Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Jean
l’Evangéliste
"Et
tenebrae eam non
comprehenderunt
"
Cette une phrase du prologue (pro-logos = précède la parole) de l’évangile de Jean luit d’un éclat tout particulier à la fête solaire de la St Jean d’hiver : la durée des jours cesse de raccourcir et marque une pause avant de s’allonger à nouveau dès l’Epiphanie. Les 2 saints Jean ponctuent l’année maçonnique aux solstices comme midi et minuit rythment le travail en L. Jean Le Baptiste en juin, Jean l’Evangéliste en hiver. Le cycle des jours et des saisons tourne sur lui-même, il est signe de la vie : le temps marque les vivants, la vie reste intacte. Comme Janus, le dieu romain des portes, des seuils (janua en latin), les 2 saints Jean marquent un seuil, dans l’espace et dans le temps, un changement d’ère. D’aire. Sculpté au grand portail de la cathédrale d’Amiens sous le signe du Verseau, Janus oriente dans le temps - avant et après cette porte : tout est autre – Espace profane – espace sacré. Temps profane – temps sacré. Nous connaissons ce retournement de l’esprit au moment d’entrer en L. Janus annonce aussi le seuil que nous franchissons en ce début de siècle vers l’ère nouvelle du verseau. L’eau, qui fut si nécessaire à l’ère des poissons, coule désormais naturellement, en abondance, générant le flux d’air qui caractérise le signe du verseau, le flux de spiritualité. La St Jean d’hiver salue Jean Baptiste qui a préparé la Voie et dont le temps s’achève juste avant Noël. Elle accueille la Nouvelle Lumière, la vie renouvelée dont parle Jean l’Evangéliste. " Le Verbe était la Lumière véritable… " &&&
Les 2 Jean sont les 2 hommes les plus proches du Christ, comme Marie sa mère et Marie de Magdala en sont les 2 femmes les plus proches. Ils interagissent avec le Christ, éclaireurs de notre route. La vie manifeste la divinité par le masculin et le féminin. Les textes parlent de Marie de l’Annonciation à la Nativité. Comme toute mère, elle transmet la vie et porte Jésus enfant contre son cœur. Puis, en silence, avec Lui se retire – c’est la fuite en Egypte – jusqu’à sa première prise de parole au temple de Jérusalem. Il a 12 ans, le temps d’un cycle. Jean le Baptiste partage aussi son enfance puis vit retiré dans le désert jusqu’au baptême du Christ. Jean l’Evangéliste et Marie de Magdala apparaissent au début des 3 ans de la vie publique du Christ. Il est le jeune disciple que Jésus aimait, celui qui ose poser son oreille directement sur son cœur – écouter le cœur divin – lors de la Cène, ultimes agapes. Elle verse sur Jésus l’onction qui le sacre et lui vaut le nom de Christ, (Christ signifie Homme consacré), puis elle l’écoute avec le cœur. Comme Jean, elle illustre l’Amour mis en œuvre. L’un et l’autre vécurent longtemps après le Christ, pour transmettre : Jean à Ephèse dans le monde grec, Marie Magdeleine en Provence, la romaine province de Gaule. Tous deux reçoivent et transmettent le message d’amour dans un évangile, ils ouvrent la voie nouvelle de la Loi d’Amour. Pour transmettre, il faut d’abord recevoir "Celui qui écoute ma parole… est passé de la mort à la vie " V, 24 &&&
Sur les fresques, les mosaïques, les toiles, l’Evangéliste est drapé dans une tunique verte doublée de rouge : rouge symbole du cœur, du sang, de la vie humaine, et vert de la vie éternelle, de la Nature qui toujours renaît. Son emblème est l’aigle, ou phénix, seul oiseau capable de voler si haut, face à la lumière du soleil, symbole de Dieu dans toute tradition. Capable de passer de la lumière brûlante de la proximité solaire, divine, à la plongée en eaux sombres, au froid profond de la quête intérieure. Jean figure au portail central des cathédrales. On le reconnait à son visage jeune et parce qu’il tient une coupe en mains, le Graal. A la différence des 3 autres évangélistes, Matthieu, Marc et Luc qui tiennent leur livre. C’est le Christ qui tient en main son livre, fermé, hermétique… &&&
Les deux Jean sont l’initiateur et l’initié. Avec le Baptiste s’achève l’attente, avec l’Evangéliste commence la Transmission L’Evangéliste reçoit l’Esprit, la Lumière, l’intériorise et La transmet. Cette lumière forte, nous l’avons intériorisée pendant 6 mois Au solstice d’été, avec Jean-Baptiste est magnifiée la plus haute Lumière. Au solstice d’hiver, Jean l’Evangéliste nous invite, au plus profond de l’obscurité, comme en chambre de préparation, en notre plus profonde intériorisation, à accueillir la manifestation de la Lumière, aussi petite et fragile qu’un enfant nouveau-né dans la nuit de Noël et dont il faut prendre soin. Le travail est majeur mais ne se voit pas. Voici qu’à nouveau la Lumière s’exprime, rayonne, émane de nous et nous en ressentons l’immense bienfait. &&&
