Saint
Jean d’hiver 2009
Combien de nuits et de silence
encore ?
Il est temps que je me
réveille !
Et qu’avec le jour
je fasse renaître le feu rieur
Si je dois brûler,
alors il faut jaillir
Que l’amour
m’embrase pour que je ne craigne plus la
flamme
Cent champs de coquelicots
ont leur source de sang dans
mon cœur
Comment pourrais-je me
mêler enfin à la terre ?
Telle une montagne je me
tiens assis sur une fièvre
secrète
Il y aura cent tremblements
de terre avant que je ne
m’éveille
Alors je me
lèverais et dénouerai le cœur
brûlant
De ma poitrine, je laisserai
couler le déluge aveugle
Comme pleurs qui nouent la
gorge je tomberai des nuages
Et je suspendrai
à la foudre le visage du courroux
Ò
ombre ! les veilleurs de la nuit guettent le
soleil
J’ouvrirai la
prison de la nuit de Yaldâ, je
m’échapperai
C’est un poème de
Houshang Ebtehâdj, poète iranien, sur
le solstice d’hiver et qui s’intitule : la
prison de la nuit de Yaldâ.
Yaldâ est le nom
persan de la nuit du solstice d’hiver.
Nous sommes
rassemblés aujourd’hui pour
célébrer ce qui
est la plus belle fête de l’année pour
les Francs Maçons.
Fête rituellique,
elle est la marque pour nous
d’un respect que nous dédions au Cosmos, dont nous
nous sommes tous
tributaires.
Membres d’un
même Univers, membres inconditionnels
de l’humanité, nous, les francs-maçons,
rendons attentifs nos Frères, par notre
fête Solsticiale, à la portée
sacrée de notre chemin initiatique et de notre
rituel.
Car depuis que
l’humanité a accédé
à la conscience, elle
s’est rendu compte de la régularité des
cycles qui rythment sa Vie.
Et si le maçon
célèbre les Solstices, c’est parce que
étymologiquement solstice veut dire :
Le soleil qui reste en suspension.
Pendant un moment on peut
accéder par la porte
solsticiale au dépassement de ses limites.
Les Fêtes qui se
réfèrent au cycle du soleil ont
été
célébrées par maintes civilisations.
En tous temps, l’humanité à
espérer le
retour de l’Astre Flamboyant et a marqué dignement
les différentes étapes
de sa course dans le firmament.
Si Stonehenge est un porche
parfait et archi connu dans
l’observation des cycles du soleil, le site de Maeshowe, dans
les îles
écossaises de Orkney, est un témoin des grands
travaux architecturaux des
peuplades préhistoriques de l’Ecosse. Le
Sun Dagger, dans le Chocó Canyon
en Amérique du Nord, construit, il y a plus de deux mille
ans par les Indiens
Chacoan, rejoint la même dévotion, le
même mysticisme autour du cycle du
soleil.
Un peu moins connu du grand
public, le site mégalithique
de New grange en Irlande réserve aux
chercheurs des surprises et
des énigmes de taille.
Il est estimé
que cette structure circulaire immense, au
sommet d’une colline, faite en pierre est vielle de
plus de 6000
ans.
Plus vielle que les
Pyramides d’Egypte, que le temple de
Salomon, construite même avant Stonehenge, cette rotonde a
été construite pour
recevoir un rayon de lumière au plus profond de sa caverne
centrale au matin du
Solstice d’hiver.
Cette lumière
illumine un bassin de pierre posé sur le
sol de la caverne qui est gravé de spirales, de dessins en
formes d’yeux ou de
disques solaires, qui forment un labyrinthe interconnecté.
On ne sait presque
rien pour le moment de ces hommes préhistoriques
qui rendaient sûrement
un culte solaire à cet endroit.
L’on ne sait que
très peu aussi d’autres structures qui
parsèment toute l’étendue terrestre, et
qui ont été construites par toutes les
civilisations.
Mais ce que l’on
peut en déduire c’est que l’homme a
besoin fondamentalement de Rites pour son
équilibre psychique. Cela va de
nos petits rituels quotidiens aux grands rites collectifs, en passant
par les
rites familiaux, sociaux, professionnels, etc. …
Il en est de même
pour notre dimension
spirituelle, car pour son épanouissement, notre
âme a besoin de repères
réguliers, de moments exclusivement consacrés
à elle.
Parce que le solstice
d’Hiver marque le point tournant
entre la nuit la plus longue et le jour le plus court, parce
qu’il ouvre la
porte de la phase ascendante du cycle annuel, parce qu’il
voit renaître de
façon encore secrète - donc sacrée- la
Lumière.
