L’idée
d’Inconscient
exclut-elle
l’idée de Liberté ?
rminisme de notre
inconscient. Cependant la perception intellectuelle du
concept d’
Inconscient comme celui de Liberté
soulève le problème de la
subjectivité même des termes
énoncés, dans la mesure où ce ne sont
pas
deux concepts positifs ( au sens du positivisme )
mais une
perception qu’en a l’esprit humain.
La
Liberté
qui se définit comme l’absence de
contraintes ou plus précisément la
possibilité de choisir par volonté évoque plus la possibilité
d’agir
que l’action en elle-même.
A cette Liberté prétendument
autonome, on lui opposerait l’Inconscient,
c’est à dire le déterminisme de nos
pensées, de nos actions. Comment
sortir de ce débat quasi
schizophrénique ?
De toute temps, l’homme a cherché
à être libre, à rompre ses
chaînes.Il a
clamé individuellement ou collectivement son besoin
de liberté.
A l'esclavage social, politique ou
religieux répondit en écho une
volonté émancipatrice de même ordre.
Des personnalités scientifiques du XIX comme
Freud ou Jung, entres autres,
se sont penchées sur la psyché humaine et ont mis
en lumière à travers des
expériences comme l’hypnose, la part obscure des
profondeurs de la personnalité
humaine. Relevant ainsi par la même occasion, le
rôle non négligeable de ce
moteur qu’est l’inconscient dans
l’accomplissement de nos actes que nous
pensions jusqu’alors libres voire
réfléchis.
Nous nous affirmons libres de nos actions, de
nos
pensées mais le
sommes-nous vraiment ? Ou alors, sommes-nous tout simplement
déterminés par
cette alchimie subtile que sont nos pulsions, nos refoulements, notre
éducation, nos désirs accumulés au
cours de notre
vie et plus particulièrement
durant notre jeune enfance. Aussi pouvons-nous nous poser cette
interrogation
: « L’idée
d’inconscient exclut - elle
l’idée de Liberté ?
»
Tout serait déjà
programmé à notre insu par le
déte
La psychanalyse a mis en évidence la
corrélation entre l’inconscient et un
comportement dont on chercherait l’explication. Beaucoup de
gens analysés, par
l’extériorisation de leur souvenirs
enfouis, prennent conscience de leur
comportement et comprennent mieux leurs actes. Ils
ébauchent ainsi le
puzzle de leur personnalité.
Cette thérapeutique met en
évidence le caractère dépendant des
actes
humains. Ainsi l’on peut imaginer que tous nos actes
même les plus réfléchis et
non pas seulement les plus symptomatiques d’une
névrose ou d’une pathologie ne
seraient que le résultat de causes
inconnues mais analysables,
révélées à
posteriori.
Tout acte prétendument libre ne serait que
conséquence de notre inconscient,
véritable chef d’orchestre de
l’activité humaine individuelle ou collective. Je
suis conscient de mes actes mais cette seule conscience,
cette totale
présence dans l’acte ne serait pas synonyme de
choix rationnel, de liberté mais
produit inéluctable d’une alchimie des profondeurs
indépendant de notre
volonté.
Ce constat vaudrait autant pour la sphère
individuelle que collective.
D’ailleurs ne parle –t -on pas
d’inconscient collectif ? Ainsi
à des situations collectivement identiques tant
sociales que politiques
correspondraient systématiquement des manifestations, des
actes inéluctables
(révolutions, mouvements de masse). Même si
l’on dit communément que l’Histoire
ne repasse pas les mêmes plats ! Comme si l’acte
humain, la motivation
humaine ne serait que le résultat
d’une équation à
maintes inconnues dont nous ne maîtriserions aucun
élément ! A cette
perception illusoire de la Liberté de
l’homme peu rassurante et
essentiellement déterministe, on peut lui opposer une
vision plus positive,
plus volontariste.
Cette vision purement déterministe de
l’activité humaine repose trop sur une
extrapolation trop réductrice de
l’aspect thérapeutique de la
psychanalyse.
Si expliquer et soigner des névroses, des
angoisses par une analyse d’un
inconscient émergeant répond à cette
idée, rendre totalement cet
inconscient seul responsable de tout acte paraît
trop hâtif, peu rationnel
pour ne pas dire réducteur.
Car n’oublions pas que la psychanalyse
n’est que théorie. Et comme toute
théorie a ses limites. Ce raccourci
théorique et réducteur me semble
avoir la même portée que la
théorie du battement d’aile de
papillon. La vision cosmologique du monde qui ferait qu'un
frêle
frémissement d’air serait responsable
par réactions en
chaînes de la naissance
d’un typhon à l’autre bout du monde
est une vision simpliste, réductrice
! C’est sans doute faire
peu grief de la psychologie humaine, de la
volonté humaine comme moteur
de la libre action, de cette capacité à se
décider elle même.
Concrètement, si nous pouvons expliquer le
comportement de certains
criminels par un passé extra-ordinaire (enfance
maltraitée etc…) pouvons- nous
tout réduire à ce seul fait ? Que dire de la
responsabilité individuelle ?
