceci dit, je n'ai pas envie de jeter la pierre brute au genre humain
vis-à-vis de ce qui est aussi un vieux besoin. Etre
aimé et aimer sont les besoins de tout être
humain. La nécessité de s'attacher à
un être est le lot de tout enfant, de tout être en
devenir. L'ascèse qui prescrit de cesser de s'attacher fait
bien partie des principes des voies du renoncement au monde et
à ses illusions. Mais peut-on demander et est-il juste et
bon de demander cela à tout être
humain ?
Si je me plonge dans le rituel, il convient tout d'abord de remarquer
que le mot « Amour » est écrit avec un
« A » majuscule, au même titre que des
mots comme Chaîne d'Union, Compas, Secrets,
Mystère, Fraternité… On lui
confère donc une certaine valeur pour ne pas dire pour le
mot Amour, que comme Fraternité on en a fait une valeur
phare.
Quels rapports d'ailleurs entre cet Amour et la Fraternité ?
Il semble bien que ce soit la même chose ou un couple
sacré pour la Franc-Maçonnerie. On nous parle
fréquemment d'Amour Fraternel. Je ne peux manquer
d'évoquer le passage sur l'amour fraternel décrit
par Saint Paul dans son Epître aux Corinthiens 1-13. Je
trouve d'ailleurs une coïncidence curieuse entre ce personnage
encore nommé Saul qui reçoit la
Lumière du Christ sur le chemin de Damas et le
Maçon ordinaire qui la reçoit en ce Temple.
Ce passage sur l'Amour fraternel me fait d'ailleurs tirer un lien avec
les vertus théologales (Foi, Espérance,
Charité) et cardinales (Prudence, Justice, Force,
Tempérance) que nous retrouvons soit ainsi
nommées ou paraphrasées dans nos Rituels. L'objet
de ce midi n'étant pas une étude du texte
biblique mais de celui de notre rituel, je ne m'appesanti pas sur cet
autre texte sacré. Je souligne juste que Saint Paul
évoque l'Amour, en montre l'importance et je dirais
même le caractère transcendant puisqu'il
dépasse et même transmue : langues,
prophétie, connaissances et même les deux autres
Vertus qui sont la Foi et l'Espérance.
Et la Charité ? Saint Paul parle d'Amour la où
l'Eglise a repris Charité. Je prends pour ma part l'option
qu'il a voulu parler de la même chose.
Dans notre Rituel d'initiation, un passage souligne ces
propriétés comparables à la pierre
philosophale que porte l'Amour. Le VM dit au Récipiendaire
(page 44) : « Récipiendaire, dans ce
voyage vous n'avez entendu aucun bruit. La signification de ce symbole
est que si l'on
persévère
résolument sur le chemin de la Vertu, la vie devient calme
et paisible. Les flammes par lesquelles vous êtes
passé figurent le quatrième
élément symbolique des Anciens : puisse le Feu
qui vous a enveloppé se transmuer dans votre cœur
en Amour ardent pour vos semblables, puisse la Charité
inspirer désormais vos paroles et vos actions.
»
Le Récipiendaire vient de passer par l'épreuve
des différents éléments où
du silence du Cabinet de Réflexion, Epreuve de la Terre, il
est passé au tumulte de l'Epreuve de l'Air symbolisant
l'agitation des passions, puis il a connu l'Epreuve de l'Eau ou le
bruit s'est aplani au même titre que les obstacles et le
bouillonnement des passions. Ce n'est qu'avec l'Epreuve du Feu que le
symbolisme révèle le même
caractère transmuant pour l'Amour et le Feu. Il est aussi
question de la Charité des vertus Théologales.
Les paroles du VM invitent à mettre l'Amour en pratique
à travers ses paroles et ses actions.
Ce genre de message ne devrait d'ailleurs pas raisonner que dans les
oreilles du récipiendaire mais aussi dans chaque personne se
réclamant de l'état de Franc-Maçon.
Nous devrions l'observer dans nos actes et nos paroles tant dans cette
enceinte qu'en dehors.
Dans l'ancien rituel dont je dispose, il est mentionné dans
les instructions au Premier Degré (page 38) « Qu'apportez
vous en Loge ? » « Amour et
bienveillance à tous mes FF\
».
Si j'observe ce qui se passe habituellement et ce pour moi y compris,
je peux dire qu'il y a encore du travail à accomplir.
Faisons notre examen de conscience, nous sommes très loin de
mettre parfaitement ce principe en application. Les passions viennent
souvent entacher notre travail que ce soit dans les remarques
persifleuses à l'égard d'un Frère ou
quand notre souci de bien pratiquer le rituel nous fait parfois manquer
de Tolérance ou de doigté dans la
manière de formuler nos remarques.