Jean l’Evangéliste se nomme lui-même "celui que Jésus aimait". Plus que d’une simple affection, il s’agit de la reconnaissance d’un être de spiritualité élevée. Dans le monde dur de la Palestine et de la Judée occupées par la soldatesque romaine, dans cette région du monde où, depuis des millénaires, on s’affronte œil pour œil et dent pour dent, seul peut-être parmi les 12, Jean reçoit la révélation de l’Amour. Et la transmet. " Mes bien-aimés… Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Oui, comme je vous ai aimés…" XIII, 34 Outre l’Amour, Jean a le privilège de la révélation des grands mystères : la divinité du Verbe et la fin du monde. Un privilège est un legs fait à une personne à titre privé, personnel. 1er privilège : Jean reçoit, intériorise et exprime la divinité du Verbe dans le prologue de son évangile : "Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu … En Lui était la Vie et la Vie est la Lumière des Hommes Et la Lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas prise avec elles" . Ce prologue contient, recèle, les principaux éléments de la gnose johannite, il ouvre la voie à celle, à celui qui aspire à développer sa spiritualité. "Je suis la lumière du monde, qui me suit marche hors des ténèbres car il a la lumière de la Vie" VIII 12 2ème privilège : la vision de la Parousie, la fin de ce monde. Jean la transcrit dans l’Apocalypse et son Epilogue "Viens ! Que celui qui écoute dise : viens ! Et que l’Homme assoiffé s’approche, Que l’être de désir reçoive l’eau de la vie, par la grâce " C’est cette vision de la Parousie qui est sculptée aux portails des cathédrales. 3ème, ultime privilège, Jean est le seul des 12 au pied de de la croix et c’est à lui que le Christ confie Marie sa mère depuis la croix. Il faut comprendre la phrase "Femme, voici ton fils" suivie de "Voici ta mère" pour voir en Marie, mère, mater, la matrice de l’humanité, la féminité dans son immensité, la Nature elle-même, la vie sur terre que le Christ confie à Jean et après lui à ceux qui savent. Par Jean l’initié, c’est à tous les initiés qu’est confiée la Création. &&&
L’Evangile de Jean est le 4ème évangile. Il aborde la spiritualité de façon métaphysique : chapitre après chapitre, c’est le Christ qui parle, le Verbe, en réponse à la grande question de Nicodème : « Comment un homme peut-il naître, une fois qu’il est vieux ? » III, 4 En 7 étapes que jalonnent les miracles, depuis les noces de Cana jusqu’à sa Résurrection. Jean écrit en grec, dès la 1e moitié du 1er siècle comme en attestent les manuscrits du chapitre XIX de son évangile, conservés à Manchester. Il montre la réalité intemporelle de faits historiques ou privés : les personnages sont là juste pour attester que le Verbe dispense la santé, la lumière, la vie. Jean écrit aussi 3 lettres ou épîtres pour transmettre. Il initie à son tour, par l’Amour : « mes bien aimés » dit-t-il dans ses lettres à ses FF. et SS. « C’est l’Esprit qui témoigne parce que l’Esprit est la Vérité. » A ce titre il est le maître de toutes les L., Jean est l’apôtre de la transmission cachée, le messager de l’Esprit. Spiritualité et transmission… Après avoir entendu le Christ, beaucoup de ses disciples disent : « Ce langage-là est trop fort ! Qui peut l’entendre ? « Jean poursuit, toujours citant le Christ : « C’est l’Esprit qui vivifie… Les paroles que je vous ai dites sont Esprit. Et elles sont Vie » &&&
Avec la fête de Jean l’Evangéliste, l’hiver commence. La nuit est longue, les ténèbres envahissent les journées… pourtant elles n’envahissent pas le jour, la Lumière. Cette Lumière annoncée par Jean Baptiste "Il faut qu’elle croisse et que je diminue", avec Jean l’Evangéliste, nous la recevons, droit au cœur, où elle va croître à nouveau… La St Jean d’hiver invite à ce retournement aussi appelé conversion, pour passer de la descente en soi à l’élan vers la Lumière. Passage de notre réalité terrestre à la vie divine. Réalité divine dans notre vie terrestre, ouvrant notre esprit à la Vie, ouvrant notre être à la vie de l’Esprit. Les ténèbres ne la submergent point. La Lumière renouvelée, revivifiée se répand sur nos travaux, de l’orient à l’occident. © Emmanuelle Auger |
Publié dans l'EDIFICE avec l'aimable autorisation de l'auteur - Mai 2019 |
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