Nous constatons donc que la
causalité inconsciente de nos actes
est d’ordre hypothétique en ce qui concerne les
phénomènes psychologiques.
Il n’en est pas de même,
évidemment dans la science expérimentale
(physique,
biologie …etc) ou toute cause produit les
mêmes effets et ceci de façon
répétitive. C’est cette
incertitude dans la causalité de notre
inconscient qui laisse une marche de manœuvre à
cette Liberté tant recherchée.
Chercher à se libérer me
semble plus approprier que
de clamer sa Liberté. Se
libérer signifie être en
quête
d’une plus grande liberté intérieure.
Cette recherche individuelle n’est bien
sûr, pas contraire avec une volonté de
défendre ou d’acquérir de nouvelles
Libertés,de dimensions sociales ou politiques.
Mais quand nous parlons d’Inconscient, on
pense bien évidemment à cette
aspiration humaine à plus de liberté
intérieure. Ces libertés ne
peuvent guère intéresser des hommes qui
vivent dans le dénuement ! La
liberté est une chose ; les conditions de son exercice, une
autre. Il ne
faut pas oublier que, sans un minimum de sécurité
intérieure, de bien être
physique et d’instruction, dans une
société, qui ne connaît ni
l’égalité, ni la
justice, ni la paix sociale, la liberté est pratiquement
vide de sens.
Comment se libérer et comment le constater ?
L’homme a des outils. Les
textes philosophiques anciens, dépositaires
d’une tradition ( au
sens de mémoire et non de traditionalisme !) peuvent
être porteurs de
libération après réflexion. Un exemple
: on constate que dans notre société
occidentale beaucoup de gens se tournent vers le bouddhisme Zen.
N’y a-t-il pas
là un exemple de volonté de recherche
à se libérer ? Cette philosophie donne
des outils pour un travail de libération,
d’une quête de plus grande
liberté. « Détache toi du fruit de tes
actes nous disent les Hindous. Fais ce
que doit, advienne que pourra, dit la sagesse occidentale. »
Voilà des pistes
L’étude, la réflexion,
le silence introspectif sont des outils de libération
intérieure, d’accès à une
plus grande Liberté. Encore faut-il un moteur à
ce
souhait de travailler à cette recherche de
liberté ? La volonté est ce moteur.
L’impact de notre inconscient influe certes sur nos
actes et notre
devenir. Nous ne l’éliminons pas. Mais on ne peut
le quantifier. Et c’est
là, dans cette absence de quantification,
d’incertitude pour ne pas dire
de méconnaissance que réside sans doute
notre possibilité de libération.
On ne peut non plus affirmer que tout est
déterminé parce que telle ou
telle chose s’est passée dans notre enfance.
Boris Cyrulnik neuropsychiatre, psychanalyste le
démontre dans un de
ses ouvrages dans ce qu’il appelle « la
résilience ».
Ce concept de résilience est
la capacité qu ‘a toute personne de se
développer et de réussir à reprendre
confiance et image positive d’elle-même
après un choc ou un énorme traumatisme
d’ordre affectif ( Maltraitance, viol ou
violence extrême comme les camps de la mort). C’est
à dire de trouver ou
retrouver une marge de Liberté face au rouage d'un inconscient profondément
meurtri.
Cette capacité qu’ont des
individus en grande souffrance (lié à un
traumatisme de la petite enfance ), à briser cette
prison
mentale pour se libérer alors que leur
inconscient les prédestinait
à rester de perpétuels
enchaînés marque en fait cette dimension
volontaire de l’individu. Et signifie d’un
certaine manière que tout n’est
pas orchestré une fois pour toute.
Vouloir être libre,
c’est chercher à supprimer les
obstacles qui
m’empêchent de l’être.
C’est faire sienne en un sens, la pensée de
Rousseau :
«
il vaut mieux connaître ses chaînes
que de les couvrir de fleurs ! »
En prendre conscience pour mieux s’en
défaire. Ceci est peut être illusoire, me rétorquera -ton. Mais qu’on me le prouve !
Se libérer, c’est aussi se
construire avec ou contre son inconscient C’est
chercher à mieux se maîtriser. Etablir cette
démarche, c’est mieux
prendre conscience intuitivement d’une part de
liberté personnelle par
une meilleure connaissance de soi
Cette connaissance de soi nécessite un
travail sans cesse renouvelé. Etre
libre c’est se révéler, se surpasser,
oser être ! L’homme par un travail sur
lui même édifie peu à peu ce
qu’il pense. Sa liberté est son œuvre
aussi
modeste soit-elle ! et comme le disait Goethe :
«
L ’Homme ne peut se
connaître, se libérer non pas par
l’observation mais par l’action. Essaie de
faire ton devoir et tu sauras ce qu’il en est de
toi »
Là réside sans doute une
part essentielle dans son aspiration
volontaire à une plus grande Liberté.
Ce texte sans
prétention fut en fait le
résultat d’un pari. Mon fils pris de court dans
son emploi de temps de
terminale me demanda de faire son devoir de philo.
A une
condition personnelle : si le prof notait plus de
16/20, un
Châteauneuf du pape : domaine la
Gardine. Le pari fut gagné.
Patrick
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