Dans le monde profane c'est encore plus grave. Pourtant nous y sommes
également concernés en tant que
Franc-Maçon. Dans l'ancien rituel dont je dispose, il est
mentionné dans les instructions au Premier Degré
(page 38) « Que veut dire la houppe
dentelée ? », « Elle
nous représente sans cesse l'union et l'amour fraternel qui
doivent exister entre les Maçons et qui devrait exister
entre tous les hommes, de quelque nation ou de quelque couleur qu'ils
soient ».
Hélas, je ne vous apprends pas qu'il n'en est rien.
S'il est facile d'être aimant quand on se sent
aimé, il est beaucoup plus difficile de l'être
quand un Frère ou un profane nous a
asséné des coups qu'ils soient concrets ou
symboliques.
On m'a enseigné que (page 69) « La
Société au milieu de laquelle nous vivons n'est
que partiellement civilisée. Les
Vérités essentielles y sont entourées
d'ombres épaisses, les préjugés et
l'ignorance la dominent, la force ou la ruse, y priment le droit.
»
Je ne m'étonne donc pas quand j'y rencontre de nombreuses
mises à l'épreuve où je me demande
encore s'il y a lieu d'aimer la personne en face de moi.
La réponse est pourtant la dans notre rituel (page 44). Lors
de notre initiation, après l'Epreuve du Feu, le VM nous a
rappelé ce principe de Morale : « Ne
fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qui te
fût fait à toi-même.
» Il a même ajouté ce second principe
énoncé par la Franc-Maçonnerie :
« Fais aux autres tout le bien qu'ils pourraient
te faire à toi-même. »
C'est plus délicat lorsque je viens en Loge puisqu'on m'a
également appris que (page 69) « La
plus grande somme de Vérité et de
Lumière ne sauraient donc mieux se rencontrer que dans les TT\
Maç\,
où des hommes éprouvés et choisis se
consacrent à l'étude et au travail. »
Ici je m'étonne de voir jaillir les
problématiques passionnelles profanes, oublier les principes
moraux énoncés lors de notre initiation quand ce
n'est pas piétiner allègrement quelques serments
dont (page 46) « Je jure…, d'aimer mes
Frères et de les aider par mes conseils et mes actions. »
Je m'étonne aussi d'une apparente contradiction entre la
violence qui jaillit ça et la au détour du
Rituel. Que viennent faire ces images de gorges tranchées,
de vengeance (« Parjure »,
page 47) avec nos principes d'Amour Fraternel ? On me dira :
« Tout est symbole ». Cette
violence serait-elle celle que nous exerçons à
nous mêmes ?
Rappelons-nous qu’« il ne suffit pas
d'être mis en présence de la
Vérité pour qu'elle nous soit intelligible »
(page 71). Nous percevons comme violence et agression des faits qui ne
le seraient pas en Vérité mais d'un point de vue
profane. Dans l'ancien Rituel, il est écrit dans les
Instructions au Premier Degré (page 36) : « Des
rayons éclatants virent frapper ma vue et je vis tous les FF\
armés de glaives, dont la pointe était
dirigée vers moi. ». « Que
voulait dire cela ? ». « J'ai
compris depuis que ces glaives figuraient les rayons de la
lumière de la vérité qui, au premier
aspect, blessent la vue intellectuelle de celui qui n'a pas
été préparé par une solide
instruction. »
La méthode maçonnique travaille par le symbolisme
du nombre 3. Au départ, il y avait l'Unité. Je
rappelle le passage des Instructions au Premier degré sur
les Mystères des trois Premiers Nombres (Pages 72
– 73). Ces Mystères sont déduis des
propriétés intrinsèques des Nombres.
Le nombre un nous a appris : « Que tout est un, et
qu'il ne saurait rien exister en dehors du tout… ».
L'Unité est rompue par la perception de l'homme face au
monde qui l'entoure. « Souvent l'homme assigne
artificiellement des bornes à ce qui est, en
réalité, un et sans limite. Nous ne percevons
qu'en différenciant l'objet observé de son milieu.
A ce point de vue, deux est le Nombre de la
Science. Mais en même temps, il représente un
antagonisme qu'il convient de concilier. » La
pensée platonicienne sur laquelle nous fonctionnons est
basée sur les antagonismes. L'ensemble du cosmos est un
agrégat de substances avec une hiérarchie. Les
choses sont distinctes et divisées les unes par rapport aux
autres.
La Vérité c'est l'Unité mais elle est
rendue inaccessible à l'humain. Le seul accès
pour le retour à l'Unité passe par le ternaire.
