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Les Quatre Eléments 


Je ne peux aborder les quatre éléments, sans évoquer mon initiation, cette démarche rituelle et symbolique, un peu confuse sur le moment, mais qui prend du sens au fur et à mesure de son implication. Cette transformation  prend corps au travers des quatre éléments, source naturelle de la régénérescence.

Tout commence par une mort spirituelle, dans l’épreuve de la terre, enfermé dans le cabinet de réflexion. De  ce symbolisme, renaît un être nouveau, apprenti sur le chemin de l’ouverture d’esprit, de la sensibilité et de la connaissance. Son initiation commence alors par un premier voyage,  l’épreuve de l’air, entraîné dans un grand vacarme, sur un parcours semé d’obstacles. Soutenus dans la difficulté par des bras charitables, il prend alors conscience de la fraternité nécessaire à tout épanouissement. Dans un deuxième voyage,  et pour lui restituer son assurance, on lui fait subir la purification par l’eau, une sorte de baptême philosophique qui lave de toute souillure. Les cliquetis d’épées qui l’accompagnent dans ce périple, lui rappellent les combats que l’homme  est constamment forcé de soutenir, pour repousser les influences corruptrices qui l’assiègent et prétendent le dominer. Enfin dans un troisième voyage, il va connaître l’épreuve du feu. La facilité de ce déplacement dans un silence enfin retrouvé,  est le fruit de sa persévérance à opposer le calme et la sérénité, à la fougue des passions. De cette chaleur surgira alors, toute l’énergie nécessaire à la réalisation de grandes choses, et il lui appartiendra d’en conserver au fond de son cœur, le feu d’un amour profond pour ses semblables.

Les quatre éléments

Les forces naturelles qui nous entourent sont les quatre éléments : l’eau qui nous abreuve, l’air que nous respirons, le feu qui nous réchauffe et enfin la terre qui nous porte et nous nourrit. La vie et la nature qui la compose reposent apparemment sur ce quadruple principe, auquel bien d’autres s’associent.  

Depuis toujours, les hommes sont en contact avec ces quatre éléments indispensables à la vie matérielle, comme spirituelle. Les avancées de la science et de la conscience ne peuvent en supprimer les besoins essentiels à notre survie. Dans la vie quotidienne, comme dans la vie spirituelle ou de la pensée, chaque élément occupe une place fondamentale et décisive, dont chacun n’a pas toujours pleinement conscience. Aujourd’hui,  dans un monde de plus en plus artificiel, les hommes ressentent plus que jamais le besoin de vivre en harmonie avec la nature, retrouver ce contact vivant au travers de ces quatre éléments, aussi simples que précieux, dont ils se nourrissent de l’énergie vitale

Les quatre éléments ont toujours eu une incidence considérable dans la vie sur terre, même originelle. L’homme primitif mesurait l’importance de l’adversaire ou de l’obstacle qu’il rencontrait, à la grandeur de celui-ci. Devant la colossale démesure de la nature, il dut se sentir désarmé, jusqu’à éprouver devant cette force, crainte et respect. Rien ne dut lui paraître surpasser la redoutable transcendance du ciel, immuable et inaccessible. Cette puissance occulte était d’autant plus mystérieuse, qu’elle pouvait se transfigurer en une radieuse lumière qui annonçait chaque matin, l’apparition du soleil, qu’en de sombres et inquiétantes nuées. Devant les incertitudes de la nature, on peut comprendre, que les premiers humains aient supposé qu’au-delà de la voûte étoilée, régnait une autorité invisible et capricieuse, qu’ils se sont contentés d’appeler le « Très Haut ».

C’est dans la Grèce antique, et plus précisément au IVème siècle avant JC, qu’apparaît pour la première fois, une référence aux quatre éléments. Selon la théorie du philosophe-mathématicien Empédocle d’Agrigente, tous les matériaux sont composés d’un dosage spécifique des quatre éléments. Son analyse s’inspirait des travaux de ses prédécesseurs, et se basait très simplement et rationnellement sur l’observation des qualités du monde physique, qui se classent en deux paires de contraires : humide et sec, chaud et froid. Il considérait que le feu résultait de la combinaison du sec et du chaud, l’air était créé par le chaud et l’humide, l’eau par le froid et l’humide et la terre par le froid et le sec, et à chacun des quatre éléments était associée l’une des quatre saisons.

La terre était considérée comme l’élément le plus dense et le plus lourd, sur lequel reposait l’eau, au travers des mers des lacs et des rivières. La terre et l’eau de par leur masse et leur poids sont descendantes, ce qui explique pourquoi ces deux éléments furent associés,  avec les attributs du négatif et du féminin.
Au dessus de la terre et de l’eau, il y a l’air, avec son mouvement ascendant naturel, et au dessus de l’air se trouvent les cieux flamboyants, le soleil, les étoiles et les planètes, ce qui explique pourquoi ces deux éléments, air et feu, furent associés,  avec les attributs du positif et du masculin.