Le solstice
d’hiver est lié aux traditions les plus
ésotériques en célébrant la
naissance de la vie réelle. .
La tradition chinoise place
au minuit du solstice
d’hiver le moment le plus propice à la conception.
Quant aux
Berbères, ils
consacrent cette Porte de
l’Année à
« Ennoyer », rite
où l’on purifie la maison et où
l’on se
rassasie pour écarter la famine, sans oublier de
réserver
la part de
l’invisible.
Pour nous
,Francs-Maçons, le Solstice d’Hiver pourrait
signifier :
le moment qui facilite dans un même élan la mise
en valeur du potentiel
gigantesque, latent, mental et spirituel, dont chacun de nous est
doté. Ce
moment, Le Solstice d’Hiver, symbolise
l’éveil spirituel dont chacun
de nous est doué.
Les Rites, les Rituels,
permettent de créer un contexte
particulier, où l’on peut se consacrer
à sa dimension spirituelle, de
vivre des moments qu’il est impossible de créer
seul.
Les Rituels des
francs-maçons sollicitent la dimension
physique, mentale, émotionnelle et spirituelle de notre
être.
En créant un temps
sacré dans un espace sacré, ils
ouvrent une porte permettant de se consacrer pleinement
à notre être
intérieur, de communier avec notre nature divine et
avec
l’environnement, avec le monde visible et invisible.
Liens subtils entre le ciel
et la terre, les rituels
sont la respiration de l’âme.
Le plus difficile, voir le
plus impossible, serait
d’essayer de décrire un rituel.
On pourrait
écrire des bibliothèques entières les
décrivant ; cela aura souvent pour
conséquence de s’enfermer dans une
approche qui satisfait uniquement l’intellect, avec
l’illusion de croire que
l’on sait.
Comment expliquer
à quelqu’un, qui n’a jamais mordu dans
une pomme, le goût de celle-ci.
À celui qui en a
fait l’expérience, qui en a reçu le
parfum caché dans l’intérieur du fruit,
à celui-ci, rien que l’évocation du nom
du fruit lui fera retrouver les saveurs particulières, et
lui transmettra des
signes ainsi que des souvenirs liés à la
dégustation.
Un rituel ne
s’appréhende pas de façon
intellectuelle.
Le sacré
s’adresse à notre âme, à
notre cœur, et, même
s’il englobe tous les aspects de l’être
humain, c’est une notion qui dépasse
l’intellect et qui lui échappera toujours.
Un rituel ne
s’explique pas, il se vit.
Il implique une présence et
une participation actives.
En cela, la franc-maçonnerie est une voie qui
s’adresse avant tout à ceux qui
veulent se réapproprier leur spiritualité.
Nos
prédécesseurs dans la voie initiatique, les
constructeurs
des cathédrales, l’ont
d’ailleurs illustré d’une
façon très
explicite dans le porche Sud de la cathédrale de Lausanne.
Il est constitué
de quatre parties dessinant un
rectangle, que les Anciens appelaient un carré long. Au
sommet de chacun des côtés,
en haut et au centre, figure une cartouche circulaire :
à l’Orient il
représente un jeune soleil, au midi un Soleil adulte et
à l’Occident un Soleil
âgé. Mais au septentrion figure une cartouche
où est sculpté un agneau portant
une bannière. Symbole christique
évident ! Il reprend le texte
de l’évangile de Jean :
« La
lumière luit dans les ténèbres, les
ténèbres
ne peuvent pas l’atteindre »
Ainsi la Lumière
spirituelle, issue du Logos, prend
naissance au nord, au plus noir de la nuit comme au plus froid de
l’année.
Elle n’est
perceptible qu’au sein du silence intérieur
de qui a su faire un instant taire ses bavardages devant
l’ineffable.
C’est pour toutes
ces raisons, et pour beaucoup d’autres
que je n’ai pas évoquées ici que les
francs-maçons fêtent la St Jean d’hiver
et
qu’ils considèrent cette fête comme la
plus importante des fêtes de leur
calendrier annuel.
Que chacun de nous
perçoive ce jaillissement de
Lumière, comme le poète iranien, que je
citais en prologue de ma planche.
Peut-être que les
constructeurs de New grange l’avaient
bien mieux compris.
Donc voici, grâce
à un rapide voyage sur la
toile, grande pourvoyeuse de connaissances, les
réflexions que me suggère
la fête de la St Jean d’Hiver.
Réflexions qui,
au-delà de votre
compréhension, auront, je
l’espère, pu toucher votre cœur
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D\
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