La conclusion, c'est : « Qu'il y a lieu
de ramener la Dualité à l'Unité par le
moyen du nombre trois. Le ternaire synthèse de ce qui
apparaissait opposé, constitue pour nous la
représentation intelligible de l'Unité…
»
Que vient faire l'Amour la dedans ? C'est un des moyens de
réintégration à l'Unité. En
Franc-maçonnerie, je suis censé apprendre
à maîtriser mes passions. En effet, ces
dernières lorsqu'elles s'enferrent dans les
mécanismes des oppositions et des frustrations me coincent
dans le jeu de la dualité. Mon prochain est
fréquemment perçu comme un opposant et je
m'oppose à lui comme je m'oppose à
différents aspects de la réalité
matérielle du
monde. Cela débouche sur la violence, la
brutalité…, des émotions
désagréables liées à la
souffrance. Si j’apprends à aimer mon prochain
comme moi-même. Si nous apprenons à nous aimer les
uns les autres (Enseignement attribué à un grands
initiés nommé Jésus – page
47 du Rituel du second degré). L'homme libre est mort aux
préjugés du vulgaire (page 65) car il lui est
possible de percevoir les éléments du tout comme
un tout, grâce au jeu de l'Egalité, de la
Fraternité et de l'Amour, on est entré dans une
autre perception.
Le Pardon dans tout cela joue un rôle important. Rappelons le
moment où dans le Rituel d'Initiation au Premier
Degré, le Néophyte est reçu dans la
Chaîne d'Union (page 49) : « … vous
avez peut-être des ennemis. Si vous en rencontriez dans cette
assemblée ou parmi les Francs-Maçons, seriez-vous
disposé à leur tendre la main et à
oublier le passé ? » N'est-ce pas une
forme de Pardon ?
Et comme le souligne le VM, l'aspect de cette Assemblée
n'a-t-il pas sensiblement changé depuis la scène
violente du parjure ? Cette chaîne est décrite
comme l'union de tous les francs-Maçons répandus
sur la surface de la terre mais on peut y voir l'Amour Fraternel
manifesté de manière tangible. Pour pouvoir
entrer dans cette chaîne et ne point la rompre, il faut
être animé de sentiments de Fraternité
et d'Amour. Raison pour laquelle il est demandé au
Néophyte d'exécuter sa promesse de Pardon.
Cela va aller plus loin avec la scène du miroir. Il n'est
pas facile de pardonner, il n'est pas facile de rester
indifférent face à un ennemi alors aimer ce
dernier... Le psychanalyste C.G. Jung souligne avec pertinence que
lorsque quelqu'un suscite par son comportement de la
révolte, de la colère en nous, c'est qu'en fait
ces agissements font écho à quelque chose de
nous-même qui est refoulé dans notre part d'ombre.
L'Initié va devoir dans son cheminement
réintégrer entre autres sa part d'ombre.
La scène du miroir qui achève l'accueil dans la
Chaîne d'Union, nous renvoie ces parts refoulées
de nous-même qu'il va falloir reconnaître. Le jeu
des oppositions rencontré dans nos confrontations
à la réalité nous amène
à formuler des reproches aux autres mais aussi à
soi, à
projeter à l'extérieur ce qui fait aussi partie
de nous. L'unité est aussi à refaire avec soi et
en soi car notre Travail est aussi important à
l'intérieur de nous-même qu'à
l'extérieur de nous-mêmes et comme la
dualité dépassée nous apprend que ce
qui est en nous est aussi à l'extérieur de nous,
cet Amour a lieu de se manifester aussi bien au dedans qu'au dehors.
Reprenons la formule : « Que l'Amour
règne parmi les Hommes ». Mesurons-en
la portée selon sa place stratégique dans le
rituel des travaux courants. Elle se situe à la
clôture des Travaux et évidemment, ce n'est pas un
fait du hasard.
Avant de procéder à la fermeture rituelle le VM
dit : « Mes FF, les Travaux de ce jour sont
terminés, nous avons droit au repos. Il ne nous reste plus,
suivant l'usage ancien, que d'enfermer nos secrets dans un lieu
sûr et sacré, et de nous unir en
Fraternité ». Et à ce moment
il porte la main droite dégantée à son
cœur (page 26). Le lieu sûr et sacré,
c'est donc le cœur. Qu'est-ce qui sort du cœur ?
Les émotions donc notamment l'Amour. La Chaîne
d'Union nous ramène notamment à cet Amour
Fraternel, universel, à travers l'espace et le temps. Celui
la qui doit inspirer nos pensées et nos actions quand nous
serons au dehors.
Lorsque nous venons en Loge, c'est pour construire notre Temple
intérieur, pour ce faire différents
éléments du Rituel sont mis en place, des Vertus
sont invoquées pour élever notre
édifice vers notre Idéal : La Sagesse, la Force,
la Beauté. On retrouve les Vertus qui nous orientent et
à ce titre sont cardinales : Tempérance, Prudence
et Justice vont avec la Sagesse, la Force avec la Force. Ces Vertus
mais aussi ces énergies et gestion d'énergie
émotives nous amènent à la
Beauté manifestation émotionnelles mais passion
devenue vertueuse grâce au travail de transformation
alchimique des émotions qui s'est
opéré.