Pour les Grecs, la vie elle-même dépendait d’une combinaison de ces quatre éléments. La terre est la substance et le corps physique, elle est la nourriture nécessaire au maintien de cette existence. L’eau est essentielle à la vie, elle est la composante la plus importante des corps et de la terre elle-même. La respiration est une autre condition essentielle à la vie, tout comme la chaleur et la lumière du soleil. A partir de l’existence de ces quatre éléments dans le monde extérieur, on fit la déduction de leur existence dans chaque être humain.
Pour ces anciens penseurs, cette vision du monde servait à définir la nature de la matière. Au fil du temps, les hommes ont plus ou moins tout regroupé derrière ces concepts, notamment la médecine occidentale, dont une large majorité se ralliera  à ce système de pensée.

Aujourd’hui, l’idée grecque des quatre éléments, a rejoint les notions les plus modernes de physiologie et de médecine, et sur un plan collectif, elle nous aide à comprendre l’écologie et prendre conscience des problèmes contemporains de notre planète.

La Terre, l’Eau, l’Air et le Feu

La sagesse ancienne répartit le monde en éléments fondamentaux. Dans n’importe laquelle des philosophies et sagesses primordiales, on retrouve la représentation des quatre éléments, parce qu’ils sont à la source de tout ce qui vit, évolue et se recrée. Il nous est demandé d’être en accord et vivre avec eux car, sans leur présence, il n’y aurait jamais eu de vie consciente dans la matérialité. Rien de nous-mêmes n’est constitué sans eux, et à tous les quatre, ils forment notre constitution interne, externe et fragile.

La Terre

La terre est une résultante des trois autres éléments, le feu, l’eau et l’air. Par l’intermédiaire de ces derniers elle est l’aboutissement d’une très lente transformation, d’où son symbole de patience et d’exemple. Elle est la matière première, celle des origines, elle est sensuelle, elle est amour à donner et à recevoir, elle est maternité. Assimilée à la mère, elle symbolise la fécondité et la régénération, elle a le pouvoir de faire naître, créer et recréer. En lui attribuant le travail agricole, elle nous renvoie à l’essentiel et au concret pour notre survie. Dans une éternelle régénération, elle s’enrichit de tout ce qui meurt, et nous nous nourrit de tout ce qui naît. 

Sa nature féconde, est  en étroite relation avec le passage dans le cabinet de réflexion, représenté par la formule « V.I.T.R.I.O.L. ». « Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée » Cette immersion au travers de ses propres entrailles est le moyen de puiser au plus profond de soi, la volonté à transformer son être, et l’engager sur le chemin de la spiritualité. 

L’Eau

L’eau est purificatrice, régénératrice et dissolutive, elle est source de vie car, sans elle il n’y aurait pas d’existence possible. C’est la matrice universelle, l’océan, l’eau de pluie, le plasma, le sang, la sève, sont des éléments essentiels à la survivance des espèces. L’eau symboliquement, est la vie qui parcourt la matière, l’énergie qui baigne celle-ci, lui donnant la force qui fait qu’elle peut entrer en action, et qu’elle n’est pas seulement une matière inerte.

L’eau est le symbole de purification, qui lave l’être humain de toute souillure, elle joue un rôle prépondérant dans la plupart des religions, comme le baptême chrétien, et de nombreux rituels.

L’eau est fluide, elle épouse toutes les formes qu’elle rencontre, sans jamais les contrarier. L’eau suit ainsi son cours, donnant parfois une impression de faiblesse, alors qu’au contraire elle est force. Des trois éléments terrestres, elle domine toujours, soit par la douceur, quand elle flatte ou érode délicatement les corps, soit par ses colères, quand elle soumet la terre à son courroux. Même le feu, pourtant symbole de purification, ne lui résiste pas, elle le ramène toujours à la raison.

Symboliquement, elle est aussi sagesse, car elle ne conteste pas, elle coule sur les reliefs de la terre sans accroche, manifestant ainsi son discernement à épouser les difficultés de la vie, pour mieux les dépasser. L’astrologie  lui prête d’ailleurs, les attributs de lymphatique et nonchalante.

Le Feu

Le feu consume ou détruit, isole, par sa chaleur il exalte et intensifie tout ce qu’il touche, tantôt purificateur, tantôt agressif. Le feu de la maturité réchauffe et embellit, alors que celui du désert dessèche et stérilise. Il  est associé à l’action et à l’énergie, à la rétractation et l’angoisse.

