La Sagesse
La notion de sagesse
s’inscrit dans nos travaux. Elle y est
évoquée,
parfois à plusieurs reprises, de même que son nom
figure dans certains de nos
textes fondateurs comme le Regius, de 1390: «Le
métier de maçonnerie vit son
commencement/Quand le clerc Euclide dans sa grande sagesse/Fonda le
métier en
pays d’Egypte». Parmi les écrits
innombrables sur le sujet dans le domaine des
religions nous mentionnerons Le Livre de la Sagesse de
l’Ancien Testament,
partie attribuée à Salomon. La sagesse est
liée à la connaissance, au savoir, à
un comportement avisé en toute situation. Souvent de nos
jours on l’assimile à
une résignation, à un renoncement devant un
état de fait apparemment
irréversible.
Ne faudrait-il pas au contraire la
concevoir comme une dynamique nous permettant d’estimer le
pour et le contre de chaque chose et de corriger ce qui peut
l’être? La vraie sagesse n’est pas une
vertu qui s’exhibe, elle est discrète,
intérieure, s’adresse au coeur autant
qu’à l’intellect et
réconcilie les personnes au même titre que les
peuples à condition de réciprocité.
Elle oeuvre en faveur de la concorde. On peut la formuler en termes
abstraits mais aussi très prosaïques.
N’étant pas l’apanage d’une
élite, elle s’adresse à tous,
même si elle s’exprime différemment. Il
s’agit davantage d’un comportement individuel que
d’un enseignement codifié, elle est davantage
portée par un bon sens universellement admis que par une
morale particulière. Nul ne peut la revendiquer pour
soimême. La sagesse ne nous paraît pas
transmissible; on pourra en inculquer les principes mais
guère la faire vivre dans l’esprit
d’autrui, elle se livre par l’expérience
personnelle que chacun se forge du monde et de ses frères et
soeurs en humanité, et aussi par notre rapport à
la nature, qui a beaucoup à nous apprendre. Etre vraiment
sage serait ne rien faire et dire que nous pourrions regretter par la
suite. Est-il un seul d’entre nous qui en soit capable?
Jacques
Tornay |