Obédience : NC Site : http://parolesdinstit.blog.lemonde.fr 19/10/2006


L’idée d’Inconscient

exclut-elle l’idée de Liberté ?

rminisme de notre inconscient. Cependant la  perception intellectuelle du concept d’ Inconscient comme  celui de Liberté soulève le problème de la  subjectivité même  des termes énoncés, dans la mesure où ce ne sont pas deux concepts  positifs ( au  sens du positivisme ) mais une  perception qu’en a l’esprit humain. 

3119-1-1La Liberté

qui se définit comme l’absence de contraintes ou plus précisément la possibilité de choisir par volonté évoque plus  la possibilité d’agir que l’action en elle-même.

A cette Liberté prétendument autonome, on lui opposerait l’Inconscient, c’est à dire le déterminisme de nos pensées, de nos actions. Comment sortir de ce débat quasi schizophrénique ?

De toute temps, l’homme a cherché à être libre, à rompre ses chaînes.Il a clamé individuellement ou collectivement son besoin de liberté.

A  l'esclavage social, politique ou religieux répondit en écho une volonté émancipatrice de même ordre.

Des personnalités scientifiques du XIX comme Freud ou Jung, entres autres, se sont penchées sur la psyché humaine et ont mis en lumière à travers des expériences comme l’hypnose, la part obscure des profondeurs de la personnalité humaine. Relevant ainsi par la même occasion, le rôle non négligeable de ce moteur qu’est l’inconscient  dans l’accomplissement de nos actes que nous pensions jusqu’alors libres voire réfléchis.

Nous  nous affirmons libres de nos actions, de nos pensées mais le sommes-nous vraiment ? Ou alors, sommes-nous tout simplement déterminés par cette alchimie subtile que sont nos pulsions, nos refoulements, notre éducation, nos désirs accumulés au cours de notre vie et plus particulièrement durant notre jeune enfance. Aussi pouvons-nous nous poser cette interrogation :  « L’idée d’inconscient exclut - elle l’idée de Liberté ?  » 

Tout serait déjà programmé à notre insu par le déte

La psychanalyse a mis en évidence la corrélation entre l’inconscient et un comportement dont on chercherait l’explication. Beaucoup de gens analysés, par l’extériorisation de leur souvenirs enfouis,  prennent conscience de leur comportement et comprennent mieux leurs actes. Ils ébauchent ainsi le puzzle de leur personnalité.

Cette thérapeutique met en évidence le caractère dépendant des actes humains. Ainsi l’on peut imaginer que tous nos actes même les plus réfléchis et non pas seulement les plus  symptomatiques d’une névrose ou d’une pathologie ne seraient que  le résultat de causes inconnues mais analysables, révélées à posteriori.

Tout acte prétendument libre ne serait que conséquence de notre inconscient, véritable chef d’orchestre de l’activité humaine individuelle ou collective. Je suis conscient  de mes actes mais cette seule conscience, cette totale présence dans l’acte ne serait pas synonyme de choix rationnel, de liberté mais produit inéluctable d’une alchimie des profondeurs indépendant de notre volonté. 

Ce constat vaudrait autant pour la sphère individuelle que collective. D’ailleurs ne parle –t -on pas d’inconscient collectif ?  Ainsi à des situations collectivement identiques tant sociales que politiques correspondraient systématiquement des manifestations, des actes inéluctables  (révolutions, mouvements de masse). Même si l’on dit communément que l’Histoire ne repasse pas les mêmes plats ! Comme si l’acte humain, la motivation humaine ne serait que le résultat  d’une équation à  maintes inconnues dont nous ne maîtriserions aucun élément !  A cette perception illusoire de la Liberté de l’homme  peu rassurante et essentiellement déterministe, on peut lui opposer une vision plus positive, plus volontariste.

Cette vision purement déterministe de l’activité humaine repose trop sur une extrapolation  trop réductrice de l’aspect  thérapeutique  de la psychanalyse.

Si expliquer et soigner des névroses, des angoisses par une analyse d’un inconscient émergeant répond à cette idée, rendre totalement  cet inconscient seul responsable de tout acte paraît trop hâtif, peu rationnel pour ne pas dire réducteur. 

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Car n’oublions pas que la psychanalyse n’est que théorie. Et comme toute théorie a ses limites. Ce raccourci théorique et réducteur me semble avoir   la même portée que la théorie du battement d’aile de papillon. La vision cosmologique du monde qui ferait qu'un frêle  frémissement d’air serait responsable  par  réactions en chaînes  de  la naissance  d’un typhon à l’autre bout du monde est une vision  simpliste, réductrice ! C’est sans doute faire peu  grief de la psychologie humaine, de la volonté humaine comme moteur de la libre action, de cette capacité à se décider elle même.

Concrètement, si nous pouvons expliquer le comportement de certains criminels par un passé extra-ordinaire (enfance maltraitée etc…) pouvons- nous tout réduire à ce seul fait ? Que dire de la responsabilité individuelle ?