Le culte du feu dérive de la nature spirituelle de la lumière, manifestation visible du monde. Il est le premier élément de la genèse : Dieu commença à créer la lumière, c'est-à-dire le feu. On retrouve d’ailleurs son symbole dans de nombreux rituels, qui commencent souvent par l’allumage de bougies.

En astrologie, il est le sanguin, le colérique, il correspond au tempérament bilieux et musculaire, à la conquête, à la passion, à la domination. On lui prête également des qualités dynamiques, de consciences et d’élévation. Il nous chauffe ou nous réchauffe, nous éclaire, il est magique et envoûtant, son approche suscite la fascination et la rêverie, et pourtant il est insaisissable. Rien n’aurait pu être sans lui, mais paradoxalement, il n’existe pas s’il n’a rien à brûler.

Le feu est ultra-vivant, intime et universel, il vit dans notre cœur, dans le ciel. Parmi tous les phénomènes, il est le seul qui puisse recevoir aussi nettement deux valorisations contraires : le bien et le mal, il brille au paradis et brule en enfer, il est douceur et torture. Lié à la foudre « Feu Céleste » il symbolise la méthode en opposition à la doctrine, mais aussi le châtiment. Il a le pouvoir de consumer et de purifier, mais il transmet aussi la chaleur nécessaire à la transformation et la renaissance, et c’est dans ce rôle naturel, qu’on le retrouve  lors du troisième voyage initiatique.

Les deux symboles du feu terrestre et céleste se retrouvent dans les coutumes des deux Saint-Jean. La Saint-Jean d’été qui est une fête populaire se déroulant en extérieur et célébrée dans la liesse, et la Saint-Jean d’hiver, qui est une fête intérieure, commémorée dans l’intimité du foyer.

L’Air

Cet élément peut être assimilé symboliquement au mental de l’homme, à son intellect. Il est le plus insaisissable de tous les quatre éléments, il est élastique, extensible, comprimable, impalpable, invisible et transparent. Il est le symbole de la spiritualisation, associé au vent et au souffle, il représente le monde subtil intermédiaire, entre le ciel et la terre. Son état gazeux est en relation avec la diffusion et l’expansion. L’astrologie lui prête les attributs d’agité et nerveux, une morphologie dilatée et tonique, un appétit de vivre chaleureux et des convoitises sensorielles. 

Il est le souffle de la vie, tout le vivant existe et respire grâce à lui. Il est l’expression même de la vie consciente et inconsciente, présente et impalpable, nous sommes conscients de respirer, mais nous le faisons inconsciemment. Ce souffle est l’existence omniprésente de tout ce qui existe, il est  l’élément qui pénètre tout, de l’espace le plus infime au plus gigantesque, l’univers.

Il accompagne toujours le premier voyage du récipiendaire, et s’assimile aux embûches dont sera semé son parcours initiatique.

En conclusion

L’être humain a toujours puisé son inspiration au travers des quatre éléments. De ces rapports étroits, il a su créer l’alchimie capable d’opérer une transmutation de son être comme de la matière. Gageons que nous serons toujours capables de transmettre ces sagesses anciennes, et que la  prépondérance de l’homme contemporain, à exploiter goulûment  les richesses qu’il pensait inépuisables, le  ramène à la relecture de ce manuel de survie. Nous devons toujours garder à l’esprit,  que nous ne sommes que les locataires éphémères des richesses qui nous ont été transmises,  et que le mal que nous faisons à notre environnement, nous le faisons aux générations futures qui ne sont rien d’autre que nous-mêmes, sous une autre apparence. L’idée pourtant, que le monde ne s’arrêtera pas avec nous devrait nous réjouir, et nous faire grandir en sagesse et conscience, loin de nos égos surdimensionnés et aveugles. La terre doit rester notre matrice, dans laquelle nous devons continuer à semer la graine de la spiritualité, pour qu’elle puisse à son tour nous nourrir.

Les connaissances sont enfermées derrière de grands symboles, dont les quatre éléments gardent de grandes clés d’interprétation, qui peuvent s’appliquer au cosmos comme à l’homme, au grand comme au petit. Notre mission est de déchiffrer ces symboles, d’apprendre ce langage de merveilles qui nous permettrait à tous, de nous comprendre à nouveau dans une seule langue, de nous sentir frères dans une même tradition, dans une unique connaissance. Si nous avons la volonté de revenir à ces éléments authentiques, qui nous ont été légués, nous pourrons enfin, nous élancer vers l’avenir en toute sérénité.

J’ai dit Vénérable Maître…

M\ D\

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