Le travail s'étant réalisé dans
l'Athanor de la Loge régulièrement couverte. Loge
qui comme l'Athanor est comparée à la forme d'un
Œuf (page 69) qui contient un être en puissance en
devenir. L'être en puissance de devenir, c'est nous aussi.
Comme pour nous indiquer que ce qui est au dedans est aussi au dehors
et ce qui est au dehors est aussi au dedans. Je suis l'être
en puissance de devenir mais je contiens aussi cet être en
puissance de devenir au fond de mon Cœur. Et cela va bien
plus loin …
Paroles de P E Victor :
Paul Emile Victor déclara un jour : « …L'important
n'est pas d'être aimé ou d'avoir Dieu en son
cœur, mais d'être dans le cœur de Dieu.
Ainsi l'Amour n'est-il plus un sentiment ponctuel,
égocentrique, mais universel. Il englobe tout autour de soi,
et plus que tout autre sentiment apporte la plénitude, le
calme, la joie, le bonheur, l'enthousiasme et la
compréhension, la tolérance mais aussi la rage de
vivre. »
De cette citation, je pars sur quelques idées : Le Divin et
l'Homme ne font qu'un mais la Maçon de par le symbolisme de
la Loge qui le contient et du Temple qu'il contient reçoit
le message que le Divin, la Loge, lui et le Temple ne font qu'un par le
ternaire de la Loge, il dépasse symboliquement les lois de
la dualité. (Page 73) « Le ternaire,
synthèse de ce qui apparaissait opposé, constitue
pour nous la représentation intelligible de
l'Unité. » Je rappelle aussi que les
vertus théologales sont offertes par le Divin et que par
déduction, on pourrait dire que la Loge en est la
médiatrice.
Il semble s'opérer un mouvement en entonnoir qui m'a
été révélé par
une petite étude comparative. Dans notre Rituel de Table,
j'observe une permutation. Cette fois-ci le VM prononce : « Que
l'Amour règne sur la Terre », le
Premier Surveillant « Que la Paix règne
parmi les Hommes » et le Second Surveillant :
« Que la Joie soit dans les Cœurs
». Si la triade « Paix, Amour, Joie
» connaît des permutations, il n'y en a pas pour la
triade « Terre, Homme, Cœur
». Cette triade, elle ne varie pas et nous décrit
un mouvement en entonnoir allant de la Terre vers les Hommes et enfin
dans le Cœur des Hommes.
L'alchimie de l'Amour devrait permettre aussi d'opérer le
mouvement inverse du Cœur de l'Homme vers ses
Frères humains et puis à la terre
entière et à ce qui la compose et
accéder ainsi à l'Universalité.
Puisque le divin englobe tout comme l'Amour englobe tout.
Ainsi la Franc-Maçonnerie n'est pas seulement une voie
rationnelle, symbolique, mais aussi cardiaque. L'accès
à l'Unité est difficile pour l'Initié,
je pense même qu'il est difficile à atteindre en
permanence. Dans le monde profane c'est une gageure, dans le monde du
sacré, c'est possible pour autant que nous soyons
réellement capable de laisser nos métaux
à la porte du Temple et d'élever nos
Cœurs en Fraternité. C'est-à-dire de
dompter nos passions mauvaises, de cultiver des émotions
nobles et surtout d'être vigilant à
nous-mêmes comme à nos FF, à nos FF
comme à nous-mêmes.
L'Amour pourra peut-être un jour régner
parfaitement parmi les Hommes quand se sera manifesté dans
le Temple la Force d'Aimer.
Musique : « Quand on n'a que l'Amour
».
J'ai dit.
Compléments :
Pour avoir quelques fois rendu visites sous d'autres Orients et dans
d'autres Obédiences, j'ai remarqué chez des SS
déclarant travailler au REAA que la formule qui nous
intéresse est récitée par la seconde
Surveillante lorsqu'elle éteint la dernière
étoile qui correspond pourtant à la
Beauté lors de l'Ouverture. Il y a en fait permutation avec
« Que la Joie soit dans les Cœurs
».
La transformation alchimique qu'il y a lieu d'opérer sur les
énergies passionnelles.
Le pouvoir transformateur de l'énergie amoureuse.
Le rôle à la fois interne et externe de
l'énergie amoureuse et son pouvoir transformateur.
L'Amour du Masculin pour le Féminin.
Cet Amour, c'est aussi à porter à
l'extérieur. Ramener à la phrase. En recherchant
à l'intérieur je peux changer à
l'extérieur au même titre que je cherche
habituellement à l'extérieur pour changer
à l'intérieur.
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