Nous constatons donc  que la causalité inconsciente de nos actes  est d’ordre hypothétique en ce qui concerne les phénomènes psychologiques.

Il n’en est pas de même, évidemment dans la science expérimentale (physique, biologie …etc) ou  toute cause produit les mêmes effets et ceci de façon répétitive. C’est  cette incertitude dans la causalité de notre inconscient qui laisse une marche de manœuvre à cette Liberté tant recherchée.

Chercher  à se libérer me semble plus approprier  que   de  clamer sa Liberté. Se libérer signifie   être en quête d’une plus grande liberté intérieure. Cette recherche individuelle n’est bien sûr, pas contraire  avec une volonté de défendre ou d’acquérir de nouvelles Libertés,de dimensions sociales ou politiques.

Mais quand nous parlons d’Inconscient, on pense bien évidemment à cette aspiration humaine à plus de liberté intérieure. Ces libertés ne peuvent guère intéresser des hommes qui vivent dans le dénuement ! La liberté est une chose ; les conditions de son exercice, une autre. Il  ne faut pas oublier que, sans un minimum de sécurité intérieure, de bien être physique et d’instruction, dans une société, qui ne connaît ni l’égalité, ni la justice, ni la paix sociale, la liberté est pratiquement vide de sens.

Comment se libérer et comment le constater ? L’homme a des outils. Les textes philosophiques anciens, dépositaires  d’une  tradition ( au sens de mémoire et non de traditionalisme !) peuvent être porteurs de libération après réflexion. Un exemple : on constate que dans notre société occidentale beaucoup de gens se tournent vers le bouddhisme Zen. N’y a-t-il pas là un exemple de volonté de recherche à se libérer ? Cette philosophie donne des outils pour un  travail de libération, d’une quête de plus grande liberté. « Détache toi du fruit de tes actes nous disent les Hindous. Fais ce que doit, advienne que pourra, dit la sagesse occidentale. » Voilà des pistes

L’étude, la réflexion, le silence introspectif sont des outils de libération intérieure, d’accès à une plus grande Liberté. Encore faut-il un moteur à ce souhait de travailler à cette recherche de liberté ? La volonté est ce moteur. L’impact de notre inconscient influe certes  sur nos actes et notre devenir. Nous ne l’éliminons pas. Mais on ne peut le quantifier. Et c’est là,  dans cette absence de quantification, d’incertitude pour ne pas dire de méconnaissance que réside sans doute notre possibilité de libération.

On  ne peut non plus affirmer que tout est déterminé parce que telle ou telle chose s’est passée dans notre enfance.

Boris Cyrulnik neuropsychiatre, psychanalyste le démontre dans un de ses  ouvrages dans ce qu’il appelle « la résilience ».

Ce concept de résilience est la capacité qu ‘a toute personne de se développer et de réussir à reprendre confiance et image positive d’elle-même après un choc ou un énorme traumatisme d’ordre affectif ( Maltraitance, viol ou violence extrême comme les camps de la mort). C’est à dire de trouver ou retrouver une marge de Liberté face au rouage d'un inconscient profondément meurtri.

Cette capacité qu’ont des individus en grande souffrance (lié à un traumatisme de la petite enfance ), à briser  cette prison  mentale  pour  se libérer alors que leur inconscient les prédestinait à rester de perpétuels enchaînés marque en fait cette dimension volontaire de l’individu. Et signifie d’un certaine manière que tout n’est pas orchestré une fois pour toute.

Vouloir être libre, c’est chercher à  supprimer les obstacles qui m’empêchent de l’être. C’est faire sienne en un sens, la pensée de Rousseau   :

« il vaut mieux connaître ses chaînes que de les couvrir de fleurs ! »

En prendre conscience pour mieux s’en défaire. Ceci est peut être illusoire, me rétorquera -ton. Mais qu’on me le prouve !

Se libérer, c’est aussi se construire avec ou contre son inconscient C’est chercher à mieux se maîtriser. Etablir cette démarche, c’est mieux  prendre conscience intuitivement d’une part de  liberté personnelle par une meilleure connaissance de soi

Cette connaissance de soi nécessite un travail sans cesse renouvelé. Etre libre c’est se révéler, se surpasser, oser être ! L’homme par un travail sur lui même édifie peu à peu ce qu’il pense. Sa liberté est son œuvre aussi modeste soit-elle !  et comme le disait Goethe :

3119-1-3« L ’Homme ne peut se connaître, se libérer non pas par l’observation mais par l’action. Essaie de faire ton devoir et tu sauras ce qu’il en est  de toi »

Là réside sans doute  une part essentielle dans son  aspiration volontaire à une plus grande Liberté. 

Ce texte sans prétention fut en fait le résultat d’un pari. Mon fils pris de court dans son emploi de temps de terminale me demanda  de faire son devoir de philo.  A une condition personnelle  : si le prof notait plus de 16/20, un Châteauneuf du pape : domaine  la Gardine. Le pari fut gagné.

Patrick


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